Convictions

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Avril - Juin 2006, No. 4
 
En Couverture
Notre Combat!
Par M. l`abbé Patrick Girouard FSSPX

Mgr Lefebvre Explique Pourquoi Nous Devons Combattre La Nouvelle Église

La source de la Crise: Des erreurs anciennes, déjà condamnées

Mais je pense qu'il faut remonter à toutes ces erreurs qui ont été condamnées par les Papes depuis deux siècles. On a eu, surtout, le libéralisme, le communisme, le marxisme, le socialisme, le sillonisme, le modernisme et toutes ces choses qui ont été constamment condamnées par les Papes. Nous avons des actes pendant deux siècles, des condamnations de saints Pères. Par exemple, prenez l'encyclique Immortale Dei du pape Léon XIII. Le pape Léon XIII condamne le droit nouveau. Ce qu'il appelle le droit nouveau, est toute une conception nouvelle, conception de la vie, conception du monde, conception de l'Église, qui est complètement, totalement différente de la véritable conception de l'Église. Elle est basée sur les principes maçonniques qui sont résumés dans ces fameux trois mots: Liberté, Égalité, Fraternité, qui peuvent être très bons, mais qui peuvent signifier, aussi, des choses très mauvaises. Si la liberté c'est la liberté totale, c'est-à-dire, on laisse tout à la conscience, il n'y a plus de lois, c'est la ruine de toute autorité, et c'est surtout cela qui est attaqué dans ces mots Liberté, Égalité, Fraternité. On ruine l'autorité. Liberté de ma conscience, c'est-à-dire, je fais ce que je veux, je ne connais ni loi, ni autorité personnelle. Égalité, nous sommes tous égaux, nous ne voulons pas d'autorité. Fraternité, mais sans Père. Pas de Père - fraternité de la masse: tous les individus s'embrassent les uns les autres, mais pas de Père. Comment peut-on imaginer une fraternité sans paternité, sans père ? Invraisemblable, mais c'est comme cela. C'est ce qu'on a voulu nous enseigner: la ruine de l'autorité; et par le fait même, attenter à l'autorité de Dieu. C'est attaquer directement Dieu, car toute autorité vient de Dieu, et par une participation à l'autorité de Dieu. C'est bien ce que dit saint Paul. Donc on attaque Dieu directement. La meilleure preuve, c'est que les francs-maçons ont offert des sacrifices à la déesse Raison, à l'Homme, l'Homme devenu Dieu. D'ailleurs ils le disent encore aujourd'hui, ces francs-maçons. Il ne faut pas l'oublier. Ne croyons pas que tout cela a disparu.

«Si mettre l'Homme sur l'autel, plutôt que d'y mettre Dieu, est le péché de Lucifer, écrit l'ancien Grand Maître du Grand Orient, M. Mitterrand, tous les humanistes depuis la Renaissance commettent ce péché». Ce fut l'un des griefs invoqués contre les francs-maçons, quand ils furent pour la première fois excommuniés par le pape Clément XII, en 1738. Et malheureusement, ce franc-maçon nous dit: «Entre la politique de Pie XII et celle de ses successeurs, il existe une distinction capitale. Le bien commun, avec Pie XII, a un caractère réactionnaire, quasi fasciste et nettement anticommuniste. Avec Jean XXIII et puis avec Paul VI, le bien commun a un aspect progressiste caractérisé. Le rapport des forces a changé dans le monde et l'Église l'a apprécié.» Évidemment tout cela est vu par un franc-maçon, je ne dis pas que j'épouse ce que dit cet homme-là. Mais ces gens-là sont derrière toutes ces transformations, ils n'ont pas été inactifs dans le concile soyez sûrs, et autour du concile, soyez persuadés. «Il y a quelque chose de changé dans l'Église», dit Mitterrand, le Grand Maître du Grand Orient. «Les réponses formulées par le Pape aux questions les plus brûlantes, comme le célibat des prêtres ou la régulation des naissances sont ardemment contestées au sein de l'Église elle-même, la parole du Souverain Pontife est mise en cause par certains évêques, par des prêtres, par les fidèles. Pour le franc-maçon, l'homme qui discute le dogme est déjà un franc-maçon sans tablier.» Voilà ce que disent ces gens-là, et ils savent ce qu'ils disent.

