Dans
le temps, comme dans l'éternité, le règne de Satan s'oppose
à celui de Notre-Seigneur. Satan n'est pas la tête des méchants,
en ce sens qu'il puisse communiquer intérieurement le mal
comme Jésus-Christ communique le bien, mais il l'est dans
le sens que, dans l'ordre du gouvemement extérieur, il tend
à détoumer les hommes de Dieu, comme Jésus-Christ tend à les
ordonner à Lui, et que tous ceux qui pèchent imitent la rébellion
de Satan et son orgueil, comme les bons imitent la soumission
et l'obéissance à Jésus-Christ. (IIIa q.8 a.7)
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Bataille
entre Jésus et Satan
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On n'aura
jamais le dernier mot de la lutte des bons et des méchants
à travers les événements de l'histoire, tant qu'on ne la ramènera
pas à la lutte personnelle et irréductible à tout jamais,
entre Satan et Jésus-Christ.
Quel
devoir s'impose à tout homme en présence de cette lutte foncière
et irréductible des deux chefs opposés de l'humanité? C'est
de ne pactiser jamais, en quoi que ce soit, avec ce qui est
de Satan et de ses satellites, et de se ranger pour y demeurer
toujours et combattre vaillamment - sous l'étendard de Jésus-Christ
(Pègues p.383).
Les bienfaits
de la gràce sanctifiante nous parvenant par les mains des
prêtres et de l'Eglise catholique, prenons garde d'oublier
que toute grâce, toute augmentation de grâce nous vient de
la source inépuisable de la grâce de Jésus et ne peut venir
que de Lui, notre unique Sauveur.
Cette
réalité de la Vie divine de Jésus circulant dans nos âmes
et nos corps doit être pour nous un sujet d'actions de grâces
incessantes et aussi une source de vigilance active pour ne
pas laisser nos lampes se vider comme les vierges folles.
Méditons
et contemplons le Cœur de Jésus transperçé d'où sortent les
fontaines de la vie éternelle!
L'ornementation
de ce sanctuaire qu'est Jésus ne se limite pas à ces trois
grâces dont nous avons parlé, mais l'union de la personne
du Verbe à l'âme humaine de Jésus lui confère le privilège
unique de la vision béatifique dès l'instant de sa création.
Certes
Jésus-Dieu n'a nullement besoin de cette science, sa science
divine dépasse infiniment la science de la vision béatifique;
Cependant le Créateur de toutes choses ayant voulu assumer
personnellement une âme et un corps humains, assumait leurs
facultés de savoir et de connaître, et les portait à leur
plus grande perfection possible.
C`est
ainsi que l`âme de Jésus posséda la vision béatifique, la
science infuse des anges et la science expérimentale des hommes,
et ce, au degré le plus parfait qui puisse être donné à la
créature angélique et à la créature humaine.
"Ainsi
dès le premier instant, le Fils de Dieu incarné put voir par
sa nature humaine, dans le Verbe divin qu'Il était Lul-même,
tout et tout, de telle sorte qu'il n'est rien, de quelque
manière que cela soit dans le présent, ou ait été dans le
passé, ou doive être un jour dans l'avenir, qu'il s'agisse
d'actions, de paroles, de pensées, se rapportant à n'importe
qui et dans n'importe quel temps, que le Fils de Dieu incarné
n'ait connu dès le premier instant de son Incarnation, par
la nature humaine qu'Il s'était unie hypostatiquement, dans
le Verbe divin qu'il était." (cf. IIIa q.l 0 a.2
et 4)
Ces réalités
divines réalisées en Jésus-Christ éclairent les relations
intimes et personnelles de Jésus avec tous les esprits créés
au Ciel et sur la terre. Même dans son âme humaine Jésus nous
connaît tous et dans tous les détails de nos vies, rien ne
lui échappe, ni comme Créateur, ni comme Sauveur. Et cette
connaissance engendre un amour sans bornes pour les âmes qui
se tournent vers Lui, se donnent à Lui, accomplissent sa volonté.
Son âme désire ardemment leur communiquer sa gloire. C'est
pourquoi Jésus sera le juge de toutes les âmes.
Prenons
conscience de ces réalités, de cette nécessité absolue de
nous offrir à Jésus, comme le disent les prières de l'Offertoire
de la Messe, et de vivre cette offrande sans cesse. Faisons
bien partie de ce "quotquot autem receperunt eum"
afin d'être ses fils: "dedit eis filios Dei fieri"!
("A tous ceux qui L`ont reçu, Il a donné le pouvoir
de devenir enfants de Dieu"). Ces quelques paroles
pèsent lourd dans l'histoire des âmes. Elles sont efficientes
éternellement et sépareront les justes des injustes.
