Fraternité Sacerdotale Pie X Canada

Communicantes

English
Communicantes: Juillet – Septembre 2004
 

Éditorial

Par M. l`abbé Patrick Girouard FSSPX 

Marie Toujours Vierge

 

Fr. Patrick Girouard

 

À la lecture de l`Évangile, il nous semble parfois que celui-ci est plus une source de questions que de réponses, et cela peut nous désorienter considérable-ment. Souvent les membres des sectes pro-testantes ou autres se servent de cela pour semer le doute en l`esprit des Catholiques. Prenons le cas de la virginité perpétuelle de Marie, la Mère de Jésus: Selon les Protes-tants, on pourrait croire que ce dogme de Foi, défini au 1er Concile de Latran en 1128 AD, est en contradiction avec l`Évangile!

Voici par exemple trois questions en faveur chez les Protestants (et chez plu-sieurs modernistes hélas!) pour nier ce dogme de Foi:

  1. Mathieu 1:25 ne dit-il pas que «Joseph ne ‘connut’ pas Marie, jus-qu`à ce qu`elle eût enfanté son fils»?
  2. Ne précise-t-il pas d`ailleurs qu`il s`agissait de «son fils premier-né, qu`elle nomma Jésus»?
  3. Et au chapitre 13, v. 55 du même, n`est-il pas fait mention de «ses frères, Jacques, Joseph, Jude et Simon»?

Troublantes questions? Mais précisé-ment, ce ne sont là que des questions! Nulle part dans l`Écriture n`est-il affirmé que Marie eut d`autres enfants après Jésus. En parlant d`elle, les Évangélistes disent «la mère de Jésus» (Ex: Jean 2:3); de plus, seul Jésus est qualifié d`enfant ou de fils de Marie (Ex : Mt 2 :20-21). De même, on comprend que si Jésus avait eu de vrais frères, ceux-ci ne seraient pas passés ina-perçus! De plus Jésus, au moment de mou-rir, n`aurait pas été obligé de confier sa Mère à la protection de Jean, le fils de Zé-bédée!(Jn 19:26-27). Et il faut dire que dès ses débuts l`Église du Christ connut le fait de la virginité perpétuelle de Marie. Les Apôtres, les disciples, et tous ceux qui ont gravité autour de Jésus et de Sa Mère pu-rent le constater de leurs propres yeux. Grâce à leurs récits unanimes et à l`assistance du St Esprit, cette vérité devint une partie de la Tradition, et elle fut tou-jours transmise par la suite. Il faudra atten-dre aux alentours de 380 AD avant qu`un dénommé Helvidius, troublé par les quel-ques questions mentionnées plus haut, mette en doute cette croyance. Il fut bientôt réfuté par le savant exégète St Jérôme, qui l`accusa précisément de se mettre en contradiction avec la Tradition. Mais alors, comment interprèter ces expressions de l`Évangile? Repassons-les une à une…

1- Mathieu 1:25: Ce verset nous dit simplement que st Joseph ne «connut» pas Marie charnellement avant qu`elle mette Jésus au monde. Il veut dire juste cela : Jésus n`est pas le fruit d`un acte charnel! Rien n`autorise l`exégète consciencieux à prétendre que Joseph «connut» Marie après la naissance de Jésus. Rien dans l`Évangile ne vient supporter une telle prétention. Prenons un exemple de l`usage de cette expression ailleurs dans la Bible: Le Roi David, au Psaume 109:1, dit: «Le Seigneur a dit à mon Seigneur: Assieds-toi à Ma droite, jusqu`à ce que Je fasse de Tes en-nemis un reposoir pour Tes pieds.» Il est évident que cette prophétie messianique ne veut pas dire que le Christ perdra sa place d`honneur après que Son Père Lui aura donné la victoire sur Ses ennemis!

2- Mathieu 1:25 (suite) utilise l`expression «premier-né». Ce n`est pas pour dire que Marie aurait eu d`autres en-fants après Jésus. Il s`agit ici de l`emploi d`un terme légal du culte juif, en rapport avec un sacrifice spécial qui devait être accompli après la naissance, selon le com-mandement de Dieu: «Tout mâle qui sorti-ra le premier du ventre de sa mère sera mien… Tu devras racheter le premier-né de tes fils. Tu ne te présenteras pas devant moi les mains vides.» (Exode 13: 2+13; 34:19-20). Ce sacrifice devait être fait après les quarante jours de purification auxquels la mère devait s`astreindre après l`accouchement d`un enfant mâle (Léviti-que 12 au complet). Il est donc clair ici que ce sacrifice devait être offert sans qu`on puisse savoir si la mère aurait ou non d`autres enfants par la suite. St Luc (2: 22-23) se réfère d`ailleurs directement à cette loi lorsqu`il parle de la présentation de Jé-sus au Temple.

3- Mathieu 13:55 parle des «frères» de Jésus. Si on prend la peine de fouiller un peu plus, on se rend compte qu`il s`agit en fait des fils d`une certaine Marie, mariée à Cléophas (Alphéus en grec), et sœur de la Vierge Marie. Ils sont donc en réalité cou-sins de Jésus, et non ses frères de sang. (Voir: Mt 10:3, 27:56; Mc 3:18, 6:3; Lc 6:15-16; Actes 1:13). Il ne faut pas se sur-prendre d`un tel usage du mot «frère» dans l`Évangile. On en retrouve en effet de nombreux exemples ailleurs dans la Bible: Lot, le neveu d`Abraham, est appelé son «frère» en Genèse 11:27 et 14:16. Jacob, en Genèse 28:5 et 29:12, appelle son oncle Laban «frère», et Laban fera pareil envers lui en Genèse 29:15.

Tout cela nous montre qu`il ne faut jamais oublier que les peuples, les coutu-mes, les languages qu`on retrouve dans la Bible sont bien différents de nous, et qu`il faut en tenir compte lorsqu`on se retrouve devant un passage difficile. Il ne faut pas sauter trop rapidement aux conclusions, ni se laisser jeter de la poudre aux yeux par des sectaires qui croient comprendre la Bible, mais qui en fait n`ont pas les outils pour ce faire, puisqu`ils ne font pas partie de l`Église du Christ, laquelle seule reçoit l`aide du Saint Esprit.

Si vous désirez creuser davantage la question, vous pouvez consulter la Somme de St Thomas (Tertia Pars, Quest. 28, Art. 3), et les commentaires des Pères J. Renié s.m. («Manuel d`Écriture Sainte») et Geor-ges Léo Haydock (voir sa Bible en anglais, republiée par «Catholic Treasures»).

 

Home | Contact | Mass Centres | Schools | Pilgrimages | Retreats | Precious Blood Residence
District Superior's Ltrs | Superor General's Ltrs | Various
Newsletter | Eucharistic Crusade | Rosary Clarion | For the Clergy | Coast to Coast | Saints | Links