L’éducation
des vertus
Suite
et fin de la conférence des religieuses dominicaines enseignantes de Post
Falls, Idaho, USA. Cette conférence fut donnée lors d’une réunion de parents,
en décembre 2000.
4
– La nécessité de la formation intellectuelle
Nous
avons reçu la faculté de l’entendement, en vue de connaître la vérité...
Dieu nous a donné une double lumière, celle de la raison et celle de la
foi. Dans notre condition actuelle, nous ne pouvons parvenir à la vérité
entière sans l’aide de ces deux lumières ensemble. Mépriser l’une ou l’autre
revient à nous aveugler. La discipline de l’intelligence est d’autant
plus importante que c’est elle qui éclaire la volonté et la rend capable
de tendre vers le bien. C’est l’intelligence qui, sous le nom de « conscience »,
est le guide de notre vie morale et surnaturelle. Pour qu’elle puisse
remplir son rôle droitement, il faut corriger ses défauts, dont les principaux
sont : l’ignorance, la curiosité, la précipitation, l’orgueil et
l’opiniâtreté.
a) On
surmonte l’ignorance par une application systématique et constante à l’étude.
b) La
curiosité est une maladie de l’esprit qui nous porte à rechercher trop
fortement la connaissance des choses qui nous plaisent ou qui satisfont
nos passions, plutôt que la connaissance des choses qui nous sont réellement
profitables. D’où la perte d’un temps précieux, sans compter le danger
de tomber dans une multitude de péchés.
c) L’orgueil
doit être combattu, surtout cet orgueil intellectuel qui est plus dangereux
et plus difficile à combattre que l’orgueil de la volonté. « C’est
cet orgueil qui rend la foi et l’obéissance aux supérieurs difficile.
On veut être indépendant. Plus quelqu’un à confiance en son propre jugement,
plus il répugne à accepter que d’autres lui enseignent, ou le conseillent,
surtout des supérieurs... D’où résultent des erreurs regrettables. De
là vient aussi l’opiniâtreté du jugement, qui conduit à condamner de façon
péremptoire et définitive toute opinion qui diffère de la sienne. »
(R.F. Tanqueray)
5
– La nécessité d’acquérir les vertus intellectuelles
Les
vertus intellectuelles sont des habitudes de connaître.
a) Parmi
toutes les vertus qui enrichissent notre esprit, la plus fondamentale
est, selon saint Thomas d’Aquin, « intellectus principiorum »,
l’intelligence des premiers principes, qui sont connus par eux-mêmes
(et non en déduction d’autres connaissances). Cette vertu est le fondement
de toute notre pensée. Elle consiste dans la capacité d’user promptement
et facilement de ces éléments de la pensée sur lesquels repose chaque
mouvement de l’esprit. Par exemple, le principe premier et connu par soi
de toute notre connaissance : ce qui est, est; ce qui n’est pas,
n’est pas. Ou encore : une même chose ne peut pas en même temps et
sous le même rapport être et ne pas être. On appelle ces éléments de pensée
les premiers principes. La vie de l’esprit repose sur la vérité et l’acceptation
de ces premiers principes. Quelqu’un qui ne peut pas saisir ces premiers
principes, ces vérités évidentes, est un dément.
L’immersion
dans l’artificiel, le « virtuel », par la télévision, les ordinateurs,
les jeux vidéo, etc. tend à détruire cette intelligence des premiers principes
en poussant l’intelligence à saisir des choses qui n’existent pas. Cela
est tragique. Car l’intelligence des premiers principes est à la base
de toute acquisition de connaissances, au fondement de toute notre pensée.
Si le fondement est vicié ou tordu, tout l’édifice de la connaissance
sera aussi vicié.
Notre
intelligence doit normalement devenir plus profonde et pénétrante à mesure
que nous progressons dans la connaissance. Quelqu’un peut saisir la vérité
ou l’erreur d’une chose dans son domaine de connaissances de plus en plus
rapidement à mesure que ses connaissances augmentent. Cette connaissance
devient une seconde nature d’où découle spontanément une compréhension
profonde et rapide de ce qui appartient à ce domaine de connaissances.
D’où
la nécessité d’être très vigilant au regard du fondement de nos connaissances.
