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Communicantes: Août 2001
 

L’éducation des enfants commence bien avant l’âge de cinq ans Suite

Par les religieuses dominicaines enseignantes de l’école Saint Dominic, Post Falls, Idaho. Comment la famille et l’école doivent combiner leurs efforts pour apprendre les vertus aux enfants.

 

A. La vie de l’école est une partie intégrante de la vie familiale

1. Nous entendons parfois des affirmations comme celle-ci : « L’école ne doit pas interférer avec la vie familiale. – Moi, le père, je décide que mes enfants ne resteront pas à l’école mais demeureront à la maison pour une activité familiale. Je n’ai pas à demander de permission, c’est moi qui décide ». Quelque-chose ne va pas dans cette attitude qui doit être changée.

Il est vrai qu’il pourrait y avoir une interférence exagérée de l’école avec la vie familiale, si par exemple l’école prétendait diriger votre vie privée et vos foyers. Mais ce n’est pas ce que nous faisons.

2. Vous devez en effet considérer l’école comme une partie de la vie de famille, puisque l’école est votre plus grande aide dans l’éducation de vos propres enfants. Vous devez vouloir cette aide, et supporter l’école dans cette tâche. C’est ainsi que vous aimerez vous enfants pleinement, en leur procurant ce dont ils ont absolument besoin pour se développer proprement, c’est-a-dire cet enseignement et cet apprentissage des vertus sans lesquels ils ne peuvent pas devenir des adultes bons.

3. Pourquoi avons-nous besoin de l’école ?

a) Personne n’est universel. Nous admettons tous la nécéssité qu’il y ait des professionnels dans chaque discipline. Lorsque votre enfant est malade, allez-vous consulter le voisin, ou bien un professionnel de la santé? Si votre vue est affectée, n’allez-vous pas consulter un spécialiste des yeux ? Pourquoi ? Si vous désirez acquérir un bel ensemble de meubles pour votre salle à manger, n’allez-vous pas faire affaire avec un ébéniste professionnel, ou un magazin spécialisé ? Pourquoi ? Vous savez la réponse.

b) Et lorsqu’il s’agit de l’art le plus difficile entre tous, la formation d’une âme rationnelle pour qu’elle devienne instruite, sage, vertueuse, forte et sainte, comment des parents peuvent-ils penser qu’ils n’ont pas besoin de recourir à des « professionnels » de l’éducation et de l’enseignement tels que les ordres religieux fondés et approuvés par l’Eglise pour ce but ? La voie normale, la seule bonne voie normale pour cette oeuvre de formation des âmes est d’envoyer les enfants à une école catholique. Une des conséquences les plus tragiques du modernisme est d’avoir effacé de la surface de la terre quasiment tous les ordres religieux dédiés à l’enseignement. Rendez-vous compte alors combien nous et vous sommes bénis d’en avoir un, alors que presque plus personne autour de vous ne possède ce trésor. Combien nous devrions être reconnaissants aussi à la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X qui multiplie les écoles sans ménager son énergie, son temps et ses efforts pour compenser justement cette disparition des ordres religieux enseignants.

c) Les parents à la maison n’ont pas assez de temps à consacrer à l’enseignement de tous leurs enfants. Le père travaille à l’extérieur tout le jour, et la mère doit prendre soin des tâches domestiques, et des petits. Elle n’a pas assez de liberté pour enseigner tous ses enfants, et si elle essaye de combiner les deux tâches, de mère et d’enseignante, habituellement elle s’épuise, se « brûle », elle ne peut plus faire face à tous ses devoirs essentiels. Le résultat habituel : un enseignement très pauvre, tout au moins dès qu’il s’agit de pousser plus loin que les éléments de base. Lorsqu’il n’y a aucun moyen de faire autrement, évidemment vous choisissez le moindre mal de l’enseignement à la maison, mais cela ne constitue pas l’état normal.

