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Communicantes: November 2001
 

Le problème de la réforme liturgique

Introduction

Deuxième partie : La Sainte Messe est un Sacrifice

Nous publions ici la 2ème partie de l’étude de Mr. l’abbé François Laisney qui nous fait comprendre avec beaucoup de pédagogie d’une part l’enseignement traditionnel de l’Eglise sur la messe, et d’autre part, les erreurs des modernistes.

« Les Sacrifices du Seigneur », c’est par cette expression que commençait la citation de St. Cyprien rapportée dans le dernier numéro du Communicantes (p. 15). St. Cyprien parlait de l’unité de l’Église, et prenait la Sainte Eucharistie comme preuve en la désignant par cette expression. On trouverait beaucoup d’autres exemples. Donnons-en juste un : rapportant un miracle eucharistique pendant une Sainte Messe qu’il célébra en l’an 251, le même St. Cyprien écrit : « sacrificantibus nobis – lorsque nous offrions le Sacrifice ». [2]

Cela montre combien la foi dans le caractère sacrificiel de la Sainte Messe est antique et indiscutée. Qu’on est loin de cette « Cène du Seigneur ou Messe, synaxe sacrée ou rassemblement du peuple de Dieu réuni, sous la présidence du prêtre, pour célébrer le mémorial du Seigneur. » Comme cette première version de l’article 7 de l’Institutio Generalis (introduisant la nouvelle messe), de nombreux auteurs modernistes s’efforcent de présenter la Messe comme un simple repas, et relèguent de côté son caractère sacrificiel ou même le rejettent plus ou moins ouvertement. D’autres le réduisent à la suite de Luther à un sacrifice seulement de louange et d’action de grâce, en éliminant le caractère propitiatoire de ce sacrifice. Le nouveau rite contient de nombreux changements et suppressions par rapport au rite traditionnel qui vont dans le sens d’une diminution du caractère sacrificiel et surtout propitiatoire de la Messe. Les principaux changements sont énumérés dans la première partie du livre Le Problème de la Réforme Liturgique.

Pour aider le lecteur à mieux comprendre l’importance du caractère sacrificiel de la Sainte Messe, nous allons d’abord voir ce qu’est le sacrifice, puis comment la Messe est un sacrifice.

 

La vertu de Religion

St. Thomas d’Aquin nous enseigne que le sacrifice est un acte de la vertu de religion, et même l’acte suprême de cette vertu. Qu’est-ce que la vertu de religion ? C’est la vertu par laquelle nous honorons Dieu. Qu’est-ce que honorer quelqu’un ? C’est rendre témoignage à l’excellence de cette personne.

1 ‑ l’honneur rendu ici-bas

Pour mieux comprendre l’importance de cette vertu, considérons qu’il y a sur terre quatre sorte d’excellences humaines que nous honorons.

Les hommes honorent l’excellence de la science : déjà à l’école on avait l’habitude de donner des prix aux meilleurs élèves (excellente habitude malheureusement rejetée par les méthodes modernes, mais qui aidait à apprécier le savoir). Même encore maintenant on donne des prix Nobel aux scientifiques qui ont fait des découvertes importantes pour la science ; on donne des titres universitaires à ceux qui excellent : Monsieur le Professeur, Docteur, etc. Dans la Sainte Église, le titre de Docteur de l’Église a été décerné à certains saints dont la science a admirablement illustré l’Église.

 

Les hommes honorent l’excellence de la vertu, même au niveau naturel. Ainsi on donne des médailles pour récompenser les services ou le courage de certains. Supposez qu’une maison brûle, et que dehors une maman éplorée indique que son bébé est dans telle pièce ; un pompier s’élance à travers les flammes et sauve le bébé, il recevra une médaille pour reconnaître l’excellence de son courage. C’est ce genre d’excellence que la Sainte Église reconnaît dans ses Saints : en canonisant tel ou tel saint, elle reconnaît l’excellence, l’héroïcité de ses vertus, et invite tous les fidèles à l’honorer, c’est-à-dire à rendre témoignage à cette excellence.

Les hommes honorent l’excellence de l’autorité : on présente les armes au général, on honore un roi, une reine, et même un président de république. Pourtant ils n’excellent pas tous en vertu (!), ni en science : ce qu’on honore en eux, c’est l’autorité elle-même, c’est-à-dire le soin et la garde qu’ils ont reçue du bien commun.

