Surpopulation
de la planète :
Les chiffres donnés par l’ONU sont-ils truqués ?
Agence de presse Zenit. ZE99100505, 6 octobre 1999.
Pierre Chaunu, démographe,
professeur émérite de la Sorbonne et membre de l’Académie française, s’irrite
quand on lui demande de commenter le rapport de l’ONU (Organisation des
Nations Unies) sur la population mondiale. Un organisme des Nations Unies,
l’UNFPA, a prédit que, le 12 octobre 1999, le nombre d’êtres humains sur
la terre atteindrait le nombre de 6 milliards. « Ces chiffres sont
faux, dit le Professeur, nous nous trouvons en face d’une véritable manipulation
du même type que celle utilisée contre le Pape Pie XII ».
Pendant 50 ans de
recherches en démographie, Pierre Chaunu a analysé tous les aspects de
la croissance et de la diminution des populations. Il annonça en 1975
l’effondrement démographique de l’Ouest. « Nous sommes témoins depuis
les 35 à 40 dernières années d’une décroissance incroyable des taux de
fertilité, mais ces calculs ne sont jamais tenus en considération. Tous
les chiffres concernant l’Afrique sont gonflés, comme le montre le résultat
d’un recensement tenu au Nigéria il y a quelques années, et dont les chiffres
contredisent totalement ceux de l’ ONU. Et même les calculs du Nigéria
sont faux. L’Afrique a cent millions d’habitants de moins que les chiffres
officiels. »
Question :
Pourquoi gonfle-t-on les chiffres ?
Pierre Chaunu :
Les organismes internationaux ont dépensé des sommes énormes pour imposer
un plan de contrôle des naissances très autoritaire dans beaucoup de pays,
et ces plans doivent être justifiés par l’annonce d’un danger imminent
pour toute la planète. Ceci dit, il est vrai qu’il y a eu des périodes
où le taux de croissance de la population mondiale était excessif. Mais
un mécanisme d’auto-régulation se manifeste spontanément avec l’augmentation
du niveau de vie. Mais il n’est pas nécessaire de fausser les données.
Tout le monde sait que la population de l’ex URSS a toujours augmenté
de façon constante, en accord parfait avec les plans quinquennaux... En
1939, 3,5 millions de personnes n’ont pas été comptées. Nous savons que,
en Russie seulement, entre 40 et 50 millions de gens moururent dans les
goulags. Et la Russie ne réflète pas ce fait dans les statistiques officielles.
Dans l’ex URSS, où on ne compte qu’une naissance pour sept avortements,
et où l’espérance de vie a diminué, 292 millions de gens n’ont jamais
existé. Les données de la Chine également, un pays qui actuellement ne
remplace pas ses générations, ne sont pas crédibles.
Question :
Et l’Europe ?
Pierre Chaunu :
Il n’y a pas un seul pays en Europe actuellement qui présente un bilan
positif du point de vue de la croissance démographique, tandis qu’il y
a au contraire plus de décès que de naissances dans 12 à 15 pays, parmi
lesquels l’Allemangne et l’Italie. Si les chiffres sont restés stables
en Allemagne, c’est grâce à l’immigration venant des pays de l’Est. Même
l’Amérique latine, avec le Brésil en tête, a cessé de croître en population.
Les gens ignorent qu’en Afrique du Nord, au Magreb, la population décroit
à un rythme qui rappelle celui de la Sicile et de l’Italie du Sud il y
a 15 ans. L’Italie a actuellement un taux de 0,8 enfants par femme, ce
qui constitue une véritable course vers la mort. On parle aujourd’hui
d’une période de transition, c’est-à-dire du passage d’une explosion démographique
à une implosion ou un effondrement démographique, mais cette transition
s’est déjà produite il y a 50 ans. D’après mes calculs, sur l’ensemble
de la planète, les générations ne seront plus remplacées à partir de l’an
2020. C’est un fait que le phénomène de la baisse globale de la population
n’apparaît pas évidente au cours des trente premières années, parce que
la population continue de croître par l’effet du vieillissement. (Mais
à long terme, les conséquences catastrophiques d’un taux de fertilité
insuffisant sont implacables. NDLR).
Question :
Pourquoi pensez-vous ques les Nations Unies continuent de sonner
l’alarme de la surpopulation aujourd’hui?
Pierre Chaunu :
Bien qu’ils se rendent compte qu’ils se sont trompés dans leurs calculs,
un certain nombre d’experts nord-américains jouent avec la peur au nom
de la bonne cause : peur d’une invasion et d’une asphyxie par les
citoyens du tiers-monde.
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