Ce fondement doit être la réalité, non la « réalité virtuelle ».
D’où aussi la nécessité de l’étude, pour acquérir une intelligence plus
profonde et aiguë. C’est une question de vérité, de nature, et non d’opinion
personnelle. Nous ne pouvons mettre notre nature en danger sous le prétexte
de nous amuser avec ces jeux artificiels.
L’immersion
dans l’artificiel déshumanise l’homme, et tend à détruire sa nature.
Ceci n’est pas sans conséquences dramatiques dans l’ordre de la grâce.
Car la grâce doit reposer sur la nature. C’est cette dernière qui
est le récipient de la grâce. Si la nature est « dénaturée »,
corrompue, la grâce n’a plus de support, elle est perdue. Cela est très
sérieux.
b) La
science est la deuxième vertu intellectuelle. Elle nous fait comprendre
des conclusions qui sont démontrées logiquement dans un ordre de connaissances
ou un autre (par exemple la philosophie, les mathématiques, la physique
...) Elle consiste en un corps de connaissances certaines et évidentes
reposant sur des preuves ou démonstrations. Il ne faut pas oublier que
« la science est toujours un corps systématique, ordonné, de connaissances,
et non pas un tirage au sort de réponses possibles à une devinette. La
science est un ensemble bien ordonné et structuré dont la cohésion dépend
de certaines lois ou principes fondamentaux ». (Vous avez des lois
en sciences naturelles, en mathématiques, et même dans les arts comme
la musique, etc.). Il est donc clair que la science ne peut s’acquérir
que par l’étude persévérante. Cela ne peut pas être un processus rapide.
c) « Mais
l’esprit humain n’atteint le sommet de sa perfection que par la vertu
de sagesse, la troisième vertu intellectuelle, et la plus noble.
La sagesse est une connaissance des choses dans leurs causes suprêmes,
ou les plus hautes. « La sagesse est l’habitude de juger de toute
chose de façon synthétique, en relation avec les premières causes,
et d'abord en relation avec La première cause universelle : Dieu ».
C’est
la sagesse qui met de l’ordre dans tout l’édifice de la connaissance.
L’homme instruit doit être sage, autrement il perdra de vue la relativité
de sa science : il ne verra que son domaine de connaissances,
qui n’est jamais qu’un aspect ou qu’une partie de la réalité. Dans cet
« oubli » de la dépendance de sa science par rapport à l’ordre
général de toutes nos connaissances, il en viendra à considérer sa science
particulière, avec sa méthode propre, comme la connaissance suprême qui
peut donner des réponses aux questions suprêmes concernant la vie, la
destinée humaine, la morale ... Seule la sagesse peut apporter l’ordre
et l’unité à la vie de l’intelligence, comme à la vie morale de l’homme.
Seule la sagesse peut corriger l’orgueil intellectuel, puisque étant l’habitude
de juger de tout en rapport avec Dieu, Cause et Fin suprême, elle est
inséparable de l’humilité.
C’est
justement le but que nous nous efforçons d’atteindre dans notre curriculum,
comme nous vous l’avons dit plus tôt : « La culture que les
Sœurs doivent promouvoir ne consiste pas dans une accumulation démesurée
de connaissances particulières, ni dans un plaisir aussi stérile que raffiné,
ni dans un verni de connaissances superficielles : elle consiste
dans la sagesse » ... « qui n’est rien d’autre qu’une adaptation
vitale et profonde de l’esprit aux valeurs de vérité, de beauté, de moralité »... « qui
donnent lumière et ordre à nos pensées ».
Comprenez
alors la profondeur du travail à accomplir dans la formation de l’intelligence
de vos enfants. Voyez la hauteur de l’objectif à atteindre. Comprenez
combien il exige que la famille et l’école premièrement soient bien conscientes
de la profondeur de cet objectif et deuxièmement qu’elles combinent leurs
efforts afin « d’éduquer » véritablement les enfants, c’est-à-dire
les tirer de leur ignorance, de leurs erreurs, de leur mesquinerie, pour
les élever à la hauteur de la sagesse naturelle et surnaturelle qui rejaillira
ensuite sous forme d’une authentique vertu de prudence, cette vertu qui
éclaire et guide toute notre conduite morale.
