Lettre
ouverte aux Catholiques
Pourquoi je
mets un terme à mes services auprès de l’I.C.E.L.
Par
le Père Stephen Somerville, STL.
Chers amis catholiques du rite
romain,
1 – Etant un prêtre, j’ai collaboré
pendant plus de dix ans à un travail qui a causé un mal notable à la foi
catholique. Je désire maintenant demander pardon à Dieu et à l’Église
et renoncer résolument à ma collaboration à ce projet nuisible. Je veux
parler de mon travail officiel de traduction en langue anglaise de la
nouvelle liturgie latine d’après Vatican II, alors que j’étais un membre
du comité consultatif auprès de la Commission Internationale sur la Liturgie
en Langue Anglaise (I.C.E.L.).
2 – J’ai été ordonné prêtre en
1956, et j’appartiens à l’archidiocèse de Toronto, au Canada. Depuis ma
première jeunesse j’étais fasciné par la liturgie. En 1964 je fus choisi
pour représenter le Canada auprès de l’I.C.E.L., nouvellement créé, comme
membre du bureau consultatif. A 33 ans j’étais son plus jeune membre,
et ressentais une certaine gêne du fait de mes déficiences en la science
de la liturgie et les disciplines reliées. Mais bientôt je devins perplexe
du fait des grossières erreurs de traduction qui nous étaient proposées
d’un air assuré et que l’élément progressiste toujours plus fort dans
notre groupe nous pressait d’accepter. Je ressentais la fausseté, le mal
de tant de productions de notre comité, mais je ne pouvais pas l’articuler.
3 – Laissez-moi illustrer ceci
brièvement par quelques exemples. A la salutation, fréquente, par le prêtre,
Le Seigneur soit avec vous, le peuple répondait traditionnellement :
Et avec votre esprit, en latin Et cum spiritu tuo. Mais
l’I.C.E.L. a récrit la réponse : Et aussi avec vous. Ceci,
outre de sonner de façon très banale, comporte une redondance par le mot
« aussi ». Pire, le mot « esprit » a été supprimé,
qui nous rappelait que nous avons une âme spirituelle. De plus, nous perdons
l’écho de quatre phrases (inspirées) dans les épitres où saint Paul utilise
l’expression « et avec votre esprit ».
4 – Dans le Je confesse à Dieu,
du rite pénitentiel, I.C.E.L. a éliminé le triple « c’est ma faute,
c’est ma faute, c’est ma très grande faute » pour y substituer un
faible « par ma faute ». C’est encore un clou dans le cercueil
du sens du péché.
5 – Avant la communion, nous prions
« Seigneur je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit... »
I.C.E.L a changé cela pour « ...je ne suis pas digne de te recevoir ».
Nous perdons la métaphore du toit, clair écho de l’Évangile (Matth. 8 :8),
et une image vive et concrète pour les enfants.
6 – Les déviations de l’I.C.E.L.
acquièrent un aspect dévastateur spécialement dans les oraisons de la
messe. La collecte, ou « prière d’ouverture » pour le 21ème
dimanche ordinaire illustre bien cela. La prière latine, strictement traduite,
donnerait ceci : « O Dieu, qui faites que les âmes des fidèles
aient une volonté une, accordez leur (la grâce) d’aimer ce que vous commandez
et de désirer ce que vous promettez pour que, parmi les vicissitudes de
ce monde, nos coeurs soient fixés là où on trouve les vraies joies ».
7 – Voici la version de l’I.C.E.L.,
en usage depuis 1973 : « Père, aidez-nous à rechercher les valeurs
qui nous apporteront une joie durable dans ce monde changeant. Dans notre
désir de ce que vous promettez, faites que nous soyions d’un seul esprit
et d’un seul coeur ».
8 – Quelques commentaires. S’adresser
à Dieu en l’appelant Père n’est pas usité dans la liturgie, sauf
dans la prière du Seigneur, le Notre Père (juste avant la communion).
