Un Noviciat d`humiliations et d`obéissance

Une de ces humiliations advint en public, au réfectoire. Notre jeune héroïne, parce qu`il n`y en avait pas eu à la maison paternelle, ne pouvait s`habituer au goût du fromage. Un jour que du fromage bien français fut servi à table, Marguerite-Marie, dans le but d`obéir à ce qu`elle considérait comme étant le souhait de la Supérieure et la Volonté de Dieu, décida d`en manger et en mit une portion sur son assiette. Elle était résolue à vaincre sa répugnance, mais malgré tous ses efforts elle ne put finalement se résoudre à manger ce morceau, et le laissa dans son assiette. Ce faisant elle se trouvait à enfreindre une des règles de la vie religieuse: Ne rien laisser sur son assiette! La Maîtresse des novices le remarqua, et elle ordonna que du fromage soit spécialement offert à notre amie lors du prochain repas. Marguerite-Marie décida là encore de se vaincre soi-même, prit un morceau et tenta de le manger. Peine perdue! Sa répugnance était trop forte. Après avoir été punie par la Maîtresse des novices pour manque de mortification, la jeune femme vint se mettre aux pieds de Notre-Seigneur au Saint-Sacrement durant plusieurs heures, et elle Lui demanda de l`aider à vaincre son dégoût. Trois jours plus tard Jésus lui dit: «On ne doit rien refuser à l`Amour», et Il l`encouragea à essayer de nouveau, lui promettant qu`à la fin elle triompherait.⁶ Et c`est ce qu`il advint. Mais quelle humiliation de se voir si faible que de ne pouvoir s`habituer au fromage, et d`en être publiquement punie!

Notre-Seigneur désire que la charité refleurisse dans le monde, et Il a fait comprendre à Marguerite-Marie que non seulement les gens du monde, mais aussi les consacrés à Dieu, peuvent malheureusement blesser la charité. Il dit: «Ce sont ces membres déjà corrompus et prêts d`être coupés qui Me causent le plus de souffrances. Ils auraient déjà reçu leur châtiment, n`eût été de leur dévotion à Ma Sainte Mère, laquelle apaise Ma Justice offensée, qui ne peut être satisfaite que par les sacrifices d`une victime.» ⁷

Vers la fin de son noviciat Marguerite-Marie avait déjà avisé ses Supérieures au sujet de ses révélations. Alors que celles-ci voyaient bien des qualités chez la jeune novice, elles étaient plutôt enclines à douter de la véracité de ces manifestations extraordinaires, et elles l’accusaient de se croire plus aimée de Dieu à cause de ces relations privilégiées avec le Divin Maître. Ce fut au point que notre jeune novice crut que sa profession parmi les Religieuses lui serait refusée si elle continuait à parler de visions et locutions mystiques. Elle demanda à Notre-Seigneur de l`aider, et Celui-ci répondit: «Dis à ta Supérieure de ne pas craindre de te recevoir. Je rendrai personnellement compte de toi, et si elle Me croie solvable, je serai ta caution.»⁸

Devant cela la Mère Supérieure demanda à Marguerite-Marie d`exiger, comme preuve de la part de Jésus, que Celui-ci la rende utile à l`Ordre par une exacte observance de sa Règle. Alors Il répliqua: «Très bien ma fille, Je vais t`accorder tout ce que tu as demandé, et tu deviendras plus utile à l`Ordre que ce que tout le monde prévoit, mais ce sera d`une manière connue maintenant de Moi seul. À partir de maintenant Je vais adapter mes grâces à ta Règle, à la volonté de tes Supérieures, et à ta propre faiblesse, de telle sorte que tu pourras regarder comme suspect tout ce qui pourrait être un obstacle à ta fidèle observance de la Règle, laquelle Je veux que tu places au-dessus de tout.» (9) Son humilité d`enfant aida notre amie à être bien soumise à Notre-Seigneur. Celui-ci lui dit un jour: «Je recherche une Victime de Mon Cœur qui s`offrira pour la réalisation de Mes desseins.»¹⁰

En octobre 1672 Marguerite-Marie alla en retraite pour se préparer à sa Profession religieuse. Comme elle s`examinait la conscience pour faire une confession générale de toute sa vie, elle fut prise par les scrupules. Notre-Seigneur lui apparut et lui dit: «Pourquoi te torturer? Fais ce que tu peux et Je M`occuperai du reste. Je ne désire rien de plus en ce Sacrement qu`un cœur repentant et humble, qui s`accuse sans dissimulation, et qui a un sincère désir de ne plus m`offenser.»<sup>11</sup> Elle fit donc sa confession et, comme le Prêtre levait la main pour lui donner l`absolution, elle se «vit et sentit à la fois dénudée puis revêtue d`une robe blanche, et elle entendit les mots: `Voici la robe d`innocence avec laquelle J`habille ton âme, de sorte qu`à l`avenir tu ne vives que la vie d`un Homme-Dieu, c`est-à-dire que tu Me permettes de vivre en toi.`» ¹²

