Décembre
2002
Chers
Fidèles,
En
cette fin d’année voici quelques nouvelles depuis ma dernière
lettre. Les 21 et 22 septembre, nous avons eu les fêtes
du 25ième anniversaire de la présence de notre
Fraternité au Canada, organisées par Monsieur l’abbé le
Roux à l’école Ste Famille. Les célébrations furent présidées
par S. E. Mgr Williamson, avec la participation de votre
serviteur, de Messieurs les abbés Jacques Emily, présentement
supérieur du district de Grande Bretagne, Emeric Baudot,
économe général, représentant notre supérieur général,
Paul Aulagnier, François Laisney et les prêtres de l’école
Ste Famille. Plusieurs conférences eurent lieu le samedi
21 : La noblesse Chrétienne, par Monsieur
l’abbé le Roux, Les 25 ans d’histoire de la Fraternité
au Canada par votre serviteur, Le scoutisme,
par Monsieur l’abbé Jean de l’Estoubeillon. Pour clôturer
la journée, Mgr. Williamson donna une conférence magistrale
sur Les erreurs de Vatican II. Le lendemain dimanche,
au cours de la grand’ messe pontificale, Monseigneur exposa
les raisons pour lesquelles la Fraternité ne peut accepter
l’offre apparemment généreuse des autorités romaines.
Le
samedi 28 septembre, à Midland au nord de Toronto, ce
fut le tour du pèlerinage d’action de grâce en l’honneur
des Martyrs canadiens, ces missionnaires jésuites qui
ont planté la croix et la foi dans notre pays. Cent soixante
quinze fidèles, venus de tous nos centres de l’Ontario,
y ont pris part. En plus des abbés Sulzen et Violette
étaient présents MM. les abbés Jacques Emily et Stephen
Somerville, ainsi que M. l’abbé Zendejas venu exprès de
Ridgefield pour l’occasion. La messe eut lieu sur le
site du martyre de St Jean de Brébeuf et St. Gabriel
Lalemant. Elle fut suivie d’un pique-nique et d’une marche
de 5 kilomètres jusqu’au sanctuaire des Martyrs, où nous
avons pu vénérer les reliques et faire le chemin de croix.
Autres
nouvelles du district: Monsieur l’abbé Dominique
deVriendt a été muté de Winnipeg à Calgary, ce qui met
à trois le nombre de prêtres pour l’Alberta. Son arrivée
sera une aide précieuse pour les abbés Angele et Ockerse,
qui se dévouent dans leur vaste champ d’apostolat. Avec
ses 400 fidèles, la paroisse de Calgary est notre plus
important centre au Canada. Nos trois prêtres sont aussi
bien occupés avec l’école St Jean Bosco, qui compte 70
élèves et qui grossit sans cesse, et les cinq missions
que nous avons dans cette province. Monsieur l’abbé de
Vriendt arriva à son nouveau poste début novembre. À
Winnipeg, Monsieur l’abbé Rusak a reçu comme assistant
Monsieur l’abbé Patrick Girouard, jusqu’alors en poste
à Shawinigan. Ce dernier ne pouvait pas rester seul à
Shawinigan, où Monsieur l’abbé Delallo n’avait pas été
remplacé. M. l’abbé Girouard s’occupera désormais du
Communicantes. Malheureusement ceci veut dire que le
prieuré de Shawinigan se retrouve à nouveau sans prêtre
résident, ce qui aura inévitablement une répercussion
sur les retraites. Nous espérons pouvoir vous donner
plus de détails sur cette affaire dans l’avenir.
Au
cours de mes voyages beaucoup d’entre vous m’ont demandé
où en sont les négociations avec Rome. Elles sont au
point mort! Fondamentalement, rien n’a changé depuis
1988. « Les colloques et entretiens… bien qu’ils
aient eu lieu dans une atmosphère de courtoisie et de
charité, nous ont convaincus que le moment d’une collaboration
franche et efficace n’était pas encore arrivé … nous
éprouvons la nécessité absolue d’avoir des autorités ecclésiastiques
qui épousent nos préoccupations et nous aident à nous
prémunir contre l’esprit de Vatican II et l’esprit d’Assise…
étant évident que le but de cette réconciliation n’est
pas du tout le même pour le Saint-Siège que pour nous,
nous croyons préférable d’attendre des temps plus propices
au retour de Rome à la Tradition… » [1]
L’appât
est plus beau et plus gros mais l’hameçon est le même.
Rome refuse de s’adresser à la question essentielle.
Ils voudraient que nous fassions des déclarations en leur
faveur, sans pour autant remettre en cause leur libéralisme
et leur modernisme. Ils voudraient nous faire admettre
que nous nous sommes trompés en résistant, et que nous
avons créé un schisme. L’essentiel, pour eux, est de
nous faire accepter la nouvelle religion manifestée par
l’esprit de Vatican II et d’Assise. Ils sont prêts à
tout nous donner si nous acceptons cette nouvelle religion.
Au même moment, nous voyons que ceux qui se sont compromis
ont été réduits au silence. Il n’y a qu’à voir ce qui
est arrivé à la Fraternité St Pierre, à Una Voce et à
leur plus récente victime, la Fraternité St Jean Vianney
de Campos. La chute de ces derniers est même plus rapide
que prévue. Récemment Mgr Rifan, nouvellement consacré
évêque pour cette Fraternité, s’est rendu au monastère
du Barroux. Au cours d’une conférence au monastère,
il a demandé pardon à Dom Gérard et a affirmé : « Il
y eut deux Mgr de Castro Mayer : le premier avant
1981, soumis à l’autorité… et le deuxième, après sa
retraite, beaucoup plus dur envers Rome…Nous avons choisi
le premier. » Les choses sont désormais bien
claires.
