Convictions

English
Avril - Juin 2005, No. 1
 
Éditorial
Rome, Un Champ Labouré?
Par M. l`abbé Patrick Girouard FSSPX

Chers lecteurs:

M. l`abbé Patrick Girouard

 

   «Il n’y a plus d’hommes, parce qu’il n’y a plus de caractère; il n’y a plus de caractère, parce qu’il n’y a plus de convictions.»  Ces mots d’un sage dont je ne me rappelle plus le nom, nous donnent une explication au fait qu’il semble que plus personne aujourd’hui n’ait la force de mener une bonne vie, et de combattre le mal. Les gens ne sont plus « virils ». Les hommes sont devenus «roses», c’est-à-dire des femmelettes. Les femmes se pensent devenues des hommes, mais leurs prétentions sont tellement ridicules qu’elles nous font rire. La raison de tout ce désordre? Le manque de caractère, de force, à cause du manque de convictions. C’est pour corriger cette situation que la FSSPX a toujours créé et répandu de la bonne littérature. Le magazine Communicantes en faisait partie. Et cela demeurera. Le nom de la revue a changé, mais non son but ou son contenu. En fait, le nouveau nom a été adopté pour mettre son rôle en lumière. Nous espérons que les lecteurs de CONVICTIONS vont effectivement en acquérir beaucoup, et des solides et bonnes à part ça! Car c’est le manque de justes convictions qui a amené la crise que nous traversons aujourd’hui.

            En effet, je crois qu’on peut dire sans se tromper que la source de tous les maux que subit l’Église de nos jours est double: Nous oublions ce que nous sommes, et qui est Dieu. Et que sommes-nous donc?: «Voici que mes jours sont comptés, et que ma substance est comme un rien devant Toi. Et en effet tout est vanité: tout homme vivant. Il est avéré que l’homme passe tel une image…» (Psaume 38:6-7). «…Nous ne sommes que poussière; les jours de l’homme sont comme ceux de l’herbe, et il ne prospérera que comme une fleur des champs. Car un souffle passera sur lui et il ne sera plus…» (Ps. 102:14-15). Et qui est Dieu?: «Voici que Dieu est grand, surpassant notre raison: le nombre de ses jours ne peut être estimé… Faisant des nuages sa tente, et s’éclairant des astres d’en haut, il couvre jusqu’aux confins des mers.» (Job 36:26-35). «Où étais-tu (dit le Seigneur à l’homme) quand j’ai jeté les fondations de la terre?» (Job 38:4). «Car le monde entier n’est devant Toi que comme un grain dans une balance, et comme une goutte de rosée tombant le matin sur la terre… Et comment quoique ce soit sera-t-il préservé, si ce n’est par Ta volonté?» (Sagesse 11:23+26). Oublier ces deux vérités fondamentales, c’est ouvrir la porte à tous les abus et à toutes les erreurs. L’homme s’imagine alors pouvoir s’occuper des choses de Dieu selon ses fantaisies, et se met à changer les choses. Mais Dieu ne se laissera pas moquer pour toujours…

