1ère
Opinion:
"Dieu
ne permettrait jamais qu'un pape tombe dans l'hérésie".
Les défenseurs de cette opinion prouvent que Notre Seigneur
ne permettrait jamais à un pape de tomber dans l'hérésie.
Pour le Cardinal Billot, la possibilité théologique d'un
pape de tomber dans l'hérésie ne deviendrait jamais une
réalité, selon la promesse de Notre Seigneur: "Et
le Seigneur dit: 'Simon, Simon, voici que Satan t’a réclamé
pour te cribler comme le froment; mais j'ai prié pour
toi, afin que ta foi ne défaille point; et toi quant tu
seras converti, affermis tes frères'" (Luc XXII,
31-32). Pour Billot, cette promesse s'appliquerait non
seulement à St. Pierre, mais aussi à ses successeurs,
comme cela a toujours été compris par la Tradition. A
l'encontre de cette opinion, nous avons le cas du pape
Honorius (625-638), qui a été condamné en 680 par le 3e
Concile de Constantinople à cause de ses lettres au Patriarche
Sergius, lesquelles étaient favorables à l'hérésie Monothélite5
Qu'on me permette de citer ce concile: "Ayant
trouvé que (les lettres d'Honorius) sont en complet désaccord
avec les dogmes apostoliques et les définitions des saints
conciles, et de tous les Pères de renom; et que, au contraire,
ils conduisent aux fausses doctrines des hérétiques, nous
les rejetons et les condamnons comme étant un poison pour
les âmes… Nous affirmons aussi qu'Honorius, qui fut pape
de l'ancienne Rome, a aussi été rejeté de la Sainte Église
Catholique de Dieu.et est anathématisé à cause des lettres
qu'il envoya à Sergius, où il adopta ses idées pernicieuses
et réaffirma ses principes impies."6
Il faut remarquer qu'une telle condamnation arrive 42
ans après la mort d'Honorius. Par ailleurs, peu importe
quelle sorte de jugement est porté sur le Pape Honorius,
c'est un fait établi que nous avons un document pontifical
officiel qui admet qu'un pape peut tomber dans l'hérésie.
Il s'agit d'un document du Pape Adrien II, daté de plus
de 200 ans après la mort d'Honorius: "Après sa
mort, Honorius a été anathématisé par l'Église d'Orient;
mais nous ne devons pas oublier qu'il était accusé d'hérésie,
le seul crime qui rendait légitime la résistance des inférieurs
aux ordres de leurs supérieurs et le refus de leurs doctrines
malicieuses." Comme nous le voyons, la 1ère opinion
de St. Robert Bellarmin a des raisons en sa faveur et
d'autres contre elle. Nous devons donc affirmer que cette
1e opinion est seulement probable.
2e
opinion: "S'il
tombe dans l'hérésie, même interne, le pape perdrait son
pontificat ipso facto." Cette opinion est maintenant
abandonnée par les théologiens. Parce que l'Église est
visible, il est nécessaire que son gouvernement soit visible
et ne dépende pas d'actes internes.
3e
opinion: "même
s'il tombe dans une hérésie notoire, le pape ne perd jamais
son pontificat." Xavier de Silveira commente
ainsi: "parmi les 136 auteurs que nous avons consultés
(pour le livre LNM), Bouix est le seul à défendre cette
opinion." Nous pouvons dire comme St. Robert
Bellarmin que cette opinion est très improbable, car elle
va contre le consentement unanime de la Tradition de l'Église.
4e
opinion: "le
pape hérétique perdrait effectivement son pontificat seulement
sur une déclaration officielle d'hérésie." Il
est clair qu'une telle déclaration ne peut être juridique,
car le pape n'a pas de supérieur sur la terre qui soit
capable de le juger. Ce serait seulement un acte non
juridique par lequel Jésus-Christ Lui-même démettrait
le pape de ses fonctions. Même si une telle opinion est
défendue par de sérieux théologiens comme Cajetan et Suarez,
elle n'est pas retenue par St. Robert Bellarmin. Je vois
deux dangers potentiels dans cette opinion: le risque
de tomber dans l'hérésie du Conciliarisme - qui
a été condamnée par l'Église - ou, du moins, de tomber
dans le subjectivisme. Qui pourra nous dire, pour sûr,
qu'une déclaration d'hérésie venant d'un groupe d'évêques
n'est pas une tentative de déposition?
5e
opinion: "S'il
tombait dans l'hérésie le pape perdrait son pontificat
ipso facto." Quelques auteurs disent que le
pape perdrait son pontificat ipso facto au moment précis
où son hérésie deviendrait externe; d'autres maintiennent
que le pape hérétique perdrait son pontificat seulement
quand son hérésie deviendrait notoire et répandue publiquement.
Parmi les cinq opinions étudiées par St. Robert Bellarmin,
cette 5e opinion apparaît la plus probable.
3.
Conséquences de l'hérésie d'un pape:
3.1.
Est-ce qu'un pape peut être hérétique?
Plusieurs papes ont enseigné qu'un pape peut enseigner
des hérésies contre la foi. Le pape Adrien VI († 1523)
dit que: "Si dans l'Église Romaine, on considère
la tête ou le pontife, il est hors de question qu'un Pape
peut errer dans les domaines touchant à la foi. Il le
fait quand il enseigne une hérésie par son jugement propre
ou par ses décrets. En vérité, beaucoup de Pontifes Romains
ont été hérétiques. Le dernier en date était le Pape Jean
XXII (†1334)." Le Bienheureux Pape Pie IX (†1878)
a reconnu le danger qu'un pape soit hérétique et "enseigne
(…) contrairement à la foi Catholique", et il
a ordonné: "ne le suivez pas". Il dit
encore: "si, dans le futur, un pape enseigne quoi
que ce soit contre la foi Catholique, ne le suivez pas."
(Lettre à Mgr. Brizen).
3.2.
Incompatibilité entre l'hérésie et la juridiction
ecclésiastique: L'Écriture
Sainte et la Tradition enseignent clairement qu'il y a
une profonde incompatibilité in radice (dans la
racine) entre la condition d'hérétique et la possession
d'un titre de juridiction ecclésiastique, parce qu'un
hérétique cesse d'être un membre de l'Église. Cependant
une telle incompatibilité n'est pas absolue, c'est pourquoi
les théologiens utilisent l'expression in radice
(à la racine). De la même manière qu'une plante peut rester
verte un certain temps après avoir été déracinée, de même
la juridiction peut être maintenue, quoique de manière
précaire après que le clerc soit tombé dans l'hérésie
(cf. Suarez). Les théologiens basent leur argumentation
sur le Droit Canon, Can. 2314: "Tous les apostats
de la foi Chrétienne, et chaque véritable hérétique et
schismatique encourent l'excommunication ipso facto.
S'ils ne respectent pas les avertissements, ils seront
privés de leur bénéfice, dignité, office… et, s'ils sont
clercs, après les avertissements nécessaires, ils seront
déposés." Puis, le Can. 2264 déclare illicite,
mais pas automatiquement invalide, les actes de juridiction
posés par quelqu'un qui a été excommunié: "Un
acte de juridiction posé par une personne excommuniée,
que ce soit au for interne ou au for interne, est illicite;
cependant si une sentence condamnatoire a été prononcée,
il devient invalide, sans porter préjudice aux prescriptions
du Can. 2261; sinon il est valide." Donc le
clerc hérétique ne perd pas automatiquement ses fonctions,
mais doit être déposé en bonne et due forme par l'autorité
légitime. Nous pouvons en conclure que l'hérésie, même
externe, n'enlève pas automatiquement la juridiction.
A l'encontre de notre thèse, certains pourraient utiliser
le Can. 188 §4: "Tout office devient vacant par
le fait même et sans déclaration, dans le cas d'une résignation
tacite reconnue par la loi elle-même, si le clerc… (§4):
abandonne publiquement la foi Catholique." Les
sédévacantistes utilisent ce canon comme une preuve de
poids pour leurs thèses, cependant ce canon ne peut être
considéré comme une preuve finale que le pape a perdu
son office. On doit se rappeler que le pape est toujours
au-dessus de la loi positive, comme celle du Can. 188.
Un tel argument serait décisif seulement s'il pouvait
être prouvé que les dispositions canoniques du Can. 188
appartiennent au droit divin positif de l'Église. Il devrait
ensuite être prouvé que cette loi divine positive s'applique
en bonne et due forme au cas spécifique du pape. Mais,
c'est précisément sur cette question que les plus grands
théologiens sont en désaccord depuis des siècles.
