Éditorial
Par
M. l`abbé Patrick Girouard FSSPX
Marie
Toujours Vierge
À
la lecture de l`Évangile, il nous semble parfois que celui-ci
est plus une source de questions que de réponses, et cela peut
nous désorienter considérable-ment. Souvent les membres
des sectes pro-testantes ou autres se servent de cela pour semer le
doute en l`esprit des Catholiques. Prenons le cas de la virginité
perpétuelle de Marie, la Mère de Jésus: Selon les
Protes-tants, on pourrait croire que ce dogme de Foi, défini
au 1er Concile de Latran en 1128 AD, est en contradiction
avec l`Évangile!
Voici par exemple trois questions en faveur chez les Protestants (et
chez plu-sieurs modernistes hélas!) pour nier ce dogme de Foi:
Troublantes questions?
Mais précisé-ment, ce ne sont là que des questions!
Nulle part dans l`Écriture n`est-il affirmé que Marie
eut d`autres enfants après Jésus. En parlant d`elle, les
Évangélistes disent «la mère de Jésus»
(Ex: Jean 2:3); de plus, seul Jésus est qualifié d`enfant
ou de fils de Marie (Ex : Mt 2 :20-21). De même, on comprend que
si Jésus avait eu de vrais frères, ceux-ci ne seraient
pas passés ina-perçus! De plus Jésus, au moment
de mou-rir, n`aurait pas été obligé de confier
sa Mère à la protection de Jean, le fils de Zé-bédée!(Jn
19:26-27). Et il faut dire que dès ses débuts l`Église
du Christ connut le fait de la virginité perpétuelle de
Marie. Les Apôtres, les disciples, et tous ceux qui ont gravité
autour de Jésus et de Sa Mère pu-rent le constater de
leurs propres yeux. Grâce à leurs récits unanimes
et à l`assistance du St Esprit, cette vérité devint
une partie de la Tradition, et elle fut tou-jours transmise par la suite.
Il faudra atten-dre aux alentours de 380 AD avant qu`un dénommé
Helvidius, troublé par les quel-ques questions mentionnées
plus haut, mette en doute cette croyance. Il fut bientôt réfuté
par le savant exégète St Jérôme, qui l`accusa
précisément de se mettre en contradiction avec la Tradition.
Mais alors, comment interprèter ces expressions de l`Évangile?
Repassons-les une à une…
1- Mathieu 1:25:
Ce verset nous dit simplement que st Joseph ne «connut»
pas Marie charnellement avant qu`elle mette Jésus au monde. Il
veut dire juste cela : Jésus n`est pas le fruit d`un acte charnel!
Rien n`autorise l`exégète consciencieux à prétendre
que Joseph «connut» Marie après la naissance de Jésus.
Rien dans l`Évangile ne vient supporter une telle prétention.
Prenons un exemple de l`usage de cette expression ailleurs dans la Bible:
Le Roi David, au Psaume 109:1, dit: «Le Seigneur a dit à
mon Seigneur: Assieds-toi à Ma droite, jusqu`à
ce que Je fasse de Tes en-nemis un reposoir pour Tes pieds.»
Il est évident que cette prophétie messianique ne veut
pas dire que le Christ perdra sa place d`honneur après que Son
Père Lui aura donné la victoire sur Ses ennemis!
2- Mathieu 1:25
(suite) utilise l`expression «premier-né».
Ce n`est pas pour dire que Marie aurait eu d`autres en-fants après
Jésus. Il s`agit ici de l`emploi d`un terme légal du culte
juif, en rapport avec un sacrifice spécial qui devait être
accompli après la naissance, selon le com-mandement de Dieu:
«Tout mâle qui sorti-ra le premier du ventre de sa mère
sera mien… Tu devras racheter le premier-né de tes fils. Tu ne
te présenteras pas devant moi les mains vides.» (Exode
13: 2+13; 34:19-20). Ce sacrifice devait être fait après
les quarante jours de purification auxquels la mère devait s`astreindre
après l`accouchement d`un enfant mâle (Léviti-que
12 au complet). Il est donc clair ici que ce sacrifice devait être
offert sans qu`on puisse savoir si la mère aurait ou non d`autres
enfants par la suite. St Luc (2: 22-23) se réfère d`ailleurs
directement à cette loi lorsqu`il parle de la présentation
de Jé-sus au Temple.
3- Mathieu 13:55
parle des «frères» de Jésus.
Si on prend la peine de fouiller un peu plus, on se rend compte qu`il
s`agit en fait des fils d`une certaine Marie, mariée à
Cléophas (Alphéus en grec), et sœur de la Vierge Marie.
Ils sont donc en réalité cou-sins de Jésus, et
non ses frères de sang. (Voir: Mt 10:3, 27:56; Mc 3:18, 6:3;
Lc 6:15-16; Actes 1:13). Il ne faut pas se sur-prendre d`un tel usage
du mot «frère» dans l`Évangile. On en retrouve
en effet de nombreux exemples ailleurs dans la Bible: Lot, le neveu
d`Abraham, est appelé son «frère»
en Genèse 11:27 et 14:16. Jacob, en Genèse 28:5 et 29:12,
appelle son oncle Laban «frère»,
et Laban fera pareil envers lui en Genèse 29:15.
Tout cela nous
montre qu`il ne faut jamais oublier que les peuples, les coutu-mes,
les languages qu`on retrouve dans la Bible sont bien différents
de nous, et qu`il faut en tenir compte lorsqu`on se retrouve devant
un passage difficile. Il ne faut pas sauter trop rapidement aux conclusions,
ni se laisser jeter de la poudre aux yeux par des sectaires qui croient
comprendre la Bible, mais qui en fait n`ont pas les outils pour ce faire,
puisqu`ils ne font pas partie de l`Église du Christ, laquelle
seule reçoit l`aide du Saint Esprit.
Si vous désirez
creuser davantage la question, vous pouvez consulter la Somme de St
Thomas (Tertia Pars, Quest. 28, Art. 3), et les commentaires des Pères
J. Renié s.m. («Manuel d`Écriture Sainte»)
et Geor-ges Léo Haydock (voir sa Bible en anglais, republiée
par «Catholic Treasures»).