Communicantes

Accueil
Communicantes: Avril 2002
 

Dossier: Campos

 

I - Communiqué de la Fraternité Saint Pie X au sujet des prêtres de Campos

16 janvier 2002, fête de St Marcel

Le 18 janvier 2002 le Cardinal Castrillon Hoyos lira dans la cathédrale de Campos les divers documents par lesquels le Pape Jean Paul II érige une administration apostolique en faveur des prêtres de Campos et des fidèles qui leur sont associés. Mgr Rangel est reconnu comme un évêque catholique et nommé à la tête de la nouvelle administration. Cette administration aura droit aux livres liturgiques de 1962, c'est-à-dire à la messe tridentine. Les censures "peut-être encourues" (sic) seront levées. Le pape accepte l'offre des prêtres de Campos de combattre l'hérésie dans l'Eglise.

Mgr Rangel fera au nom de tous la profession de foi et lira une déclaration dans laquelle il reconnaît Jean Paul II comme pape, l'évêque du lieu comme évêque légitime, le Concile Vatican II comme un concile de l'Eglise catholique, exprimant cependant qu'il se réserve le droit de critiquer de manière positive ce qui n'est pas en conformité avec la Tradition ; et de même en ce qui concerne la nouvelle messe, reconnue comme valide en soi, mais soumise à des critiques constructives.

La Fraternité sacerdotale St Pie X constate que ce résultat est le fruit d'une paix séparée. Pour l'obtenir, les prêtres de Campos ont dû en quelque sorte se démarquer de la Fraternité. Elle fait remarquer la précipitation et le caractère partiellement dissimulé des tractations qui ont conduit à la reconnaissance actuelle. Ils ont par exemple abandonné la demande concernant la messe tridentine qui aurait accordé à tout prêtre (du monde entier) de la célébrer librement. Tout cela n'est pas bon, car la force est dans l'union. On ne peut pas dire non plus que par cet acte, la crise de l'Eglise soit dépassée. Cela peut être un pas dans cette direction, l'avenir le dira.

Les Pères de Campos affirment continuer le combat de la Tradition. Il faut considérer aussi qu'aucune concession substantielle au niveau doctrinal n'a été faite. Le temps seul dira comment Rome permettra le développement de cette œuvre. À ce sujet, le choix du successeur de Mgr Licinio Rangel sera d'une grande importance. Et ce point n'est pas déterminé. De même que le statut juridique de l'administration.

Quelles seront désormais leurs relations avec Rome et avec nous ? C'est encore le temps qui le dira. La situation nouvelle créée servira de test pour le futur. La Fraternité reste très réservée et observe avec appréhension d'aussi près que possible le développement de l'œuvre en attendant d'en voir les fruits. C'est aux fruits que l'on juge l'arbre.

Il reste que, pour la première fois, une structure de type diocésaine est accordée à la Tradition. Un évêque traditionnel est maintenant reconnu comme tel, comme pleinement catholique.

Nous prions pour que tout cela coopère au bien de la Tradition et de l'Eglise malgré la saveur mélangée que nous ressentons pour le moment et ne voulons que continuer à œuvrer dans l'esprit et la ligne légués par Monseigneur Lefebvre.

En la fête de Saint Marcel
+ Bernard Fellay

 

II - Lettre de l'Union Saint Jean Marie Vianney au Pape du 15 Août 2001 (extraits)

Très Saint Père,

(...) Au nom de notre foi catholique apostolique et romaine, nous nous sommes efforcés de garder la sainte Tradition doctrinale et liturgique que la Sainte Eglise nous a léguée et, dans la mesure de notre faible force et soutenus par la grâce de Dieu, de résister à ce que Votre prédécesseur d' illustre mémoire le Pape Paul VI a appelé l' "autodémolition" de l'Eglise. C'est de cette manière que nous espérons rendre le meilleur service à Votre Sainteté et à la Sainte Eglise.

Très Saint Père,

Nous avons toujours considéré être dans l'Eglise catholique, dont nous n'avons jamais eu l'intention de nous séparer malgré la situation de l'Eglise et les problèmes qui ont affecté les catholiques de la ligne traditionnelle, que Votre Sainteté connaît, et qui, nous le croyons, remplissent Votre cœur comme les nôtres de douleur et d'angoisse : cependant juridiquement nous avons été considérés comme vivant en marge de l'Eglise.