3.3.
Juridiction de l'hérétique: Étant
coupée à la racine, la juridiction de l'hérétique ne disparaît
pas automatiquement, mais elle restera aussi longtemps
qu'elle sera maintenue par l'autorité supérieure. Un tel
cas se produira si le pape maintient la juridiction d'un
évêque hérétique qui n'a pas encore été puni selon les
dispositions des Canons 2264 et 2314. Mais, que se
passe t'il si le pape lui-même tombe dans l'hérésie?
Qui a le pouvoir de le maintenir dans sa juridiction?
Ce n'est pas l'Église, ou même un groupe d'évêques, car
le pape est toujours supérieur à l'Église, et n'est pas
lié par la loi ecclésiastique. Selon LNM7,
le Christ lui-même pourrait, au moins pour un temps,
maintenir la juridiction d'un pape hérétique. Quelle
pourrait être la raison qui pourrait justifier le maintien
d'un pape hérétique dans ses fonctions? Les théologiens
ont considéré différentes réponses à cette question. La
réponse la plus sérieuse à cette question capitale serait
de dire que le Christ pourrait maintenir la pape hérétique
dans sa juridiction aussi longtemps que son hérésie n'est
pas assez notoire et divulguée de façon large. Entre-temps,
tous les actes de juridiction d'un tel pape seraient valides
et, s'il devait prononcer une définition dogmatique, cette
définition serait de même valide. Dans ce cas, le Saint
Esprit parlerait par la bouche du pape, comme il a parlé
par la bouche de l'ânesse de Balaam (Nombres XXII, 28-30).
Cette conclusion de Xavier de Silveira est tout à fait
en accord avec la pensée de St. Robert Bellarmin. Le fameux
père dominicain Garrigou-Lagrange8
parvient à la même conclusion. Basant son raisonnement
sur Billuart, il explique dans son traité De Verbo
Incarnato qu'un pape hérétique, bien qu'il ne soit
plus membre de l'Église, peut cependant en rester à la
tête. En effet, ce qui est impossible dans le cas d'une
tête physique est possible, quoique anormal, pour une
tête morale secondaire. La raison en est
que, alors qu'une tête physique ne peut pas influencer
les membres sans recevoir l'influx vital de l'âme, une
tête morale, comme l'est le Pontife Romain, peut exercer
sa juridiction sur l'Église même si elle ne reçoit pas
de l'âme de l'Église un influx de foi intérieure ou de
charité. En bref, le pape est constitué comme membre
de l'Église par sa foi personnelle qu'il peut perdre,
mais il est tête de l'Église par la juridiction et l'autorité
qu'il a reçues, et celles-ci peuvent co-exister avec sa
propre hérésie.
3.4.
Hérésie publique et notoire:
Ces concepts doivent être compris selon les principes
du Droit Canon. Selon la loi de l'Église, un crime Public
n'est pas nécessairement quelque chose qui est fait en
public et rapporté par les caméras de télévision, comme
le pensent la plupart des gens. Voici ce qu'en dit le
fameux canoniste Bouscaren: "Classification selon
la publicité: Un crime est 1. public, s'il est déjà connu
du commun, ou si les circonstances sont telles qu'elles
conduisent à conclure qu'il peut le devenir facilement;
(…) 'Connu de façon publique' signifie qu'il est
connu de la majorité des habitants ou de la communauté.
Cependant cela ne doit pas être compris de façon mathématique,
mais selon une estimation morale prudente. Un crime peu
rester occulte même s'il était connu d'un certain nombre
de personnes discrètes; mais il peut devenir public s'il
parvient à la connaissance d'un petit nombre de personnes
qui s'empressent de le divulguer."9
Comme le pape est le Pasteur universel de l'Église entière,
comment peut-on appliquer ces principes au cas de son
hérésie? Selon les canonistes, un acte d'hérésie du pape
devient Public si sa connaissance en aura été répandue
de façon large au milieu des fidèles de l'Église Universelle;
de telle sorte qu'il soit connu de la plupart d'entre
eux, ou au moins qu'il soit pratiquement impossible d'en
empêcher la divulgation. Cette hérésie devra être Publiée
de façon large, et aussi être Notoire - de telle sorte
qu'elle devienne Publique selon les termes canoniques.
Pour que l'hérésie d'un pape soit Notoire, non seulement
l'acte hérétique doit être connu de façon publique, comme
nous l'avons vu, mais encore il doit être compris comme
un acte dont la responsabilité criminelle a été reconnue
de façon légale. En autres termes, pour reconnaître la
responsabilité criminelle du pape hérétique de façon légale
- de telle sorte que son hérésie puisse être déclarée
canoniquement Notoire - non seulement la connaissance
de son hérésie devra être répandue de façon large dans
l'Église, comme nous l'avons vu ci-dessus, mais encore
elle devra être reconnue partout comme un crime moralement
imputable.
3.5.
Notoriété de droit et notoriété de fait:
3.5.1.
Notoriété de droit:
Un crime devient Notoire d'une notoriété de droit seulement
quand une sentence judiciaire a été rendue par un juge
compétent - mais le pape n'a pas de supérieurs et nul
n'a compétence juridique pour le juger: "Le premier
Siège ne peut être jugé par personne."10
- Donc nul acte hérétique de Jean-Paul II ne peut être
considéré comme Notoire d'une notoriété de droit.
3.5.2.
Notoriété de fait:
Pouvons-nous dire la même chose au sujet de la notoriété
de fait de l'hérésie du pape? Pour que ce soit le cas,
il faudrait qu'elle soit reconnue partout comme hérétique
et moralement imputable - comme Pertinace (persistant
et déterminé jusqu'à l'entêtement). Ce qui veut dire que
l'acte doit être non seulement notoire matériellement,
en étant connu de façon large; mais encore notoire formellement,
l'acte étant largement reconnu comme imputable moralement
au crime d'hérésie formelle. Voyons ce qu'en disent
les canonistes: "Une offense est Notoire d'une
notoriété de fait, si elle est connue publiquement et
a été commise selon des circonstances qui ne permettent
pas d'envisager qu'elle puisse être cachée par quelque
subterfuge que ce soit, ou excusée par une excuse reconnue
par la loi; c'est-à-dire le fait de l'offense et l'imputabilité
ou la responsabilité criminelle doivent être connues publiquement."11
Ainsi, un acte d'hérésie papale serait notoire d'une notoriété
de fait seulement s'il était 'connu publiquement'
- et si son 'imputabilité ou responsabilité criminelle'
étaient 'connues publiquement'. Vu qu'il n'y pas
de juge qui soit compétent pour juger que le pape est
coupable, il s'en suit que la faute serait Notoire seulement
si elle était connue du grand' public - il est aussi requis
que le grand public sache que l'acte était imputable moralement.
Il est aussi requis que l'acte ne puisse être excusé par
un appel à un quelconque 'accident', à une sorte
de 'légitime défense', ou n'importe quelle autre
excuse admise par la loi; il est aussi nécessaire qu'on
ne puisse l'excuser par n'importe quel 'subterfuge'
que ce soit.
|
|
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Vatican
II (1962-1965) |
3.6.
Est-il possible de déclarer que Jean-Paul II est
un hérétique Notoire et Pertinace?
Même si les concepts de Notoire et de Pertinace sont clairs
en théorie, néanmoins leur application concrète est extrêmement
difficile, surtout dans le cas du pape. La raison principale
en est qu'une telle pertinacité est déterminée par la
reconnaissance de l'hérésie par l'autorité légitime.
Il serait nécessaire que la connaissance que Jean-Paul
II a commis une hérésie se soit répandue à travers l'Église
universelle - ce qui manifestement n'est pas le cas, car
seulement une minorité très infime de l'Église, moins
de un pour mille, l'affirme - mais il serait aussi nécessaire
que la connaissance de la faute d'hérésie formelle et
pertinace du pape, se soit aussi répandue partout dans
L'Église. Il serait aussi requis qu'aucun recours ne
puisse recéler l'acte ou la faute: aucune excuse provenant
de traductions trafiquées du texte original ou de jeux
de caméras; aucune excuse provenant d'écrivains malhonnêtes;
aucune excuse provenant du vieil âge; aucune excuse par
faute d'ignorance, ou de confusion sur la doctrine en
question; aucune excuse en raison d'une erreur d'écriture
ou de discours; aucune excuse du fait que ces paroles
étaient 'en quelque sorte compatibles avec la doctrine
de la Foi, à condition que l'on comprenne son discours
dans le cadre de la philosophie moderne'; aucune excuse
basée sur une sorte de légitime défense ecclésiale dans
un contexte social et ecclésial qui se trouve libéral
et hostile. Même s'il était impossible de cacher le crime
et s'il n'y avait aucune défense ou excuse qui ne puisse
être prise de façon légale, néanmoins la majeure partie
de l'Église devrait être capable de reconnaître la faute
morale et le fait que l'acte n'avait pas d'excuse légale.