d) Par ailleurs, les parents ont rarement des connaissances suffisantes pour remplacer l’école. Ce n’est pas qu’ils ne savent rien. Mais comment un individu peut-il être universel ? Quelqu’un peut être doué en mathématiques, mais non pas en français. L’un peut être bon en géographie, mais non pas en histoire. L’école au contraire, avec un corps professoral varié, peut offrir aux enfants un enseignement compétent et de qualité dans tous les sujets nécéssaires à une formation harmonieuse et utile.

e) Car l’enseignement du seul catéchisme avec un peu de mathématiques et de français ne suffit pas pour que les enfants deviennent de vrais adultes, au niveau naturel comme au niveau surnaturel. Je vous réfère ici à notre dernière conférence aux parents (novembre 1998) dans laquelle nous expliquions les principes élevés qui éclairent notre programme. Il est nécéssaire tout d’abord que les enfants approfondissent leurs connaissances religieuses par des solides classes de doctrine catholique; ensuite qu’ils approfondissent leur connaissance de l’âme humaine, des valeurs humaines sous la lumière de la foi, et ceci est le rôle de sérieuses classes de littérature et de philosophie. Il faut aussi qu’ils saisissent toute l’étendue de la vie chrétienne, comment la grâce doit pénétrer non seulement leur vie individuelle mais aussi leur vie sociale, et toute la société dans son ensemble, jusqu’à vouloir se battre pour des institutions chrétiennes. L’enseignement de l’histoire a un rôle capital dans cette formation. Une bonne connaissance des mathématiques, des sciences et de la géographie étudiés dans une perspective chrétienne, sera d’un secours extraordinaire pour saisir la beauté et l’ordre de l’univers, ses lois, son but , etc. Et les parents n’auraient pas besoin d’enseignants professionnels pour ouvrir l’âme de leurs enfants à toutes ces vérités, et les conduire petit à petit à une vue unifiée de toutes choses de cette vie ? En réalité, les professeurs professionnels sont nécéssaires pour stimuler les enfants dans ce désir de savoir toujours plus et mieux, pour leur apprendre à penser et à se développer harmonieusement. L’enseignement autodidacte est, sauf exception, à vision très limitée et chaotique, sans ordre ni unité.

f) Les parents ont réellement besoin de l’école pour les aider dans cette tâche extraordinaire confiée à leur responsabilité, l’éducation de leurs enfants. L’école est là pour compléter ce que donnent les parents, et suppléer ce qu’ils ne peuvent assurer. L’école devrait être la plus grande joie et le plus grand soulagement pour eux. En confiant leurs enfants à des écoles vraiment catholiques, ils montrent leur confiance en notre sainte Mère l’Eglise, et par le fait même leur sagesse et leur prudence.

g) Considérons aussi cette vérité que, dans le processus de l’éducation, l’apprentissage de connaissances à un rôle premier. L’ignorance est la cause principale de quantité de fautes dans l’ordre moral, dans la sphère individuelle, comme dans la vie sociale et dans la vie spirituelle. Notre intelligence est un faculté pour connaître, une faculté de lumière et d’illumination. Encore une fois, si être vertueux consiste à agir selon la droite raison éclairée par la foi, alors la première étape nécéssaire consiste à savoir ce que la droite raison commande. Connaître est la première condition nécéssaire pour la vertu. C’est pour cela que l’école est si importante pour l’éducation des vos enfants. Sa tâche principale est de leur donner une connaissance solide de ce qu’il faut savoir pour vivre une bonne vie dans toute l’étendue de la nature, de la grâce et de la foi, ce qui est tout le contraire d’une mentalité individualiste.

h) L’école est aussi nécéssaire pour donner aux enfants le sens du bien commun, et de la vie en société : c’est en se soumettant, et se dédiant à ce bien supérieur de l’ensemble de la société que les individus atteignent réellement leur fin, et par voie de conséquence, leur plein développement dans l’harmonie. En un sens, l’individu est pour la société, et non l’inverse.Ceci est la pure doctrine de l’Eglise, voyez par exemple saint Thomas d’Aquin. L’individualisme qui renverse cet ordre en centrant tout sur la personne individuelle est en fait révolutionnaire, destructeur de la société et de l’ordre voulu par Dieu. Il conduit à l’anarchie et, par contrecoup, à l’esclavage.

