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Janvier - Mars 2004, No. 18
 
Des Bureaux Du District
La Grande Trahison
Par M. l`abbé Jean Violette FFSPX
Supérieur de District

Chers Fidèles,

M. l`abbé Patrick Girouard

 

Le 2 février dernier Monseigneur Fellay accorda, à Rome, une conférence de presse à 45 journalistes qui s’attendaient à une annonce d’un accord entre Rome et la Fraternité. Ce qu’ils reçurent fut une lettre adressée à tous les cardinaux et une étude produite par nos 4 évêques sur l’ścuménisme intitulée «DE L’ŚCUMÉNISME À L’APOSTASIE SILENCIEUSE - 25 ans de Pontificat». Vous pouvez trouver cette étude sur le site Internet de la Fraternité.

Le mot «apostasie silencieuse» est de Jean-Paul II lui-même pour décrire la situation catastrophique de l’Église en Europe principalement. L’étude démontre clairement que l’une des principales raisons de l’apostasie dont parle le Pape est l’ścuménisme tel qu’il est pratiqué par le Vatican depuis Vatican II. Mgr Fellay montre simplement par les citations de Jean-Paul II que cet ścuménisme vient de la « grande charte » Lumen Gentium, et qu’il est l’objet principal de son pontificat. C’est donc que Vatican II et Jean-Paul II sont responsables de cette apostasie!

Le cardinal Walter Kasper, Président du Conseil Pontifical pour l’unité des Chrétiens, lors d’une conférence donnée le 24/05/03 intitulée : « A Vision of Christian Unity for the Next Generation » admet qu’il y a un ścuménisme Pré-Vatican II et Post-Vatican II. Le premier consiste dans l’effort pour ramener à la seule vraie Église ceux qui l’ont quitté. Le deuxième est très différent, et consiste en « un parcours commun », en une «diversité réconciliée», comme moyen d’arriver à une sorte d’unité visible avec les autres églises. Mais il n’est pas question de retour.

Avant Vatican II, l’Église cherchait la conversion des non-catholiques pour leur salut. Maintenant cela est inutile. Pourquoi? Parce que selon Vatican II et Jean-Paul II, tout le monde est sauvé parce que « Jésus-Christ ‘s’est uni d’une certaine manière à tous les hommes’ (Gaudium et spes #22), même si ceux-ci n’en sont pas conscients. » (JP II 22/12/86) Donc étant maintenant libéré du devoir d’aider les hommes à atteindre leur salut, l’Église peut promouvoir l’unité humaine perdue!

Cette nouvelle conception non-catholique de l’ścuménisme vient d’une idée nouvelle qu’on trouve dans le document Lumen Gentium (#7 & 8) qui parle séparément de l’Église Corps du Christ et de la visibilité de l’Église catholique comme s’il s’agissait de deux Églises différentes! Du moins c’est l’impression qui est donnée. Le Pape, suivant Vatican II, distingue entre l’Église du Christ, laquelle est une réalité divine, et les différentes églises fruits des divisions humaines. Pour Vatican II et Jean-Paul II, l’Église du Christ est plus grande que l’Église catholique car elle inclut tous les baptisés, qui sont considérés comme disciples du Christ en dépit des divisions. Cette Église du Christ est une réalité invisible. Ceci explique l’affirmation de Lumen Gentium selon laquelle: l’ «Église du Christ… subsiste dans l’Église Catholique.» (LG#8) Pour eux l’Église du Christ n’est pas l’Église catholique comme l’enseignent clairement Pie XII et tous les papes avant lui. Pour eux, l’Église catholique est une partie de l’Église du Christ laquelle inclue toutes les églises « chrétiennes ». Voilà pourquoi ils appellent les églises orthodoxes les « églises sśurs », et pourquoi ils disent que le saint Esprit se sert de toutes les religions pour conduire les hommes à Dieu. Voilà pourquoi il n’est plus nécessaire de convertir les non-catholiques, parce que selon ce que Jean-Paul II répète souvent suivant Lumen Gentium, tous les baptisés, peu importe leur appartenance religieuse, demeurent unis au Christ et incorporés à Lui. (LG #15) La conclusion est que si l’ordre de l’unité « est celui qui remonte à la création et à la rédemption et s’il est donc en ce sens ‘divin’, ces différences et ces divergences même religieuses, remontent plutôt à un ‘fait humain.’ » (JP II 222/12/86)

D’où il suit que pour Jean-Paul II, « le but ultime du mouvement ścuménique est le rétablissement de la pleine unité visible de tous les baptisés. » (Ut Unum Sint #77) Il est donc nécessaire de détruire les barrières humaines qui empêchent cette unité. Voilà une des raisons pour les « mea culpa » pontificaux de l’an 2000 et toutes les autres concessions faites aux non-catholiques.