Prenons
conscience qu’il est souverainement important d’entraîner l’esprit de
nos enfants à ces vertus intellectuelles; de leur apprendre à voir des
liens logiques entre des faits, entre des choses qu’ils savent déjà, en
vue de tirer des conclusions nouvelles mais solides à partir de connaissances
antérieures, ce qui est la seule voie pour grandir en science et en sagesse.
Obligeons nos enfants à devenir de plus en plus logiques, raisonnables,
à mesure qu’ils grandissent. Obligeons-les à approfondir leur compréhension
des choses, de la vie, des valeurs naturelles et surnaturelles, afin qu’ils
acquièrent ainsi des convictions solides qui seront devenues personnelles.
Obligeons nos enfants à penser, à réfléchir sur des choses ayant une
valeur. Combattons et corrigeons toute forme de paresse ou d’inertie
intellectuelle, et cela d’abord à la maison, toute la journée, et chaque
journée. Vous les parents, êtes les premiers responsables de cet éveil
de l’intelligence de vos enfants. Apprenez-leur de bonnes habitudes
de penser, de réfléchir, de raisonner logiquement. Augmenter leur désir
de savoir. Encouragez en eux un désir de pénétrer sous la surface extérieure
des choses en vue de mieux comprendre leur nature, leur « lois »,
la façon dont elles sont liées à d’autres choses, leur but, etc.
Parmi
beaucoup d’autres points que nous pourrions ajouter ici, mentionnons l’importance
première d’enseigner à nos enfants un vocabulaire étendu et précis.
Acquérir l’habitude d’utiliser le mot approprié pour chaque chose est
un outil précieux pour connaître de façon précise et pour combattre la
confusion et l’ignorance. Souvent ce qui ennuie et fatigue l’intelligence
de nos enfants c’est le fait qu’ils ont des notions imprécises, vagues,
qui engendrent la confusion où rien n’est clair, rien n’est tout à fait
sensé, rien n’est vraiment saisi par l’intelligence, tout est un peu n’importe
quoi.
Comment
se fait-il que tant d’enfants à l’école montrent un esprit apparemment
mort, apparemment incapable de tirer des conclusions logiques ? Prenons
un exemple. Ils savent ce qu’est un ‘sujet’. Ils savent qu’en latin, le
sujet se met au nominatif. Ils connaissent les cas latins (ils savent
quelle est la forme du nominatif des différents mots latins). On leur
montre un mot qui est le sujet dans une phrase. Mais ils sont incapables
de faire le lien entre tous ces faits, ces connaissances. Il doivent être
grondés, ou en tout cas il faut les pousser pour qu’ils fassent les connexions
entre ces connaissances. Ils ne les font pas par eux-mêmes. Comment est-il
alors possible d’avancer ? Car sans la coopération personnelle, active
et volontaire de l’enfant, nous restons bloqués. C’est notre combat quotidien
avec beaucoup d’enfants, chers parents. Il faut faire quelque-chose pour
corriger cela. Aucun professeur ne peut apprendre à la place de vos enfants.
Nous vous en prions, faites tous les efforts à la maison pour éveiller
l’esprit, la vie intellectuelle de vos enfants. Car c’est une vie.
Il faut qu’il y ait un mouvement qui part de l’intérieur, une progression
personnelle et constante. Nous vous en prions, mettez un terme aux fréquentes
soirées de films, vidéos ou cinéma. Prenez conscience combien il est mortel
pour la vie intellectuelle de vos enfants de leur donner l’illusion qu’ils
savent beaucoup lorsqu’ils ont vu (par des films) et entendu beaucoup
de choses. Encore une fois, ce n’est pas cela connaître véritablement.
Ils ne savent rien démontrer. Ils s’habituent à répéter ce qu’ils ont
entendu, sans se préoccuper du vrai ou du faux, de la conformité avec
la réalité ou non. Les films causent cette inertie intellectuelle, cette
passivité totale, ce refus de tout effort intellectuel. Et cela, encore
une fois, est mortel pour vos enfants, parce que cela va à l’encontre
de leur faculté la plus importante et la plus noble, l’intelligence.