4. Comment, en pratique, faire en sorte que l’école fasse partie de votre vie de famille ?

a) D’abord, vous devez considérer l’école comme telle, comme faisant partie de votre vie de famille. Votre agir en découlera.

b) L’école sera l’une de vos préoccupations majeures, l’une de vos joies principales, et ne sera pas considérée comme un fardeau insupportable qui « dérange votre vie de famille ».

c) Vous manifesterez explicitement à vos enfants l’importance majeure que vous attribuez à leurs études. Il devrait être manifeste à vos enfants que vous vous intéressez à leurs études.

d) Comment ? Suivez et intervenez dans leurs travaux scolaires de multiples façons :

1) Questionnez-les, demandez-leur ce qu’ils ont appris aujourd’hui a l’école en catéchisme, en français, en histoire, en géographie, en science, etc. Demandez-leur de vous résumer les points principaux. Voyez s’ils ont compris les leçons ou non. Intéressez-vous réellement aux matières enseignées à l’école. Suivez ce qu’ils font. Exprimer votre désir de connaître demain la suite de la leçon d’histoire en vue de stimuler ce même désir chez votre enfant. Dites-leur votre impatience de connaître comment ces personnages ou événements ont évolué; montrez un intérêt pratique pour les matières que vos enfants étudient. S’ils ne peuvent pas répondre, ni répéter ce qui leur a été enseigné le jour même, réprimandez-les. Dites-leur que c’est une faute, une honte. Menacez les de punition si le lendemain ils reviennet encore à la maison en ayant tout oublié. Vos enfants ont besoin de votre volonté pour leur montrer le chemin. Ceci constitue 95% de votre travail. Et cela supprimerait 95% des problèmes que nous, enseignants, rencontrons chaque jour. Comment se fait-il que si peu de nos enfants ont soif de connaître, d’aller plus loin dans les connaissances, d’établir des liens entre des concepts et entre différentes matières ? C’est parce que cela ne fait pas partie de leur vie, c’est quelque-chose de trop extérieur. L’étude est perçue comme un fardeau, quelque-chose qui idéalement ne devrait pas exister. Mais pourquoi une telle mentalité ? Parce que les parents ne manifestent pas assez d’intérêt dans les études de leurs enfants. Je dis : « ne manifestent pas assez ». Car ils se peut qu’ils y croient, mais s’ils ne le montrent pas assez, d’une façon pratique, ou pire, et à Dieu ne plaise, s’ils ont tendance à se plaindre et à critiquer le travail scolaire comme un fardeau, comment peuvent-ils s’attendre à ce que leurs enfants consacrent à leurs études le meilleur de leur temps et de leurs efforts volontairement ? C’est impossible ! Ou alors cela se produit très tard, vers la fin de leurs années d’études, lorsque, malgré le manque d’encouragement à la maison, les enfants découvrent parfois par eux-mêmes le bien des connaissances, et deviennent désireux d’étudier sérieusement. Entre-temps les professeurs dépensent temps et énergie quasiment en vain, et cela à cause de l’absence de collaboration pratique et quotidienne de la part des parents.

Cela fait un monde de différence dans l’esprit de l’enfant, son désir d’apprendre, son travail, si papa et maman s’intéressent à ce qu’il a appris « aujourd’hui » à l’école. Alors l’école devient une partie véritable de sa vie. Et sa vie commence à s’unifier. La vie à l’école et la vie à la maison deviennent une, parce que c’est le même but que l’école et la famille tendent à réaliser ensemble, chacun selon sa mission et responsabilité propre et providentielle, mais ensemble, en harmonie. Les intérêts de l’école sont ceux des parents, et les intérêts des parents sont ceux de l’école. Et les deux ensemble sont les intérêts de notre sainte Mère l’Eglise, et donc ceux de Notre-Seigneur. Rien de moins ne devrait exister dans ce travail commun de l’école et de la famille.

