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Communicantes: Août 2001
 

Harry Potter
Et le problème du bien et du mal

Marian Therese Horvat, Ph.D.
Traduit du “Remnant”, 2539 Morrison Ave. St Paul, Minnesota 55117

 

L’un des plus grands méfaits de l’engouement pour les livres de Harry Potter est, selon ce qu’il m’apparaît, l’énorme confusion entre le bien et la mal que ces livres ne manqueront pas de favoriser chez la jeunesse, particulièrement dans l’ambiance de morale relative qui existe déjà. Les enfants non seulement ont besoin d’absolus, mais ils les recherchent. Quand j’étais jeune, j’avais dans mon esprit une vive image du diable, d’après les illustrations de l’histoire de Wupsey dans le magazine « Catholic Treasure Box ». Wupsey était l’ange gardien du petit Sunny à la mission de Mantuga. Le diable était clairement méchant, dépeint qu’il était avec des taches rouges, une queue fourchue, des touffes de poils en feu et un nuage de fumée sulphureuse qui le talonnait comme son ombre. Avec plein de ruses, le démon était toujours en train de comploter quelque mal contre Sunny ou de le tenter par quelque fruit défendu, mais la puissance du bon ange triomphait toujours.

Par ce genre d’images, le démon était un être bien réel pour moi, et même terrifiant. Ces images m’inspiraient une crainte salutaire de tout ce qui est associé à Satan et ses oeuvres – comme les sorciers, les magiciens, les sortilèges, les charmes, etc... En même temps, j’avais la confiance solide que mon ange guardien était beaucoup plus puissant et que, si je recourrais à lui durant quelque frayeur nocturne, il triompherait toujours des ruses de Satan. Vision simpliste, peut-être, mais une vision très saine.

C’est cette vision innocente et bien fondée du monde qui fut menacée par l’apparition d’imaginaires « bonnes » sorcières et de « bonne » magie – d’abord Samantha, puis la populaire Sabrina, l’adolescente sorcière, et Buffy, le terrasseur de Dragons. Il semblait possible, au moins dans l’esprit de beaucoup de jeunes, même catholiques, d’être tout à la fois bon et sorcier.

Et maintenant, pour que la magie blanche ne soit pas accusée de favoriser le sexe faible, nous avons Harry Potter, le héros de la série de best-seller composés par l’auteur anglais Janet Rowling. Harry Potter, un orphelin de onze ans élevé par des membres de sa famille qui le maltraitent, se trouve à être par hasard un magicien. Entendez, un « bon » magicien. Il est gentil, généreux, partage avec d’autres, et défend des justes causes, selon ce que le site Internet officiel proclame. Il a bien quelques défauts comme un langage grossier, et de l’insolence d’adolescent, mais rien de trop fort assurément pour les enfants modernes de la rue. Fait plutôt surprenant, même un magazine catholique « conservateur » comme Crisis, édité par le Père John Neuhaus, a donné son sceau d’approbation à la « révolution de lecture » que la série de Harry Potter a apportée à la jeunesse. Un ministre de l’église anglicanne d’Angleterre a ouvert un service familial spécial Harry Potter, avec des magiciens, des chapeaux pointus et des manches à balais. C’est à croire qu’aujourd’hui les enfants sont trop évolués pour confondre les symboles associés au mal et ceux associés au bien : ils savent distinguer entre les « bons » magiciens et les mauvais.

En réalité, selon la doctrine catholique, de la bonne sorcellerie ou magie, cela n’existe pas. Il n’y a pas d’autres bons esprits que les anges; il n’y a pas d’autres mauvais esprits que les démons. Le prétexte populaire aujourd’hui est qu’il s’agit de « magie blanche ». D’après les dictionnaires, « magie blanche » consiste à neutraliser des sorts et à utiliser les « puissances occultes, les puissances des ténèbres » pour le bien, (contradiction s’il en est une), tandis que la « magie noire » consiste à jeter des sorts dans un mauvais but, par méchanceté. Cette conception est très répandue. En réalité cependant, la « magie blanche » concerne toute sorte d’enchantements faits sans un appel direct au démon, tandis que la « magie noire » implique une dépendance, ou un appel explicite au démon. C’est facile à voir. Comme le dit clairement le Père Gabriele Amorth dans son livre Un exorciste raconte, un best-seller, il n’y a pas de différence essentielle entre magie « blanche » et magie « noire ». Toute forme de sorcellerie implique un recours à Satan, soit directement, explicitement, soit indirectement ou implicitement. Dans les deux cas, il s’agit bien d’un recours au diable.