Aidez-nous à rechercher, implique que nous pourrions le faire seuls
(hérésie de Pélage), mais que nous aimerions quelque aide de Dieu. Jésus
enseigne : sans Moi vous ne pouvez rien faire. Le latin nous fait
prier : accordez-nous, non pas simplement aidez-nous. L’emploi par
l’I.C.E.L. du mot « valeurs », mot à la mode dans le monde,
suggère tout ce qui est aujourd’hui populaire, ou politiquement correct,
ou changeant d’une personne à l’autre, d’un lieu à l’autre. La « joie
durable dans ce monde changeant », est une chose impossible. « Dans
notre désir » suppose que nous avons déjà ce désir, mais le latin
nous fait prier pour obtenir ce désir. « Ce que vous promettez »
omet ce que Vous (Dieu) « commandez » , affaiblissant ainsi
notre sens du devoir. « Faites que nous soyions d’un seul esprit
(et coeur) » est un ajout, et paraît comme la demande principale,
et cependant n’apparaît pas comme découlant de ce qui précède. (En latin,
la demande principale est : faites que nos coeurs soient fixés là
où sont les vraies joies. La version latine enseigne que l’unité de nos
esprits est due à l’action constante de Dieu, et doit s’obtenir par notre
sérieuse acceptation de ses commandements et de ses promesses). Il est
clair que l’I.C.E.L. a écrit une nouvelle prière. Cela a-t-il une importance?
Profondément! La liturgie est notre loi de la prière (lex orandi),
et elle forme la loi de notre foi (lex credendi). Si l’I.C.E.L.
a changé notre liturgie, cela changera notre foi. Nous voyons tout autour
de nous des signes de cette corruption et perte de la foi.
9 – Les exemples précédents de
l’affaiblissement des prières de la liturgie catholique latine devraient
suffire. Il y a sûrement des milliers de mauvaises traductions dans le
travail de l’I.C.E.L. Au fil des travaux, je devenais de plus en plus
critique. Mon rôle auprès du comité consultatif prit fin volontairement
vers 1973, et je fus nommé membre émérite, et conseiller. Par cette lettre
d’aujourd’hui, je renonce à tout lien restant.
10 – Les labeurs de l’I.C.E.L étaient
loin d’être entièrement négatifs. J’ai apprécié la riche vie fraternelle,
un accroissement toujours plus étendu de connaissances écclésiastiques,
la présence catholique à Rome, à Londres et ailleurs, l’assistance à une
session du concile Vatican II, les rencontres avec des personnalités distinguées
de l’Église, et d’autres choses. J’exprime ma reconnaissance à deux confrères
de l’I.C.E.L. qui avaient vu, avec tellement plus de clarté que moi, la
voie droite à suivre dans les traductions : il s’agit de feu le professeur
Herbert Finberg, et le père James Quinn S.J. d’Edinburgh. Si je renonce
à mon passé à l’I.C.E.L., ce n’est pas à cause de ces personnes et de
ces aspects positifs, mais à cause de la corruption de la foi et du respect
catholiques auxquels le travail de l’I.C.E.L. a contribué. Je demande
pardon humblement et sincèrement à Dieu et à la Sainte Église pour la
part, quelque petite qu’elle fut, que j’ai eue dans cette corruption.
11 – Ayant mentionné le second
Concile du Vatican (1962 – 1965), j’en viens maintenant à l’autre raison
pour laquelle j’ai renoncé à mon travail de traducteur auprès de l’I.C.E.L.
C’est un sujet encore plus grave et délicat. L’an dernier (depuis le milieu
de 2001), j’ai appris à connaître avec respect et admiration beaucoup
de catholiques traditionnels. Ces personnes, qui ont décidé de revenir
à la messe et à la liturgie d’avant Vatican II, et qu’il ne faut pas confondre
avec les catholiques « conservateurs » (ceux qui essayent de
retoucher et de corriger la nouvelle messe et les sacrements d’après Vatican
II), ces catholiques traditionnels, dis-je, m’ont donné une grave lesson.