Voici donc notre demande : que nous soyons acceptés et reconnus comme catholiques.

Nous demandons, officiellement, à collaborer avec votre Sainteté dans l'œuvre de la propagation de la foi et de la doctrine catholique, avec zèle et pour l'honneur de la Sainte Eglise - "Signum levatum in nationes " -; dans le combat contre les erreurs et les hérésies qui menacent de détruire la barque de Pierre, inutilement puisque "les portes de l'Enfer ne prévaudront pas contre elle."

Nous déposons dans les augustes mains de Votre Sainteté notre profession de foi catholique : nous professons une parfaite communion avec la Chaire de Pierre dont Votre Sainteté est légitime successeur. Nous reconnaissons Votre primauté et Votre gouvernement sur l'Eglise universelle, pasteurs et fidèles . Nous déclarons que, pour rien en ce monde nous ne voulons nous séparer de la Pierre sur laquelle Jésus-Christ a fondé son Eglise.

Campos de Goytocazes, Etat de Rio de Janeiro, Brésil, le 15 août 2001, fête de l'Assomption de la Très Sainte Vierge Marie.

( suivent les signatures de Mgr Rangel et de tous les autres membres de l'Union Sacerdotale Saint Jean-Marie Vianney )

 

III - Lettre du Pape à Mgr Rangel du 25 Décembre 2001 (extraits)

Au vénérable frère Licinio Rangel

Et aux Chers Fils de l'Union Saint Jean Marie Vianney de Campos au Brésil,

Nous avons reçu avec une très grande joie pastorale le fait que vous vouliez coopérer avec le Successeur du bienheureux Pierre à la propagation de la Foi et de la Doctrine catholique, recherchant l'honneur de la Sainte Eglise qui est l'étendard levé parmi les nations (Is. 11 : 12 - Maredsous) et combattant contre ceux qui, en vain, essaient d'ébranler le Navire de Pierre parce que " les portes de l'Enfer ne prévaudront pas contre elle " (Mt. 16 : 18).

Nous rendons grâce au Seigneur Un et Trine pour de si bons sentiments !

Après avoir considéré toutes ces choses et ayant devant les yeux la gloire de Dieu, le bien de la Sainte Eglise, ainsi que cette loi suprême qu'est le salut des âmes (cf. can. 1752 CIC), et étant d'accord sincèrement avec votre requête de pouvoir être admis à l'entière communion avec l'Eglise catholique, nous reconnaissons que vous lui appartenez canoniquement.

En même temps, nous vous informons, Vénérable Frère, qu'un document législatif va être préparé, document qui établira la forme juridique de la confirmation de vos biens ecclésiastiques et par lequel, le respect de vos biens propres sera garanti.

Par ce document, l'Union sera érigée canoniquement en une Administration apostolique personnelle qui sera directement soumise au Siège apostolique et aura son territoire dans le diocèse de Campos. La question de la juridiction cumulative avec l'ordinaire du lieu sera traitée. Son gouvernement vous sera confié, Vénérable Frère, et votre succession sera prévue.

Sera ratifiée à l'Administration apostolique, la faculté (facultas) de célébrer l'Eucharistie et la liturgie des Heures selon le rite romain et la discipline liturgique d'après les préceptes de notre prédécesseur saint Pie V, avec les adaptations introduites par ses successeurs jusqu'au bienheureux Jean XXIII.

C'est assurément avec une très grande joie, pour que pleine communion soit rendue certaine, que nous déclarons la levée de la censure dont il est traité au canon 1382 CIC, à votre égard, Vénérable Frère, en même temps que la levée de toutes les censures et le pardon de toutes les irrégularités dans lesquelles sont tombés les autres membres de cette Union.

Fait au Vatican, le 25 décembre, en la solennité de la Nativité du Seigneur, en l'an 2001, le vingt-quatrième de notre pontificat.

 

IV - Décret du 18 janvier 2002

Congrégation des Evêques

Nomination comme administrateur apostolique de l'administration apostolique personnelle « Saint Jean Marie Vianney ».