Une maxime bien connue dit que quand la religion régresse, la superstition progresse. Nous sommes témoins aujourd’hui d’une prolifération de l’occulte ‑ spiritisme et sorcellerie ‑ et d’une explosion de l’intérêt parmi les jeunes pour les dangereuses connections de l’occulte et pour le côté noir du pouvoir des sorciers. Des documents sérieux montrent le lien qui existe entre la musique rock et le satanisme, l’occulte (voyez le nouveau livre de Michael Matt : Gods of Wasteland). Nous sommes témoins de crimes horribles à couleur satanique commis par des adolescents parfois pas plus âgés que 11 ans. En même temps beaucoup de gens, et même des prêtres et des théologiens catholiques, minimisent non seulement l’influence de Satan sur les affaires humaines, mais mettent en doute l’existence même de Satan. Si Satan n’existe pas, alors bien sûr, il n’y a pas de mal dans un peu de magie ou de sorcellerie. Mais le Père Amorth, l’un des exorcistes catholiques les plus connus dans le monde, et qui sait par expérience que le diable existe vraiment, nous dit : « Ces théologiens modernes qui identifient Satan avec l’idée abstraite du Mal sont complètement dans l’erreur ». « C’est vraiment une hérésie; c’est-à-dire, cela contredit ouvertement la bible, les Pères de l’Eglise et le Magistère de l’Eglise ». Et, ajoute-t-il, il est évident que cette idée facilite grandement le travail des anges révoltés.

Cette attitude, qui ne prend pas très au sérieux la sorcellerie, les charmes et les sorts, imprègne tous les romans de Harry Potter. Mais le Père Amorth établit clairement que dans ce domaine, même les choses apparemment les plus indifférentes sont mauvaises. Il y a un attrait universel à posséder un pouvoir caché sur les choses et les personnes, que ce soit la capacité de lier la langue du professeur d’Anglais ou de concocter une potion d’amour. Mais ce qui débute comme amusement et farçe peut aboutir à une réalité horrible. Le Père Amorth note sérieusement que c’est par la sorcellerie que, de façon la plus commune, une personne peut souffrir, même en étant innocente, des puissances du Mal. La sorcellerie est aussi la cause la plus fréquente des possessions diaboliques et des autres influences du Mal. Or la sorcellerie est présentée dans les livres de Harry Potter avec légèreté et ingénuité. Les parents qui croient que leurs enfants ne seront jamais tentés de tremper dans les noirs artifices qui rendent les livres de Harry Potter si populaires sont aussi naïfs que ces hommes d’Eglise qui refusent de croire à la sorcellerie.

Les malédictions ou imprécations sont une autre réalité présentée dans les livres de Harry Potter sans les distinctions que les catholiques ont toujours apprises. Il y a, de fait, des malédictions qui sont saintes. Elles viennent de Dieu, par exemple lorsqu’Il maudit le serpent dans le jardin du Paradis. Mais il est clair que les malédictions qu’on trouve dans les livres de Harry Potter ne sont pas de ce type. Dans le site Internet de Harry Potter, on peut trouver une liste de sortilèges utilisés dans les livres, certains paraissant assez indifférents : Alohomora – la formule pour ouvrir les portes, ou Tarantallegra – la formule qui fait danser. Mais il y a aussi le Avada Kedavra – la formule pour tuer (une malédiction sans merci), et le Crucio! – pour faire souffrir. Ou encore le Imperio – une imprécation pour le contrôle total. Ces sortes de malédictions ont une définition simple chez les catholiques : nuire au prochain par le biais d’une intervention démoniaque. L’Ecriture interdit gravement ces pratiques (même pour une fin bonne, il faut le préciser), parce qu’elles impliquent un rejet de Dieu et un recours (même s’il n’est parfois que implicite) à Satan : « Qu’on ne trouve parmi vous personne qui brûle son fils ou sa fille comme offrande, personne qui pratique la divination, ou qui soit un augure, un sorcier, un charmeur, un medium, un magicien ou un nécromancien. Car quiconque pratique ces choses est en abomination au Seigneur. » (Deut. 18 :10-12) On pourrait citer beaucoup d’autres versets. Ce que je crains c’est que les jeunes lecteurs des aventures de Harry Potter ne se rendent pas compte que ces imprécations invoquent le Mal (même implicitement); or l’origine de ce Mal est satanique. De plus, le Père Amorth nous avertit que « lorsque les imprécations sont formulées avec une vraie perfidie, et spécialement s’il existe un lien de sang entre celui qui les lance et la victime, le résultat peut être terrible ». Et il donne beaucoup d’exemples terrifiants.

