Février 2008
Bien chers fidèles,
En ce temps de carême, je voudrais vous inviter à
offrir au Bon Dieu avec une générosité
renouvelée vos efforts et sacrifices, en particulier
la pratique du jeûne et de l’abstinence. Il
me semble qu’aujourd’hui, il est plus qu'opportun
de rappeler, à temps et à contre temps, la
nécessité de la croix dans notre vie. Nous
avons naturellement une tendance à fuir la pénitence.
Cependant il nous faut réveiller l’esprit de
foi en nous, un esprit surnaturel. Nous croyons, en effet,
que Notre Seigneur Jésus-Christ est venu nous sauver,
nous savons qu'Il nous sauve par Sa croix, par Son sacrifice
offert en expiation de nos péchés. «
Crux fidelis », chanterons-nous Vendredi Saint, «
Croix, signe de foi, entre tous, (…) par quoi le Rédempteur
du monde en s’immolant fut vainqueur ». C’est
notre foi, c’est notre certitude, c’est toute
notre espérance.
Mais
nous avons aussi appris de Notre Seigneur Jésus-Christ
le devoir que nous avons de porter notre croix : «
Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce
à lui-même, qu'il se charge de sa croix, et
qu'il me suive. » (Matthieu 16:24) mais encore : «
Quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut
être mon disciple. » (Luc 14:27)
Notre
Seigneur est venu nous enseigner l’esprit de la croix,
l’acceptation des souffrances de cette vie, l’offrande
volontaire de sacrifices, la fuite des occasions de péchés…
comme moyens d’expiation de nos fautes, comme moyens
de salut éternel. Depuis le péché originel,
la nature humaine étant viciée, la mortification
de nos sens est un devoir, nous ne pouvons pas suivre aveuglement
nos passions, nos impulsions, nos sentiments. Il nous faut
donc faire pénitence pour exprimer notre douleur
des fautes commises, du péché originel ainsi
que de nos fautes personnelles, et pour renforcer nos forces
spirituelles, renouveler la santé de nos âmes.
Il
est évident que cela s’oppose clairement à
l’esprit du monde qui lui recherche au contraire la
facilité et le confort, cherche à fuir toute
forme de sacrifice, à satisfaire toutes les demandes
des passions… comme moyens de vivre dans un illusoire
et éphémère « bonheur »
terrestre.
Il
est opportun de rappeler le mystère de la croix,
et par conséquence la nécessité de
faire pénitence, car il devient de plus en plus difficile
de l’accepter. Le monde le refuse absolument et l’a
toujours refusé, il répugne à toute
forme de mortification. La croix est et reste un scandale
inacceptable. Nous pouvons tous faire le même constat,
le monde avec ses habitudes de confort, de surconsommation,
d'hédonisme rend le sacrifice et l’offrande
de soi de plus en plus difficile.
Même
dans l’Église catholique, en particulier depuis
le concile Vatican II, il y a un relâchement sinon
une disparition de la pratique pénitentielle. On
ne parle plus de mortification de la chair. Les traditionnelles
pratiques catholiques du jeûne et de l’abstinence
lorsqu’elles ne sont pas dénigrées sont
gardées sous silence.
Bien
chers fidèles, tâchons de ne pas manquer à
ce devoir de la vie chrétienne de pratiquer la pénitence,
tout spécialement pendant le temps du carême.
Dans
l’éducation de la jeunesse, il nous faut enseigner
la valeur du sacrifice. Il est nécessaire d’apprendre
aux enfants à offrir les petites difficultés
de chaque jour, à offrir quelques sacrifices, à
s’imposer quelques restrictions, à avoir un
regard de Foi sur les déceptions et épreuves
de leur vie. Nous nous plaignons souvent du manque de vocations,
du besoin de prêtres et de vocations religieuses,
mais la racine de ce manque de vocation se trouve précisément
dans le refus de la croix, dans la disparition de l’esprit
de sacrifice. Se consacrer à Dieu, offrir sa vie
au service de Dieu, est par essence un sacrifice, la vocation
ne peut se comprendre que par la méditation du mystère
de la croix. Sans l’acceptation volontaire de la croix
il n'y a pas de vie chrétienne profonde et par conséquent
pas de vocation.
Je vous souhaite donc un saint carême, plein de grâces
et de bénédictions.
Abbé Arnaud Rostand
Supérieur du District du Canada
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