Décret

Pour pourvoir au gouvernement de l'Administration apostolique personnelle « Saint Jean Marie Vianney », au territoire de Campos (Brésil), par le présent décret de la Congrégation des Evêques, le Souverain Pontife Jean Paul II, pontife par la Divine Providence, nomme et établit comme administrateur apostolique Son Excellence Monseigneur Licinio Rangel, lui donnant, en même temps, le titre épiscopal de l'Eglise de Zarnen, avec tous les droits, les pouvoirs et les devoirs établis dans le décret de la création de cette Administration apostolique

Donné à Rome, des Actes de la Congrégation des Evêques, le 18 Janvier 2002.

 

V - Déclaration de Mgr Rangel du 18 janvier 2002

Déclaration de son Excellence Mgr Licino Rangel, Evêque titulaire de Zarna, administrateur apostolique de l'
administration apostolique personnelle " Saint Jean-Marie Vianney "

« Je déclare, en union avec les prêtres de l'Administration Apostolique "Saint Jean-Marie Vianney» de Campos, Brésil, les points suivants :

- Nous reconnaissons le Saint Père, le Pape Jean-Paul II, avec tous ses pouvoirs et prérogatives, lui promettant obéissance filiale et offrant nos prières pour lui.

- Nous reconnaissons le Concile Vatican II comme l'un des Conciles œcuméniques de l'Eglise catholique, l'acceptant à la lumière de la Sainte Tradition .

- Nous reconnaissons la validité du Novus Ordo Missae, promulgué par le Pape Paul VI, chaque fois qu'il est célébré correctement et avec l'intention d'offrir le véritable Sacrifice de la Saint Messe.

- Nous nous engageons à approfondir toutes les questions encore ouvertes, prenant en considération le canon 2121 du Code de Droit Canon et avec un sincère esprit d'humilité et de charité fraternelle envers tous.

In principiis unitas, in dubiis libertas, in omnibus charitas. ? Dans les principes, unité, dans les questions laissées en suspens, liberté, en toutes choses, charité. (St Augustin)

Campos, Brésil, le 18 janvier 2002.

N. B. Il manque dans ce dossier le décret d'érection de l'Administration apostolique « Saint Jean Marie Vianney » qui paraîtra dans quelque temps.



1. Can. 212 - § 1. Les fidèles conscients de leur propre responsabilité sont tenus d'adhérer par obéissance chrétienne à ce que les Pasteurs sacrés, comme représentants du Christ, déclarent en tant que maîtres de la foi ou décident en tant que chefs de l'Église.

§ 2. Les fidèles ont la liberté de faire connaître aux Pasteurs de l'Église leurs besoins surtout spirituels, ainsi que leurs souhaits.

§ 3. Selon le devoir, la compétence et le prestige dont ils jouissent, ils ont le droit et même parfois le devoir de donner aux Pasteurs sacrés leur opinion sur ce qui touche le bien de l'Église et de la faire connaître aux autres fidèles, restant sauves l'intégrité de la foi et des mœurs et la révérence due aux pasteurs, et en tenant compte de l'utilité commune et de la dignité des personnes.

 

VI - Commentaire du Père Georges Cottier, O.P., théologien du pape (extraits)
(Agence de Presse Zenit, 2002-01-20)

 

Question de Zenit : Qu'est ce qu'il y a de nouveau dans cet événement (l'accord Rome-Campos) ?

Père Cottier : Il y a beaucoup plus (que la célébration de la messe selon le missel de St. Pie V) dans le schisme de Lefebvre : il y a le rejet du Concile, de l'oecuménisme et du principe de la liberté religieuse - un rejet global dont la liturgie n'était que le drapeau, bien que beaucoup de personnes ont suivi Lefebvre précisément pour cette raison.

Depuis la rupture (en 1988) jusqu'à aujourd'hui, d'autres personnes parmi ses adeptes sont retournés et ont retrouvé une plein communion avec l'Église catholique. Cependant, la principale condition a toujours été la reconnaissance entière de l'autorité du Concile Vatican II. Et c'est cela que le groupe principal, celui d'Écône, n'a jamais accepté jusqu'à présent.

Question : Oui, mais en étendant l'usage du rite de Pie V, n'augmente-t-on pas le risque de confusion ?

Père Cottier : Des différences ont toujours été permises. Je suis un Dominicain : jusqu'au Concile nous avions une liturgie dominicaine qui était une variante du rite romain. Mais l'unité n'était pas compromise par cela.