Il serait nécessaire que le crime ne puisse être caché
aux gens de n'importe quelle manière, ou par n'importe
quel stratagème, que ce soit par les prêtres ou par la
presse Catholique. C'est un fait que l'Église a de nombreuses
ressources et que les fidèles sont très dociles et respectueux
et que pratiquement personne n'a reconnu l'hérésie du
pape, sans parler de sa culpabilité morale et de son inexcusabilité
légale. De fait, les prêtres et les fidèles ont embrassé
les mêmes hérésies que Jean-Paul II et ne voient rien
de mal à cela, ou encore disent qu'il est 'le meilleur
pape' qui ait jamais existé, des choses qu'on entend
dire fréquemment. Même la vaste majorité de la minorité
qui n'a pas embrassé les mêmes hérésies que lui, ne voit
pas ou n'accepte pas que le pape soit dans l'hérésie -
et la portion infime qui voit clair a tendance à l'excuser
comme n'ayant pas la pertinacité requise, mais essaye
d'expliquer son attitude par la situation générale dans
l'Église, surtout depuis 'Vatican II', qui a aveuglé
presque tout le monde sur un certain nombre de vraies
doctrines de la Foi. Il est évident que l'hérésie de Jean-Paul
II est formellement secrète selon les critères canoniques,
peu importe si elle apparaît claire à certains 'traditionalistes';
ses actes n'ont pas été reconnus comme moralement imputables
et légalement inexcusables. Donc, son hérésie ne peut
être reconnue d'une notoriété de fait et, en conséquence
elle n'est pas Notoire; et les conditions légales par
lesquelles les canonistes ont montré la possibilité pour
un pape de perdre son office pour cause d'hérésie, n'ont
pas été remplies.
3.7.
Pourrait-on présumer la pertinacité de Jean-Paul
II? A la vue de l'insistance du Pape à promouvoir
les voies nouvelles, qui vont à l'encontre de la tradition
et de ses témoins actuels, pourrait-on avancer cette opinion?
En soi, peut-être, mais certainement pas de manière sociale,
de telle sorte que cela puisse conduire à la perte de
l'office, etc…, qui ne peut être présumée, mais doit être
prouvée, autrement les sociétés ne pourraient survivre.
On peut comprendre qu'une réponse trop rapide et imprudente
à cette question difficile pourrait facilement entraîner
quelqu'un à s'enliser dans les sables du sédévacantisme.
Si Jean-Paul II fait souvent des affirmations ou des déclarations
qui conduisent à l'hérésie, il est néanmoins difficile
de prouver qu'il se rend compte qu'il rejette un dogme
de l'Église. Il apparaît que, dans sa conduite, Jean-Paul
II est profondément convaincu qu'il rend le meilleur service
à l'Église12.
Comment est il possible pour des sujets de prouver avec
une certitude morale que le Pape, au plus profond de son
cœur (c.a.d. en lui-même), espère et travaille sciemment
pour le mal de ses sujets, et que c'est pour cette raison
qu'il a promulgué des lois mauvaises? Ce n'est pas possible.
Comme un libéral typique, Jean-Paul II multiplie les déclarations
ambiguës, et fait des concessions pour plaire au monde.
Il peut se produire qu'il prononce des déclarations hérétiques
sans même s'en rendre compte: donc, il ne peut être considéré
comme un hérétique formel.13
En conséquence, aussi longtemps qu'il nous est impossible
de conclure avec une preuve sûre, il est plus prudent
de s'abstenir de juger. Ce fut l'attitude prudente de
Mgr Lefebvre.
4.
Problèmes avec la thèse sédévacantiste:
Après l'étude le la possibilité
théologique et canonique pour un pape de tomber dans l'hérésie,
je voudrais couvrir un sujet qui nous touche de près:
ce que nous devons penser au sujet des théories sédévacantistes
qui se répandent autour de nous.
4.1.
Au sujet des qualités de l'Église: Visibilité et
Indéfectibilité: La difficulté
majeure du sédévacantisme est de pouvoir expliquer comment
l'Église peut continuer d'exister d'une manière visible,
alors qu'elle a été dépouillée de sa tête. St. Robert
Bellarmin expose la croyance universelle et constante
dans la visibilité de l'Église. Il dit que c'est prouvé
par la nécessité d'obéir à la tête visible de l'Église,
sous peine de damnation éternelle14.
La visibilité de l'Église est directement liée au Pontife
Romain. Le Concile Vatican I a enseigné que la permanence
et la source de l'unité de l'Église dépendent de l'existence
perpétuelle du Pontife Romain: "Pour que l'épiscopat
fût un et non-divisé, pour que, grâce à l'union étroite
et réciproque des pontifes, la multitude entière des croyants
soit gardée dans l'unité de la foi et de la communion,
plaçant le bienheureux Pierre au-dessus des autres Apôtres,
Il établit en sa personne le principe durable et
le fondement visible de cette double unité (...) Parce
que les portes de l'enfer se dressent de toutes parts
avec une haine de jour en jour croissante contre ce fondement
établi par Dieu, pour renverser, s'il se pouvait, l'Église,
Nous jugeons nécessaire pour la protection, la sauvegarde
et l'accroissement du troupeau catholique, avec l'approbation
du saint concile, de proposer à tous les fidèles la doctrine
qu'ils doivent croire et tenir sur l'institution, la
perpétuité et la nature de la primauté du Siège apostolique,
sur lequel reposent la force et la solidité de l'Église,
conformément à la foi antique et constante de l'Église
universelle, et aussi de proscrire et de condamner les
erreurs contraires, si pernicieuses pour le troupeau du
Seigneur."15
Dom Gréa utilise des termes très forts pour expliquer
la perpétuité du Siège de Pierre: "Si l'institution
de Saint Pierre est telle que par lui, et par lui seulement,
Jésus-Christ, chef de l'Église, soit rendu visible…. Il
est manifeste qu'une pareille institution doit durer autant
que l'Église, puisque l'Église ne peut être un seul instant
privée de la communication de vie qui lui vient de son
chef. Si donc l'Église ne peut se passer un seul jour
de la présence manifestée et du gouvernement extérieur
et visible de son divin époux, il a bien fallu pourvoir
à la succession de Saint Pierre."16
Cette citation de Dom Gréa doit être comprise correctement.
Entre la mort d'un pape et l'élection du suivant, il y
a une période d'interrègne où le gouvernement visible
de l'Église au jour le jour est assuré par les offices
du Saint Siège. Voici comment la permanence de l'institution
de St. Pierre se continue d'un pape à son successeur.
Les Papes St. Pie X, Pie XI, Pie XII, Jean XXIII, Paul
VI et Jean-Paul II établirent des règles précises pour
le temps de la vacance du Siège Apostolique, entre la
mort d'un pape et l'élection de son successeur. Ces règles
précisent les pouvoirs de cardinaux et de la curie romaine
durant l'interrègne. Le plus long interrègne de l'histoire
de l'Église ne fut que de trois ans. Maintenant, pour
ceux qui suivent la théorie des sédévacantistes, l'Église
serait sans pape pour au moins quarante ans. Les sédévacantistes17
prétendent qu'ils ne rejettent pas la papauté, la primauté
et l'indéfectibilité de l'Église, mais c'est un fait qu'ils
ne peuvent pas nous dire de façon objective qui sera le
prochain pape, et par qui il sera élu. Voilà la difficulté
principale de leur thèse.
|
|
|
Le
Pape John Paul I
(1912-1978) |
4.2.
