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Lettre
aux Amis et Bienfaiteurs
Février
2009
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Fraternité
St-Pie X, District du Canada
45 Guthrie Avenue, Toronto, ON M8Y 3L2
Tél. : 416-251-0499 Fax : 416-251-7430
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Chers fidèles,
La levée
des excommunications et l’émoi provoqué
par l’interview de Monseigneur Williamson à la
Télévision Suédoise sont peut-être
les deux sujets qui ont le plus rempli les pages des journaux
durant ce dernier mois.
Historique
des excommunications
Le 30 juin 1988,
Monseigneur Lefebvre consacre quatre évêques
pour la Fraternité St-Pie X. Le Pape Jean-Paul II juge
que « cet acte a été une désobéissance
au Souverain Pontife en une matière très grave
et d’une importance capitale pour l’unité
de l’Eglise…, une telle désobéissance,
qui constitue en elle-même un véritable refus
de la primauté de l’évêque de Rome,
… un acte schismatique. » (Motu Proprio Ecclesia
Dei) Monseigneur Lefebvre accomplit cet acte malgré
la monition formelle qui lui a été envoyée,
et le pape prononce l’excommunication contre Monseigneur
Lefebvre, Monseigneur de Castro Mayer et les quatre évêques
consacrés. Jusqu’au pèlerinage de la Tradition
à Rome, en l’Année Sainte 2000, il n’y
a que des développements insignifiants dans les relations
entre Rome et la Fraternité. Mais ce pèlerinage
démontre aux autorités romaines les fruits de
la Tradition Catholique : de multiples jeunes vocations, les
familles nombreuses, un peuple catholique, fervent, joyeux
et fier de sa foi. Déjà pendant ce pèlerinage,
une porte à de nouveaux contacts s’ouvre, grâce
à la foi convaincante des pèlerins: le Cardinal
Castrillon Hoyos invite les quatre évêques de
la Fraternité au Vatican. Certes, ce n’est qu’une
première prise de contact, mais elle montre la volonté
romaine de s’occuper de la Fraternité. Comment
va procéder cette faible petite Fraternité en
face du géant puissant qu‘est Rome ?
En janvier 2001,
le Conseil Général esquisse les contours du
futur chemin de la Fraternité. Comme l’expérience
de la Tradition avec Rome n’inspire pas confiance, la
Fraternité doit logiquement s’attendre à
se voir traitée comme tous ceux qui ont quitté
le combat de Monseigneur Lefebvre. Pour se protéger,
elle demande des actions concrètes qui indiquent sans
équivoque les intentions romaines à son égard
: que la célébration de la messe Tridentine
soit libérée pour tous les prêtres, et
que le décret d’excommunication soit retiré.
Ces deux mesures ne sont pas réclamées pour
obtenir directement un avantage pour la Fraternité
elle-même, mais bien pour redonner un souffle traditionnel
au Corps mystique et ainsi, indirectement, aider à
un sain rapprochement entre la Fraternité et Rome.
Une fois que Rome aura satisfait à la demande de ces
deux préalables et que le climat ‘anti-traditionnel’
aura commencé à changer, la Fraternité
acceptera de s’engager dans des discussions avec Rome.
Á la fin, sa situation canonique se règlera.
Le 7 juillet 2007
– suite à la Croisade du Rosaire – le Motu
Proprio ‘Summorum Pontificum’ est rendu publique.
Quel bel acte - acte encourageant - pour la Tradition. Non
seulement la messe est libérée et tous les prêtres
peuvent dorénavant la dire, mais le Pape statue encore
qu’elle n’a jamais été abrogée.
Le combat de Monseigneur Lefebvre est réhabilité,
son courage couronné de l’aval papal. En plus,
le Motu Proprio donne aux prêtres le droit de dire le
Bréviaire et d’utiliser, pour l’administration
des sacrements et pour les bénédictions, le
Rituel de 1962. Le premier obstacle est passé !
Au début
de juin 2008, le Cardinal Castrillon Hoyos envoie un ultimatum
à Monseigneur Fellay et menace la Fraternité
de ‘re’-déclarer le schisme si elle ne
montre pas publiquement sa volonté de collaborer avec
Rome avant la fin du mois. La Fraternité est supposée
s’engager
- à donner une réponse proportionnée
à la générosité du Pape
- à éviter toute intervention publique qui
ne respecte pas la personne du Saint-Père et qui
serait négative pour la charité ecclésiale
- à éviter la prétention d’un
magistère supérieur au Saint-Père et
à ne pas proposer la Fraternité en contraposition
à l’Eglise
- à démontrer la volonté d’agir
honnêtement en toute charité ecclésiale
et dans le respect de l’autorité du Vicaire
du Christ
- à respecter la date – fixée à
la fin du mois de juin – pour répondre positivement.
Cela sera une condition requise et nécessaire comme
préparation immédiate à l’adhésion
pour accomplir la pleine communion.