2) Le deuxième point doit être de considérer l’étude comme l’un des pricipaux devoirs d’état de vos enfants. Or combien de nos enfants considérent de fait leurs études comme l’un de leurs principaux devoirs d’état ? J’ai peur que je ne puisse pas l’assurer même de 20 % d’entre-eux. S’ils savaient que leurs études constituent leur principal devoir d’état, par lequel ils doivent montrer leur obéissance et leur amour de Dieu, et que le mépris de ce devoir constitue un péché, je pense qu’ils seraient beaucoup plus sérieux dans leur travail scolaire. L’assistance à la messe, le rosaire quotidien devraient engendrer un sens et un amour du devoir toujours plus grands se manifestant en l’accomplissement plus exact de leurs devoirs quotidiens, sans quoi la piété des enfants, leur dévotion est fausse et insignifiante. C’est à vous parents qu’il incombe d’enseigner chaque jour à vos enfants la primauté de ce devoir d’état, son sérieux, et comment faire des progrès dans l’accomplissement de ce devoir. Il est effrayant de voir des jeunes filles baptisées et comfirmées qui ne se soucient aucunement du sérieux de leurs études, à tous les niveaux : attention en classe, efforts de réflexion, propreté de la présentation, efforts de mémorisation, docilité pour suivre les instructions... Si elles comprenaient que leur amour de Notre Seigneur est inséparable de leur sérieux dans les études, elles ne seraient pas sans doute parfaites tout d’un coup, et ce n’est pas cela que nous attendons, mais au moins elles feraient effort pour acquérir ce sérieux, leur conscience se formerait, elles sauraient qu’elles font mal et sont coupables si elles montraient cette insouciance que nous n’arrivons même pas à leur faire voir. Certaines filles semblent n’avoir aucune cure de leur conscience. Et cela nous inquiète. Et c’est pour cela que j’insiste fortement sur ce point. Personne ne peut vous remplacer en cela : votre responsabilité pour former leur conscience, pour leur inculquer un sens vrai et exact de leurs devoirs, et du sérieux de ceux-ci. Si vous, parents, ne le faites pas, quelque leçon que ce soit que vos enfants recoivent à l’école à ce sujet ne « clic » pas en eux, ne pénètre pas leur esprit et leur âme : ils s’en mocquent. En ce domaine comme en tant d’autres, la responsabilité des parents est première, elle est irremplaçable et de la plus grande importance pour les enfants.

L’éducation de vos enfants est d’abord et surtout entre vos mains. Soit vous stimulez vos enfants à désirer apprendre, à répondre activement à l’enseignement donné, vous les faites vouloir apprendre, au besoin en les contraignant et les punissant pour leur paresse, leur insouciance, leur inconstance; vous ne les excusez pas, vous ne prêtez pas une oreille complaisante aux histoires que certains sont très habiles à inventer, vous venez nous voir directement s’il y a un problème, etc. Soit, au contraire, vous les égarez sur des faux chemins, ou ne faites rien, ce qui revient au même. Ils vont acquérir des vices au lieu de vertus. Encore une fois, vos enfants requièrent votre fermeté pour qu’ils saisissent le sérieux de leurs devoirs. Pour qu’ils deviennent vraiment intéressés dans leurs études, ils doivent voir et sentir que cela est votre souci principal.

3) Soyez exigeants avec vos enfants. S’ils ont reçu dix talents, ils doivent faire fructifier les dix talents. S’ils en ont reçu cinq, ils doivent en produire cinq, si c’est seulement deux, ils doivent en produire deux. Mais chacun doit s’exercer à faire de son mieux.