Election des papes récents:
Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul I & II: La Constitution
Apostolique Cum ex Apostolatus du Pape Paul IV
(1555 - 1559) déclare invalide l'élection d'un hérétique
à n'importe quelle fonction ecclésiastique, y compris
le pontificat suprême. Cependant, cette bulle ne peut
pas être utilisée pour prouver l'invalidité de l'élection
de Paul VI et de Jean-Paul II. Tout d'abord, il faut rappeler
que cette bulle était simplement disciplinaire, et non
pas doctrinale. Depuis ce temps, l'Église a jugé qu'il
serait préférable pour elle d'être gouvernée validement
par un hérétique; que de se retrouver dans une situation
où elle serait gouvernée invalidement par un hérétique,
dont tous les actes seraient nuls et non avenus. La loi
gouvernant les élections papales qui était en vigueur
au moment des élections des Papes Jean XXIII et Paul VI
est celle publiée par ordre du Pape Pie XII, le 8 décembre
1945: "Aucun cardinal - sous aucun prétexte
ou raison d'excommunication, suspense ou interdit,
ou sous aucun autre empêchement ecclésiastique - ne peut
être exclu de l'élection active et passive du Souverain
Pontife. En conséquence, nous suspendons l'effet de
telles censures seulement pour les raisons de la dite
élection; en toute autre occasion, elles (les censures)
restent en vigueur."18
Maintenant, la participation 'active' à une élection
signifie le vote, et la participation 'passive' signifie
la possibilité d'être élu, en devenant le sujet 'passif'
de l'élection. Donc, aucun cardinal sujet de 'n'importe
quelle excommunication' n'était 'exclu de l'élection
active et passive du Souverain Pontife', et n'importe
lequel d'entre eux aurait pu devenir pape. Donc, même
si Jean XXIII et Paul VI avaient pu être excommuniés pour
quelque raison que ce soit, ils auraient néanmoins été
élus validement à la papauté. La même conclusion peut
être appliquée à Jean-Paul I et Jean-Paul II, qui ont
été élus sous une législation substantiellement identique,
publiée le 1er octobre 1975 par le Pape Paul VI. Eux aussi
ont été élus validement. Le Père Brian W. Harrison commente:
"Si la loi de l'Église exigeait qu'un cardinal
soit libre de toute censure ecclésiastique pour être éligible
à la papauté, les électeurs ne pourraient avoir aucune
garantie qu'un candidat n'était de fait pas éligible à
cause d'un crime secret par lequel il aurait encouru l'excommunication.
Sans le réaliser, ils auraient contribué à une élection
invalide, dans laquelle le 'pape' qu'ils auraient élu
ne serait pas vraiment pape. L'invalidité de ses actes
serait alors une sorte de cancer spirituel, qui détruirait
lentement de l'intérieur les structures vitales de l'Église:
les évêques nommés par lui n'auraient pas de droit véritable
à gouverner leurs diocèse respectifs; aucune législation
passée par lui n'aurait force de loi; et, en particulier,
les cardinaux nommés par lui ne pourraient validement
élire un futur pape. Comment donc pourrait-on avoir à
nouveau un vrai pape? Qui serait compétent pour trancher
la situation? Au moment où le fait de cette excommunication
occulte serait révélé au grand jour, le chaos qui s'en
suivrait serait inimaginable. Personne ne pourrait savoir
de façon certaine qui aurait encore une autorité réelle
dans l'Église, et un schisme - probablement une série
de schismes - seraient presque inévitables. Pour cette
situation catastrophique, les lois de l'Église ont donc
prévu que, s'il est élu pape, même un hérétique secret
ou même un apostat pourrait effectivement monter sur la
Chaire de Pierre avec tous les droits de juridiction sur
l'Église universelle sur la terre."19
Mgr. Lefebvre fit aussi allusion au sujet d'un autre problème
qui aurait pu affecter l'élection des papes récents: "L'éloignement
des cardinaux de plus de 80 ans, et les conventicules
qui ont préparé les deux derniers Conclaves ne rendent-ils
pas invalide l'élection de ces Papes: invalide, c'est
trop affirmer, mais éventuellement douteux. Toutefois
l'acceptation de fait postérieure à l'élection, et unanime
de la part des cardinaux et du clergé romain suffit à
valider l'élection. C'est l'opinion des Théologiens."20
4.3.
Le cas du Cardinal Siri:
Certains sédévacantistes arguent
que plusieurs défauts sérieux ont affecté les Conclaves
qui ont élu les Papes Jean XXIII, Paul VI et, par voie
de conséquence, Jean-Paul I et Jean-Paul II. Il est
prétendu que le Cardinal Giuseppe Siri, l'ancien Archevêque
de Gênes en Italie, aurait été élu pape au cours des Conclaves
de 1958, 1963 et, peut-être 1978. Le Cardinal Siri
était extrêmement populaire en Italie, surtout en raison
de ses importantes réalisations dans le domaine social
à Gênes. Il était aussi considéré comme un conservateur
affermi, bien qu'il ne se soit pas levé pour défendre
publiquement la Tradition durant le Concile Vatican II.
Donc, apparemment, le Cardinal Siri aurait été élu pape
durant le Conclave qui a suivi la mort du Pape Pie XII.
D'aucuns vont même jusqu'à affirmer qu'il aurait accepté
l'élection de ses frères cardinaux, et aurait pris le
nom de Grégoire XVII. Peu de temps avant que l'élection
ne soit rendue publique au monde, un groupe de cardinaux
se serait révolté contre lui, et l'aurait forcé à renoncer
au pontificat suprême. Puis le Cardinal Roncalli fut choisi
et apparut au monde sous le nom de Jean XXIII. Certains
sédévacantistes disent avoir trouvé un rapport du FBI
qui étaye cette hypothèse. Ils ajoutent que le 'Pape
Siri' a créé secrètement des cardinaux pour
pouvoir lui succéder dans le futur. Franchement, cette
hypothèse n'a pas de sens, pour un certain nombre de raisons.
Tout d'abord, il y a une loi de l'Église qui lie sous
le sceau du secret tous les participants à un conclave,
sous peine d'excommunication envers quiconque brisera
un tel sceau. Même si le Cardinal Siri avait été élu
correctement comme pape, c'est un fait qu'il ne le montra
jamais en public. Il était parmi les cardinaux qui rendirent
allégeance aux Papes Jean XXIII et Paul VI. Après les
Conclaves de 1968 et de 1963, il retourna à son diocèse
de Gênes. En 1969, quoique à contrecoeur, il adopta le
Novus Ordo Missae. Entre-temps, un prêtre français, M.
l'abbé Guérin, avait établi une communauté 'conservatrice'
de prêtres à Gênes. Dans les années 70, M. l'abbé Guérin
vivait à Paris, en France, où il célébrait une messe Novus
Ordo toute en Latin, avec barrette et encens à laquelle
j'ai assisté quelques fois. Je connais personnellement
deux membres de la communauté de M. l'abbé Guérin qui
ont été ordonnés prêtres par le Cardinal Siri. Ils ont
maintenant un apostolat en France, et disent la Nouvelle
Messe. Leur ordination eut lieu avec le Nouvelle Messe,
quoique de façon plus traditionnelle. Finalement, le
Cardinal Siri est mort en 1989. Mais la raison la
plus importante pour laquelle nous devons écarter la thèse
du 'Pape Siri', c'est le principe fondamental selon
lequel une acceptation paisible d'un pape par l'Église
Universelle est le signe infaillible et l'effet d'une
élection valide. Tous les théologiens sont d'accord
sur ce point. Le Cardinal Billot dit: "Dieu
peut permettre qu'une vacance du Siège Apostolique dure
un certain temps. Il peut aussi permettre que quelque
doute s'élève sur la légitimité de telle ou telle élection.
Cependant, Dieu ne permettra jamais que l'Église toute
entière reconnaisse comme pape quelqu'un qui ne l'est
pas réellement et légalement. De telle sorte que, dès
qu'un pape est accepté par l'Église et qu'il est uni avec
elle comme la tête est unie au corps, on ne peut plus
élever le moindre doute que l'élection aurait été viciée…
Car l'acceptation universelle de L'Église guérit à la
racine n'importe quelle élection viciée."21
Maintenant, la preuve par l'absurde: imaginons que
j'aie complètement tort et que, en réalité, le Cardinal
Siri fut bel et bien le vrai pape qui est sorti des Conclaves
de 1958 et 1963. Allons plus loin: imaginons pour un
moment que le 'Pape Siri' nomma secrètement des
cardinaux pour pouvoir lui succéder après sa mort.