Quelles sont ces barrières? Ce sont: les professions de foi, les sacrements et la communion hiérarchique. Mais rappelez vous il ne s’agit pas de ramener les égarés, mais plutôt de trouver ce qui nous unit, ce que nous avons en commun. Voilà ce qui explique la démolition de l’Église au nom de l’ścuménisme. Examinons un peu ce que Rome fait de ces barrières:


Profession de Foi

Cardinal Ratzinger  
Cardinal Ratzinger

 

En matière de foi, Jean Paul II considère que souvent « les polémiques et les controverses intolérantes ont transformé en affirmations incompatibles ce qui était de fait le résultat de deux regards scrutant la même réalité, mais de deux points de vue différents. Il faut trouver aujourd’hui la formule qui, saisissant cette réalité intégralement, permette de dépasser les lectures partielles et d’éliminer les interprétations erronées. » (Ut Unum Sint # 38) Ces querelles de foi sont donc réduites à un simple malentendu dû aux conditions historiques et aux terminologies locales! En d’autres mots: tout est relatif. C’est bien ce que disait le cardinal Ratzinger à Mgr Lefebvre lorsque celui-ci lui parlait du Syllabus des erreurs de Pie IX. Le Syllabus était bon à l’époque oú il fut écrit, mais maintenant il n’est plus conforme aux réalités d’aujourd’hui, donc il ne s’applique plus! Les formules dogmatiques dépendent donc du temps où elles ont été formulées. À temps différents correspondent différentes formules. Et voilà! Le tour est joué. Il n’y a plus de vérité fixe. La foi est jetée dehors par les fenêtres grandes ouvertes par Vatican II. Ce qui explique entre autres la Déclaration christologique commune entre l’Église catholique et l’Église assyrienne d’Orient de 1994, et la Déclaration conjointe sur la doctrine de justification entre l’Église catholique et la Fédération luthérienne mondiale de 1999.


Les Sacrements

Souvenons-nous d’abord que, selon le père Bugnini, dans la préparation de la nouvelle messe « l’Église a été guidée… par le désir de tout faire pour faciliter à nos frères séparés le chemin de l’union en écartant toute pierre qui pourrait constituer ne serait-ce que l’ombre d’un risque d’achoppement ou de déplaisir. » Voilà pourquoi notre messe a été sacrifiée. Toutes les réformes liturgiques ont été faites dans le même esprit.

Mais les Modernistes ne s’arrêtent pas là. La liturgie catholique ayant été suffisamment diluée pour plaire aux non-catholiques, il restait à accepter leur liturgie. Dans un document expressément approuvé par Jean-Paul II, le cardinal Ratzinger a déclaré valide l’anaphore ou messe (nestorienne) d’Addai et Mari de l’Église assyrienne, séparée depuis le 3ième concile d’Ephèse (381), qui ne contient pas de paroles consécratoires. C’est la fin de la théologie des sacrements puisque maintenant la matière et la forme ne sont plus considérés comme étant nécessaires. Pourquoi alors, ne pas accepter la sainte Cène des protestants? Mais il demeure un obstacle majeur à l’unité: la hiérarchie et surtout la papauté. Mais ne craignez rien, ils ont tout prévu.


La Hiérarchie

Premièrement il faut reconnaître la validité des ordres des différentes églises. Donc il faut enlever l’obstacle de l’invalidité des ordinations anglicanes déclarées par Léon XIII, afin que l’Archi-Laïc de Canterbury puisse bénir les cardinaux avec le pape. Ensuite pour légitimiser les orthodoxes il faut redéfinir la notion de succession apostolique, non plus comprise « dans le sens d’une chaîne historique d’imposition des mains remontant à travers les siècles à un Apôtre » puisque « ce serait une vision très mécanique et individualiste. » (cardinal Kasper).

Mais l’obstacle principal demeure la primauté du pontife romain. Mais encore ici Jean-Paul II a pris les devants. Dans son encyclique Ut Unum Sint # 95 il nous dit qu’il est « convaincu d'avoir à cet égard une responsabilité particulière… et que j'écoute la requête qui m'est adressée de trouver une forme d'exercice de la primauté ouverte à une situation nouvelle, mais sans renoncement aucun à l'essentiel de sa mission. » Et voilà, « à l’avenir le ministère Pétrin devra être exercé en accord avec les besoins changeants de l’Église... Puisque, « dans la situation de globalisation du monde, les témoignages bibliques concernant Pierre et la tradition pétrine de Rome sont lus avec de nouveaux yeux, parce que dans ce nouveau contexte la question d’un ministère d’unité universelle, d’un point de référence commun et d’une voix commune pour l’église universelle devient urgent. » (cardinal Kasper). C’est la fin de la papauté au nom de l’ścuménisme. Et on dit que c’est nous qui sommes contre le Pape!

Incroyable! J’aimerais pouvoir vous dire que j’invente tout cela, mais il s’agit de citations de Jean-Paul II luimême et du cardinal Kasper, Président du Conseil Pontifical pour la Promotion de l’unité des Chrétiens, donc le numéro deux en matière d’ścuménisme.

Cher fidèles, le carême est commencé. Avec St Paul « nous vous exhortons à ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu. Voici maintenant le temps favorable; voici maintenant le jour du salut. » Voici le temps de nous montrer chrétiens, véritables disciples de Jésus-Christ. Soyez généreux! Il y a tant de péchés à expier; les nôtres, mais aussi tous les scandales publics autour de nous. Comme d’habitude la messe mensuelle pour tous nos amis et bienfaiteurs sera célébrée le dernier dimanche du mois. Soyez assurés de nos prières reconnaissantes.

Avec ma bénédiction
Abbé Jean Violette

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