Le mot maléfice – dont le sens est analogue à sortilège – vient du latin male facere – faire du mal. Des sortilèges peuvent être réalisés, par exemple, en mélangeant quelque-chose dans le nourriture ou la boisson de la victime. Ils sont réels, insiste le Père Amorth. Il a pratiqué beaucoup d’exorcismes pour délivrer des gens de ces sortes de maléfices. Leur efficacité ne vient pas tant de la substance comme telle qui est utilisée, que de la volonté de nuire par l’entremise d’un pouvoir occulte (le démon). Or c’est cette intervention du démon que les romans de Harry Potter ignorent si abominablement. La magie y est présentée comme quelque-chose d’amusant, un jeu. Les sortilèges sont « cool ». Des livres sont publiés sur le sujet, comme : « Spells of Teenage Witches – Sortilèges d’adolescents magiciens » qui est présenté par son auteur comme un livre pour aider les jeunes. Un sorcier et officier de la « Pagan Federation – la Fédération païenne » a écrit le livre « The young Witches Handbook – le Manuel des jeunes sorciers », qui comprend des sorts pour passer des examens scolaires ou pour attirer un partenaire. Apparemment il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Personne ne parle du fait que ce qui commence comme stupides sortilèges peut conduire à des dommages spirituels et psychologiques, et même à l’obsession ou la possession diabolique.

Ce qui est le plus dangereux dans les romans de Harry Potter est justement ceci : ils ne paraîssent pas dangereux. Harry Potter et ses amis jettent des sorts, lisent dans des boules de cristal, et tout va bien. L’auteur semble savoir que l’Eglise catholique a toujours condamné la sorcellerie et averti ses enfants de fuir la magie, les charmes, les sortilèges, la sorcellerie, les tables Ouija, etc, mais elle en traite d’une façon légère et triviale, presque pour rire. Mais dans le climat actuel, rempli de sollicitations à expérimenter l’occulte, c’est déjà trop que d’entrouvrir la porte même d’un pouce au Prince des Ténèbres, « qui parcourt le monde pour la perte des âmes ». Les livres qui dépeignent la sorcellerie et les sortilèges comme un amusement sans danger sont trompeurs. Au mieux, ils encouragent certainement les enfants à regarder la sorcellerie avec un sourire tolérant propre au Nouvel-Âge. A mon avis, déjà cela est trop.

Il n’est pas permis aux chrétiens de tremper dans la magie ou la sorcellerie, dit saint Thomas d’Aquin : « L’homme n’a pas reçu de pouvoir sur les démons pour les employer pour n’importe quel but. Au contraire, il est établi que l’homme doive mener la guerre contre les démons. Il n’est donc d’aucune façon licite pour lui de faire appel à l’aide du démon par des contacts, soit tacites, soit explicites. » (II-II, Q96 art.3) Je trouve lamentable que l’exorcisme a été enlevé du rite du baptême, et je trouve presque criminel que la prière à saint Michel Archange, qui était récitée après la messe, a été éliminée dans les messes du Nouvel Ordo. Et je pense qu’il y aura beaucoup de mea culpas à faire par ces parents évolués qui jugent des critiques comme celle-ci des livres de Harry Potter « trop sérieuses », alors même que l’auteur elle-même de ces livres les avertit que ses romans vont devenir de plus en plus noirs et perturbants. Il est nécéssaire de considérer que même les âmes innocentes des enfants, sous l’influence de ce type de perversité, et sans le recours habituel à la foi et l’assistance de la grâce, peuvent subir dans un futur plus ou moins lointain des sérieux désordes et pratiquer des crimes horribles. Comme je considère les aventures de Harry Potter, qui présentent la sorcellerie et toute forme de sortilèges et divinations comme quelque-chose de normal, je me rappelle la condamnation faite par le prophète Isaïe : « Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui prennent les ténèbres pour la lumière et la lumière pour les ténèbres ». (5 :20) "

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