Juste avant sa Profession au Jour des Morts (2 novembre), notre jeune sainte, en pensant à toutes ses infidélités du passé, décida de s`offrir à Dieu en holocauste de douleur et d`expiation. Notre-Seigneur l`accepta et lui dit: «Souviens-toi que c`est un Dieu Crucifié que tu désires épouser; c`est pourquoi tu dois dire adieu à toutes les joies d`ici-bas, et il n`y en aura point pour toi qui ne soit ombragée par Ma Croix.»<sup>13</sup> Il lui montra alors son Humanité attachée à la Croix pour le salut du monde, et Il exprima le désir qu`elle s`y attache aussi. Ce même jour elle écrivit dans son journal ces mots dictés de Jésus: «Voici la plaie de Mon côté, fais-en ta demeure permanente, c`est là que tu pourras préserver la robe d`innocence dont Je t`ai revêtue lors de ta confession, afin que tu puisses vivre de la vie de l`Homme-Dieu; vis comme si tu ne vivais plus, pour que Je puisse vivre parfaitement en toi; pensant à ton corps et à tout ce qui pourra lui arriver comme s’il n`existait plus, agissant comme n`agissant pas, mais Moi seul vivant et agissant en toi. À cette fin il est néces-saire que tes puissances et tes sens demeurent ensevelis en Moi, et que tu sois sourde, muette, aveugle, et insen-sible à toutes choses; tu dois vouloir comme ne voulant pas, sans jugement, sans désirs, sans affection, et sans rien souhaiter d`autre que l`accomplissement de Mon bon plaisir, lequel doit faire tous tes délices; et tu ne dois rien rechercher en dehors de Moi, car autrement tu défierais Ma Puissance et M`offenserais grande-ment, vu que Je n`ai d`autre souhait que d`être tout pour toi. Sois toujours prête à Me recevoir, et Je serai tou-jours prêt à Me donner à toi, parce que tu seras souvent exposée à la fureur de tes ennemis. Mais ne crains rien, Je t`entourerai de Ma Puissance et serai la récompense de tes victoires. Prends garde de ne jamais te regarder comme séparée de Moi. Que ta devise soit d`aimer et de souffrir aveuglément: Un cœur, un amour, un Dieu!»¹⁴

Progrès dans la Sainteté

	Couvent de la Visitation à Paray-le-Monial, France

À partir du jour de sa Profession, Notre-Seigneur fit à notre amie la grâce de vivre continuellement en Sa présence d`une manière nouvelle. Elle Le voyait avec les yeux de l`âme, et elle Le sentait tout près d`elle. Cette Présence Divine lui donnait un sens accru de la Majesté de Dieu, et une conscience aiguë de son propre néant. Elle désirait continuellement s`agenouiller ou se prosterner face contre terre devant son Seigneur; était-elle seule, on la trouvait toujours dans une de ces positions.

La Sœur Marguerite-Marie avait comme office celui d`infirmière assistante. La Sr Infirmière était une personne capable, robuste de corps et alerte d`esprit. Elle était désespérée par la maladresse de notre amie. Celle-ci avait souvent le malheur de s`enfarger et de tomber au bas des escaliers. Par la suite on s`aperçut qu`il s`agissait de vilains tours joués par le Démon pour la décourager. Une fois qu`elle transportait une pelletée de charbons brûlants, elle tomba ainsi, mais elle se releva sans blessure, et sans avoir renversé un seul charbon! Mais la plupart du temps la pauvre âme brisait ce qu`elle transportait, et elle se faisait mal.

Malgré ces ennuis et les difficultés de la vie religieuse, notre jeune Sœur désirait faire plus de pénitences. Parfois elle en faisait sans avoir reçu la permission de ses Supérieures, et No-tre-Seigneur lui apparut pour le lui re-procher sévèrement: «Tu t`illusionnes si tu crois Me plaire par ce genre de mortification qui vient de ta volonté propre, laquelle aimerait mieux voir la volonté des Supérieures se plier de-vant elle plutôt que de leur être sou-mise. Sache que J`abhorre la volonté propre chez la religieuse!»¹⁵ Cette admonition fit sur elle une si profonde impression que notre Sœur résolut de pratiquer la plus exacte obéissance à l`avenir.

Apparition du Sacré-Coeur à Ste Marguerite-Marie Alacoque

C`est dans la même ligne de pensée que Sr Marguerite-Marie priait un jour à la chapelle, et qu`elle se plaignait à Notre-Seigneur de ne pas souffrir assez à Son service. Celui-ci la favorisa alors de la vision d`une grande Croix couverte de fleurs, et Il lui dit: «Voici le Lit de Mes chastes épouses sur lequel Je te laisserai jouir de la plénitude de mon Amour; mais les fleurs disparaîtront petit à petit, et il ne restera plus que les épines qu`elles recouvrent maintenant à cause de ta faiblesse. Ces épines se feront sentir avec tant d`intensité qu`il te faudra toute la force de ton amour pour les endurer.»¹⁶ La Sœur lui demanda alors la grâce de Sa Croix et celle de Son Amour, afin de devenir une bonne Religieuse.

Une des plus grandes joies de la Sr Marguerite-Marie était de chanter les louanges du Seigneur en compagnie de ses consœurs. En juin de l`année suivant sa Profession, Dieu permit qu`elle perdit complètement la voix, et elle fut condamnée au silence total pendant des semaines.

Une autre grande dévotion de notre Sainte était vis-à-vis de la Sainte Eucharistie. Elle passait tout son temps libre à la chapelle, demeurant parfois presque toute la journée à genoux, perdue dans une profonde contemplation. La Communauté était surprise qu`une Sœur si frêle puisse démontrer tant d`endurance. Cela devint si remarqua-ble que la Supérieure lui ordonna de ne plus se distinguer extérieurement des autres Sœurs, et de ne plus passer les jours de Fête à la chapelle.

Notre amie continuait à aimer souffrir pour Notre-Seigneur, c`était là un désir qu`elle ne pouvait comprimer. Pour l`encourager dans cette voie, Notre-Seigneur lui montra plusieurs phases de Ses propres souffrances. Il lui apparut un jour en lui montrant Son Cœur broyé et percé par les coups. «Vois les blessures que je reçois de Mes Élus. Les autres se contentent de frapper mon corps, mais eux s`attaquent à Mon Cœur, qui n`a jamais cessé de les aimer. Mais à la longue Mon Amour fera place à une juste colère, pour châtier ces âmes orgueil-leuses si attachées à la terre, qui Me méprisent pour se tourner vers les créatures, et qui fuient l`humilité pour rechercher l`estime des autres. Et, comme leurs cœurs sont vides de charité, il ne leur reste plus rien que le titre de Religieux.»<sup>17</sup> Lors d`une autre occasion, assiégé par une requête similaire de notre Sainte, Il lui répondit: «Aie un peu de patience; plus tard Je te ferai expérimenter ce que tu devras souffrir pour Mon amour.» ¹⁸