Jésus
n'est pas facultatif. "Qui non est mecum, contra me
est". C'est bien là l'erreur fondamentale de la liberté
religieuse, de l'œcuménisme.
Les
conséquences de l'union du Verbe de Dieu, de Dieu lui-même
avec une âme et un corps humain, outre ce dont nous venons
de parler dans ces dernières pages, sont telles, qu'elles
font vraiment de cette créature humaine un sujet unique en
son genre, plus divin qu'humain, plus spirituel que corporel;
toute la vie de Notre-Seigneur va le prouver. Il vit plus
dans le Ciel que sur la terre, puisqu'Il est le Ciel.
Sa personne a tout pouvoir sur son âme et son corps, jusqu'à
les séparer et les réunir comme Il le veut et quand Il le
veut.
Sa gloire,
sa puissance, sa sainteté, sa sagesse, la permanence de la
mission éternelle qui vient du Père, dans la réalisation exacte
de sa mission temporelle de salut, tout cela transparaît dans
sa vie, dans ses actes, dans ses paroles.
C'est
ce que saint Thomas va dévoiler en détail en étudiant toutes
les étapes de la vie de Jésus et de ses mystères jusqu'à son
Ascension.
Cette
méditation de la vie de Jésus dans tous ses détails nous situe
peu à peu dans l'ambiance du réel et nous sort de l'ambiance
habituelle de l'illusion dans laquelle nous vivons sans nous
en rendre compte. Le péché, et les suites du péché, ont réussi
à créer un monde de mirages, d'illusions, d'erreurs, à tel
point que les hommes finissent par s'habituer à ce monde sensibilisé,
sensualisé, humanisé et n'arrivent pas à se faire à l'idée
que tout cela est vanité et éphémère par rapport à la vraie
vie spirituelle et surnaturelle, à la vie éternelle.
La sainte
et admirable vie de Jésus est un rappel constant des réalités
spirituelles et divines, seules valables et estimables, seules
éternelles. Tout en Jésus est retour à Dieu, au vrai, au réel,
à la sagesse et à la sainteté.
Puissions-nous
nous convaincre toujours plus de cette nécessité de suivre
Jésus, comme Il le demande à ses disciples. "Si quis
sequitur me non ambulatin tenebris: celui qui me suit ne marche
pas dans les ténèbres". "Si quelqu'un veut être
mon disciple qu'il porte sa croix et qu'il me suive."
Il n'y a donc pas d'autre choix: ou suivre Jésus ou rejoindre
Satan.
Rien
de surprenant si Jésus souffre de voir des hommes préférer
les ténèbres à la Lumière - et quelle Lumière! Celle qui a
créé le monde, le soutient dans l'existence, qui illumine
tout homme venant en ce monde, qui leur apporte la Lumière
du salut et de la gloire éternellel... mais ils préfèrent
les ténèbres du monde, de ce monde qui est contre Notre-Seigneur,
de ce monde de la chair, de l'argent, de l'égoïsme, de l'orgueil,
antichambre de l'Enfer.
Avant
de quitter la personne de Jésus-Christ, pour nous attacher
à comprendre son œuvre rédemptrice de salut, et méditer sur
les moyens que Jésus a institués pour nous communiquer à nouveau
la grâce du salut, efforçons-nous de marquer d'une manière
indélébile dans nos esprits l'image réelle et vivante de Jésus,
qui doit illuminer et orienter toute notre vie.
Voici
cet aperçu selon le Père Pègues dans son catéchisme p.411:
"Oui!
quand on dit Jésus-Christ, on désigne le Fils unique de Dieu,
qui, étant de toute éternité avec son Père et l'Esprit saint
le même, seul et unique vrai Dieu, par qui toutes choses ont
été créées et qui les conserve et les gouverne en souverain
maître, s'est révêtu dans le temps de notre nature humaine,
en raison de laquelle Il est vraiment homme comme nous, en
continuant d'être avec le Père et le Saint-Esprit le même
Dieu qu'Il est de toute éternité; ce qui entraîne dans sa
nature humaine, et Lui assure, en tant qu'il est homme comme
nous, des privilèges de grâces en quelque sorte infinis, au
premier rang desquels brille sa qualité de Sauveur des hommes,
et qui le constituent, en tant qu'homme, Médiateur unique
de Dieu et des hommes, Prêtre souverain, Roi suprême, Prophète
sans égal et Chef et Tête de toute l'assemblée des élus, anges
et hommes,formant tous son véritable Corps mystique."