De
fait il n’y a rien à négocier. La foi n’est pas négociable.
On ne négocie pas avec son supérieur. Si nous résistons
à notre prélat, comme le dit St Thomas d’Aquin, c’est
parce notre foi est en danger et que les ruines s'accumulent
autour de nous. Dans de telles conditions, nous ne sommes
pas des enfants rebelles, mais nous avons le droit et
le devoir de résister. Voilà pourquoi « nous
continuerons de prier pour que la Rome moderne, infestée
de modernisme, redevienne la Rome catholique et retrouve
sa Tradition bimillénaire. Alors le problème de la réconciliation
n’aura plus de raison d’être… » [2] Mais aussi longtemps qu’ils voudront nous
faire accepter leur nouvelle religion de Vatican II, l’esprit
d’Assise et des droits de l’homme, nous ferons la sourde
oreille et continuerons notre résistance.
D’autres
m’ont demandé ce qu’il faut penser des nouveaux « mystères
lumineux » publiés le 16 octobre dernier dans la lettre
apostolique Rosarium Virginis Mariae. Notre confrère,
M. l’abbé Peter Scott, recteur du séminaire de la Sainte
Croix en Australie, a publié un commentaire que ceux
qui lisent l’anglais trouveront sur le site Internet www.holycrossseminary.com
. Pour ma part, il suffit de dire que Rosarium Virginis
Mariae a de belles choses au sujet du Rosaire, entre
autres que le « Le Rosaire est une prière orientée
par nature vers la paix, du fait même qu'elle est contemplation
du Christ, Prince de la paix… »
[3] .
Il
est très vrai que le Rosaire procure la paix, toutefois
est-ce la vraie raison? Le Rosaire procure la paix en
voulant rétablir le règne du Christ-Roi en l’établissant
le règne du Cœur Immaculé. Par la volonté de Dieu c’est
par la Vierge Marie que la tête du serpent est écrasée.
Voilà pourquoi c’est au Rosaire, principale dévotion envers
le Cœur Immaculé, que le bon Dieu a attaché le salut du
monde. En effet c’est le Rosaire qui arrêta l’avance
musulmane et libéra l’Autriche du joug communiste. Le
Rosaire servira bien plus à la paix dans le monde que
les scandaleuses réunions de prière d’Assise! Si seulement
le Pape pouvait faire un pas de plus en consacrant la
Russie au Cœur Immaculé !
« Le
Rosaire est aussi, depuis toujours, la prière de la famille
et pour la famille. Il fut un temps où cette prière
était particulièrement chère aux familles chrétiennes
et en favorisait certainement la communion. Il ne faut
pas perdre ce précieux héritage. Il faut se remettre à
prier en famille et à prier pour les familles, en utilisant
encore cette forme de prière. »
[4] Parfait !
Cependant,
les efforts du Pape pour présenter le Rosaire comme un
instrument du mouvement ecuménique ne sont pas justifiable,
à moins que par ecuménisme il entende le retour des non-catholiques
à la vraie foi. Mais à en juger par les vingt-quatre
années de son pontificat, je ne crois pas que se soit
un jugement téméraire d’en douter. Il est encore moins
justifiable de vouloir utiliser le Rosaire pour faire
la promotion de la nouvelle religion du « mystère
de l’homme » et du « mystère pascal » à
la manière de Vatican II.
« Ce
qui a été dit jusqu'ici exprime amplement la richesse
de cette prière traditionnelle, qui a la simplicité d'une
prière populaire, mais aussi la profondeur théologique
… » [5] . Pourquoi donc vouloir la changer ?
En 1972 le P. Annibale Bugnini, auteur de la nouvelle
messe, proposa une « réforme » du Rosaire.
« Paul VI répondit cette proposition ridicule :
…Les fidèles en concluraient que le Pape a changé le Rosaire
et les effets psychologiques en seraient désastreux…Tout
changement ne ferait que diminuer la confiance des simples
et des pauvres. » Non content de son échec,
Bugnini revint à la charge en 1973. Cette fois Paul VI
lui répondit clairement : « Le Rosaire doit
demeurer simple et tel qu’il est dans sa forme actuelle.
Puissent les nouvelles dévotions mariales prendre leur
place à côté du Rosaire (sans le supplanter Ndlr). »
[6] Inutile de dire qu’il n’y aucune raison de changer
ou « améliorer » le Rosaire, qui nous a été
donné par la Ste Vierge elle-même et qui a été tant de
fois recommandé par l’Église et par les Papes. Voilà
pourquoi nous ne changerons rien. Cette lettre apostolique
est malheureusement nous donne un exemple supplémentaire
de document moderniste, tel que décrit par saint Pie X :
un mélange de doctrine traditionnelle et moderne.
Je
tiens à remercier tous ceux et celles, prêtres et fidèles
qui ont offert des messes et des prières pour le repos
de l’âme de mon père décédé le 7 octobre, en la belle
fête du saint Rosaire.
Encore
une fois, merci de votre soutient constant. Soyez assurés
de nos prières quotidiennes offertes à toutes vos intentions,
en particulier pendant la messe et le chapelet. La messe
mensuelle pour tous nos amis et bienfaiteurs est toujours
offerte le dernier dimanche du mois. Je profite de l’occasion
pour vous souhaiter une bonne et sainte fête de Noël.
Préparez-vous par la prière et la pénitence. Même si
l’Avent n’est plus un temps de pénitence comme autrefois,
il n’en demeure pas moins que c’est un temps de préparation,
et que le seul moyen de profiter des grâces est la prière
unie à la pénitence. En plus de la messe mensuelle, une
messe spéciale sera offerte à Noël pour tous nos amis
et bienfaiteurs.
Avec
ma bénédiction,
Abbé
Jean Violette