L`année suivante, Notre-Seigneur la favorisa par de grandes révélations sur Son Amour. Il l`avait préparée déjà par une vision spéciale, alors qu`elle lisait un livre de spiritualité. Il lui dit: «Je désire te montrer le Livre de Vie, qui contient la Science de l`Amour.» Puis, lui montrant Son Sacré-Cœur percé pour notre Salut: «Mon Amour règne dans la souf-france; il triomphe dans l`humilité, et il se réjouit dans l`unité.» ¹⁹

It was not only through beautiful visions that our Lord prepared His servant for the work He destined her for. He demanded the entire love of her heart. Once, when Sr. Margaret Mary had been guilty of some slight insincerity through self-love, Our Lord reproved her severely: “Learn that I am holy and teach holiness. I am pure and cannot suffer the slightest stain. Therefore you must act with simplicity and with a right and pure intention in My Presence. The least deceit is displeasing to Me. I will make you understand that if My love has made Me your Master so that I may teach you and model you according to My Will, I cannot support lukewarm and careless souls. If I am gentle in bearing with your weakness, I shall be none the less severe in correcting your infidelities.” ²⁰ These kind but reproachful words had their effect, and Margaret Mary is a saint more because of our Lord’s corrections than because of visions and extraordinary favors.

La Première Grande Révélation

Le 27 décembre 1673²¹, fête de St Jean Évangéliste, notre jeune Sœur priait devant le Très Saint Sacrement exposé sur l`autel. Tout-à-coup elle se sentit «investie» de la Présence Divine (pour employer sa propre expression). Perdue en état d`extase, elle s`entendit appelée par Notre-Seigneur, et elle lui sembla passer un long temps penchée sur son Divin Cœur, comme l`avait fait St Jean à la dernière Cène. C`est à ce moment que le bon Maître lui révéla pour la première fois les secrets de Son Sacré-Cœur: «Mon Divin Cœur est tellement en amour avec les hommes, et avec toi en particulier, qu`Il ne peut contenir davantage les flammes de son ardente charité, et qu`Il doit les répandre par ton intermédiaire, et se manifester aux hommes et les enrichir des précieux trésors que Je vais te révéler. Ceux-ci contiennent les grâces de salut et de sanctification nécessaires pour arracher les hommes à l`abîme de perdition, et Je t`ai choisie, qui es un abîme d`indignité et d`ignorance, pour l`accomplissement de ce grand dessein, de sorte que tout soit fait par Moi.» Puis Il lui demanda de Lui donner son cœur, ce qu`elle fit avec ferveur. Alors Il sembla lui arracher le cœur et le mettre dans Son divin Côté. Puis Il l`en ressortit tout enflammé, et le replaça dans la poitrine de la Sœur. «Vois, ma bien-aimée, un précieux gage de Mon Amour, qui te mettra au côté une parcelle de Ses plus ardentes flammes, et qui te servira de cœur et te consumera jusqu`à ton dernier souffle. Sa chaleur ne diminuera pas, et tu ne sentiras aucun soulagement, si ce n`est lorsqu`il saignera, et je vais tellement en marquer l`épanchement avec ma Croix, que ce te sera plus un sujet d`humiliation et de souffrance que de répit. C`est pourquoi Je désire que tu Me demandes cet Amour, tant pour t`aider à pratiquer ta Règle que pour te donner l`occasion de répandre ton sang sur la croix des humiliations. Et pour te montrer que la grande fa-veur que Je viens de te faire n`est pas imaginaire, mais le fondement de toutes les autres que Je vais t`octroyer, tu ressentiras toujours – bien que la plaie de ton côté ait été refermée – la souffrance de cette blessure d`amour; et bien que jusqu`à présent tu aies adopté le titre de Mon esclave, tu auras désormais celui de Disciple bien-aimée de Mon Sacré-Cœur.» ²²

Il y a toujours un danger d`être trompé, ou même de s`illusionner, quand on semble être l`objet de faveurs divines extraordinaires. C`est pourquoi Notre-Seigneur lui accorda, à titre de confirmation de véracité, la grâce qu`elle avait implorée: La souffrance. La blessure de son côté était un stigmate invisible. Mais elle lui causait une vive et réelle douleur, ainsi que des humiliations. Après cette première Révélation, la Sr Marguerite-Marie devint si faible que, malgré qu`elle ne se soit pas plainte, les autres religieuses lui demandèrent ce dont elle souffrait. Dans sa simplicité elle leur répondit que seule une saignée pourrait la soulager. Mais déjà à cette époque, ce «traitement» plus que douteux avait été abandonné par les plus sérieux médecins de France, et les sœurs se moquèrent de la jeune mystique. On l`envoya à l`infirmerie où on lui administra d`autres remèdes, mais sans succès. Notre amie devint de plus en plus faible, au point de ne presque plus pouvoir respirer. Bien qu`un médecin ait alors déclaré que ce serait une véritable folie à ce stage, la Mère Supérieure ordonna qu`on fît une saignée à la ma-lade. Voyant que le cas était désespéré de toutes façons, le docteur fit une légère saignée. Le malaise cessa instantanément, la parole et la respiration redevinrent aisés, et notre invalide se trouva suffisamment forte pour quitter l`infirmerie, mais cette permission lui fut refusée. Toutefois le miracle fut suffisant pour amener la Supérieure à croire à la réalité des apparitions, même si certaines sœurs qualifiaient Marguerite de «malade imaginaire». ²³

	St Jean reposant sur le Coeur de Jésus

Voici comment les biographes de la Sainte expliquent la vision de 1673: Ce ne fut point par les yeux du corps qu`elle vit Notre-Seigneur l`attirer à Lui et la faire se reposer sur Son Cœur, et tout le reste. Il s`agissait plutôt d`une vision imprimée par Notre-Seigneur dans son imagination, ou même directement dans son intelligence; ses sens externes (vision, ouïe, etc.) n`étaient pas du tout affectés par la merveilleuse apparition, et celle-ci ne pouvait être vue par quelqu`un d`autre. C`est par le moyen d`une telle illumination qu`elle pénétra très avant le Mystère du Sacré-Cœur de Jésus. Pendant plus d`un an Notre-Seigneur l`avait instruite à la vertu et introduite au Mystère de Son Amour Miséricor-dieux par le moyen des visions préparatoires que nous avons mentionnées; mais la Sœur demeurait comme Son esclave, malgré ce traitement de faveur. En ce jour de décembre 1673, Il l`appela Son Disciple; bientôt Il ferait d`elle l`Apôtre de Son Sacré-Cœur.