4) Pour atteindre ce but, il est nécessaire qu’il y ait communication fréquente et approfondie entre les parents et les professeurs, et qu’il y ait une entente complète sur ce qui est exigé des enfants. Soutenez les horaires de l’école, les décisions, les punitions que vos enfants peuvent parfois mériter. Ne vous permettez jamais, absolument, de critiquer une décision de l’école devant vos enfants. Mais venez nous voir si une décision vous surprend. Nous sommes toujours prêtes à répondre à toute question que vous pourriez avoir. Il peut arriver en vérité que l’un de nous, professeurs, commette une erreur. Mais jamais quelque-chose qui appartient à la vie de l’école ne devrait être critiqué devant vos enfants.

5) Pour ce qui concerne les devoirs à la maison, établissez un bon horaire, un temps fixé. Ceci aide beaucoup. Procurez aussi à vos enfants un environement de silence pendant ce temps. Mais il y a un point encore plus important : ne laissez pas vos enfants complètement seuls pendant ses devoirs, sauf les plus vieux. Parce qu’ils ont besoin de votre présence, pas seulement ni toujours de votre présence physique, mais la présence, encore une fois, de votre intérêt à leurs travaux. Quelques questions quand ils se mettent au travail, peuvent encourager beaucoup :« Qu’est-ce que tu as à faire ce soir comme devoir ou leçon ? Montre moi. Très bien! » Donnez-leur des indications, des pistes, quelques idées pour organiser leur travail; ou pour visualiser le plan d’une longue leçon. Aidez les aussi à organiser leur temps, donnez-leur quelques limites pour faire ceci ou cela. Offrez leur de revenir dans une heure, ou une demie heure, ou quinze minutes, selon leur âge. Faites leur faire un petit test, ou réciter. Quand leur moral est plus bas que d’habitude, offrez leur de réviser la leçon avec eux. Ceci est plus important, j’ose le dire, que de trouver un endroit silencieux, bien que cela soit nécessaire aussi. Mais ce qui est le plus important, c’est de manifester en pratique votre intérêt réel pour leurs études. Nous vous supplions donc de faire quelque-chose en ce sens, et je vous promets de résultats merveilleux qui dépasseront vos espoirs ! Un de ces fruits sera la rapidité avec laquelle les devoirs à la maison seront accomplis. En effet, pour 75% de nos filles, la longueur de leurs devoirs vient de leur manque d’intérêt dans leur travail. Ceci est la première chose à corriger. De toute façon, cela constitue la première étape dans le processus d’apprentissage. Si on n’aime pas apprendre, on n’apprend pas, on ne se soucie pas de retenir quelque-chose, et ceci est la triste réalité des écoles de nos jours... Les professeurs répètent cent fois les mêmes concepts simples; c’est toujours à recommencer, beaucoup d’enfants ne se rappellent jamais, ils n’essayent pas de se souvenir d’un jour à l’autre. C’est comme si nous avions affaire à des esprits morts. A la rigueur nous réussissons à inculquer quelques réflexes, mais ce n’est pas cela penser, ce n’est pas un travail intelligent, nous ne pouvons bâtir uniquement la-dessus. Nos Soeurs et nos professeurs sont tous inquiets de cette inertie, cette passivité. Comme nous le disions précédemment, le processus d’apprentissage est intérieur et personnel. C’est, parents, en premier votre rôle, et ensuite le nôtre, de le favoriser, d’inciter chacun de vos enfants à travailler, de progresser sur le chemin de la connaissance et de la vertu d’une façon toujours plus consciente et volontaire. Si nous abandonnons, l’éducation des enfants n’est jamais accomplie. C’est très sérieux.

B. Quelques vérités importantes concernant la formation de l’intelligence

2. La nécéssité d’éduquer l’imagination

a) Puisque toute connaissance nous vient par les sens qui nourrissent l’imagination, nous devons être vigilants à propos de :

 -premièrement le genre d’images que nos sens vont confier à l’imagination. D’où la nécessité de mettre nos enfants en contact avec des choses belles et saines, et de les éloigner au contraire de toute laideur.