Il y a une quatrième sorte d’excellence humaine à laquelle honneur est dû : « tu honoreras ton père et ta mère. » Quelle est cette excellence des parents ? Certes les parents ont par rapport à leurs enfants une certaine science, ils leur apprennent à parler, et beaucoup d’autres choses ; ils ont aussi une autorité et les enfants leur doivent obéissance, mais ces caractères passent ; les enfants grandiront et pourront dépasser leurs parents en science ; lorsque les enfants auront fondé leur propre foyer, leurs propres parents n’auront plus cette autorité sur eux ; et pourtant jusqu’à leur mort et même après les enfants doivent honneur à leurs parents. L’excellence propre des parents sur leurs enfants est l’excellence « d’origine » : les parents sont à l’origine de la vie même de leurs enfants, c’est d’eux que les enfants tiennent leur être. Quand les enfants sont petits ils tiennent tout de leurs parents ; et au cours des ans ils accumulent une dette envers eux qu’ils ne pourront jamais payer. Si les enfants méditaient plus sur ce qu’ils doivent à leurs parents, ils les respecteraient plus. Cette sorte d’excellence se retrouve à un niveau moindre chez tous ceux qui nous ont fait du bien, que ce soit nos professeurs, ceux qui nous ont donné de bons exemples, de bons conseils, nos bienfaiteurs, etc.

Mais pourquoi honorer l’excellence ? Tout d’abord, en soi, honorer ce qui est excellent est un bien honnête, parce que, une intelligence créée ne pouvant pas tout connaître, il est raisonnable qu’elle s’applique à connaître ce qui est plus excellent. C’est une vraie maladie du monde moderne de voir tant d’hommes s’appliquer d’un côté à connaître les « trivia », choses sans aucun intérêt et aucune excellence, et d’un autre côté ignorer non seulement au niveau naturel les chef-d’œuvre de la civilisation mais même la Très Sainte Trinité et les vérités de notre sainte religion, choses nécessaires pour le salut éternel.

De plus, l’honneur est un dû dans la mesure où nous bénéficions de l’excellence. Toute excellence d’une personne rejaillit en bienfait pour les autres : ainsi la science médicale profite à tous, l’excellence du courage et de la vertu est un exemple entraînant pour tous, l’autorité est pour le bien commun, et il est évident que l’excellence des parents profite aux enfants. Mais vous me direz, celui qui possède une excellence et en fait bénéficier d’autres a donné du sien ; si c’est un don, pourquoi y aurait-il un dû en retour ; s’il ne donne que dans le but de recevoir des honneurs, n’est-ce pas de la vanité ? La réponse est simple : le donneur donne par bonté, il donne parce que le bien tend à se diffuser. « Parce que Dieu est bon, Il nous a créé, » dit St. Augustin. Mais si le bénéficiaire est un être intelligent, il est bon pour lui de connaître la vérité, en particulier sur le fait que ce qu’il possède, il l’a reçu d’un autre ; il est bon pour lui d’apprécier la valeur du don reçu, ce qui lui permet de mieux apprécier par là-même la bonté du donateur. On saisit ici comment l’honneur mène à l’amour. Ainsi donc précisément parce qu’un donateur veut le bien de celui auquel il donne, il désire aussi que ce dernier reconnaisse la source de ce qu’il a reçu : déjà au niveau humain la gratitude est une vertu, c’est un dû. L’honneur dû aux parents est un dû très important, puisqu’il est l’objet du quatrième commandement, mis par Dieu avant même le devoir très strict de respecter la vie. Car si on ne respecte pas les auteurs de sa propre vie, quelle vie respectera-t-on ?

Il y a un vice dans l’excès de l’appétit d’excellence, c’est le vice de l’orgueil, qui oublie que toute excellence créée n’est pas première, mais vient de l’excellence de Dieu, source première de tout être et de tout bien. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te glorifies-tu comme si tu ne l’avais pas reçu ? » (1 Cor. 4:7)

 

2. L’honneur dû à Dieu

Maintenant si nous élevons nos regards vers Dieu, nous trouvons en Lui toutes ces quatre excellences, et au degré suprême, infiniment au dessus des créatures.