De tels cardinaux nommés secrètement sont appelés cardinaux
in pectore (près du cœur). Il arriva un certain
nombre de fois dans l'histoire de l'Église que des papes
créèrent des cardinaux in pectore. Pour différentes raisons,
les papes n'ont pas voulu rendre public leurs noms, au
moins pour un certain temps. Habituellement, la raison
invoquée était pour protéger la vie de tels cardinaux,
vivant dans des pays où l'Église est persécutée. Ce fut
le cas du Cardinal Slipyj, tête de l'Église Ukrainienne
de 1944 à 1984. Il y a cependant une règle qui dit
que le nom de tout cardinal créé in pectore doit
être rendu public par le pape qui l'a nommé. Donc,
tous les cardinaux créés en secret dont le nom n'a pas
été rendu public avant la mort du pape qui les a nommés
perdraient automatiquement leur titre22.
Ce fut le cas du Cardinal Slipyj, qui avait été nommé
Cardinal in pectore par Jean XXIII en 1960. Vu que Jean
XXIII ne révéla jamais son nom, le Cardinal Slipyj ne
put participer au Conclave de 1963. Cependant, en 1965,
le Pape Paul VI restaura officiellement le titre du Cardinal
Slipyj, lui donnant ainsi tous les droits et privilèges
d'un cardinal de la Sainte Église Romaine. En conséquence,
tous et chacun des cardinaux qui auraient été nommés secrètement
par le 'Pape Siri' perdirent leur titre en 1989,
à la mort du Cardinal Siri, et perdirent aussi automatiquement
le droit de participer à l'élection du successeur du 'Pape
Siri'. Un tel argument n'est peut être pas concluant
pour certains. Ils peuvent essayer de nous dire que le
'Pape Siri' changea la loi de l'élection pontificale
de façon à permettre aux cardinaux in pectore d'y
participer, et ainsi d'assurer l'élection de son successeur.
Quand on va si loin, la seule chose que nous pouvons dire
est que ces malades de la conspiration ont perdu complètement
contact avec la réalité.
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S. E. Mgr. Peter Martin
Ngo-Dinh-Thuc
(1897-1984) |
4.4.
Le cas de Mgr. Thuc:
Peu importe les divisions du monde sédévacantiste, c'est
un fait établi qu'il survit sacramentellement grâce aux
consécrations épiscopales de Mgr. Martin Ngo-Dihn-Thuc
(1897-1984). Mgr. Thuc était l'ancien Archevêque Catholique
Romain de Hué, au Vietnam. À l'époque de la chute
du Vietnam au communisme en 1975, il dût s'exiler en dehors
du pays, et fut plus ou moins abandonné par les autorités
romaines. En 1976, il consacra évêque Clemente Dominguez,
le fondateur de la secte de Palmar de Troya, en Espagne.
Mgr. Thuc fut alors excommunié par le Vatican à cause
de cette consécration, mais fut " réconcilié "
par Paul VI au cours de la même année. En 1977, il consacra
évêque Mgr. Laborie, le fondateur de la secte appelée
Église Latine de Toulouse. Puis, en 1981-1982, il
consacra évêque Mgr. Guérard des Lauriers, ainsi que trois
autres évêques, en différentes cérémonies tenues en secret
dans son appartement de Toulon, en France. En 1982, il
publia un document appelé la Déclaration de Munich par
lequel il déclara Vacant le Siège de Pierre, autrement
dit que Jean-Paul II avait perdu sa charge. Puis, Mgr.
Thuc fut finalement " réconcilié " par
le Vatican peu avant sa mort, en 1984. Ainsi, de 1976
à sa mort, Mgr. Thuc a oscillé entre le sédévacantisme
et la réconciliation avec le Vatican. Ce fait est suffisant
pour qu'on s'interroge sur le sérieux de la Déclaration
de Munich. Je pense que c'était un homme bon, qui fut
abusé par beaucoup en raison sa disponibilité à consacrer
des évêques; mais il ne pourrait pas être considéré comme
celui que Dieu a choisi comme instrument de sa Providence,
quoique son action apparut providentielle aux sédévacantistes!23
N'oublions pas que les évêques
sédévacantistes, et les prêtres qu'ils ont ordonnés viennent
tous de la lignée épiscopale de Mgr. Thuc.
5.
Attitude sédévacantiste:
5.1.
Messe Una Cum: Mgr. Guérard
des Lauriers24
avait l'habitude de dire que: "citer le nom de
Jean-Paul II au Te Igitur de la Sainte Messe est objectivement
et inéluctablement un double crime de sacrilège et de
schisme capital." Au contraire, l'expression
Una Cum du Canon de la Messe ne signifie pas qu'on
affirme qu'on soit 'en communion' avec les opinions
erronées du pape, amis plutôt qu'on veut prier pour l'Église
et 'pour' le pape, sa tête visible. Pour être
certain de cette interprétation, signalons la rubrique
du missel pour la célébration de la messe par un évêque.
Dans ce cas, l'évêque doit prier pour l'Église 'Una
cum… me indigno famulo tuo', ce qui ne signifie pas
qu'il prie 'en communion avec… moi-même, votre indigne
serviteur' (ce qui n'aurait pas de sens!), mais qu'il
prie 'et pour…moi-même, votre indigne serviteur.'
On peut donc dire que ceux qui refusent de nommer le pape
durant le canon de la messe pensent que l'Église a perdu
sa tête visible. Cette attitude est schismatique!
5.2.
Validité des nouveaux Sacrements:
Beaucoup de sédévacantistes soutiennent que la Nouvelle
Messe et les nouveaux sacrements sont toujours invalides.
Ils considèrent que tous les prêtres ordonnés dans le
nouveau rite, après 1969, ne sont pas prêtres. A ce sujet,
qu'on me permette de citer Mgr. Lefebvre: "Or
il est aisé de démontrer que la Messe nouvelle … manifeste
un rapprochement inexplicable avec la théologie et le
culte protestants. Les dogmes fondamentaux de la Sainte
Messe n'apparaissent plus clairement et sont même contredits…
Doit-on pour autant dire que toutes ces Messes sont invalides?
Des lors que les conditions essentielles existent pour
la validité, c'est-à-dire la matière, la forme, l'intention
et le prêtre validement ordonné, on ne voit pas comment
on pourrait l'affirmer. Les prières de l'offertoire, du
Canon et de la communion du Prêtre qui entourent la Consécration
sont nécessaires à l'intégrité du Sacrifice et du Sacrement
mais non à sa validité…Qu'il y ait toujours moins de Messes
valides à mesure que la foi des prêtres se corrompt et
qu'ils n'aient plus l'intention de faire ce qu'a toujours
fait l'Église, car 1'Église ne peut changer d'intention,
c'est évident. La formation actuelle de ceux qui sont
dits séminaristes ne les prépare pas à accomplir des Messes
valides."25
5.3.
Confusion sur la vraie nature de l'Église:
A ce point, je voudrais pouvoir donner un diagnostic
de l'attitude sédévacantiste. "Les sédévacantistes
sont vraiment obsédés par la question de la papauté. On
peut se demander si chez beaucoup d'entre eux, cela n'est
pas dû à une sorte de traumatisme psychologique. Leur
vénération ancestrale pour le pape semble avoir déclenché
une véritable panique à la vue du contraste qu'il existe
entre - leur image idéalisée et chérie de la papauté -
et la réalité des Papes Paul VI et Jean-Paul II. Le
sédévacantisme apparaît davantage comme un problème psychologique
que théologique… Nous voyons donc trop bien les effets
que ces considérations théologiques peuvent produire sur
des Catholiques passionnés. Ils sont devenus leur propre
pape. Ils jugent leurs prêtres. Beaucoup d'entre eux
n'ont plus recours au sacrement de pénitence. Ils ne
prêtent plus l'oreille aux enseignements infaillibles
de l'Église. De façon générale, ils apportent la ruine
morale sur leurs familles."26
Leur image chérie et idéaliste de la papauté les conduit
à agir en pratique comme si l'Église était seulement une
institution divine. Au contraire, l'Église fondée par
Jésus-Christ, est à la fois divine et humaine. Elle
est divine dans son origine, dans la personne de son fondateur
et dans sa tête invisible… mais elle est humaine dans
ses membres, en particulier dans sa tête visible, le pape.