-deuxièmement la quantité des images. Il y a un danger de « noyer » l’intelligence par une surdose d’images. Puisque penser consiste à abstraire des concepts universels à partir d’images, puis de faire des connexions entre ces concepts en les mettant en ordre sous d’autres concepts, ou en déduisant de nouveaux concepts à partir des premiers par un raisonnement juste, il parait évident qu’une trop grande quantité d’images va en quelque sorte désorienter et paralyser l’intelligence qui est noyée par une imagination effrénée.

Puisque penser consiste à abstraire des concepts à partir d’images, lorsqu’on est noyé dans des millions d’images, on ne peut abstraire des concepts à partir d’un tel déferlement d’images. Une telle avalanche d’images est contre nature, inhumain. Notre illigence humaine a ses limites. Laisser nos enfants voir trop de films, c’est les plonger dans ce monde d’images et de perception sensible sans qu’ils aient le temps de les assimiler, c’est-à-dire de penser.

Un abus d’images peut donner à l’enfant l’illusion qu’ils sait beaucoup. C’est une erreur. Il s’agit uniquement de perception sensible. Il n’y a pas de temps ni de place pour le travail de l’intelligence, pour le raisonnement au niveau des concepts, des idées universelles.

Et par ailleurs, les images plaisent et attirent beaucoup, tandis que le travail intellectuel est ardu. En favorisant cet attrait des sens, on affaiblit la volonté. Le travail intellectuel est perçu comme étant de plus en plus ardu, presque insupportable.

b) D’où la nécéssité d’éviter de voir fréquemment des films. Ceux-ci remplissent l’imagination de millions d’images. Voyez comment, après avoir vu un film, vous êtes incapable de tout travail intellectuel. Regarder un bon film peut être une bonne récréation une fois tous les deux mois. Mais si ce loisir devient hebdomadaire, cela devient mortel, surtout pour des enfants qui doivent apprendre à penser, à se servir de leur intelligence en comparant des concepts abstraits, à trouver des liens logiques entre ces concepts, etc.

c) La raison pour laquelle nous avons tant d’enfants incapables d’un effort de pensée, d’enfants si oublieux et inconstants, est due au fait que leur intelligence est si enchaînée par une imagination surexcitée ou totalement débridée, et ceci est dû en partie aux films qu’ils regardent trop fréquemment. Ils perdent le pouvoir de se concentrer et la forçe d’esprit, parce que les films les distraient, les détournent de ce qui devrait être leur objectif principal : leur formation intellectuelle. Les films surchargent leur imagination en l’attirant vers des choses si différentes et nombreuses que ces enfants perdent de vue la direction essentielle de leur vie. Cet éparpillement de leur imagination produit nécéssairement une dispersion de leurs pensées, et un affaiblissement considérable de leurs capacités intellectuelles. Car la forçe en effet est le résultat de l’unité, de la concentration de toutes les puissances au service d’un but majeur unique.

Les enfants « filmivores » finissent par résister à tout travail intellectuel que ce soit. Ils sont toujours à la recherche de plaisir, d’images, de plaisir des sens, de trucs rapides, de recettes toutes faites d’avance. Pire encore : ils ne s’émeuvent pas de penser de façon contradictoire. Ici on voit clairement la destruction des intelligences en train de se produire.

d) Attention également à denombreux jeux modernes qui déconnectent les enfants de la réalité. Cela est tragique. Nous professeurs voyons clairement se produire cette destruction des intelligences.

Combien il est évident que lorsque l’homme va à l’encontre des lois de sa nature – rappelons nous que la nature est en nous un principe d’opération – il se détruit lui-même. Il devient de moins en moins humain, de moins en moins vertueux, puisque être humain (ou vertueux) consiste à agir selon la droite raison. Mais pour cela, il faut d’abord que la raison fonctionne, et fonctionne droitement !

e) Inculquez aussi en vos enfants un bon sens de l’observation. Parce que, selon Aristote, « rien n’entre dans l’esprit qui ne passe d’abord par les sens », la formation de l’intelligence commence avec la discipline de l’imagination qui elle-même présuppose l’acquisition d’un bon sens de l’observation.