En Lui se trouve la science suprême, Il connaît absolument tout, depuis les plus lointaines galaxies, jusqu’aux plus petites particules, toutes et chaque particules dans tout l’univers ! Il connaît tout le passé et tout le futur, non seulement les événements extérieurs, mais encore toutes les pensées et affections de tous les hommes depuis Adam et Ève jusqu’au dernier homme à la fin du monde ; Il connaît toutes les pensées et affections de tous les Anges. Et infiniment au dessus de tout le créé, Il Se connaît Lui-même. Il est la source de toute connaissance, et la Lumière qui illumine tout homme venant en ce monde.

En Lui se trouve toute vertu. Il est le Tout-Puissant, la Sagesse même, la Justice parfaite alliée à la Miséricorde la plus exquise, la Bonté et la Sainteté même ; tout ce qu’Il fait est fait avec parfaite mesure, beauté et pondération ; si on considère ses œuvres dans la nature, Il est l’Artiste le plus exquis et sublime ; si on considère ses œuvres dans les âmes, alors il est plus admirable encore : « Dieu est admirable dans ses Saints ! » (Ps. 67:36). Il est la source de toute vertu, et sans Lui nous ne pouvons rien faire.

En Lui se trouve l’autorité suprême sur toute la création, et toute autorité vient de Lui. Ceux qui exercent une autorité sur terre auront un compte à rendre à son Tribunal, qui est suprême et sans appel. Il dit un mot, et tout Lui obéit : « Il a dit une Parole et tout a été fait ; il a donné un commandement et tout a été créé » (Ps. 148:5).

Enfin Il est à l’origine de tout être ; Lui seul est par Lui-même, Lui seul n’a pas reçu l’être. Tout autre être vient de Lui, dépend de Lui pour l’existence et pour l’agir. « Tout don excellent, toute donation parfaite vient d’en haut et descend du Père des lumières, chez qui n’existe aucun changement, ni l’ombre d’une variation » (Jac 1:17). Les causes matérielles perdent ce qu’elles donnent : par exemple une mère donne une pomme à son enfant, elle ne l’a plus. Les causes spirituelles ne perdent pas ce qu’elles donnent : ainsi un professeur ne perd pas la science qu’il communique à ses élèves. De plus les causes matérielles ne sont pas supérieures à leur effet : la pomme est la même dans la main de la mère et dans la main de l’enfant, la quantité de mouvement qui passe d’un bolide dans un autre après un choc est la même, c’est la « conservation de l’énergie ». Mais les causes spirituelles possèdent selon un mode supérieur ce qu’elles donnent : ainsi l’architecte qui met sur le papier les plans d’une maison ne les oublie pas une fois écrits, mais il en possède l’intelligence dans son esprit, il en connaît la raison d’être (alors qu’un ordinateur n’a aucune vraie compréhension de ce qu’il pourrait écrire). Dieu étant la cause première de toute chose, il s’en suit qu’Il n’a pas perdu le bien qu’Il a donné aux créatures, mais bien plutôt Il possède tout le bien qu’on peut trouver dans les créatures ; et de plus Il le possède selon un mode supérieur, transcendant. Si donc on trouve quelque chose de bon et d’aimable dans une créature, on le trouvera plus parfaitement en Dieu ; Il est donc suprêmement bon et digne d’être aimé !

La lumière de la Foi nous révèle encore plus la suréminente excellence de Dieu en Lui-même. L’excellence d’origine se trouve d’une manière suréminente dans le Père, « de Qui toute paternité au ciel et sur la terre reçoit son nom », de Qui procède le Fils et le Saint Esprit sans commencement, éternellement. L’Intelligence que le Père a de Lui-même est si parfaite qu’Il exprime ce qu’Il est en Une Parole pleinement adéquate, Son Verbe, le Fils égal au Père, Parole respirant l’Amour. L’excellence de la Vertu de Dieu est sa Sainteté, son Esprit de Sainteté, l’Amour du Père et du Fils.  Et l’excellence d’autorité de la Trinité Sainte sur toute créature se manifeste dans le plus grand miracle, la transsubstantiation : par la parole du Fils éternel du Père, qui a pris chair dans les chastes entrailles de la Vierge Marie par l’opération du Saint Esprit, le pain et le vin sont changés en son propre Corps et Sang, et ce non seulement lors de la dernière Cène, lorsque Notre Seigneur Jésus Christ prononça ces paroles par Lui-même, mais aussi à chaque Messe lorsqu’Il les prononce par le ministère du prêtre ! La Sainte Trinité mérite vraiment « tout honneur et toute gloire dans les siècles des siècles ! »