            Quand nous commençons à considérer ce qui se passe à Rome et dans l’Église catholique en général, depuis les quarante-cinq dernières années, et que nous comparons cela aux reproches que Dieu a formulés contre le clergé de l’Ancienne Alliance, nous pouvons nous demander si Dieu ne leur prépare pas un châtiment extraordinaire. Le Saint Sacrifice de la Messe a été souillé pour plaire aux soi-disant «frères séparés», et pour faire de l’homme le nouvel objet du culte catholique… Par exemple, l’abbé Doug, à la paroisse St-Joseph, de Shreveport en Louisiane, utilise son don de ventriloque pour faire célébrer le N.O.M. (Nouvel Ordre de la Messe) par son pantin nommé Charlie. Quant à lui, Mgr Allen Vigneron, évêque « conservateur » d’Oakland (Californie), aime bien, pendant l’offertoire de sa «Messe du thé chinois»,  célébrer le rite chinois païen de la « cérémonie d’offrande du thé», au cours de laquelle les ancêtres sont objets de culte. (Ces deux informations et photos sont du site traditio.com). Ailleurs, un autre prêtre danse le limbo, accompagné d’un orchestre rock-and-roll,  durant la célébration de son N.O.M. (Cf. le video «What we have lost» par I.N.S.O.C.). Et de tels scandales n’en finissent plus… Tous les autres sacrements ont aussi été «adaptés», comme le furent le Rituel, le Pontifical, le Catéchisme, la Bible, le Rosaire, la Théologie, la formation des Séminaristes, les Règles des Ordres Religieux, et que sais-je? Feu Jean-Paul II a aussi changé les règles pour les béatifications et canonisations, de façon à ce que ne soient plus nécessaires tant d’enquêtes, de vertus héroïques, de miracles. Le même Pape a aussi entrepris une «réflexion» sur «une manière d’exercer le ministère de Pierre qui révélera davantage le lien unissant les évêques» (= Le Pape n’est que « Président » du Collège épiscopal). Il semble bien que le Pape Benoît XVI suive joyeusement ses traces. En effet, il ne veut rien avoir à faire avec la tiare papale, même en tant que symbole sur ses armoiries. De plus, il nomme comme son successeur à la tête de l’ex-Saint-Office, Mgr Levada, un archevêque qui a dirigé les diocèses de Portland et de San Francisco. Pourquoi cette nomination? Selon un ami prêtre qui a ses sources à Rome, ce serait parce que maintenant la Congrégation pour la Doctrine de la Foi est celle qui s’occupe des affaires concernant les prêtres homosexuels

et/ou pédophiles. Or Mgr Levada a été très apprécié à Rome pour sa facilité à obtenir des règlements hors court dans les cas de plaintes logées contre de tels prêtres dans ses diocèses. Mais alors, qu’en sera-t-il de la défense de la Foi? Ne devrions-nous pas voir à la tête de cette Congrégation un homme aux connaissances théologiques et à la Foi supérieures? Au contraire, Mgr Levada, n’a pas démontré de telles qualités. Il a plutôt passé son temps à persécuter M. l’abbé Heidt, un prêtre vétéran de la Tradition, et ami de la Fraternité. Alors qu’est-ce que Dieu a à dire de la situation de l’Église moderne? Ouvrons nos Bibles et cherchons…

            Au sujet de la Liturgie: «Le fils honore son père, et le serviteur son maître: Si donc je suis un Père, où est mon honneur? Et si je suis un Maître, où est ma crainte, dit le Seigneur des Armées? Vous, ô Prêtres, qui méprisez mon Nom et avez dit: En quoi avons-nous méprisé votre Nom? En ce que vous offrez du pain souillé sur mon autel: et vous dites: En quoi Vous avons-nous souillé?: En ce que vous dites: La table du Seigneur n’est pas digne d’honneur…» (Mal. 1:6-7). Au sujet de la Doctrine Sacrée: «Car les lèvres des prêtres devront garder la connaissance, et c’est de Sa bouche (du Seigneur) qu’ils devront recevoir la loi… Mais vous avez quitté le droit chemin, et en avez amené plusieurs à désobéir à la loi… Vous avez lassé le Seigneur avec vos paroles, et vous dites : En quoi L’avons-nous lassé? En ce que vous dites : Ceux qui font le mal, ils sont bons aux yeux du Seigneur, et ils Lui plaisent…» (Mal. 2:7-8+17). Maintenant comment Dieu va-t-il punir ces offenses? Quelques citations seulement, tirées d’un grand nombre: Au sujet des sacrifices souillés: «Je ne reçoit aucun plaisir de toi, dit le Seigneur des Armées: Et je ne recevrai aucune offrande de ta main.» (Mal. 1:10). Au sujet de l’enseignement des fausses doctrines: «Voici ce que dit le Seigneur au sujet des prophètes qui font errer mon peuple, qui mordent des dents et prêchent la paix… C’est la nuit que vous aurez au lieu de la vision, et la noirceur au lieu de la révélation…» (Mich. 3:5-6). Au sujet des mauvais serviteurs de Dieu: «Voici que viendra le jour, allumé telle une fournaise: Et les orgueilleux, et tous ceux qui font le mal, seront comme du chaume: Et le jour qui viendra les enflammera, dit le Seigneur des Armées, et ni racine ni branche ne leur restera.» (Mal. 4:1). «C’est pourquoi, à cause de vous, Sion sera labourée comme un champ, et Jérusalem deviendra un monceau de pierres, et la montagne du temple sera comme les hautes places de forêts.» (Mich. 3:12).

