La réponse de
la Fraternité à Rome : Une étude doctrinale sur la nocivité de la
Nouvelle Messe
A l'occasion
des nouvelles relations de Rome avec la Fraternité Sacerdotale Saint Pie
X, Mgr Fellay a fait adresser au Souverain Pontife une étude sur la réforme
liturgique de 1969, qui est au cœur de notre différent avec Rome. Il
y a joint cette " Adresse au Souverain Pontife " que nous publions
ci-dessous. (Pour
se procurer cet ouvrage capital, s'adresser aux éditions Clovis, rue St.
Jacques de Bézégond, BP 88, 91152 ETAMPES CEDEX, France ; Fax 01
69 78 30 49 )
Adresse de Mgr
Fellay au Souverain Pontife Jean-Paul II
Très Saint Père,
Il y a plus de trente
ans, sous votre prédécesseur le pape Paul VI, une réforme majeure remodelait
le rite latin de la liturgie catholique, spécialement l'ordo missae.
Cette réforme suscita
immédiatement troubles et controverses à travers le monde entier. Des
études motivées, notamment le Bref examen critique du Novus Ordo Missae
remis au pape Paul VI par les cardinaux Ottaviani et Bacci, signalèrent
les déficiences et ambiguïtés troublantes affectant cette réforme.
De nombreux fidèles
et prêtres se trouvèrent alors dans " la tragique nécessité de choisir
". Ce fut pour les catholiques un drame spirituel sans précédent.
Certains affirmèrent
cependant que le temps devait manifester l'opportunité d'une telle réforme
par ses fruits (cf. Mt 7, 15-20 et Lc 6, 43-44). Ce temps a désormais
passé. Or les controverses, loin de s'apaiser, ne font que grandir chaque
jour. Des fidèles, des prêtres, des évêques et des cardinaux, sans cesse
plus nombreux, expriment leur perplexité devant la situation actuelle
de la liturgie, et leur souhait de voir revivre plus largement la liturgie
antérieure à la réforme.
La liturgie a certes
évolué au cours de l'histoire, comme le montrent les réformes réalisées
au siècle passé par saint Pie X, Pie XII ou Jean XXIII. Mais la réforme
liturgique post-conciliaire, par son ampleur et sa brutalité, représente
un bouleversement inouï, comme une rupture radicale avec la tradition
liturgique romaine. Surtout, cette réforme contient des éléments inquiétants,
ambigus et périlleux pour la foi.
Devant ce danger
spirituel, la véritable obéissance au Siège de Pierre, la véritable soumission
à l'Église Mère et Maîtresse nous a obligés, avec de très nombreux autres
catholiques à travers le monde, à rester fidèles coûte que coûte à cette
vénérable liturgie que célèbre l'Église romaine depuis de longs siècles,
liturgie que vous-même avez célébrée autrefois.
Tel est l'héritage
sacré que nous a légué le fondateur de notre Fraternité Sacerdotale Saint
Pie X, Mgr Marcel Lefebvre : " Il est clair, il est net que c'est
sur le problème de la messe que se joue tout le drame entre Écône et Rome.
(...) Nous avons la conviction que le rite nouveau de la messe exprime
une nouvelle foi, une foi qui n'est pas la nôtre, une foi qui n'est pas
la foi catholique, (... ) que ce rite nouveau est sous-tendu et, si je
puis dire, suppose une autre conception de la religion catholique. (...
) C'est pourquoi nous sommes attachés à cette Tradition qui s'est exprimée
d'une manière admirable, et d'une manière définitive, comme l'a dit si
bien le pape saint Pie V, dans le sacrifice de la messe " (29 juin
1976).
Après avoir réfléchi
et prié, nous sentons le devoir, devant Dieu, de nous adresser de nouveau
à Votre Sainteté au sujet de ce problème de la liturgie. Nous avons demandé
à des pasteurs d'âmes qualifiés aux plans théologique, liturgique et canonique,
de rédiger une synthèse de certaines difficultés, parmi les plus importantes,
que pose à la foi des catholiques la liturgie issue de la réforme postconciliaire.
Ce travail a cherché
à remonter aux causes proprement doctrinales de la crise actuelle, mettant
au jour les principes qui sont à l'origine de la réforme liturgique et
les confrontant à la doctrine catholique.
La lecture de ce
document manifeste clairement, croyons-nous, que la " théologie du
mystère pascal ", à qui porte fut laissée ouverte à l'occasion du
concile Vatican II, est l'âme de la réforme liturgique. Parce qu'elle
est réductrice du mystère de la Rédemption ; parce qu'elle considère le
sacrement uniquement dans son rapport au " mystère " ; parce
que la conception qu'elle se fait du " mémorial " altère la
dimension sacrificielle de la messe, cette " théologie du mystère
pascal " éloigne dangereusement la liturgie postconciliaire de la
doctrine catholique, à laquelle cependant la conscience chrétienne demeure
liée à jamais.
Très Saint Père,
La foi catholique
nous fait une grave obligation de ne pas taire les interrogations qui
assaillent notre esprit.
N'y a-t-il pas, dans
les déficiences de cette théologie et de la liturgie qui en est issue,
une des causes principales de la crise qui affecte l'Église depuis trente
ans et plus ? Une telle situation ne réclame-t-elle pas des clarifications
doctrinales et liturgiques de la part de l'Autorité suprême ? Les sujets,
pour le bien desquels est faite la loi, n'ont-ils pas le droit et le devoir,
si la loi se révèle nocive, de demander au législateur, avec une confiance
filiale, sa modification ou son abrogation ?
Parmi les mesures
les plus urgentes, ne conviendrait-il pas de faire connaître de façon
publique la faculté que possède tout prêtre de célébrer selon l'intègre
et fécond missel romain révisé par saint Pie V, trésor précieux si profondément
enraciné dans la tradition millénaire de l'Église Mère et Maîtresse ?
Ces clarifications
doctrinales et liturgiques, jointes au renouveau universel de la liturgie
romaine traditionnelle, ne sauraient manquer de porter d'immenses fruits
spirituels : restauration de la vraie notion du sacerdoce et du sacrifice,
et en conséquence rénovation de la sainteté sacerdotale et religieuse
; augmentation de la ferveur des fidèles ; renforcement de l'unité de
l'Église; impulsion puissante pour l'évangélisation des pays anciennement
chrétiens et des pays infidèles.
Nous supplions instamment
Votre Sainteté, qui seule en a le pouvoir comme Successeur de Pierre et
Pasteur de l'Église universelle, de confirmer ses frères dans la foi et
de sanctionner de son autorité apostolique les indispensables clarifications
que réclame la tragique situation présente de l'Église.
Cependant, une restauration
si nécessaire ne pourra se faire dans l'Église sans un secours extraordinaire
de l'Esprit-Saint, obtenu par l'intercession de la bienheureuse Vierge
Marie. C'est donc par la prière, spécialement par le saint sacrifice de
la messe, qu'adviendra cette rénovation tant désirée, et c'est ce à quoi,
pour notre part et avec la grâce de Dieu, nous nous appliquons et désirons
nous appliquer toujours davantage.
Daigne Votre Sainteté
agréer nos sentiments de filial respect en Jésus et Marie.
Bernard Fellay,
Supérieur général
de la Fraternité
Sacerdotale Saint-Pie X.
Flavigny, fête
de la Présentation dit Seigneur°, 2 février 2001.
Le problème de la
Réforme Liturgique (1ère partie)
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