Les visions préparatoires avaient un caractère personnel: Elles étaient pour le bien spirituel de Marguerite-Marie elle-même. Mais en cette Fête de l`Évangéliste St Jean, la révélation fut du domaine public; c`est-à-dire qu`elle concernait le bien de l`Église et de la race humaine en général. Notre-Seigneur Lui-même a établi cette distinction en parlant ce jour-là de son amour pour les hommes. Il nous a donné par là une explication théologique de Son Sacré-Cœur. Le cœur est le symbole de l`amour. Cette nouvelle dévotion à Son Cœur a été suscitée par Notre-Seigneur, «passionnément en amour avec les hommes», pour les attirer à Lui, et les éloigner de l`Enfer. Cet aspect public des communications à Marguerite-Marie deviendra encore plus explicite lors des révélations ultérieures.

Il est intéressant de constater que dès 1320 a.d., donc 353 ans avant cette apparition du Sacré-Cœur un 27 décembre, l`Apôtre St Jean lui-même était apparu à Ste Gertrude. Cette Sainte en avait profité pour lui demander pourquoi, alors qu`il avait reposé sa tête sur le Cœur de Jésus lors de la Dernière Cène, il n`avait pas parlé davantage du Sacré-Cœur dans ses écrits. St Jean répliqua: «Il a été réservé à des temps ultérieurs de parler de la suavi-té des battements du Cœur de Jésus. Cela afin que le monde devenu froid puisse retrouver la ferveur grâce aux récits sur ce Divin Cœur.» ²⁴

Deuxième Grande Révélation

	Ste Gertrude la Grande

Nous apprenons, par une lettre qu`elle écrivit le 3 novembre 1689 au Père Croiset, que Notre-Seigneur se manifesta de nouveau à Marguerite-Marie quelque temps après la première grande Révélation. (NB: le livre du Père Croiset a été réédité en anglais chez TAN Books, sous le titre «The Devotion to the Sacred-Heart of Jesus»). Voici comment notre amie nous décrit cette vision: «Ce Divin Cœur me fut montré comme étant sur un trône de flammes; Il était plus resplendissant que le soleil, et transparent comme du cristal; Il avait sa propre plaie, et était entouré d`une couronne d`épines, signifiant les blessures causées par nos péchés, et au-dessus il y avait une croix, signifiant que dès le moment où ce Cœur fut formé dans le sein de la Vierge, la Croix y fut plantée, et que depuis les premiers moments de son existence Il fut rempli de toute l`amertume des humiliations, pauvreté, douleur, et mépris que la Sainte Humanité du Sauveur devait expérimenter au cours de Sa vie, et surtout lors de Sa Sainte Passion. Il m`a aussi montré que l`ardent désir qu`Il a d`être aimé des hommes, et de les retirer de la voie de perdition où les entraîne en foule Satan, L`a poussé à leur manifester Son Cœur, avec tous les trésors d`amour, de miséri-corde, de grâces, de sanctification, et de salut qu`il contient, de façon à les donner à tous ceux qui feraient tout en leur pouvoir pour aimer, honorer, et glorifier ce même Cœur. Il m`a dit aussi qu`Il désirait que son Cœur soit honoré sous la forme d`un cœur de chair, et que j`en portasse l`image sur mon cœur, de façon à y imprimer l`ardeur de son Amour, et à le remplir de tous les dons qui sont dans le Sien; de façon aussi à détruire dans mon cœur tous les mouvements imparfaits. Il a déclaré qu`Il ferait pleuvoir Ses grâces et Ses bénédictions partout où l`image de ce Cœur serait exposée et honorée, et que cette bénédiction était un dernier effort de Sa part pour favoriser les hommes de ces derniers temps par une rédemption des plus aimantes, pour les délivrer en effet de l`esclavage de Satan, esclavage qu`Il désire détruire afin de placer les hommes sous l`aimable liberté de la Domination de Son Amour. Domination qu`Il désire ré-établir dans les cœurs de tous ceux qui voudront embrasser cette dévotion.»²⁵

Il est clair que cette deuxième Révélation complète la première. Dans celle-là Notre-Seigneur a fait part de Son intention de manifester Son Amour et d`accorder aux hommes ‘des grâces de salut et de sanctification’. Dans celle-ci Il commence à expliquer la raison particulière pour laquelle Il va octroyer ces grâces: Il veut que Son Sacré-Cœur devienne un objet de dévotion. Les autres symboles accompagnant celui du Cœur (la croix, les épines, la plaie de la lance) commémorent la Passion du Christ, avec les souffrances, les insultes et les outrages; ils indiquent que l`esprit de la dévotion qui sera inaugurée devra en être un de Réparation. Mais l`objet principal de cette vision est le Cœur de chair, resplendissant comme le soleil et entouré de flammes ( qui ne sont pas une cause de souffrance, puisqu`elles sont qualifiées de «trône»). Il s`agit donc d`un Cœur d`une gloire éclatante. On connaît le principe philosophique selon lequel «le bien se diffuse par nature», or voici que le Coeur du Christ éclate presque de par Son Amour pour les hommes.

L`image du Sacré-Cœur, qui nous est si familière aujourd`hui, existait avant les Apparitions de Paray-Le-Monial, mais non accompagnée de tous ces symboles. Un Cœur apparaît sur les armoiries de l`Ordre de la Visitation car son fondateur, Saint François de Sales, avait une grande dévotion au Cœur de Jésus. Il est aussi intéressant de noter que bien que l`image du Cœur de Jésus ait été vénérée en privé dans plusieurs monastères de cet Ordre, des recherches aux archives ont démontré que tel n`était pas le cas à celui de Paray, du moins avant les Apparitions. C`est une preuve que la Sr Marguerite-Marie n`a pas été influencée par son entourage, et qu`elle a bien reçu cette dévotion de façon surnaturelle. En 1685 un dessin fut exécuté à Paray-le-Monial par la Sainte elle-même pour représenter l`objet de sa Vision, et il fut vénéré au Noviciat. Bien que l`établissement de cette dévotion ait commencé lentement, elle est maintenant répandue dans toute l`Église Catholique.