En tant que divine, l'Église est l'épouse du Christ sans
tache et sans souillure… mais, en tant qu'humaine, l'Église
est composée d'hommes qui, comme vous et moi, sont des
pécheurs. Ainsi donc, nous ne devrions pas être surpris
si le présent pape peut trahir son maître, comme le fit
St. Pierre. Avec le sédévacantisme, nous voyons revivre
les vielles erreurs de Jean Wycliffe et Jean Hus, qui
prétendaient que les pécheurs avaient cessé d'être membres
de l'Église. Voici quelques propositions condamnées
au Concile de Constance (1414-1418): "Si le pape
est réprouvé et mauvais, et par conséquent, un membre
du diable, personne ne lui a donné de pouvoir sur les
fidèles, sauf peut-être César."27
et: "Si le pape est mauvais et surtout s'il est
réprouvé, comme Judas l'apôtre, il est du diable… et il
n'est pas la tête de la Sainte Église militante, car il
ne lui appartient pas."28
5.4.
Subjectivisme: Peu
importe comment ils essayent de justifier leur position,
il nous faut admettre que la thèse sédévacantiste n'est
pas basée sur des faits objectifs, mais plutôt sur du
subjectivisme. Le critère objectif requis par la théologie
Catholique pour la reconnaissance d'un vrai pape est la
reconnaissance de l'élu par les cardinaux, les évêques
et par toute l'Église. Dans le cerveau des sédévacantistes,
ce critère ne peut plus être objectif, mais devra nécessairement
faire appel à une source qui est fondamentalement subjective,
même si on essayera de se justifier en la faisant apparaître
comme objective. Parce que l'attitude sédévacantiste
n'est pas basée sur les principes sûrs et objectifs de
la théologie Catholique, on ne doit pas être surpris de
voir certains renversements et retournements pour le moins
surprenants: dans les années 80, le P. Olivier de Blignières,
qui était un ardent défendeur de la thèse sédévacantiste
du P. Guérard des Lauriers, avait fondé en France une
communauté. Puis, en 1988, dans la foulée du Motu Proprio
Ecclesia Dei Afflicta du Pape Jean-Paul II, le
même P. de Blignières fit un retournement complet, et
se mit entre les mains de la commission Ecclesia Dei.
Sa communauté, sous le nom de Fraternité St. Vincent Ferrier,
fut immédiatement reconnue par les autorités romaines,
et obtint le statut de droit pontifical. Au cours des
années 80, dans le domaine doctrinal, le P. de Blignières
pensait que la liberté religieuse était hérétique. Maintenant,
il écrit des livres pour justifier la liberté religieuse
de Vatican II.
6.
Jugement sur le sédévacantisme: Pourrions-nous dire
que la thèse sédévacantiste est simplement une thèse erronée,
mais que nous devrions tolérer dans un esprit de charité?
Non, je pense que le sédévacantisme est très dangereux.
Il conduit à une attitude qui n'est pas Catholique, mais
schismatique.
6.1.
Schisme: "En
conséquence, il est vrai qu'il peut y avoir quelque discussion
théologique de savoir si les sédévacantistes sont formellement
schismatiques ou non. La réponse à cela dépend du degré
de sédévacantisme. Il y a des sédévacantistes radicaux,
qui disent que nous sommes hérétiques puisque nous sommes
en communion avec un hérétique (Wojtyla). Ceux-ci sont
certainement schismatiques, car ils rejettent clairement
la communion avec les vrais Catholiques, qui ne sont aucunement
modernistes. En faisant de leur sédévacantisme quasiment
un article de foi, ils tombent certainement dans la catégorie
de personnes visées par le Canon 1325§ 2 qui déclare
schismatique: "Est schismatique celui qui rejette
la communion avec les membres de l'Église qui lui (le
Souverain Pontife) sont soumises." C'est en conséquence
par leur refus d'être une partie de l'Église, et parce
qu'ils font de fait une 'église' selon leurs idées, que
les sédévacantistes sont certainement schismatiques."29
C'est exactement les cas du CMRI (Mont St. Michel, à Spokane),
qui dit: "Est-ce que les Catholiques traditionnels
sont sujets de la hiérarchie locale, et ultimement de
Rome?... Il (le sédévacantiste) reconnaît que, de fait,
il n'est point sujet et sous l'obéissance de Jean-Paul
II."30
D'autres sédévacantistes disent que, compte tenu de la
défaillance de la hiérarchie de Vatican II, ils peuvent
maintenant élire leur pape. Une telle théorie est appelée
Conclavisme. C'est la catégorie la plus radicale
du sédévacantisme, mais de fait la plus logique. Il y
a maintenant une vingtaine de 'papes' dans le monde,
par exemple 'Grégoire XVII', de St. Jovite au Québec;
'Pie XIII' aux Etats-Unis… Certainement, le
Conclavisme est schismatique. Cela veut-il dire que
tout et chacun sédévacantiste est un schismatique formel?
Je n'irai pas jusque là. Parmi les gens qui suivent
les théories sédévacantistes, il y a un certain nombre
de Catholiques perplexes qui sont attirés par les réponses
'simples' et 'claires' des maîtres sédévacantistes
aux problèmes de la situation dans l'Église. C'est
principalement à ces Catholiques perplexes que cette étude
est adressée: méfiez vous des mirages du sédévacantisme,
ils vont vous éloigner de l'Église et des sacrements!
6.2.
Maladie spirituelle des sédévacantistes:
6.2.1.
Désolation spirituelle:
Est-il possible de comprendre l'état d'un esprit sédévacantiste?
Je dirais qu'il est caractérisé par une idée fixe, qui
est presque une obsession. Apparemment, leur esprit
s'est figé sur le problème du pape, qui leur apparaît
comme étant très sérieux et très urgent. C'est un cas
typique de Désolation Spirituelle, par laquelle leur âme
est troublée aussi longtemps qu'une 'réponse claire'
n'a pas été trouvée à ce problème sérieux. Les sédévacantistes
affirment qu'il y a un besoin urgent de faire un jugement
sur les papes de Vatican II. Pour eux, c'est LE problème
fondamental sur lequel tous les Catholiques traditionnels
devraient s'appliquer. Par exemple, voici une citation
de Mgr. Pivarunas: "Aussi déplaisant que ce soit,
les Catholiques traditionnels sont confrontés au problèmes
terribles et aux questions brûlantes: Est-ce que l'Église
Conciliaire est l'Église Catholique? Est-ce que Jean-Paul
II, en tant que tête de l'Église Conciliaire, est un vrai
pape?... Le moins qu'on puisse dire, c'est que la question
du pape est une question difficile, et qui n'est pas plaisante;
mais c'est une question nécessaire et d'importance qui
ne peut être ignorée."31Résumons
l'approche sédévacantiste du problème du pape: #1: c'est
une question qui leur tient à cœur; #2: ils réclament
une réponse finale avec une certitude absolue; #3: ce
problème est tellement urgent qu'il devient le centre
le leur attention, au point de perdre de vue le reste.
Ainsi, ce n'est pas tant contre l'Église Moderne - dont
il ne font pas grand cas - qu'ils dirigent leurs flèches,
mais contre leurs frères Catholiques traditionalistes
qui ne partagent pas leurs conclusions. St. François de
Sales a souffert une Désolation Spirituelle très
semblable. C'était au sujet de la prédestination. Son
intelligence était engluée dans ce problème et l'angoisse
d'être réprouvé quoi qu'il fasse ne le quittait jamais.
Plus il étudiait, plus des questions nouvelles apparaissaient,
et plus il désespérait. Comment St. François a t'il été
capable de sortir de cette prison intellectuelle? Un
jour, il tomba à genoux devant une statue de Notre-Dame
et dit: "O Sainte Vierge, je sens que je vais
être damné. Si je dois maudire Dieu pour toute éternité,
je voudrais au moins vous offrir cette journée pour rendre
gloire à Dieu." Il se releva guéri. Il était
parvenu à mettre son obsession au second plan au profit
de l'humble accomplissement du devoir quotidien. Appliquons
cet exemple au parasite sédévacantiste: "Qui sait
si Jean-Paul II est pape? Qui sait si la Fraternité St.
Pie X est schismatique, car elle reconnaît le pape et
ne lui obéit pas?" Dans un cerveau sédévacantiste,
de telles questions produisent des réactions émotives
profondes, qui conduisent à la colère et à la panique:
le sédévacantiste exige une réponse complète tout de suite.
Cette sorte de Désolation Spirituelle est très
dangereuse. Elle menace des âmes pieuses, qui se sont
convaincues qu'elles trahiraient leur conscience, si elles
oseraient ignorer ces problèmes fondamentaux. Ce problème
afflige les personnes qui sont tentées par l'orgueil intellectuel,
et qui ont une tendance à rechercher les solutions les
plus extrêmes et les plus désespérées, comme le Frère
Michael Diamond, du Monastère de la Très Sainte Famille.