Ils m’ont montré un grand nombre de livres et d’études, d’un caractère
universitaire et rigoureux aussi bien que populaire, qui démontrent de
façon cumulative, que le Concile Vatican II a été dès le début investi,
manipulé et infecté par des personnes et des idées modernistes, libérales
et protestantisantes. Ces études montrent que la nouvelle liturgie concoctée
par la commission d’après Vatican II « Concilium » sous la direction
de feu Mgr Annibal Bugnini, était infectée pareillement. La nouvelle messe
fait spécialement problème. Elle édulcore la doctrine de l’Eucharistie
comme vrai sacrifice, et non seulement mémorial. Elle affaiblit la vérité
de la présence réelle du Corps et du Sang du Christ victime en reléguant
le tabernacle dans un coin, en réduisant les signes d’adoration autour
de la consécration, en donnant la communion dans la main, souvent par
des femmes, en utilisant des vases sacrés en matériau vulgaire, en invitant
six experts protestants(qui ne croient pas en la présence réelle) à contribuer
à la préparation du nouveau rite, en encourageant l’usage de musique pop
avec des guitares à la place du chant grégorien, et d’autres nouveautés.
12 – Une telle liste de défauts
porte à penser que beaucoup de messes modernes sont sacrilèges, et même
que plusieurs pourraient être invalides. Elles sont sûrement moins catholiques,
et moins aptes à soutenir la foi catholique.
13 – Qui sont les auteurs de ces
critiques publiques de l’église conciliaire? Parmi beaucoup, voici quelques
noms d’auteurs ayant formulé des évaluations articulées et sérieuses du
concile : Attila Sinka Guimaeres (In the murky Waters of Vatican
II), le professeur Romano Amerio (Iota Unum : étude des
changements dans l’église catholique au 20ème siècle), Michael
Davies (plusieurs livres et fascicules, pubiés surtout par Tan Books),
et Monseigneur Marcel Lefebvre, l’un des pères du Concile, qui a participé
aux schémas préparatoires du concile et a écrit beaucoup d’études abordables
sur le concile et la nouvelle messe (cf. Angelus Press en anglais).
14 – Parmi les catholiques de Tradition,
le regretté Monseigneur Lefebvre ressort spécialement parce qu’il a fondé
la Fraternité Saint Pie X (FSSPX), une solide société de prêtres (qui
possède à ce jour six séminaires pour la formation des futurs prêtres)
pour la célébration de la liturgie catholique traditionnelle. Beaucoup
de catholiques qui ont entendu parler de ceci peuvent penser que Monseigneur
Lefebvre a été excommunié et que ses fidèles sont en shisme. Mais des
solides autorités (y compris le cardinal Ratzinger, le plus haut théologien
au Vatican) pensent que cela n’est pas vrai. La Fraternité Saint Pie X
se déclare entièrement catholique romaine, reconnaissant le pape Jean
Paul II tout en exprimant respectueusement des réserves sérieuses.
15 – Je remercie le lecteur bienveillant
pour m’avoir suivi jusqu’ici. Qu’il soit bien clair que c’est POUR LA
FOI que je renonce à ma collaboration avec l’I.C.E.L. et à cause des changements
dans la liturgie. C’est POUR LA FOI qu’il faut retouner à la tradition
liturgique catholique. Ce n’est pas une question de seule nostalgie du
passé ou de refus du mauvais goût.
16 – Cher lecteur catholique non
traditionnel, n’écartez pas cette lettre avec légèreté. Elle vous est
adressée, à vous qui devez savoir que seule la vraie foi peut vous sauver,
que le salut éternel dépend de sacrements qui puissent sanctifier et pourvoir
la grâce, tels qu’ils ont été transmis depuis le Christ par son église
fidèle. Approfondissez ces graves questions par la prière et par de sérieuses
lectures, tout spécialement dans les publications de la Fraternité Saint
Pie X.
17 – Que la paix soit avec vous.
Que Jésus, Marie nous accordent à tous un bienheureux retour et une persévé-rance
fidèle dans notre véritable patrie catholique.
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