Editorial
L’Évangile et l’actualité
Abbé
Yves le Roux
L’Évangile
est une haute école de formation qui façonne notre esprit et nous permet
de poser sur l’actualité un jugement adéquat. Le présent, même le plus
concret, ne se comprend en effet que dans la perspective de l’éternité.
Nous
ne pouvons, tout d’abord, que stigmatiser avec horreur le recours à la
violence aveugle en nous rappelant qu’il périra par l’épée celui qui vit
de l’épée.
Il est
de notre devoir de prier pour les victimes et les morts des attentats
sanglants du mois dernier. N’oublions pas cependant que, chaque jour,
les lois politiques autorisent légalement des meurtres d’innocents. Ces
crimes crient justice en face du trône de Dieu.
Aussi
ces attentats du mois dernier, pour horribles qu’ils soient, ne doivent
ni nous étonner, ni nous impressionner outre mesure :
Premièrement,
il est surtout étonnant que ce genre d’exactions ne se répète pas plus
souvent. Un monde qui bafoue, comme le nôtre, l’ordre établi par Dieu
ne peut durer et est appelé à s’autodétruire.
Deuxièmement,
les scènes d’horreur que nous avons pu voir ces derniers jours – notons
d’ailleurs qu’il y a là un aspect morbide qui en dit long sur l’état de
santé de notre société qui se complait à voir de telles scènes – nous
invitent à rouvrir notre saint évangile car le spectacle insoutenable
de ces corps déchiquetés ou de ces bâtiments détruits peuvent nous impressionner
plus que de raison. Or, nous savons bien que nous ne devons craindre que
ce qui peut tuer l’âme et l’entraîner dans la géhenne du feu éternel.
Le monde actuel est conçu pour damner. Nos âmes sont en grand danger et
nous devons être extrêmement vigilants pour nous préserver de son esprit
diabolique qui, hélas, pénètre même au sein de la Tradition. C’est un
esprit de compromission avec le monde qui insensiblement nous pénètre
et change imperceptiblement mais radicalement notre jugement. Nous ne
sommes pas du monde et, si nous devons vivre dans le monde, notre devoir
est de lutter contre ces forces pernicieuses qui tuent nos âmes. À l’heure
du danger physique, les hommes retrouvent le sens des réalités et se tournent
instinctivement vers Dieu. Dans le monde de putréfaction intellectuelle
et morale dans lequel nous vivons, nous perdons le sens de Dieu et partant
du péché. Nous relativisons tout et tombons dans une tiédeur infiniment
plus redoutable que des attaques de terroristes fous : ceux-ci déchiquètent
les corps, la tiédeur déchiquète les âmes.
Devons-nous
céder à une peur panique face à de tels événements ? Certainement pas.
Si nous entendons parler de guerres et de bruits de guerres, nous devons
relever la tête car notre délivrance est proche. Notre devoir d’état est
la meilleure réponse que nous puissions donner à ces appels étranges,
si éloignés de l’évangile, qui nous invitent à engranger des réserves
de toute sorte alors que les oiseaux du ciel ne sèment ni ne moissonnent.
Gardons la tête froide et vivons paisiblement sous le règne de la vertu
de prudence. Nous sommes dans les mains de la Providence qui exerce sur
nous sa paternité bienveillante. Notre ambition est le ciel et non de
demeurer sur terre à l’abri de tout désagrément. La vie est un combat
à mort dans lequel nous devons nous engager résolument, le ciel en est
la récompense.
Notre
ligne de conduite est toute tracée à la lumière de l’Évangile. La sainte
Église, en confirmant la véracité des apparitions de Fatima, nous en a
donné un résumé fort simple contenu tout entier dans les demandes de Notre
Dame : Faisons pénitence en accomplissant notre devoir d’état et
prions le chapelet en famille, spécialement pour les chefs d’état et les
pécheurs. Puis gardons confiance, car si des états sont appelés à disparaître,
en juste châtiment de leurs crimes, et si nous sommes appelés à vivre
des événements tragiques (comme nous pouvons le penser lorsque nous voyons
comment sont traitées les demandes de la Sainte Vierge), nous savons que
le Cœur Immaculé de Marie triomphera et que Dieu établira son Règne non
seulement malgré ses ennemis les plus irréductibles, mais grâce à leurs
manigances mêmes ! Gardons totalement confiance, le Christ a vaincu le
monde et nous a appris que notre victoire sur le monde est notre foi.
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