La Troisième Grande Révélation

On ne connaît pas la date précise de cette Révélation, mais on peut conjecturer qu`elle a eu lieu pendant l`Octave de la Fête-Dieu de 1674. La jeune Sainte la reçut alors qu`elle était en prière devant le Très Saint Sacrement exposé. Voici ce qu`elle en rapporta: «Je me suis sentie extraordinairement attirée en dedans de moi par une recollection de tous mes sens et facultés. Jésus-Christ, mon gentil Maître, Se montra à moi tout resplendissant de gloire, Ses cinq Plaies brillant comme autant de soleils. De tous les côtés de Sa Sainte Humanité des flammes se faisaient voir, spécialement de Son adorable Poitrine, qui ressemblait à une fournaise, et qui était ouverte, me montrant ainsi Son Cœur si aimant et si aimable, la Source vivante de toutes ces flammes. C`est alors qu`Il me découvrit les merveilles inouïes de Son pur Amour, et jusqu`à quels excès Il est allé en aimant les hommes dont Il ne reçoit qu`ingratitude et indifférence, et dont Il m`a dit ‘J`en souffre plus que de tout ce que J`ai enduré durant Ma Passion. Si seulement ils Me donnaient quelque chose en retour de Mon Amour, Je compterais pour rien ce que J`ai fait pour eux, et Je souhaiterais, si cela était possible, faire encore plus. Mais ils n`ont que froideur et rebuffades à Me remettre en échange de Mon ardent désir de leur faire du bien. Toi au moins tâche de Me consoler en essayant, autant qu`il te sera possible, de compenser pour leur ingratitude.’ Je Lui rappelai alors ma faiblesse, et Il me répondit : ‘Voici ce qui compensera pour tout ce qui te manque’. À ce moment, Son Sacré-Cœur étant ouvert, il en sortit une flamme si brûlante que je pensai en être consumée, car sa chaleur me pénétrait et, étant incapable d`en supporter davantage, je Le suppliai d`avoir pitié de ma fragilité. ‘Je serai ta force’ me répondit-Il, ‘ne crains rien mais écoute Ma voix et seconde Mes desseins. En premier lieu tu devras Me recevoir au Saint Sacrement aussi souvent que l`obéissance te le permettra, peu importent les mortifications et humiliations qui pourront te survenir à cette occasion. Tu dois les regarder comme des gages de Mon Amour. De plus, tu devras communier tous les Premiers Vendredi de chaque mois; à tous les jeudi Je te ferai partager la cuisante douleur que J`ai ressentie au Jardin des Oliviers. Cette tristesse t`amènera, sans que tu puisses le comprendre, à un nouvel état d`agonie, plus difficile à endurer que la mort. Pour que tu sois avec Moi durant cette humble prière que j`ai adressée à Mon Père au milieu de Mon Agonie, tu te lèveras entre onze heures et minuit, et tu demeureras avec Moi prosternée pendant une heure, la face contre le sol, à la fois pour apaiser la colère de Dieu, pour obtenir la conversion des pécheurs, et pour adoucir quelque peu l`amertume que J`ai ressentie quand Mes Apôtres M`ont abandonné, et M`ont forcé à leur reprocher de ne pouvoir veiller une heure avec Moi. Pendant cette heure tu devras faire tout ce que je t`enseignerai. Mais attention, ma fille, ne crois ni ne fais confiance à n`importe quel esprit, car Satan désire beaucoup te tromper. Par conséquent ne fais jamais rien sans l`approbation de ceux qui te guident, de façon à ce que, ayant l`autorité de l`obéissance, tu ne sois pas égarée par lui, car il n`a aucun pouvoir sur ceux qui sont obéissants.’» ²⁶

Quelques remarques d`ordre historique ne seront pas superflues ici pour comprendre ces demandes de Notre-Seigneur. Ce n`était pas coutumier en France au 17ème siècle de recevoir la Sainte Communion tous les jours. Même au sein d`un Monastère de la Visitation, ce ne sont pas toutes les Sœurs qui auraient pu communier tous les vendredi. Cet éloignement de la Sainte Table était un des abus que Notre-Seigneur voulait supprimer par cette Apparition. La théorie à l`origine de cette réticence à recevoir l`Eucharistie avait son origine dans une hérésie appelée «Jansénisme». On peut dépeindre celle-ci symboliquement en considérant le genre de crucifix que les Jansénistes favorisaient. Sur une Croix normale, on peut voir les bras du Sauveur qui sont cloués étendus de chaque côté du corps, comme pour représenter Son désir d`étendre Sa Miséricorde à toutes les âmes. La tête de Jésus est penchée vers le bas, comme pour considérer la terre et sa misère. Mais voici comment se présente un crucifix janséniste: Les bras de Notre-Seigneur sont cloués au-dessus de Sa tête, et celle-ci est tournée vers le Ciel, comme si Jésus se détournait des hommes pécheurs et du monde en général, et que seules les âmes d`élite pouvaient prétendre attirer Son attention.

Le Jansénisme est une hérésie qui se répandit en France après la publication posthume des écrits de Mgr Cornelius Jansen, ancien Évêque d`Ypres, en Hollande. «Son erreur fondamentale consistait à mettre de côté l`ordre surnaturel; pour Jansen… la vision de Dieu était la fin NATURELLE de la nature humaine; de là il s`ensuivait que tous les dons offerts à nos premiers parents, incluant l`exemption de la concupiscence, et que la théologie catholique qualifie de surnaturels ou de préternaturels, étaient tout simplement dus à l`homme de par sa nature.»<sup>27</sup> [N.d. l`éd.: Donc l`homme étant privé, depuis la faute originelle, de ces dons soidisant essentiels à sa nature, serait désormais presque absolument incapable de tout bien. Jansen rejoint ainsi Luther]. Ce principe hérétique se déploya en Europe, grâce à l`accompagnement d`une doctrine morale rigoriste, et d`une discipline sévère, sous prétexte de retour à l`Église primitive. Au lieu d`exhorter les pécheurs à recevoir fréquemment les Sacrements de Pénitence et d`Eucharistie, les Jansénistes insistaient tellement sur l`indignité de l`homme tombé, qu`ils éloignaient de la Communion même les âmes ferventes.