De tout cela il ressort clairement qu’à la Sainte Trinité est dû un honneur très spécial, l’honneur suprême, dû à l’excellence suprême et absolue, et au Premier Principe de tout être et tout bien. On appelle cet honneur : culte de latrie, ou d’adoration. Aux Saints est dû un honneur relatif appelé culte de dulie, ou vénération.

Le culte de Dieu est l’objet des trois premiers Commandements ; c’est un dû qui prime tous les devoirs des hommes envers leurs semblables. De l’accomplissement de cette obligation découlent d’abondantes grâces pour nous aider à remplir nos obligations envers les hommes. En adorant le Créateur, l’homme apprend à respecter son œuvre, d’où le respect des parents, le respect de la vie et de sa transmission, le respect même des biens matériels d’autrui et de sa réputation. Du non-respect des trois premiers commandements découlent souvent le non-respect des autres : si on ne respecte même pas le Créateur, qui respectera-t-on ? On ne le voit que trop dans notre monde moderne.

 

Les actes de la vertu de religion

Il y a de nombreux actes de cette vertu. Les actes intérieurs sont les plus importants. St. Thomas mentionne la dévotion et la prière. La dévotion est la promptitude à tout faire pour l’honneur de Dieu. La prière honore Dieu parce qu’elle reconnaît, avant même que Dieu n’ait donné quelque chose, qu’Il en est la source et que dans son Amour Il prend soin de nous et pourvoit à nos besoins. Remarquez que la dévotion ordonne les actes de toutes les autres vertus à l’honneur de Dieu. Les vertus théologales elles-mêmes prennent de cette vertu une « note » caractéristique : en effet la Foi honore la véracité de Dieu et sa science ; l’espérance honore la fidélité de Dieu et sa providence ; la Charité honore sa Bonté infinie, digne d’être aimée plus que tout. Ne pas aimer Dieu plus que tout, mettre sa fin ultime en autre chose que Dieu, c’est Le déshonorer. De plus l’honneur rendu à Dieu nous aide et aide notre prochain à mieux connaître et apprécier l’excellence de Dieu et de sa Bonté pour nous, et donc à le connaître et à l’aimer. Il y a une influence mutuelle entre cette vertu et les vertus théologales.

De plus l’amour de Dieu non seulement se complaît en Dieu et se réjouit en Lui (amour de complaisance) mais désire faire quelque chose pour Lui : « Que rendrai-je au Seigneur pour tout ce qu’Il m’a donné ? Je prendrai le Calice du Salut et j’invoquerai le Nom du Seigneur ! » (ps. 115:4). On ne peut donner à Dieu quelque chose qu’Il n’ait pas, on ne peut Lui donner que l’honneur, qui est un bien extérieur. C’est l’honneur de Dieu, et c’est le bien de la créature, que de vivre entièrement pour Lui, de L’aimer plus que tout et tout faire pour sa Gloire. Il n’est pas surprenant que St. Thomas conclue son étude de la vertu de religion en disant qu’en elle consiste la sainteté !

Mais cette vertu ne consiste pas uniquement dans des actes intérieurs, car l’homme n’est pas un pur esprit. Ainsi la louange, fréquente dans le chant des psaumes, honore Dieu en paroles ; le serment, par lequel Dieu est pris à témoin de la véracité d’une affirmation, honore la science divine qui, connaissant le secret des cœurs, sait si nous disons vrai ou pas, et jugera en conséquence. L’adoration, au sens limité de signes corporels d’honneur tels que s’agenouiller, ou même la grande prostration telle qu’au jour d’une profession religieuse ou d’une ordination, honore Dieu en manifestant que nous nous considérons tout petits devant Dieu et même rien en comparaison de Lui qui est Infini. Il faut mentionner les vœux, les dîmes, les invocations du Nom de Dieu (par exemple dans les bénédictions de l’Église), l’usage des choses saintes telles que les Sacrements, etc. et le sacrifice.