6.2.2.
Remède: Dans le livre
des Exercices Spirituels, St. Ignace de Loyola donne les
règles du Discernement des Esprits. Voici celles qui
devraient être appliquées au cas de Désolation Spirituelle
des sédévacantistes: ne faire aucun changement aux
résolutions précédentes (5e règle); contre-attaquer la
tentation par la prière et la pénitence (6e règle); poser
un acte de volonté par lequel on refuse de se laisser
enfermer dans une controverse qu’on est pas qualifié pour
résoudre (12e règle). Pour atteindre ce but, il faut
pratiquer une stricte discipline intellectuelle et une
mortification de la volonté propre, autrement dit l'humilité.
Dans notre vie de tous les jours, il y a beaucoup de problèmes
que nous sommes incapables de résoudre, car nous ne sommes
pas qualifiés pour. Il nous faut savoir le reconnaître
avec humilité. Plus encore, je pense qu'il est nécessaire
de calmer et de dédramatiser le problème du pape: quand
vous allez apparaître devant St. Pierre, ne pensez pas
qu'il vous demandera quelle opinion vous avez eu au sujet
de l'un de ses successeurs. Soyons clair: je ne prétend
pas vouloir évacuer le problème réel de l'Église depuis
Vatican II, mais simplement donner quelques règles simples
de discipline intellectuelle pour dédramatiser la question
sédévacantiste, qui apparaît clairement comme un cas de
Désolation Intellectuelle. Souvenez-vous toujours
que le démon est un menteur. Il se sert du parasite sédévacantiste
pour détourner certaines âmes pieuses des moyens de sanctification,
la messe et les sacrements. Soyez sur vos gardes!
7.
La vraie nature du Magistère Infaillible:
7.1.
Est-il concevable qu'on puisse trouver une hérésie
dans un document du Magistère?
Une étude superficielle des théologiens qui ont parlé
au sujet du pape hérétique conduirait à une réponse négative
à cette question. Examinée avec des lunettes sédévacantistes,
on en viendrait à la conclusion que l'existence d'hérésies
dans le magistère de Jean-Paul II est une preuve de plus
qu'il ne serait pas pape, et donc que tout son magistère
serait nul et non avenu. Cependant, il est un fait que
tous les auteurs qui ont étudié la possibilité d'un
pape hérétique ont seulement considéré la possibilité
du pape hérétique en tant que personne privée32,
et ont considéré la possibilité d'une hérésie dans un
document officiel comme étant hors de question, comme
le rapporte Xavier de Silveira33
En conséquence, dans son article sur l'infaillibilité
du pape, Dublanchy dit qu'il ne peut être conclu que,
par raison de son infaillibilité, le pape ne peut jamais
tomber dans l'hérésie en tant que docteur privé.34
7.2.
Faillible ou Infaillible?
Seulement récemment, après la définition de l'infaillibilité
à Vatican I, le sujet de l'infaillibilité du Magistère
Ordinaire est rentré dans le débat théologique. Il est
très important d'avoir des idées claires sur la nature
du magistère infaillible du pape. Je voudrais recommander
le livre “Pope or Church?” (35) qui contient deux
essais sur l'infaillibilité du Magistère Ordinaire. Ce
livre a été résumé dans un article publié dans le numéro
de Janvier 2002 de la revue SiSi NoNo (version
anglaise): "La chose qui donne le plus de souci
aux Catholiques dans la crise présente de l'Église, c'est
précisément le 'problème du pape'. Il nous faut des idées
claires à ce sujet. Nous devons éviter le naufrage à droite
et à gauche, d'un côté par l'esprit de rébellion, de l'autre
par une obéissance inadéquate et servile. L'erreur magistrale
sous-jacente à beaucoup de catastrophes actuelles, c'est
de croire que le 'Magistère Authentique' n'est rien d'autre
que le 'Magistère Ordinaire'." Il est très important
de bien comprendre ce qui est et ce qui n'est pas infaillible
dans le magistère du pape. Xavier de Silveira affirme
qu'on ne peut pas exclure la possibilité de l'existence
d'une hérésie dans un document pontifical non infaillible36.
Le R. P. Le Floch, supérieur du séminaire français
de Rome, prédit en 1926: "L'hérésie qui est
en train de naître sera la plus dangereuse de toutes:
l'exagération du respect dû au pape et l'extension illégitime
de son infaillibilité." L'un de ses étudiants
n'était rien d'autre que le futur Archevêque Marcel Lefebvre.
7.3.
Le cas du Magistère Conciliaire:
Je voudrais mentionner un article très fouillé de M. l'abbé
Alvaro Calderon, FSSPX, publié dans Le Sel de la Terre.37
Dans cet article, M. l'abbé Calderon analyse les conditions
requises pour l'infaillibilité du Magistère Ordinaire.
Il en conclut que le magistère conciliaire (Vatican II
et post-conciliaire) n'est pas couvert par le charisme
de l'infaillibilité: "Il existe deux manières
d'exercer le charisme de l'infaillibilité, l'une extraordinaire,
l'autre ordinaire et universelle. Or, gagnées par le
libéralisme, les autorités conciliaires n'ont pas voulu
enseigner avec infaillibilité sur le mode extraordinaire;
et pour cette raison même, elles ont empêché le magistère
ordinaire d'atteindre l'universel. C'est pourquoi le
magistère conciliaire n'est pas infaillible et ne
pourra le devenir d'aucune manière tant que les autorités
ecclésiastiques ne se départiront pas de leur libéralisme."38
N'oublions pas que les deux papes Jean XXIII et Paul VI
n'ont pas voulu que le Concile Vatican II soit un concile
dogmatique, mais un concile pastoral en vue de pourvoir
aux nécessités du monde moderne. La peur à utiliser le
charisme d'infaillibilité est typique des libéraux. Mgr.
Lefebvre parla du libéralisme de Paul VI: "Le
libéralisme de Paul VI, reconnu par son ami le Cardinal
Daniélou, est suffisant pour expliquer les désastres de
son Pontificat. Le Pape Pie IX en particulier a beaucoup
parlé du Catholique libéral, qu'il considérait comme le
destructeur de l'Église. Le Catholique libéral est une
personne à double visage, dans la contradiction continuelle.
II veut demeurer catholique et est possédé par la soif
de plaire au monde. II affirme sa foi avec crainte de
paraître trop dogmatique et il agit en fait comme les
ennemis de la foi catholique. Un Pape peut-il être libéral
et demeurer Pape ? L'Église a toujours réprimandé sévèrement
les catholiques libéraux. Elle ne les a pas tous excommuniés."39
8.
Une attitude Catholique pour notre temps:
8.1.
Reconnaissance: Comme
Catholiques, nous sommes tenus de croire tout ce que
l'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique croit
et enseigne et nous désirons de tout notre cœur mourir
dans cette foi, car hors de l'Église il n'y a pas de salut.
Nous professons aussi une communion parfaite avec Pierre
et avec son successeur légitime, et pour rien au monde
nous ne nous séparerons de Pierre, le Rocher sur lequel
Jésus-Christ a fondé son Église. Nous croyons fermement
à l'infaillibilité pontificale telle qu'elle a été définie
par le Premier Concile du Vatican. Nous reconnaissons
que le pouvoir du pape n'est pas absolu, mais qu'il
est délimité par la Sainte Écriture et la Tradition.
A Dieu seul nous rendons une obéissance illimitée et inconditionnelle.
8.2.
Résistance:
Nous résistons aux autorités ecclésiastiques
quand elles s'écartent de la Tradition. Soyons clairs:
ce n'est pas par un jugement particulier que nous choisissons
ce que nous voulons suivre dans les enseignements du Pape
Jean-Paul II, mais c'est en vertu du critère objectif
qu'est la Tradition. La Fraternité St. Pie X a pris un
engagement clair et définitif en faveur de la Tradition.