L’inertie
intellectuelle peut aussi être causée par la multiplicité des activités,
la trop grande quantité de buts ou objectifs donnés aux enfants. Cela
engendre une perte de concentration, d’où une diminution de forces. Nos
capacités sont limitées. Nous ne pouvons pas concentrer toutes nos
énergies sur plusieurs objectifs en même temps. Si nous commençons
trop de choses, nous nous arrêterons à mi-chemin sans avoir jamais rien
achevé. Beaucoup d’enfants semblent avoir ce problème. Leur attention
est sollicitée par trop de choses extérieures à ce qui devrait être leur
objectif principal : leurs études. Les divertissements ne sont pas
un but en eux-mêmes. Ils doivent servir à restaurer, re-créer,
refaire les forces intellectuelles et physiques. Mais le vrai but, c’est
de grandir intellectuellement et spirituellement. Ce sont ces principes
qui devraient vous guider dans le choix des activités de famille pendant
les fins de semaine. Celles-ci devraient permettre aux enfants de récupérer
par un bon sommeil, par de l’exercice physique, en vue de commencer une
nouvelle semaine avec des forces et une énergie fraîches. Que se passe-t-il
en réalité ? Les lundis matin sont effrayants. Beaucoup d’enfants dorment
littéralement sur leurs pupitres, et montrent une fatigue extrême tant
physique qu’intellectuelle. Et ils ont oublié un bon 80% de ce qui a été
enseigné auparavant. Cela nous prend deux journées complètes pour les
remettre en état de travailler, d’être réellement présents en classe.
Que s’est-il passé durant la fin de semaine ? Les divertissements
et autres activités ont-ils véritablement été choisis pour ré-créér vos
enfants ? Il est évident au contraire que pour beaucoup de filles, il
y a eu des veillées tardives, des films, une multiplicité d’activités
qui les distraient de leurs devoirs principaux. Elles sont détournées
du but sur lequel elles devraient se concentrer. Quelque divertissement,
il est vrai, est nécessaire pour relâcher la tension et pour rafraîchir
les forces intellectuelles, mais ces divertissements doivent être sains
et sans excès. Une bonne marche, une randonnée en vélo, un travail à l’extérieur
comme le jardinage sont certainement une nécessité chaque fin de semaine
pour nos étudiantes. Si tout doit être réexpliqué en classe chaque lundi
comme après une absence de trois mois, nous ne pouvons pas avancer. De
plus, les enfants deviennent dégoûtés. Et comment vont-ils acquérir des
convictions profondes qui seront un guide et un stimulant pour la volonté
? Seules de telles convictions peuvent guider la volonté dans le choix
de ce qui est conforme à la volonté de Dieu. Or les convictions sont le
fruit de connaissances, et seulement de connaissances solides et larges
des vérités naturelles et surnaturelles. Comprenez quel est l’enjeu quand
il est question d’école, de travail scolaire, de devoirs, de conversations
autour de la table, des buts de la vie, des horaires, des loisirs, etc.
Ceci nous conduit à dire quelques mots à propos de trois vertus primordiales
dans l’éducation des enfants : la Prudence, la Force, et la Tempérance.
C. Quelques
considérations sur le rôle majeur que jouent trois vertus dans l’éducation
des enfants.
1.
La Prudence
« La
Prudence est concernée par les choses pratiques de la vie. Elle est la
vertu qui éclaire et guide toute notre conduite morale. Elle est la vertu
intellectuelle la plus précieuse. Elle joue dans le domaine pratique un
rôle analogue à celui de la sagesse dans le domaine spéculatif. De fait,
on l’appelle parfois la sagesse pratique. La Prudence s’efforce de choisir
les meilleurs moyens pour nous conduire à un but, et surtout au but ultime
et suprême de notre vie. On peut la définir comme la raison droite de
notre agir : recta ratio agibilium, comme le dit Saint Thomas. Nous
sommes prudents si nous savons ce qu’il faut savoir, et si nous mettons
cette connaissance en pratique dans notre comportement moral. Le rôle
de la Prudence est de juger ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter
de faire dans une situation donnée. Être prudent, c’est être sage dans
le choix de nos objectifs et décisions, et dans les moyens que nous prenons
pour réaliser ces objectifs. C’est ainsi que, comme le dit Saint Thomas,
l’habitus de la Prudence implique une armée d’autres habitus, comme la
mémoire du passé, la compréhension du présent, et la prévision du futur.