Plusieurs de ces actes de religions se retrouvent aussi dans les honneurs rendus aux Saints et même aux hommes sur terre, ainsi la louange, ou la prière. Mais il en est un qui est réservé à Dieu seul, parce qu’il exprime plus spécialement l’excellence suprême : c’est le sacrifice.

 

Le Saint Sacrifice de la Messe

Le sacrifice est une certaine immolation d’une chose sensible faite à Dieu seul pour rendre témoignage de sa suprême excellence et de notre totale soumission. La vie étant le premier don que nous ayons reçu de Dieu et le plus fondamental, car tous les autres le présupposent, le sacrifice manifeste que nous reconnaissons Dieu comme Auteur de la vie en lui immolant une victime, ou quelque chose qui soutient notre vie (par ex. le sacrifice de Melchisédech). Dès le début de l’humanité, nous voyons des sacrifices tels que le sacrifice d’Abel. Étant l’acte suprême du culte, rien d’étonnant que Dieu ait donné maintes prescriptions précises à Moïse sur les rites des sacrifices de l’Ancien Testament.

Le sacrifice extérieur signifie le sacrifice intérieur, à savoir que l’âme s’offre à Dieu par une soumission totale, c’est là le sacrifice d’adoration. La reconnaissance intérieure que Dieu est source de tout bien passé (action de grâce) et futur (demande, impétration) est partie essentielle du sacrifice intérieur, signifié par l’offrande extérieure à Dieu (immolation) du bien le plus fondamental, la vie d’une victime.

Les sacrifices de l’ancien testament avaient une valeur de par le fait qu’ils signifiaient le Sacrifice parfait du Christ à venir : ainsi le sacrifice de l’agneau pascal ne tenait pas tant sa valeur du fait qu’il commémorait la Pâque de Moïse, mais du fait qu’il annonçait la Pâque du Christ. Loin d’établir une religion sans sacrifice, Notre Seigneur Jésus Christ a donné à son Église le Sacrifice parfait, son propre Sacrifice de la Croix, que l’Église offre tous les jours sur chaque autel. St. Thomas montre la supériorité du nouveau testament sur l’ancien testament précisément en ceci : dans l’ancien testament, les sacrifices ne faisaient que signifier et annoncer le Sacrifice du Christ ; le Saint Sacrifice de la Messe ne fait pas que signifier (commémorer) le Sacrifice de la Croix, mais il est véritablement le Sacrifice du Christ : « On dit ‘le Sang de la nouvelle alliance’ parce  qu’il nous est donné désormais en réalité et non plus en figure. » [3] De même que le Corps du Christ est véritablement et substantiellement présent tout entier en chaque hostie, et qu’il n’y a pourtant qu’un seul Corps du Christ, de même chaque Messe est véritablement un Sacrifice parfait, et pourtant il n’y a qu’un Sacrifice du Christ. [4]

On voit ainsi combien l’esprit d’adoration, de respect est essentiel à la Messe, précisément en tant que Sacrifice, acte suprême du culte, reconnaissance du domaine souverain de la Sainte Trinité sur nous, ses créatures. De bien des manières, le nouveau rite a mis l’accent sur le repas et a mis de côté l’aspect sacrificiel de la Messe ; bien des marques d’adorations ont été enlevées, ainsi que beaucoup d’expressions manifestant l’humble soumission et le néant de la créature face à son Créateur.

Il importe pour bien participer au Saint Sacrifice de la Messe de retrouver cet esprit de sacrifice, esprit d’adoration, d’action de grâces et d’humble demande. La Messe traditionnelle en est rempli et nourrit cet esprit en nous. Daigne Notre Dame, qui fut présente au pied du Sacrifice de la Croix pleinement unie au sacrifice de son Fils, nous aider à mieux nous unir à ce Sacrifice parfait à la Sainte Messe ! "

(Nous verrons dans le prochain bulletin la fin propitiatoire du sacrifice).


[2] De Lapsis, 25 (B.A.C. p. 189).

[3] IIIa qu. 78 a. 3.

[4] Voir IIIa qu. 83 a. 3 ad. 1m.

 

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