On peut très bien accepter " Sacrosanctum Concilium " (la constitution du Concile sur la Liturgie) tout en gardant sa propre spécificité. Souvenons-nous que le Concile lui-même n'a pas demandé que toute la célébration de la messe soit en langue vernaculaire : le Canon aurait dû rester en latin.

La réforme liturgique alla plus loin, et, voyant la majorité des Catholiques, ce fut un choix approprié. Mais cela ne veut pas dire que le désir de trouver de nouveau dans la tradition un sens plus profond d'intériorité, de silence, de beauté, est, en soi, inadmissible.

Question : Comment peut-on concilier cette spécificité avec une communion effective avec toute l'Église ?

Père Cottier : Beaucoup de Lefebvristes tiennent que " notre " messe de Paul VI n'est pas valide.2 Maintenant du moins, ce groupe ne pourra pas penser une telle chose. Petit à petit nous devons nous attendre à d'autres pas : par exemple, qu'ils participent aussi à des concélébrations dans le rite réformé. Mais nous ne devons pas être pressés. Ce qui est important c'est qu'il n'y a plus de rejet dans leur coeur. La communion retrouvée dans l'Église possède un dynamisme intérieur propre qui va mûrir.

Question : Avec la cérémonie de vendredi dernier, l'application du Concile a-t-elle fait un pas en avant ou en arrière ?

Père Cottier : Certainement un pas en avant. Vatican II n'a pas désiré créer une rupture. Son intention était de mieux harmoniser l'Église avec les défis pastoraux, avec la mission, avec le culte divin lui-même.

J'espère que (cette réconciliation) ouvrira la porte à d'autres. Dans ce processus, la communion avec le successeur de Pierre est fondamentale. Aussi en Liturgie : jusqu'à maintenant, dans la messe célébrée par les Lefebvristes, il n'y avait pas de " communication " avec le Pape. Maintenant, au moins au Brésil, cela ne sera plus ainsi.

 

2. Mgr Marcel Lefebvre n'a jamais dit que la nouvelle messe était en soi invalide, c.a.d. ne réalisant pas la présence réelle de Notre Seigneur sur l'autel à l'état de victime, mais il a toujours affirmé que la nouvelle messe, par son rite, est mauvaise en ce sens qu'elle favorise l'hérésie protestante, et la perte de la vraie foi. (NDLR)

 

VII - Réaction de l'abbé Peter Scott, Supérieur du district des U.S.A. de la Fraternité S. Pie X (extraits)

Le thème de cette cérémonie conjointe entre les modernistes et les traditionalistes (à Campos) était : « unité dans la diversité ». C'est en fait le fondement de la messe de l'Indult, selon ce qu'on trouve dans le Motu Proprio Ecclesia Dei adflicta de Jean-Paul II en 1988, et telle est aussi la base de cette réconciliation comme le décrit la déclaration commune de Mgr Rangel et de Mgr Norberto Guimaraes (l'évêque conciliaire de Campos) :

« Nous nous rappelons de plus l'invitation de Saint Père, le Pape Jean-Paul II : 'Tous les pasteurs et les autres fidèles doivent prendre une nouvelle conscience non seulement de la légitimité mais aussi des richesses que la diversité des charismes, traditions, spiritualités et apostolats représente pour l'Église. Cette diversité constitue aussi la beauté de l'unité dans la diversité : c'est la symphonie que, sous l'action du Saint-Esprit, l'Églis de la terre élève au ciel' (Motu Proprio Ecclesia Dei adflicta). C'est donc avec une joie intense que nous communiquons à tous ce geste de bonté du Saint-Père, le Pape, souhaitant une union toujours plus grande parmi les Catholiques - 'unité dans la diversité' - comme le souhaite le Saint-Père, pour la plus grand gloire de Dieu et l'honneur de la sainte Église ».

Nous devons certainement respecter les bonnes intentions des prêtres de Campos, qui n'ont pas attaqué le refus de la Fraternité S. Pie X de conclure un accord, mais qui ont simplement dit que leur situation est différente, puisqu'ils sont tous dans un même diocèse. Nous devons aussi reconnaître qu'ils n'ont pas fait de compromis à la manière des prêtres de la Fraternité Saint-Pierre, qui ont accepté en principe la célébration de la nouvelle messe et la théologie post-conciliaire.