Enseignez à vos enfants à observer la nature, les oiseaux, les fleurs, les roches, les animaux, les montagnes, les étoiles, et à découvrir les lois de la nature. Cela est très sain, et servira à alimenter la pensée droite, basée sur la réalité vraie et non sur la soi-disant réalité virtuelle; et cette observation de la nature progresse à un rhytme humain, naturel.

f) Enfin comprenez le rôle des jeux éducatifs, pour apprendre aux petits enfants comment faire des liens, coordonner, penser, à leur petit niveau, faire des connections logiques, encore au niveau des sens, mais néamoins préparant petit à petit la voie à la pensée rationnelle.

3. La nécésssité d’entraîner la mémoire.

L’homme a une mémoire des sens, et il a aussi une mémoire intellectuelle. Cette dernière est la puissance de retenir des concepts, des idées. Cette mémoire doit être entraînée et disciplinée pour servir au progrès de notre connaissance et compréhension des choses. Voici quelques considérations pratiques :

a) Le souvenir de concepts, d’idées, est nécéssaire au progrès de la raison, de la connaissance. Si nous devions sans cesse remonter aux premiers pas d’un raisonnement, nous n’avancerions jamais. Nous n’acquèrerions pas de connaissances. On comprend avec ceci combien il est si difficile d’avancer en classe dans l’étude d’un sujet avec tant d’étudiants qui ne se rappellent pas les leçons prédédentes. Si souvent, nous, professeurs, devons exposer plusieurs fois un sujet à partir du premier pas, parce que les élèves ne se soucient pas vraiment de se rappeler même les points les plus fondamentaux ! D’où la nécéssité de faire retenir par les enfants certains concepts, idées, de les faire mémoriser.

b) Nous devons être très vigilants sur ce qu’ils mémorisent, parce que cela devient une partie d’eux-mêmes. D’où l’importance majeure de les faire mémoriser des textes beaux et profonds (des textes liturgiques, bien sûr, mais aussi p.ex. des belles et profondes poésies, pièces de théâtre...). Leur intelligence et leur sensibilité sont marquées profondément et formés par de tels textes. Au contraire, nous écartons tout texte médiocre (une comédie peut être acceptable, mais pas n’importe quelle comédie. Elle doit quand même apporter une leçon d’humanité, sinon elle n’est que grossière, et donc dégradante).

c) Nous devons garder un bon équilibre. Etre intelligent, formé, ne signifie pas avoir mémorisé tous les détails de tout. (Même en un matière comme l’histoire, l’accumulation de données contingentes ne doit pas faire oublier le rôle de la raison : trouver des liens logiques, des constantes, des vues générales, des explications). La mémoire est au service de l’intelligence; elle est un outil nécéssaire. Deux excès doivent être évités :

‑ négliger la mémoire sous le faux prétexte que ce qui importe, c’est de comprendre. Parce que les enfants ne peuvent grandir dans la connaissance et la compréhension des matières sans assimiler et retenir le contenu.

‑ la mémorisation doit toujours être supportée par une compréhension profonde de ce qui est mémorisé. Et inversément, une bonne mémoire aide les élèves à comprendre et assimiler plus rapidement et aisément les nouvelles connaissances, en aidant l’intelligence à faire des liens entre le nouveau, et ce qui a déjà été vu. Comprendre un sujet consiste à saisir les réalités dans leur profondeur. Nous devons nous rappeler que le but demeure l’acquisition des connaissances, ce qui suppose que les enfants retiennent ces connaissances. C’est ainsi que les connaissances deviennent partie de leur nature, comme une seconde nature, qui, à son tour, sert de principe pour acquérir de nouvelles connaissances, pour croître dans la compréhension d’un sujet, un principe de nouvelles opérations intellectuelles.

(Suite dans le prochain numéro)

 

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