La Révélation de l`Amour divin faite à Ste Marguerite-Marie, est opposée à l`esprit janséniste, car le Christ reconnaissait bien la faiblesse de Sa servante mais, loin de s`en éloigner, Il venait à elle et la fortifiait par le feu de Son propre Cœur. Il y a aussi une autre opposition d`avec le Jansénisme, en ce que Notre-Seigneur est venu demander la communion plus fréquente, et l`adoration de Sa divine Présence en l`Eucharistie.

St Bernard de Clairvaux

Il y a un beau rapport entre la dévotion au Très Saint Sacrement et celle au Sacré-Cœur. Elles ont toutes deux pour objet Jésus-Christ et, de même que Celui-ci est entièrement présent sous la moindre particule d`hostie consacrée, de même Il est honoré tout entier quand Son Cœur reçoit nos hommages. En effet, même si la dévo-tion au Sacré-Cœur est dirigée vers cet organe particulier de son Corps Sacré, elle ne s`y arrête pourtant pas. Le cœur est un symbole représentant l`amour, or l`Amour de Jésus est propre à toute Sa Personne. C`est pourquoi il est très convenable de manifester notre dévotion envers cet Amour, symbolisé par le Sacré-Cœur, en Le contemplant au Saint Sacrement. Déjà en prenant Ses Apôtres préférés avec Lui au Jardin des Olives le soir du Jeudi-Saint, Il nous montrait Son désir de nous voir Lui consacrer une partie de notre temps pour «veiller avec Lui». Sa demande lors de cette troisième Révélation est donc parfaitement logique: Veiller une heure avec lui les jeudi soirs: «Pouvez-vous veiller une heure avec Moi?»

La Plaie au Sacré-Cœur nous indique le motif de telles veillées de prière: La réparation pour toutes les offenses infligées à Notre-Seigneur. Que nous dussions faire amende honorable pour nos propres péchés est facile à comprendre, mais nous devons aussi donner de notre temps au Seigneur pour Le consoler des péchés d`autrui. À Gethsémani Jésus a vu le fardeau qu`Il aurait à supporter: Les péchés du monde. Il en fut écrasé. Mais un Ange vint pour le consoler, et une partie de Son réconfort Lui vint de la prescience des bonnes œuvres que nous ferions pour Lui en réparation. Ce que nous faisons par amour de Lui aujourd`hui L`a réellement consolé ce soir-là. Notre-Seigneur a clairement exprimé Son désir: «Toi, au moins, console-Moi en compensant leur ingratitude autant qu`il te sera possible.»

Quatrième Grande Révélation

La dernière grande Révélation se produisit durant l`Octave de la Fête-Dieu de l`année 1675. Un an s`était donc écoulé depuis l`apparition précédente. Les premiers messages de Notre-Seigneur à notre jeune amie furent reçus avec méfiance et des préjugés défavorables par plusieurs. Il y avait là une source d`excitation troublant la vie calme et unie du Monastère. C`est peut-être pour cela qu`un an de délai fut nécessaire pour que le dernier Mes-sage soit examiné de manière plus impartiale.

Sr Marguerite-Marie nous raconte: «Étant à un moment donné devant le Saint Sacrement durant Son Octave, je reçus de Dieu plusieurs marques de Son Amour, et je me sentis désireuse de Lui redonner amour pour amour; c`est alors qu`Il me dit: ‘Tu ne peux Me rendre rien de mieux que ce que Je t`ai si souvent demandé.’ Il découvrit alors Son Sacré-Cœur et dit: ‘Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu`Il n`a rien épargné, au point de s`épuiser et de se consumer, pour leur donner un témoignage d`Amour, et en retour Je reçois surtout l`ingratitude, à travers leurs irréverences et sacrilèges, et à travers la froideur et le mépris qu`ils manifestent vis-à-vis du Sacrement de Mon Amour. Ce qui Me cause le plus de douleur est que des cœurs qui Me sont consacrés Me traitent de cette manière. C`est pourquoi Je te demande que le premier vendredi suivant l`Octave de la Fête-Dieu soit consacré à une Fête en l`honneur de Mon Cœur, par une Communion en ce jour, et en le consacrant à une Réparation Solennelle et à des Amendes Honorables pour compenser les insultes qu`Il reçoit lorsqu`exposé sur les autels. Je te promets que Mon Cœur se dilatera, de façon à répandre abondamment les bienfaits de Son Amour sur tous ceux qui Lui rendront cet honneur, et qui induiront les autres à en faire autant.’»²⁸

Voici donc quelque chose de nouveau survenant dans l`Église: Une nouvelle Fête liturgique allait voir le jour; une nouvelle ère de grâce s`ouvrait pour les âmes. Mais la Foi ne change pas; seule la compréhension que nous en avons est susceptible de développement. La manière utilisée par Notre-Seigneur lors de Ses Révélations à Marguerite-Marie fut extraordinaire, mais la dévotion à Son Cœur est bien plus ancienne que ces apparitions. «En approuvant la dévotion au Sacré-Cœur, l`Église ne s`est pas basée sur les visions de la Bienheureuse Marguerite-Marie; Elle en fit abstraction et étudia le culte en lui-même. Même si les visions de Marguerite-Marie étaient fausses, cela ne rendrait pas cette dévotion moins digne ou moins solide. Néanmoins, le fait est que cette dévotion fut propagée principalement sous l`influence du mouvement commencé à Paray-le-Monial; et avant sa Béatification les visions de Marguerite-Marie furent étudiées de façon critique par l`Église.» ²⁹