De ce fait, nous avons le droit de refuser les documents
officiels qui s'écartent des 2000 ans de Tradition. Citons
quelques théologiens de renom. St. Thomas d'Aquin enseigne
que, dans des situations extrêmes, il est licite de s'opposer
publiquement à une décision papale, comme St. Paul résista
à St. Pierre (Galatiens II, 14): "Cependant, on
doit observer que, si la foi est en danger, un sujet pourrait
réprimander son prélat, même publiquement. C'est ainsi
que Paul, qui était sujet de Pierre, réprimanda celui-ci
en public suite au danger imminent de scandale concernant
la foi et, comme le dit St. Augustin dans son commentaire
sur Gal II, 11: "Pierre donna un exemple à
ses supérieurs que, si à n'importe quel moment, ils devaient
sortir de la voie droite, ils devraient s'attendre à être
repris par leurs sujets."" (Somme théologique
IIa IIae, Qu. 33, article 4, ad2). St. Robert Bellarmin
dit: "Il est licite de résister à un Souverain
Pontife qui essaye de détruire l'Église. Je dis qu'il
est licite de lui résister en ne suivant pas ses ordres,
et en empêchant l'exécution de sa volonté" (De
Romano Pontifice, Lib. II, c.29). Le Pape Léon XIII dit:
"Mais, dès que le droit de commander fait défaut,
ou que le commandement est contraire à la raison, à la
loi éternelle, à l'autorité de Dieu, alors il est légitime
de désobéir, nous voulons dire aux hommes, afin d'obéir
à Dieu." (Encyclique Libertas #13). Dom Guéranger:
"Quand le pasteur se change en loup, c'est au
troupeau de se défendre tout d'abord. Régulièrement sans
doute la doctrine descend des évêques au peuple fidèle,
et les sujets, dans l'ordre de la foi, n'ont point à juger
leurs chefs. Mais il est dans le trésor de la révélation
des points essentiels, dont tout chrétien, par le fait
même de son titre de chrétien, a la connaissance nécessaire
et la garde obligée. Le principe ne change pas, qu'il
s'agisse de croyance ou de conduite, de morale ou de dogme.
Les trahisons pareilles à celle de Nestorius sont rares
dans l'Église; mais il peut arriver que des pasteurs restent
silencieux, pour une cause ou pour l'autre, en certaines
circonstances ou la religion même serait engagée. Les
vrais fidèles sont les hommes qui puisent dans leur seul
baptême, en de telles conjonctures, l'inspiration d'une
ligne de conduite; non les pusillanimes qui, sous le prétexte
spécieux de la soumission aux pouvoirs établis, attendent
pour courir à l'ennemi, ou s'opposer a ses entreprises,
un programme qui n'est pas nécessaire et qu'on ne doit
point leur donner."40
Mgr Marcel Lefebvre: "Aucune autorité, même la
plus élevée dans la hiérarchie, ne peut nous contraindre
à abandonner ou à diminuer notre foi catholique clairement
exprimée et professée par le magistère de l'Église depuis
dix-neuf siècles."S'il arrivait, dit saint
Paul, que NOUS-MÊMES ou un Ange venu du ciel vous enseigne
autre chose que ce que je vous ai enseigné, qu'il soit
anathème." (Gal. 1, 8.) N'est-ce pas ce que
nous répète le Saint-Père aujourd'hui , Et si une certaine
contradiction se manifestait dans ses paroles et ses actes
ainsi que dans les actes des dicastères, alors nous choisissons
ce qui a toujours été enseigné et nous faisons la sourde
oreille aux nouveautés destructrices de l'Église."41
8.3.
Prière pour le pape ET pour l' Église:
Ne pourrions nous pas dire que, en raison des enseignements
hérétiques du Pape Jean-Paul II, les Catholiques traditionnels
ne sont pas tenus de prier pour lui?
Avant toute autre considération, je dirais que le refus
de prier pour le pape n'est pas un comportement Catholique.
Quand St. Pierre a été jeté en prison par Hérode, toute
l'Église priait pour lui: "L'Église ne cessait
d'adresser pour lui des prières à Dieu." (Actes
XII, 5). Nous sommes maintenant dans une situation différente,
bien que nous puissions dire que les papes de Vatican
II sont en quelque sorte prisonniers de leurs idées fausses.
Leur libéralisme les empêche d'accomplir pleinement leur
mission de confirmer leurs frères dans la foi: "et
toi, quand tu seras converti, affermis tes frères."
(Luc XXII, 32). Nous avons besoin de prier pour le pape
pour qu'il ait la force de remplir sa mission de successeur
de St. Pierre telle que définie au Concile Vatican I:
"Car le Saint Esprit n'a pas été promis aux successeurs
de Pierre pour qu'ils fassent connaître, sous sa révélation,
une nouvelle doctrine, mais pour qu'avec son assistance
ils gardent saintement et exposent fidèlement la révélation
transmise par les Apôtres, c'est-à-dire le dépôt de la
foi."42
Par ailleurs, si nous voulons gagner des indulgences,
nous sommes tenus de prier pour les intentions du pape.
Si nous refusions de prier pour le pape, nous ne serions
pas capables de gagner la plupart des indulgences, et
nous devrions rôtir pendant longtemps en purgatoire pour
cette raison. Le Canon 934 §1 dit: "Si pour gagner
une indulgence une prière générale aux intentions du Souverain
Pontife est prescrite, une prière simplement mentale ne
suffit pas: une prière vocale au choix des fidèles est
acceptable, à moins qu'une prière particulière soit assignée."
8.4.
Attitude de Mgr. Lefebvre:
"Là encore nous devons
demeurer dans l'esprit de l'Église. Nous devons refuser
le libéralisme d'où qu'il vienne parce que l'Église l'a
toujours condamné sévèrement, parce qu'il est contraire
à la Royauté de Notre Seigneur et en particulier à Sa
Royauté sociale. Comme pour le problème de l'invalidité
de la Nouvelle Messe, ceux qui affirment qu'il n'y a pas
de Pape simplifient trop les problèmes. La réalité est
plus complexe. Si l'on se penche sur la question de savoir
si un pape peut être hérétique on s'aperçoit que le problème
n'est pas aussi simple qu'on le croirait. L'étude très
objective sur ce sujet par Xavier de Silveira, montre
qu'un bon nombre de théologiens pensent que le Pape peut
être hérétique comme docteur privé mais non comme docteur
de l'Église universelle. Il faudrait donc examiner dans
quelle mesure le Pape Paul VI a voulu engager son infaillibilité
dans ces divers cas où il a signé des textes proches de
l'hérésie sinon hérétiques."43
9.
Conclusion:
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Le
Bienheureux Dom Columba Marmion, Abbé de Maredsous
(1858-1923) |
9.1.
Notre Seigneur était-il sédévacantiste?
Quand il prêchait en Palestine,
et jusqu'au moment où il fut arrêté et condamné à mort,
Notre Seigneur continuait à reconnaître l'autorité
du sacerdoce mosaïque. "Alors Jésus, s'adressant
au peuple et à ses disciples, parla ainsi: "Les scribes
et les Pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse.
Faites donc et observez tout ce qu'ils vous disent; mais
n'imitez pas leurs œuvres, car ils disent et ne font pas."
(Matthieu XXIII, 1-3). Plus encore, Notre Seigneur
ne renvoya pas St. Pierre après son triple reniement
durant la nuit de la Passion, mais le confirma dans ses
fonctions après que Pierre eut fait réparation pour son
péché (Jean XXI, 15-17).
9.2.
Notre Dame était-elle sédévacantiste? Quand
elle apparut à Fatima, Notre Dame demanda que la consécration
de la Russie soit faite par le pape en union avec les
évêques du monde entier. Comme nous le savons, une telle
consécration n'a pas encore eu lieu. S'il n'y avait plus
de pape, cela voudrait dire que Notre Dame se serait trompée
quand elle avait prédit que la consécration aurait bien
lieu, mais tard.
9.3.
Mots de sagesse:
A la fin de cette étude, je voudrais
citer le grand Dom Marmion: "Quand nous paraîtrons
devant le Christ au dernier jour, il ne nous demandera
pas si nous avons beaucoup jeûné, si nous avons vécu
dans la pénitence, si nous avons passé de nombreuses heures
en oraison; non, mais si nous avons aimé nos frères.
Est-ce donc que les autres commandements seront laissés
de côté ? Non certes; mais leur accomplissement n'aura
servi à rien si nous n'avons pas observé le précepte de
l'amour fraternel, si cher à Notre-Seigneur puisque c'est
son commandement que nous nous aimions les uns les autres."
(44) Permettez-moi une paraphrase: quand nous apparaîtrons
devant le Christ, il ne nous demandera pas notre opinion
sur la légitimité du pontificat de Jean-Paul II. Il nous
demandera plutôt si nous avons gardé la foi, et si nous
l'avons nourrie en assistant à des messes valides et en
recevant des sacrements valides. Telle est la mission
de la Fraternité St. Pie X, de fournir aux âmes ces moyens
nécessaires de sanctification.