Cependant, nous sommes certainement tristes du fait qu'ils ont mis en sourdine la position claire si bien exprimée dans leur livre publié en 1999 : Catholiques, Apostoliques et Romains, et que cette division dans la Tradition s'est produite pour obtenir un statut canonique. Nous regrettons que les prêtres de Campos aient choisi la voie plus facile, la voie de moindre résistance. Combien différents furent les paroles héroïques de Mgr de Castro Mayer, dans une situation semblable, le 30 juin 1988 :

" Je veux manifester ici mon adhésion sincère et profonde aux positions de son Excellence Monseigneur Lefebvre, dictées par sa fidélité à l'Église de tous les siècles. Chacun de nous, nous avons bu à la même source qui est celle de la Sainte Catholique et Apostolique Église romaine ".

De plus, nous ne pouvons nous empêcher de déplorer leur reconnaissance implicite qu'ils étaient hors de la pleine communion éclésiale avant que cette cérémonie eut lieu. La Fraternité St. Pie X a insisté, comme principe, comme condition préalable à des discussions, que le Vatican déclare que les excommunications étaient nulles et invalides, que Mgr Lefebvre avait des raisons suffisantes pour consacrer des évêques et que nous sommes et avons toujours été des bons Catholiques. Ce principe a été abandonné par les prêtres de Campos. De plus, le concept moderniste des degrés de communion a été accepté à la place de l'enseignement traditionnel contenu dans le dogme " il n'y a pas de salut en dehors de l'Église ". Avant Vatican II, on ne parlait pas de communion éclésiale parfaite ou imparfaite. On était ou bien Catholique, dans l'Église, ou excommunié, en dehors de l'Église, sur la voie de la perdition éternelle. Il n'y a pas de milieu. Mais pour les modernistes, les autres Chrétiens et les autres croyants sont dans des degrés divers dans un état de communion imparfaite, bien qu'ils ne soient pas actuellement membres de l'Église Catholique Romaine. Ce concept qui détruit toute l'idée d'une Église Une est sous-jacent à cette affirmation selon laquelle les prêtres de Campos sont seulement maintenant en pleine communion avec l'Église.

Cependant, le pire est l'acceptation du principe de l'Indult de « l'unité dans la diversité », à savoir que nous pouvons être un avec d'autres « Catholiques » dans les diverses expressions de leur expérience religieuse, incluant les charismatiques et les modernistes de toute espèce. Le principe d'unité n'est pas la diversité. C'est une pure contradiction pour toute personne qui n'embrasse pas la conception moderniste de la religion comme étant une collection des expériences personnelles intérieures de chacun. Au contraire, le principe d'unité vraie est la Tradition catholique, telle qu'exprimée dans le catéchisme, à savoir : professer la même foi, participer au même sacrifice et aux mêmes sacrements, unis sous la même tête unique, le Pape. Nous ne sommes un avec les Catholiques du Nouvel Ordo qu'en tant qu'ils tiennent à ces vérités, malgré la direction révolutionnaire donnée par les modernistes à l'Église, et nous ne sommes sûrement pas un avec toute personne qui renie sciemment et volontairement l'une quelconque de ces vérités.

La coïncidence de cette cérémonie de régularisation avec le sommet d'Assise II, cette rencontre de toutes les religions le mois dernier pour prier pour la paix, ne fait qu'ajouter à notre tristesse. Puisque ce fut la première rencontre d'Assise, en 1986, qui convainquit Mgr Lefebvre de la destruction du sens de la foi et de la gravité de la crise de l'Église et qui le poussa à consacrer des évêques, c'est maintenant cet Assise II qui doit nous réveiller en nous rappelant que l'oecuménisme est toujours vivant et bien portant, qu'il continue de détruire l'Église de l'intérieur, dans sa moëlle, et que c'est notre devoir de rester fermes et de faire réparation pour cela. Ce n'est sûrement pas en acceptant d'être unis dans la diversité avec des oecuménistes que nous ferons cela. C'est pour cette raison que Mgr Fellay a demandé qu'on fasse une journée de réparation dans tous nos prieurés et nos principales chapelles.

 

VIII - Réaction du Père Laurent Fleichman O.S.B. (extraits)

Texte tiré de la revue « Le Sel de la Terre " (Couvent de la Haye aux Bonshommes, F-49240 Avrillé), no 39. Cette lettre date du 30 octobre 2001, donc avant la réconciliation entre Campos et le Vatican. Le Père Laurent était un moine du Barroux, en France, quand un accord fut signé en 1988 entre Dom Gérard Calvet et le Vatican. En conscience, le Père Laurent dut quitter le monastère pour rester fidèle au combat pour la Foi. Il dessert maintenant une chapelle indépendante à Niteroi, près de Rio de Janeiro.