Au mois d’Octobre,
Monseigneur Fellay répond à cette menace dans
sa ‘Lettre aux Amis et Bienfaiteurs’ : «
Nos prises de position sont interprétées comme
des retards, des atermoiements voulus, on met en doute nos
intentions et notre bonne volonté de discuter vraiment
avec Rome. On ne comprend pas pourquoi nous ne voulons pas
d’une solution canonique immédiate. Pour Rome,
le problème de la Fraternité serait par là-même
résolu, les discussions doctrinales seraient évitées
ou reportées. Pour nous, chaque jour nous apporte des
preuves supplémentaires de la nécessité
de clarifier au maximum les questions sous-jacentes avant
d’aller plus avant dans une situation canonique, qui
n’est cependant pas pour nous déplaire. Mais
c’est là un ordre de nature, et inverser les
choses nous mettrait immanquablement dans une situation invivable
; nous en avons la preuve tous les jours. Il y va ni plus
ni moins de notre existence future. Nous ne pouvons pas et
nous ne voulons pas laisser d’ambiguïté
sur la question de l’acceptation du Concile, des réformes,
des nouvelles attitudes tolérées ou favorisées.
» Notre Supérieur Général se montre
ferme et décidé à ne pas abandonner le
chemin esquissé en 2001 : tant qu’il n’aura
pas été satisfait aux deux préalables,
la Fraternité ne s’engagera pas dans des discussions,
et une solution canonique n’est envisageable qu’après
la fin de ces discussions. Dans la même lettre il relance
les fidèles à une nouvelle Croisade du Rosaire.
En date du 15 décembre,
Monseigneur Fellay envoie une lettre au Cardinal Hoyos réaffirmant
notre volonté de rester catholiques : « Nous
croyons fermement à la Primauté de Pierre …
Nous sommes prêts à écrire avec notre
sang le Credo…, nous faisons nôtres tous les conciles
jusqu’à Vatican I. Mais nous ne pouvons qu’émettre
des réserves au sujet du Concile Vatican II. »
Dans la même lettre, Monseigneur exprime clairement
les grandes souffrances causées par la situation actuelle,
et demande de nouveau le retrait du document de l’excommunication
de 1988.
Au mois de janvier,
Monseigneur porte à Rome les résultats de la
deuxième Croisade du Rosaire : 1.703.000 chapelets
pour la levée des excommunications. Dans les jours
qui suivent sa visite à Rome, le 21 janvier, le décret
romain est signé et rendu public le 24 janvier.
Conséquences
Le Concile Vatican
II était le détournement clair et net de la
Tradition et l’ouverture vers les idées nouvelles
; le décret de la levée des excommunications
sera le commencement d’un nouvel intérêt
pour l’enseignement traditionnel et le retour des changements
conciliaires. Le décret, après plus de quarante
ans, rapproche Rome de la Tradition. Il est un grand pas vers
la réunification de l’Autorité catholique
avec la Vérité catholique. Trop longtemps autorité
et vérité étaient divorcées. Depuis
le Motu Proprio Summorum Pontificum, on ne peut plus affirmer
que le véritable rite de la Messe est banni par Rome.
Bien sûr, certains vont se comporter tout de même
comme si ce rite était toujours interdit. Après
le décret du 21 janvier, personne ne peut plus dire
que les catholiques attachés à la Tradition
sont ‘en dehors de l’Église’. Et
là aussi, certains conciliaires vont continuer à
agir comme si les traditionalistes étaient en dehors.
Mais cette fois, ils n’auront plus le Pape de leur côté.
La multitude des
articles publiés contre la levée des excommunications
montre clairement que les adeptes du Concile Vatican II sont
opposés à la démarche du Pape. Ils craignent
les conséquences logiques de la levée des excommunications.
Des articles titrés comme : « Tenir le cap du
Concile Vatican II » montrent l’enjeu de la question.
La pétition contre l’acte papal en Allemagne
révèle ce que les théologiens modernes
demandent de nous et ce qu’ils désirent défendre
: « C’est la reconnaissance absolue des décisions
arrêtées au Concile de Vatican II qui est réclamée
». Ces théologiens invitent tous les visiteurs
de leur site à voter contre la décision parce
qu’ils refusent d’accepter « dans l’Église
un groupe qui refuse d’accepter le Concile » …
Le Cardinal Kasper, Président du Conseil Pontifical
pour l’Unité des Chrétiens déplore
le décret qui est pour lui une ‘réhabilitation
partiale de la Tradition’, et CWN-news marque dans un
article : « Le Pape Benoît XVI a fait un pas audacieux
visant à mettre fin à une division qui a commencé
voici plus de 20 ans. Dans le même temps, il a ouvert
la voie à un débat sur la question théologique
la plus importante qui se pose au monde chrétien d’aujourd’hui.