La Prudence nous fait regarder dans toutes les directions pour recueillir
des faits en vue d’un jugement sûr. Si elle porte ainsi son regard sur
le passé, le présent, et le futur, c’est dans le but de discerner, et
de juger ce qu’il convient de faire ici et maintenant. Sa préoccupation
principale se porte sur le bien concret ou le mal concret qui nous fait
face en ce moment. » 1
Conséquences
pratiques :
- L’éducation
consiste principalement dans la formation à la Prudence : apprendre
à l’enfant à choisir le bien, ici et maintenant, et à mettre ses décisions
ou résolutions en pratique.
- La
Prudence requiert des connaissances étendues dans plusieurs domaines,
en vue d’éclairer et guider notre conduite, et de nous donner les connaissances
nécessaires qui nous permettront de discerner et de choisir le bien.
2. La Tempérance et la Force
« Si
les vertus intellectuelles rectifient notre raison, il reste que notre
volonté humaine rencontrera deux obstacles dans la poursuite du bien raisonnable.
Premièrement, la volonté peut être entraînée par un objet de plaisir qui
dévie de la rectitude de la raison; cet obstacle est surmonté par la vertu
de Tempérance. Deuxièmement, la volonté peut être détournée de la poursuite
du bien raisonnable par une difficulté qui se présente. Pour surmonter
cet obstacle, la force d’âme est nécessaire ». 1
a)
La Tempérance
« Parce
que les passions de l’appétit sensible sont en lutte perpétuelle contre
l’ordre de la raison, nous devons contrôler strictement nos appétits inférieurs.
Sinon, ils deviendront incontrôlables et neutraliseront tous nos efforts
pour être bons. D’où le besoin que nous avons d’habitus pour maintenir
l’ordre dans le ménage de notre vie morale. La Tempérance est un habitus
qui modère et réfrène le plaisir qui accompagne l’usage de la boisson,
de la nourriture, et de la fonction génésique. Notre conduite, en cela
comme ailleurs, doit être en harmonie avec la raison droite ».
Conséquences pratiques :
-Établissez un
horaire pour les repas, et tenez-le.
-Tenez-vous à cette
règle : On ne mange pas entre les repas.
-Réprimez la gourmandise
de vos enfants.
-Obligez-les à
manger ce que vous leur servez, pas seulement ce qu’ils aiment.
-Modérez l’usage
de friandises, comme aussi les nourritures trop sucrées. Elles sont
mauvaises pour la santé et favorisent la concupiscence.
-De temps en temps
obligez vos enfants à mortifier leurs préférences concernant la nourriture.
-Voyez aussi combien
les films tendent à favoriser cette sensualité, même s’ils ne sont pas
mauvais en eux-mêmes, par cet appel excessif aux sens.
-Favorisez une
pureté forte et rayonnante en vos enfants.
Beaucoup
d’enfants en effet ont tendance à être très mous, faibles, comme des mollusques.
Ils n’ont pas de fermeté dans leur tenue. La gourmandise est certainement
un de leurs défauts. Ils manquent souvent d’énergie physique et morale.
Nous vous invitons à approfondir votre compréhension du rôle de la vertu
de tempérance dans la formation du caractère, de la force morale.
b)
La vertu de Force
« La
vie de l’homme sur la terre est une bataille constante, comme le dit Job.
Parce que nous perdons courage si facilement et cédons à des sentiments
de découragement, il est vital pour nous d’acquérir l’habitude de résister
à de telles tendances à la dépression. La Force est cette vertu qui nous
rend fermes et inébranlables dans le support des épreuves et des dangers
qui se présentent sur le chemin du Bien. Être brave n’est rien d’autre
qu’agir comme un homme. Nous devons suivre la droite raison en toute chose,
même si cela implique de souffrir ou même de mourir, autrement nous ne
nous comportons pas comme un être humain le devrait. Il faut surmonter
les obstacles, supporter les souffrances et incommodités, et souvent mettre
de côté les plaisirs. La Force nous rend solides comme de l’acier pour
accepter ces sacrifices, ces souffrances, en vue d’accomplir le Bien.