« Voici la première ressemblance que je vois entre l'attitude de Dom Gérard et la vôtre : Mgr Lefebvre venait de refuser un accord, faute d'avoir perçu, dans les intentions du Vatican, les garanties nécessaires à la survie de la Tradition. Dom Gérard, estimant les intérêts particuliers de son monastère audessus des intérêts de l'Église, accepta de se séparer de Mgr Lefebvre pour retrouver une situation juridique et canonique 'normale', laissant tomber l'épée du combat.

« Aujourd'hui également, la Fraternité venait de refuser un accord pour les mêmes motifs que Mgr Lefebvre, et vous préférez considérer votre bien particulier et non pas le bien commun de l'Église. Vous vous êtes lassés de vivre jour et nuit dans le combat et dans la marginalisation.

« J'ai dit en 1988 à Dom Gérard, ce que je vous répète aujourd'hui : des milliers de fidèles attendent, anxieux, que vous les confirmiez dans la foi catholique, dans le combat qu'exige de nous la divine Providence, sans se laisser aller à la fatigue, à la faiblesse, au chant des sirènes d'une légalité piégée. Ce que Notre-Seigneur exige, c'est le martyre goutte-à-goutte et la claire et limpide profession defoi catholique, sans pacte avec les modernistes du Vatican.

« Le pape, oui ; la légalité juridique, oui. Néanmoins, avant tout, répondre au clair appel de Dieu pour le combat de la foi. Le jour où le pape se convertira vraiment, cela apparaîtra plus clairement que la lumière du soleil. Évidemment, ce n'est pas en baisant le Coran, ni en allant prier dans une mosquée qu'il nous montre cette conversion. »

 

IX - Réaction du Père Thomas d'Aquin, O.S.B., prieur du monastère de la Sainte Croix à Nova Friburgo, Brésil.
d'après la version anglaise parue dans Catholic (Golgotha Monastery Island, Papa Stronsay, Orkney Isles, Scotland, UK, KW17 2AR), mars 2002, traduite par nos soins.

« Nous partageons entièrement les craintes de Mgr Fellay et de toute la Fraternité Saint-Pie X comme de toute la famille de la Tradition à travers le monde lorsque nous voyons nos amis de Campos engagés dans un processus d'accord avec Rome sans que la question doctrinale n'ait été résolue. Ce que Mgr Fellay a refusé est sur le point d'être accepté ou a déjà été accepté par Campos. La Fraternité Saint-Pie X a eu l'ample occasion d'apprendre à connaître les idées et les intentions de Rome. S'il le voulait, Campos pourrait profiter de cette expérience. Mais elle doit le vouloir. Prions pour nos amis, nos compagnons d'armes dans tant de batailles. Ont-ils oublié ces paroles de Mgr Lefebvre : 'Préparez-vous pour un combat qui durera longtemps' ? Le combat sera long. 'Rome' n'est pas encore convertie. Pie XII a prédit que la principale tentation pour les Catholiques dans les années à venir sera la lassitude dans la longueur du combat. Ne devenons pas las du combat de sorte que nous puissions dire un jour avec saint Paul : 'J'ai combattu le bon combat, j'ai terminé ma course, j'ai gardé la foi' (2 Tim. 4 :7). Ne nous lassons pas non plus de prier pour Campos, pour ses prêtres et ses fidèles, pour que leur combat puisse être marqué aussi bien par le zèle que par la prudence ».

 

X - Commentaire du journal Catholic, publié par les pères Rédemptoristes transalpins, en Écosse, Mars 2002
« Le 22 août 1999, les prêtres de Campos déclarèrent :

'Il n'y a pas, de notre part, un refus systématique de soumission au pape et aux évêques. Nous rejetons absolument toute intention, désir ou esprit de schisme. Nous ne formons pas un parti 'Lefebriste' ou 'traditionnel'. Nous sommes des Catholiques romains apostoliques. Nous répétons : notre résistance aux autorités écclésiastiques est circonstantielle, temporaire, et limitée aux points sur lesquels ces mêmes autorités se distancent elles-mêmes de la doctrine de toujours. Lorsque les autorités écclésiastiques recommenceront sans condition à enseigner et à faire ce que l'Église a toujours enseigné et fait, nous ... serons tous à la complète disposition de ces mêmes autorités.' (Catholiques, Apostoliques et Romains).