Le Sacré-Cœur au fil des âges

	St. Claude de la Colombiere

Dès le temps des Apôtres il exista dans l`Église une dévotion à l`Amour de Dieu qui nous donna Son Fils Unique, et une dévotion à l`Amour de Jésus qui souffrit pour notre salut, et dont le Cœur fut percé sur la Croix. Déjà les Pères ont commenté les passages de l`Écriture ayant trait au coté ouvert du Christ, au Sang et à l`Eau qui s`en écoulèrent. Mais c`est seulement aux onzième et douzième siècles qu`on trouve des traces évidentes de la dévotion au Sacré-Cœur lui-même. Citons par exemple St Bernard de Clairvaux (1090-1153) dans son œuvre Vitis Mystica: «Ô très doux Jésus! Quelles richesses n`avez-Vous pas en réserve dans votre Cœur Sacré? Est-il donc possible que les hommes soient indifférents à la perte qu`ils subissent à travers leur négligence vis-à-vis cet aimable Cœur? Quant à moi je n`épargnerai aucun effort pour Le gagner et Le posséder… À l`avenir ce Sacré-Cœur sera à la fois le temple où je ne cesserai de L`adorer, et la Victime que je ne cesserai de Lui offrir, et il sera aussi l`autel où j`offrirai mes sacrifices, et où les flammes de l`Amour Divin qui le brûlent consumeront mon cœur… Allons mes Frères, entrons dans cet aimable Cœur pour ne plus jamais en sortir. Mon Dieu, si nous ressentons une telle consolation à la simple souvenance de ce Cœur, que sera-ce quand nous L`aimerons avec tendresse, et que sera-ce donc lorsque nous y entrerons et y ferons notre demeure perpétuelle? Attirez-moi complètement en Votre Cœur, ô mon aimable Jésus. Ouvrez-moi ce Cœur pour lequel j`ai tant d`attraction!»<sup>30</sup> Nous avons déjà parlé des visions de Ste Gertrude, et il serait bon d`ajouter que Ste Melchtide (1240-1298) parla abondamment des faveurs qu`elle reçut de l`Adorable Cœur de Jésus. De plus l`Ordre Franciscain répandit une dévotion aux Cinq Plaies de Jésus, et celle du Cœur y te-nait une place éminente. Quant à la connaissance des Révélations faites à Sr Marguerite-Marie, elle fut d`abord offerte au monde par un petit livre que le Père de La Colombière S.J. fit circuler en France et en Angleterre. Ce saint Prêtre fut pendant un certain temps le confesseur de notre Sainte, et celle-ci lui parla des visions qu`elle avait reçues. Il fut aussi probablement le premier Prêtre à se consacrer au Sacré-Cœur de Jésus, ce qu`il fit le 21 juin 1675.

La Consécration et l`Intronisation

Le désir de Notre-Seigneur pour une telle consécration est contenu implicitement dans Ses paroles de la Quatrième Révélation: «Ce qui Me cause le plus de peine c`est qu`il y a des cœurs qui Me sont consacrés qui Me traitent ainsi [injurieusement]. C`est pourquoi je demande des Amendes Honorables pour compenser.» Nous sommes pressés par le Sacré-Cœur de faire réparation en nous consacrant à Lui en entier: volonté, affections, désirs, tout ce que nous possédons. Une méthode populaire d`accomplir cela est d`introniser le Sacré-Coeur dans nos foyers. C`est-à-dire de placer une image ou statue du Sacré-Cœur à une place d`honneur de la maison, et de L`y honorer par la suite de diverses manières (fleurs, chandelles ou lampions, prières, etc.). Lorsque le Sacré-Cœur est intronisé dans une église ou une maison, on se trouve aussi à prendre avantage de la promesse faite par Jésus lors de la Deuxième Révélation, selon laquelle partout où cette sainte image serait exposée et honorée, Il enverrait une pluie de grâces et de bénédictions, et que ce don était comme un dernier effort de Son Amour pour favoriser les hommes en ces derniers temps par une abondante rédemption, et pour les délivrer de l`esclavage de Satan. Voilà une dévotion que nous pouvons et devons tous pratiquer. Le jour de l`intronisation une prière spéciale de consécration sera dite, et un certificat pourra même être signé par le Prêtre. Par la suite il s`agira d`essayer d`aimer Notre-Seigneur à chaque jour un peu plus. Son image nous sera un rappel de Son Amour pour nous. Prions-Le plus souvent, et laissons-Le guider notre vie de famille.

Notre-Seigneur Jésus-Christ possède déjà toutes choses, néanmoins, «dans Sa Bonté et Son Amour infinis, Il ne fait aucune objection à ce que nous Lui donnions et consacrions ce qui est déjà Sien, comme si c`était à nous; en fait, loin de refuser un tel acte d`offrande, Il le désire positivement et le demande: ‘Mon fils, donne-Moi ton cœur.’ C`est pourquoi nous sommes capables de Lui plaire par la bonne volonté et l`affection de notre âme. Car en nous consacrant à Lui, non seulement nous prenons acte et nous acceptons de manière publique et libre Son autorité sur nous, mais nous témoignons aussi de ce que, même si ce que nous Lui consacrons était vraiment le nôtre, nous le Lui offririons quand même de tout notre cœur. Nous Le supplions aussi de daigner recevoir notre offrande.»³¹

Autres Visions

La Sr Marguerite-Marie continua de vivre dans son Monastère et à recevoir des visions et messages de Notre-Seigneur. La Fête du Sacré-Cœur fut célébrée pour la première fois à Paray-le-Monial, le 21 juin 1686. Ce fut un grand triomphe qui allait par la suite s`étendre à l`Église entière. «Les quatre dernières années de la vie de la Sr Marguerite-Marie furent pleines de consolations et de grâces, accordées presque sans intermission. Son Divin Maître la visita fréquemment, et ce fut durant cette période qu`elle reçut les fameuses promesses connues depuis sous le vocable Promesses du Sacré-Cœur. Déjà partiellement contenues dans les Grandes Révélations, comme le lecteur l`aura sans doute observé, elles peuvent beaucoup (à condition d`être bien comprises) pour restaurer la Foi des hommes, et pour favoriser leur sanctification.» ³² Douze Promesses faites à ceux qui embrasseront cette dévotion sont communément reconnues (Cf. p. 15).