Le résultat de ce débat aura une importance
qui s’étend bien au-delà des cercles du
traditionalisme catholique. »
Discussions
Si, dans un futur
proche, la Fraternité s’engage dans des discussions
avec Rome, cela ne veut pas dire qu’elle sera ramenée
automatiquement sous l’égide de Vatican II. Le
décret n’engage à rien d’autre qu’à
entreprendre des discussions auxquelles la Fraternité
s’était engagée elle-même dès
l’année 2000, quand elle avait demandé
comme préalables la libération de la Messe et
la levée des ‘excommunications’. Comment
la Fraternité pourrait-elle ne pas se réjouir
de l’occasion qui lui est donnée de pouvoir exposer
devant Rome les sérieux motifs doctrinaux qu’elle
croit être à la base de la crise actuelle de
l’Église ? Bien sûr, il y a des deux côtés
– les sedevacantistes et les conciliaires – des
voix qui prétendent savoir que Monseigneur Fellay aurait
déjà signé des accords avec Rome. Les
uns mobilisent les ‘durs’ en rangée de
bataille contre ‘Bernie Fellay’ et font des pétitions
pour enlever de son poste ‘le traître à
la mission de Monseigneur Lefebvre’. Les autres veulent
calmer les cercles modernistes et disent: « Nous savons
que les délicates négociations entre le Vatican
et la Fraternité Saint Pie X ont été
menées au cours des dernières années.
Mgr Fellay a rencontré le Pape en 2005 ; les excommunications
sont restées en vigueur pendant plus de trois ans après
cette réunion. On peut affirmer sans crainte que, pendant
ce temps, le Vatican a cherché à obtenir l’assurance
que la Fraternité serait ouverte à une véritable
réconciliation. Les excommunications n’ont été
levées que lorsque ces assurances ont été
reçues. En d’autres termes, le geste public du
Pape nous dit que des entretiens privés sont déjà
bien avancés. »
Nouvelle
Croisade
Le Pape a montré
un courage et une bienveillance extraordinaires à l’égard
de la Tradition en satisfaisant aux deux préalables
posés en 2001. Ce que semblait, à l’époque,
être une demande irréaliste et au-dessus des
toutes les possibilités -et dont l’accomplissement
est un miracle manifeste – est devenu maintenant la
réalité.
Mais rendons- nous
compte que tout jusqu’ici n’était qu’une
modeste introduction dans le vrai combat, que jusqu’à
maintenant on n’a rien fait d’autre que de placer
les pièces sur l’échiquier et de se faire
valoir comme un joueur respectable : rien de plus. Le grand
jeu ne commence que maintenant. La discussion sera engagée
et on verra finalement du mouvement sur les positions.
Qui sera le gagnant
? Personne n’en doute : la Sainte Vierge ! Par elle
nous avons obtenu la libération de la Messe dans une
première Croisade du Rosaire. Elle nous a comblés
de nouvelles grâces dans notre Deuxième Croisade.
Les 1.703.000 chapelets nous ont valu la levée des
excommunications.
Une troisième
Croisade ne peut qu’aboutir à la victoire finale
!
Pendant ce temps
du Carême, prions donc fidèlement notre chapelet.
Rajoutons volontairement un deuxième ou même
un troisième chapelet par jour. L’enjeu est d’une
importance immense : l’Église peut, oui, elle
doit sortir de sa crise.
- La première intention dans la récitation
de notre chapelet sera par conséquence l’action
de grâce à l’égard de la Sainte
Vierge.
- La deuxième intention sera pour notre Saint Père
le Pape. Il n’y a fort probablement aucun autre Cardinal
– éligible en 2005 - qui aurait voulu, ou aurait
osé faire les démarches qu’a entreprises
le Pape Benoît XVI. Certainement il avait prévu
le refus de la part de beaucoup des évêques
et le ‘tollé’ de la part de la presse
chaque fois qu’il entreprendrait une démarche
en faveur de la Tradition. Et tout de même, il n’a
pas hésité à libérer la Messe
et à lever les excommunications. À cause de
cela, son pontificat est critiqué comme jamais auparavant.
Parmi les théologiens modernes, des voix se sont
élevées qui demandent le Pape de renoncer
à son poste et de se retirer. La pression faite sur
lui augmente de jour en jour. Ce sera à lui de prendre
la dernière décision dans les discussions
à venir, à lui donc d’assumer la responsabilité,
et de recevoir à son compte toutes les attaques des
personnes et des organismes opposés. Il mérite
notre soutien par la prière au maximum.
- La troisième intention sera pour les Supérieurs
de la Fraternité, spécialement pour Monseigneur
Fellay, notre Supérieur Général. La
nouvelle situation n’est pas sans danger, les discussions
seront difficiles, probablement fort longues, et les adversaires
sont nombreux. Monseigneur a sur le dos toute la responsabilité
des 500 prêtres de la Fraternité, une certaine
responsabilité des communautés amies, et la
responsabilité des quelques centaines de milliers
de fidèles de toutes parts.
Je vous confie
ces intentions pendant ce temps du Carême et compte
sur votre engagement ; je sais à qui je m’adresse
: lors de la dernière Croisade du Rosaire, les fidèles
du Canada se sont montrés extrêmement fervents.
Qu’ils augmentent
encore leur engagement : pour Dieu, pour l’Église,
pour la foi catholique !
Que ce saint temps
du Carême soit, pour nous et pour notre chère
Église un temps de renouvellement spirituel grâce
à nos efforts sincères, persévérants
et généreux.
Abbé Jürgen
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