« Ces mots ne pourraient mieux résumer notre propre position et celle de tous les traditionalistes.

« Les autorités écclésiastiques n'ont pas recommencé 'sans condition à enseigner et à faire ce que l'Église a toujours enseigné et fait' ; Assise II en est une preuve suffisante. Et cependant nous notons avec tristesse que les auteurs de cette déclaration se sont placés 'à la disposition totale de ces mêmes autorités'.

« Nous ne pensons pas que leur cas peut être comparé adéquatement à celui de Dom Gérard et le Barroux, ou de l'abbé Bisig et la Fraternité St. Pierre. (...) Nous partageons de tout coeur les vues exprimées par Mgr Fellay dans sa déclaration du 16 janvier. Seul le temps dira si l'union sacerdotale Saint Jean-Marie Vianney demeurera fidèle aux principes de Mgr de Castro Mayer ou si elle ne deviendra pas tout simplement une garantie au pluralisme de l'Église conciliaire "».

 

XI- Le mot du Supérieur Général

Publié dans D.I.C.I no 44, 1 mars 2002, ce document vient tout juste de nous arriver. Il complète et précise la première déclaration de Mgr Fellay du 16 janvier dernier. DICI, Documentation Informations Catholiques Internationales, est un service de presse de la Fraternité Saint Pie X. Pour les abonnements : par voie électronique : www.le-combat-catholique.com ; par voie postale : Service de Presse DICI, Schwandegg CH - 6313 MENZINGEN, SUISSE.

La conjonction, à quelques jours près, de la reconnaissance de Campos par Rome, que certains pensent être une reconnaissance de la Tradition, et de la journée d'Assise, qui est à l'extrême opposé de la Tradition, présente une telle contradiction qu'elle nous oblige à un regard approfondi ; la démolition systématique de tout ce qui est traditionnel dans l'Eglise depuis le concile Vatican II impose une cohérence logique dans l'œuvre entreprise. Avant de saluer la reconnaissance de Campos comme un retour de Rome à la Tradition, nous sommes obligés de nous demander si cet événement ne peut pas aussi, ne doit pas aussi, être inséré dans la logique post-conciliaire: et précisément la journée d'Assise fournit un argument probant en faveur de cette thèse. Si la Rome post-conciliaire est capable de réunir tant de religions, on peut même dire toutes les religions, pour une cause commune religieuse, comment ne pourrait-elle pas aussi trouver une petite place pour la Tradition ?

Faut-il y voir un dilemme pour Rome : résorber le «schisme de la Tradition» en l'acceptant, alors que cette dernière s'est montrée jusqu'ici exclusive et condamnatoire (et donc accepter qu'elle a raison contre la Rome moderniste) ou continuer dans la ligne des réformes ? Très manifestement, la ligne des réformes est maintenue comme principe intangible et irréversible. Donc la condition que Rome doit poser pour l'acceptation d'un mouvement traditionnel est l'accord de principe du Concile (on peut discuter sur les nuances et certaines conclusions). C'est le pas obligé. C'est l'entrée dans le pluralisme sous apparence de reconnaissance de la part de Rome, qui est imposé, ce n'est pas le retour de l'Église conciliaire à la Tradition. Le Cardinal Castrillón me reproche cet argument. Ce ne serait pas au nom du pluralisme que Rome désire notre retour, ce n'est pas dans une situation pluraliste que l'on veut nous placer. Et pourtant.

La condition pour réaliser ce nouveau prodige a été exprimée par le Cardinal Castrillón, acteur de l'accord camposien, dès avant le début des discussions dans un article de 30 Giorni d'abord en automne 2000, dans la Nef ensuite, finalement à Campos, lors d'une conférence de presse, le 19 janvier 2002. Le théologien de la maison pontificale, le Père Cottier, n'a pas usé d'autre argument d'ailleurs : l'acceptation du Concile est manifestement le point majeur et déterminant (vient ensuite l'acceptation de la nouvelle messe). C'est le principe d'où est partie la révolution dans l'Église, et de fait, tout le reste suit. Devant ce fait, il me semble que nous nous trouvons devant une ambiguïté de plus par rapport à l'Eglise conciliaire : lorsque nous disons accepter le Concile avec des restrictions (refuser ce qui est contraire à l'enseignement pérenne, interpréter l'ambigu à la lumière de la Tradition, accepter le toujours enseigné), il semble bien que nous disons tout autre chose que ce qu'en comprennent les romains. Car fondamentalement, nous considérons ce Concile comme la grande catastrophe du XXe siècle, la cause de dommages incalculables faits à l'Eglise et aux âmes, alors qu'eux y voient le grand miracle du XXe siècle, le bain de jouvence de l'Église.