Conclusion

La Sœur Marguerite-Marie mourut paisiblement à son Monastère le 17 octobre 1690, après avoir reçu les derniers Sacrements avec dévotion. Au matin de ce jour le médecin qui s`occupait d`elle «déclara qu`elle n`avait pas de symptômes alarmants, et même après qu`elle eut rendu le dernier soupir il continua de dire qu`il n`avait rien vu dans sa maladie qui ait pu suggérer une fin si rapide; il ne pouvait douter qu`elle ne fut morte simplement d`amour pour Dieu.»³³ Marguerite-Marie fut canonisée par le Pape Benoît XV le 17 octobre 1920 (jour de sa Fête liturgique). Son corps repose en un cercueil ouvert placé sous un des autels du Monastère de Paray-le-Monial.

Le plus grand triomphe de la dévotion au Sacré-Cœur survint le 11 juin 1899, quand le Pape Léon XIII consacra l`humanité au Sacré-Cœur de Jésus. En une encyclique sur le sujet, le Pape ordonna que des prières au Sacré-Cœur, ainsi qu`un acte de consécration, soient faits dans l`église principale de chaque ville, de façon à ce que tous les catholiques puissent se joindre à lui de manière active. En union avec ce grand Pape, «nous pressons et exhortons tous ceux qui connaissent et aiment ce Divin Cœur à entreprendre de bon cœur cet acte de piété.» ³⁴

Références:

1. Monsignor Demimuid, St. Margaret Mary, P. 8, Burnes Oates and Washbourne Ltd., London, 1927

2. Monsignor Demimuid, St. Margaret Mary, P. 49 - 50, Burnes Oates and Washbourne Ltd., London, 1927.

3. Sr. Mary Philip, Life of St. Margaret Mary Alacoque, P. 23, Sands and Co., London, 1924.

4. Sr. Mary Philip, Life of St. Margaret Mary Alacoque, P. 25, Sands and Co., London, 1924.

5. Sr. Mary Philip, Life of St. Margaret Mary Alacoque, P. 33 Sands and Co., London, 1924

6. Monsignor Demimuid, St. Margaret Mary, P. 75 -76, Burnes Oates and Washbourne Ltd., London, 1927.

7. Sr. Mary Philip, Life of St. Margaret Mary Alacoque, P. 36 - 37, Sands and Co., London, 1924.

8. Monsignor Demimuid, St. Margaret Mary, P. 79, Burnes Oates and Washbourne Ltd., London, 1927.

9. Monsignor Demimuid, St. Margaret Mary, P. 82, Burnes Oates and Washbourne Ltd., London, 1927.

10. Monsignor Demimuid, St. Margaret Mary, P. 91, Burnes Oates and Washbourne Ltd., London, 1927.

11. Monsignor Demimuid, St. Margaret Mary, P. 97, Burnes Oates and Washbourne Ltd., London, 1927.

12. Monsignor Demimuid, St. Margaret Mary, P. 97 - 98, Burnes Oates and Washbourne Ltd., London, 1927.

13. Sr. Mary Philip, Life of St. Margaret Mary Alacoque, P. 41, Sands and Co., London, 1924.

14. Monsignor Demimuid, St. Margaret Mary, P. 100, Burnes Oates and Washbourne Ltd., London, 1927.

15. Sr. Mary Philip, Life of St. Margaret Mary Alacoque, P. 49, Sands and Co., London, 1924.

16. Monsignor Demimuid, St. Margaret Mary, P. 103 - 104, Burnes Oates and Washbourne Ltd., London, 1927.

17. Sr. Mary Philip, Life of St. Margaret Mary Alacoque, P. 60, Sands and Co., London, 1924.

18. Rt. Rev. Emile Bougaud, The Life of Saint Margaret Mary Alacoque, P. 116, TAN, republished 1990.

19. Sr. Mary Philip, Life of St. Margaret Mary Alacoque, P. 66 - 67, Sands and Co., London, 1924.

20. Sr. Mary Philip, Life of St. Margaret Mary Alacoque, P. 70, Sands and Co., London, 1924.

21. The dates of these apparitions are debated. St. Margaret Mary has not indicated them exactly. I am following Msgr. Demimuid's calculation.

22. Monsignor Demimuid, St. Margaret Mary, P. 116 - 117, Burnes Oates and Washbourne Ltd., London, 1927.

23. Sr. Mary Philip, Life of St. Margaret Mary Alacoque, P. 77, Sands and Co., London, 1924.

24. Monsignor Demimuid, St. Margaret Mary, P. 136, Burnes Oates and Washbourne Ltd., London, 1927.

25. Monsignor Demimuid, St. Margaret Mary, P. 124 - 125, Burnes Oates and Washbourne Ltd., London, 1927.

26. Monsignor Demimuid, St. Margaret Mary, P. 127 - 129, Burnes Oates and Washbourne Ltd., London, 1927.

27. J. Forget, The Catholic Encyclopedia, Vol. 8, P. 287, article on Jansenius, Robert Appleton Co., New York, 1910.

28. Monsignor Demimuid, St. Margaret Mary, P. 132 - 133, Burnes Oates and Washbourne Ltd., London, 1927.

29. Jean Bainvel, The Catholic Encyclopedia, Vol. 7, P. 164, article on the Heart of Jesus, Robert Appleton Co., New York, 1910.

30. John Croiset, S.J., The Devotion to the Sacred Heart of Jesus, P. 90 - 91, TAN, republished 1988.

31. Pope Leo XIII, Annum Sacrum, from The Great Encyclical Letters of Pope Leo XIII, P. 457 - 458, TAN, republished 1995.

32. Monsignor Demimuid, St. Margaret Mary, P. 219, Burnes Oates and Washbourne Ltd., London, 1927.

33. Monsignor Demimuid, St. Margaret Mary, P. 225 - 226, Burnes Oates and Washbourne Ltd., London, 1927.

34. Pope Leo XIII, Annum Sacrum, from The Great Encyclical Letters of Pope Leo XIII, P. 458, TAN, republished 1995.