La Force nous aide à être braves dans le combat et à canaliser nos instincts
belliqueux vers un but plus noble que le conflit animal, nous permettant
d’utiliser les énergies qui surgissent du niveau de l’instinct pour augmenter
notre perfection morale ». 1
Considérations
pratiques :
- Demandons-nous :
nos enfants font-ils montre de Force ? Est-ce qu’ils résistent à leurs
humeurs dépressives ? Sont-il déterminés à surmonter les obstacles, à
supporter les souffrances et incommodités qui accompagnent leur devoir
d’état, et à mettre de côté les plaisirs qui peuvent les détourner de
ces devoirs ?
Ne répondez
pas. Trop souvent, les enfants ne montrent pas de force de volonté, de
détermination réelle à faire le bien, au prix d’efforts persévérants.
Ils voudraient qu’apprendre soit facile, que cela se fasse tout seul,
sans leur travail réel, sans leurs efforts, leur attention réelle, leur
étude réelle. Ils gaspillent leur temps et leurs talents.
Ces
deux vertus, la Tempérance et la Force, ont en réalité l’influence la
plus profonde sur le progrès spirituel des enfants, en les débarrassant
de deux obstacles principaux à ce progrès, soit l’attrait des plaisirs
de la chair et la faiblesse de la volonté. Il est facile de comprendre
que la plupart du temps, ce qui empêche les enfants d’utiliser leurs capacités
intellectuelles est leur intempérance et leur faiblesse de volonté. Ils
sont vaincus par ces passions, et leur intelligence demeure comme prisonnière
d’elles. Nous voyons trop d’enfants livrés à l’anarchie de leurs passions,
qui ont une intelligence dispersée, qui sont incapables de concentrer
leur énergie sur un but majeur auquel les autres se rapporteraient, qui
courent dans toutes les directions selon les impulsions de leur chair,
leurs goûts et dégoûts, qui n’ont pas d’énergie, pas de but, pas de souci
de la direction à suivre, si ce n’est la loi du moindre effort. Cela est
très grave. Ces enfants ont la capacité intellectuelle d’apprendre bien,
mais ils sont rendus incapables de l’utiliser, à cause de l’attrait insurmontable
de leurs passions débridées.
Conclusion
« Depuis
le lever au matin jusqu’au coucher le soir, nos journées sont remplies
d’actions que nous faisons par habitude ». 1
Nous n’y pouvons rien. La question est alors la suivante : ces habitudes
sont-elles bonnes ou mauvaises ? Par notre façon de vivre, les décisions
que nous prenons, nous acquérons nécessairement des habitudes, et nos
enfants vont nécessairement acquérir des habitudes selon nos exigences
ou notre négligence. Si nous n’agissons pas pour qu’ils acquièrent des
bonnes habitudes, ils vont nécessairement contracter les mauvaises habitudes
que notre négligence, ou l’abus de notre autorité vont favoriser en eux.
Nos enfants vont nécessairement apprendre des vertus ou des vices selon
notre autorité exigeante ou notre permissivité, et surtout selon l’autorité
exigeante ou la permissivité des parents. Quoi que nous fassions, demandions,
encouragions ou permettions, a des répercussions sur l’âme de nos enfants.
Ils seront conduits vers la vie ou la mort, vers le progrès ou la régression,
vers la croissance en vertus ou en vices. Nous ferons nos enfants forts
dans la mesure où nous serons exigeants, où nous requerrons qu’il accomplissent
leurs devoirs, et cela d’une façon vertueuse, au meilleur de leurs capacités,
jusqu’à ce qu’ils acquièrent la persévérance et la constance. Rappelez-vous
qu’il existe une vertu pour tout ce que nous faisons dans la vie, puisque
tout doit être accompli selon la droite raison pour être vraiment humain.
Nous ne devons pas vivre une vie animale, au niveau de nos goûts ou dégoûts,
ou de nos instincts comme les animaux. Nous devons vivre une vie rationnelle.
Nous devons enseigner à nos enfants à mener une vie raisonnable, rationnelle.
C’est une conquête : une conquête de la raison droite sur les passions,
une conquête de soi-même par le progrès des vertus qui mortifient les
vices opposés, le vieil homme, l’homme de péché, que chacun porte en soi
et qui doit mourir pour laisser la place à Notre Seigneur Jésus-Christ.