Tout le reste suit : Le Père Cottier annonce le prochain pas que "l'on" attend de Campos : la concélébration de la nouvelle messe, bien entendu. Et Mgr Perl dit que cela se fera piano piano, petit à petit. Piano piano, les prêtres et les fidèles de Campos seront réintégrés dans le diocèse et dans "l'Église" postconciliaire. Lui aussi prévoit que cela se fera assez vite, cependant. On ne peut pas attribuer à Mgr Perl ces pensées seulement au nom d'une vengeance pour avoir été tenu à l'écart des négociations; c'est la pensée dominante de la Rome conciliaire.

Campos ne veut pas le savoir. La réalité se fera bien vite sentir. Très probablement trop tard. Ils pensent encore que de la part de Rome, c'est la reconnaissance de la Tradition. Alors que le contraire vient de se passer. Une partie de la Tradition, un mouvement traditionnel, a accepté, avec quelques réserves, certes, la réalité post-conciliaire. Rome estime le pas suffisant. On doit d'ailleurs remarquer que pour la première fois, on a fait d'un Concile non dogmatique un critère de catholicité déterminant.

Attendons la publication des statuts définitifs de l'Administration apostolique, qui n'ont pas encore été communiqués aux intéressés. Lu la veille du 18 janvier aux prêtres de Campos, le texte a été ramené à Rome pour amélioration. Un mot manquait, seuls la messe et le bréviaires traditionnels étaient prévus, il manquait les sacrements.

En ce qui concerne la nomination de l'évêque de l'Administration, elle est réglée par le droit commun. Pour la nomination des évêques diocésains, le Vatican n'est pas obligé de choisir un prêtre du diocèse. Pour une administration qui compte 25 prêtres, on peut comprendre facilement que Rome ne veuille s'obliger à une telle limitation. Si le successeur immédiat de Mgr Rangel sera encore choisi parmi les membres de l'Union sacerdotale Saint Jean Marie Vianney, ce qui n'est pas certain, ce ne sera que par une "miséricorde" spéciale et diplomatique. À noter aussi que les limites territoriales de cette Administration apostolique personnelle sont très strictes : le diocèse de Campos. Ainsi la réintégration dans le diocèse, chose annoncée par Mgr Perl, ne sera pas difficile.

Nous avouons ne pas comprendre comment, dans la situation que nous vivons, Campos ait pu si légèrement se lancer dans cette aventure sans prendre ou demander aucune mesure protectrice.

On a beau vanter les avantages acquis par la nouvelle structure canonique, le droit à la messe tridentine, par exemple, un évêque traditionnel, aussi, le fait que sur le papier, rien de substantiel n'aurait été galvaudé : la fragilité de l'Administration d'une part, la stabilité de la ligne réformatrice vaticane d'autre part, sont des arguments suffisants pour prédire la chute de Campos malgré toutes les déclarations de meilleure intention. De plus, il faut bien distinguer un manque à la vertu de foi elle-même, d'un défaut dans la confession publique de la foi qui est nécessaire dans certaines circonstances comme l'a si bien rappelé Mgr de Castro Mayer le jour des sacres. Or une prévarication comme celle d'Assise réclame cette confession publique… que nous n'avons pas entendue venant de Campos.

La situation ne retrouverait un intérêt particulier pour nous que si subitement ils se mettaient à résister et en arrivaient à un affrontement avec la Rome moderniste. "

+ Bernard Fellay

 

Home | Contact | Mass Centres | Schools | Pilgrimages | Retreats | Precious Blood Residence
District Superior's Ltrs | Superor General's Ltrs | Various
Newsletter | Eucharistic Crusade | Rosary Clarion | For the Clergy | Coast to Coast | Saints | Links