           Trois terribles châtiments! Dieu cessera d’écouter les prières; Il n’éclairera plus le clergé; Il brûlera, arrachera, détruira, et ravagera tellement Sion, qu’elle deviendra comme un champ qui est labouré! Et nous savons que cela est véritablement arrivé à Jérusalem en 70 AD. Sera-ce aussi le sort de Rome? De l’Église visible? Dans un sens cela se produit déjà avec tous ces édifices religieux qui sont vendus, détruits, transformés en musées ou en condos. Et il est très possible que Rome soit punie. Dieu ne change pas. Écoutons par exemple Mohamed bin Abdel-Rahman el-Arifi, imam de l’Académie militaire Malik Fahd d’Arabie Saoudite: «Les islamistes contrôleront le territoire de Saint Pierre après avoir conquis la Rome de César et ainsi, sans ces remparts, l’Europe sera islamisée.» (Cf. Bulletin des Amis de St François de Sales, No. 127). Mais est-ce seulement l’Église moderniste qui oublie ce que nous sommes et Qui est Dieu? Je ne le pense pas. Surtout quand on voit combien facilement les tradis pèchent contre Dieu et le prochain. Ou avec quel laissez-aller de vêtements et de manières certains osent aller dans l’église, le Temple de Dieu. Mon doux! Ils s’habilleraient plus dignement pour aller à l’Opéra! Et que dire de la manière dont ils participent à l’offrande du Saint Sacrifice! Ça regarde à droite et à gauche, ça parle, ça fait même des blagues, ça ne s’occupe pas de leurs jeunes enfants, tellement que ça devient impossible de se recueillir. Parfois nous trouvons des cellophanes de bonbons, des morceaux de biscuits ou de céréales, sur le plancher ou les bancs de l’église. Et qu’en est-il de la doctrine? Nous, prêtres traditionnels, sommes stupéfiés par la répulsion de beaucoup de nos fidèles vis-à-vis de l’étude de la Foi, de la lecture des Saints Livres, et autres livres de spiritualité. Quand je me suis converti à la Tradition, il y a 24 ans, il n’en était pas ainsi. Je me rappelle avoir été très impressionné de voir les fidèles dans leurs «habits du dimanche». Les hommes en cravate et veston, chaussant des souliers fraîchement cirés. Les femmes, modestes mais resplendissantes, dans leurs robes longues et amples, pas « serrées », couvrant les bras et les jambes, et la tête couverte d’un beau chapeau ou d’un voile de mousseline. Elles faisaient vraiment honneur à la délicatesse et à la pudeur de leur sexe. Elles n’avaient pas l’air d’un étal de boucher, où sont exposés des morceaux de viande. Tout le monde, même les pauvres, et nous l’étions tous un peu à l’époque, avait un air digne, comme il convient aux enfants de Dieu. Les gens dévoraient littéralement les bons livres. Les choses du monde avaient pour eux un goût de cendre. Ils n’hésitaient pas à voyager de grandes distances pour assister aux offices. Je me rappelle M. Léo-Candide Violette et son épouse, qui faisaient tous les dimanches le voyage Edmundston-Shawinigan (env. 500 km), pour assister à la Messe! Mais il semble bien qu’aujourd’hui nous ayons oublié ce que nous sommes, et qui est Dieu. Aurions-nous donc perdu nos convictions? C’est le temps de se convertir à nouveau, et de retrouver la ferveur des premiers temps! Soyons convaincus de ces mots, et méditons-les: «…Je regarderai les cieux, les œuvres de tes doigts: la lune et les étoiles que tu as établies. Qu’est-ce donc que l’homme, pour que Tu t’en souviennes, ou le fils de l’homme, pour que Tu le visites?» (Psaume 8:4-5). ←

Dieu vous bénisse tous!

NB:

  1. Merci à tous ceux qui nous ont suggéré quelques nouveaux noms pour le Communicantes. Je dois admettre que le choix fut difficile. Nous espérons que vous aimerez le nouveau nom et la devise. 
  2. Un grand merci à M. l’abbé Fullerton, qui nous autorise à augmenter notre diffusion au District des Etats-Unis.

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