Ne nous illusionnons pas : nous serons membres du Christ, semblables
à Lui, nous serons des catholiques dignes de ce nom uniquement dans la
mesure où, par l’exercice des vertus véritables, le Christ vivra en nous.
La pierre de touche de notre vie en Jésus-Christ est la vertu. Sans cela
nous sommes des hypocrites. La grâce doit transformer nos vies, notre
manière de penser, d’agir, mais aussi notre manière de manger, de nous
habiller, d’organiser notre temps, notre travail, nos loisirs, tout.
Chers
parents, votre responsabilité dans cet apprentissage de la vertu par vos
enfants est immense. Personne ne peut vous remplacer. C’est une tâche
très belle. C’est un tel honneur que Dieu vous donne que vous devez vouloir
la réaliser de votre mieux. Mais en ce monde, ce n’est pas facile. C’est
en effet héroïque. Dans un monde qui s’oppose de plus en plus radicalement
et qui tend à détruire les valeurs naturelles et surnaturelles, à commencer
par l’intelligence, et qui réussit presque à détruire l’intelligence humaine,
toute bonne action que vous voulez poser, et qui devrait être normale,
devient héroïque parce qu’elle est contre le courant. Nous vous supplions
de ne pas perdre courage, mais de garder à l’esprit les hautes exigences
de l’éducation catholique, pour pouvoir les inculquer dans l’esprit
et le cœur de vos enfants. Nous reconnaissons et apprécions la confiance
que vous placez en notre école, et donc en l’Église, puisque les écoles
catholiques sont de simples instruments de notre Mère la Sainte Église.
Nous vous remercions de tout cœur pour tous les efforts que vous faites
pour soutenir notre tâche. Quand nous voyons mieux, nous luttons mieux
contre les difficultés qui surgissent chaque jour. Nous vous encourageons
à continuer d’apprendre à vos enfants de s’attacher au bien, quelque soit
le coût. Et quand cela est nécessaire, disciplinez et punissez vos enfants,
d’une manière adaptée à leur âge, continuant de leur apprendre combien
il est nécessaire de s’attacher au bien et donc de rejeter le mal, la
médiocrité, et tout ce qui s’oppose au bien. Et rappelez-vous : Plus
tôt vous commencez cet apprentissage des vertus, plus cela sera facile.
Plus tôt vous commencez à subjuguer et à diriger les passions de vos enfants,
plus vite ils commenceront à agir selon la droite raison, et plus cela
sera naturel pour eux de lutter pour la vertu de façon de plus en plus
consciente. Je vous laisse ces cinq points pratiques :
- D’abord,
nous devons être fermes et décidés dans l’entreprise d’inculquer des
nouvelles habitudes.
- Deuxièmement,
nous devons nous lancer dans la réalisation de ce but avec une volonté
forte d’accomplir ce que nous avons décidé.
- Troisièmement,
nous devons nous placer dans des circonstances qui sont favorables à
la croissance des bonnes habitudes.
- Quatrièmement,
nous ne devons pas nous permettre d’exceptions à ce qu’on peut appeler
les « règles du jeu », en tout cas pas avant que l’habitude
ait poussé des racines profondes.
- Finalement, il
ne faut rater aucune occasion d’exercer les bonnes habitudes. Car elles
sont engendrées par la répétition d’actions. Plus souvent nous les utilisons,
plus elles deviennent robustes. Une seule bonne action n’engendre pas
une habitude. Mais une fois que nous avons de l’entraînement, nos efforts
deviennent plus faciles. A la fin, nous devenons possesseurs d’un trésor
qui peut rendre notre travail non seulement plus facile et prompt, plus
rempli de joie, mais aussi plus apte à nous conduire à notre salut éternel ».
1 C’est une question de
progrès intellectuel et spirituel qui seuls peuvent nous conduire à
une maturité authentique, la formation d’un caractère bon et fort, d’une
personnalité accomplie. Nous naissons avec un tempérament, mais nous
devons construire notre caractère, notre personnalité. Il est évident
que l’éducation joue un rôle majeur dans ce but, et c’est la raison
pour laquelle il est tellement nécessaire que la famille et l’école
combinent leurs efforts vers ce but. " (Fin de la conférence)
1. R.F.
Brennan, 0.P.
2. R.F.
White, 0.P.
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