Lettre
Ouverte Aux Fiancés
Tiré
du « Chardonnet », décembre 2001 Bulletin
de l’église Saint Nicolas du Chardonnet, à Paris
Par l’abbé Christian Bouchacourt
La cellule familiale
est la clef de voûte de l’édifice social. De la stabilité de la famille
dépendent la paix et la prospérité d’un pays. On ne pourra résoudre la
crise que traverse la société actuelle qu’en redonnant à la famille sa
véritable place et en restaurant les valeurs qui lui sont attachées.
Qu’il est réconfortant
et enthousiasmant pour un prêtre de préparer au mariage des jeunes gens
qu’une éducation catholique solide a disposés à la vertu dès la petite
enfance. Le prêtre alors n’a presque rien à ajouter; tout est prêt, tout
est simple ... Mais malheureusement, il faut remarquer que même dans nos
milieux nous rencontrons de plus en plus souvent des ménages fragilisés,
des époux qui se séparent après quelques années de mariage. Ces drames
ont des causes que je souhaiterais souligner ici.
La cellule matrimoniale
doit reposer sur une compatibilité naturelle. Aussi, il est d’une extrême
importance que les fiancés soient issus d’un même milieu social et qu’ils
aient reçu la même éducation. C’est une erreur de croire que l’harmonie
des convictions religieuses sublimera ces différences naturelles. Je me
rappellerai toujours la réflexion que me fit un homme séparé de sa femme :
« Dites surtout à vos fiancés qu’ils se marient dans leur milieu ».
Non, ce n’est ni de la mondanité, ni du snobisme mais du bon sens ! S’il
existe une différence trop grande entre les fiancés, mariés ils s’agaceront
mutuellement et rougiront l’un de l’autre. L’époux doit être fier de son
épouse et vice versa. Je peux vous affirmer que le peu de cas que l’on
fait de cette condition est à l’origine de bien des malheurs.
Bien évidemment cette
condition n’est pas la seule. Il doit exister une réelle harmonie religieuse
entre les futurs époux. Il est impensable d’envisager un mariage si les
fiancés ne s’engagent pas à pratiquer ensemble leur religion dès le
temps des fiançailles. Beaucoup comprennent cela et l’on voit alors
des jeunes gens revenir à la pratique religieuse, grâce à l’exemple de
l’autre. Mais ne nous y trompons pas, ce qui n’a pas été obtenu avant
le mariage ne le sera jamais par la suite dans ce domaine, ou fort rarement.
Fiancés, comprenez bien qu’il est de votre devoir d’aller à la messe chaque
dimanche, de vous confesser et de communier régulièrement et cela, avant
votre mariage. Si vous n’avez pas les mêmes convictions religieuses et
la même analyse de la crise de l’Église, vous serez amenés tôt ou tard
à vous opposer sur ces sujets et à vous disputer devant vos enfants qui
risqueront d’en pâtir gravement. Dans un foyer on peut transiger sur beaucoup
de choses, mais jamais sur l’attachement à la vérité catholique et à sa
Tradition. Ainsi, par exemple, un fiancé ne peut absolument pas aller
à la nouvelle messe pour faire plaisir à celle qu’il aime. Nous prêtres,
voyons trop de parents malheureux pour avoir négligé cette condition pendant
le temps des fiançailles.
Il est aussi important,
pour la pérennité du foyer, que les époux gardent leur autonomie par rapport
à leur propre famille, le livre de la Genèse ne dit pas autre chose lorsqu’il
affirme : « L’homme quittera son père et sa mère et s’attachera
à sa femme et ils deviendront une seule chair ». Ainsi, il est impensable
d’envisager un mariage tant que le fiancé n’aura pas lui-même un travail
qui lui permettra, en tant que chef de famille, d’assumer les besoins
matériels des siens; c’est une question de bon sens et d’honneur! La dépendance
financière vis-à-vis de personnes extérieures au foyer est toujours préjudiciable
parce qu’elle détruit son autonomie et génère de nombreuses tensions.
L’égalitarisme régnant
piétine une autre vérité que je souhaiterais souligner. Il existe dans
la famille une hiérarchie; le père en est le chef et doit en être digne
pour être respecté. Il saura associer son épouse à ses décisions et évitera
de les prendre dans une solitude égoïste. L’épouse, quant à elle, sera
soumise à son mari comme le demande saint Paul. Il ne s’agit pas là d’une
obéissance servile mais d’une soumission librement consentie parce que
voulue par Dieu. L’égalitarisme odieux, tel qu’il est proclamé aujourd’hui,
est une des causes principales de divorce dans les familles car il est
source d’indépendance, d’envie et de jalousie. L’époux est la tête du
foyer et doit le rester; l’épouse en est le cœur. Dans un corps, la tête
et le coeur ne sont pas égaux mais complémentaires et indissociables.
Fiancés! Acceptez dès maintenant cette vérité, elle vous aidera à vivre
harmonieusement. Il faut aussi que vous soyez convaincus, vous, futurs
chefs de famille, que votre épouse et vos enfants seront la prunelle de
vos yeux et qu’ils devront passer avant votre travail. Celle-ci aura besoin
de votre aide dans l’éducation de vos enfants et ces derniers auront besoin
de votre autorité et de votre disponibilité. Dès le temps des fiançailles,
veillez à ce que votre travail soit compatible avec vos obligations de
futur père. Trop de ménages vacillent parce que l’époux rentre trop tard
le soir. Méfiez-vous dès maintenant, vous, les hommes, des ordinateurs
domestiques qui vous absorbent trop et vous, les femmes, de ce maudit
téléviseur qui empêche toute discussion familiale. Le manque de communication
dans un foyer crée des fissures qui deviennent des crevasses puis ensuite
des abîmes que le temps et les passions rendront infranchissables.
Le secret du bonheur
familial réside dans le sens du sacrifice chrétien. Il faut que l’un et
l’autre sachent s’oublier dès les fiançailles, dans un amour réciproque
et chaste. La grâce du mariage alors pourra s’épanouir totalement. Et
si un jour l’épreuve venait vous visiter, celle-ci ne vous éloignerait
pas l’un de l’autre mais, au contraire, fortifierait votre union. Soyez
assurés que Église attend beaucoup de vous; c’est dans votre futur foyer
que se formeront les saints et les élites qui font tant défaut à notre
siècle impie. L’exemple de la Sainte Famille, que vous contemplerez pendant
le temps de l’Avent et de Noël, vous y aidera.
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