Voici un autre livre fait par un franc-maçon: «L'Œcuménisme vu par un franc-maçon» de M. Marsaudon, du rite écossais. Ce Marsaudon parle de l'oecuménisme, et de l'œcuménisme qui a eu lieu au cours du concile. «Les catholiques, particulièrement les conservateurs, ne devront pas oublier pour autant que tout chemin mène à Dieu. Et se maintenir dans cette courageuse notion de la liberté de pensée, qui, on peut vraiment parler là de révolution, partie de nos loges maçonniques, s'est étendue magnifiquement au-dessus du dogme de saint Pierre.» Eh oui! Qu'est-ce que vous voulez, il faut le dire, c'est malheureusement exact, on n'a pas voulu définir d'une manière bien claire les choses dans le concile, alors on a employé des termes ambigus, équivoques. Et de ces termes ambigus, équivoques, on a tiré les résultats post-conciliaires. Le Père Schillebeckx l'a dit lui-même explicitement, il l'a imprimé dans une revue: «Nous avons mis des termes équivoques dans le concile et nous savons ce que nous en tirerons après.» Ces gens-là savaient ce qu'ils faisaient, car dans les sous-commissions se trouvaient tous ces fameux théologiens modernes: Schillebeckx, Hans Küng, Rahner, Congar, Leclerc, Murphy. Ils se trouvaient tous dans les sous-commissions. Car, les commissions pouvaient nommer des sous-commissions, et donc nommer ces théologiens qui, eux, savaient très bien où ils allaient. Et si nous sommes dans cette situation, ces gens-là sont très coupables. Pétris qu'ils sont des idées modernistes, ils veulent absolument et par tous les moyens faire devenir moderniste l'Église. Nous ne devons pas nous laisser prendre à ce jeu, n'est-ce pas, et nous devons avoir l'œil ouvert.

Comment pratique-t-on actuellement la manière de nous faire devenir modernistes, ou de nous faire épouser les idées du libéralisme? Eh bien ! On le fait dans les recyclages, et j'en suis témoin dans ma Congrégation en particulier. Dans ces recyclages, la première chose qu'on dit, chose qui est d'ailleurs aussi dans ce fascicule dont je parlais tout à l'heure, «La Foi mot à mot», qui sort du Bureau de l'Archevêché de Paris, la première chose c'est: avouez le changement. Avouez le changement. Encore une fois, comme je vous le disais tout à l'heure, il faut qu'on fasse comprendre à ces séminaristes, à ces prêtres, à tous ceux qui viennent dans ces recyclages: il y a des changements qui sont opérés, donc nous devons changer. «La deuxième opération plus délicate, consiste à repérer les manières différentes, qu'ont les chrétiens, d'apprécier dans ces divers changements, le fait même du changement. Ce repérage importe beaucoup, parce que les oppositions actuelles concernent bien plus les attitudes spontanées et inconscientes devant le changement, que l'enjeu précis de chaque changement. Deux attitudes typiques se dessinent, semble-t-il, à condition de ne pas négliger pour autant tous les intermédiaires possibles. Selon la première, on concède un certain nombre de nouveautés après avoir vérifié qu'elles s'imposent l'une après l'autre. C'est le cas de beaucoup de chrétiens, beaucoup de catholiques qui cèdent de degré en degré. Selon la deuxième, on consent à un renouvellement d'ensemble des formes de la Foi chrétienne à l'orée d'un âge culturel inédit.» - Je répète: «Selon la deuxième, on consent à un renouvellement d'ensemble des formes de la Foi chrétienne à l'orée d'un âge culturel inédit. Quitte à s'assurer sans cesse de la fidélité à la Foi des Apôtres.» Il est bien tard, et il sera bien temps de s'occuper de la Foi des Apôtres quand on aura démoli complètement la Foi. Il est dit évidemment, que cette opération, cette problématique nouvelle, est celle qu'il faut essayer d'inculquer actuellement aux catholiques. Une troisième opération devient nécessaire dans le cas où on accepte le deuxième diagnostic. «Le chrétien ne peut pas ne pas y pressentir un risque redoutable pour la Foi.» Voilà ce qu'ils disent eux-mêmes explicitement. C'est terrible, incroyable! «Ne va-t-elle pas disparaître purement et simplement en même temps que la problématique qui l'avait apportée jusque-là ? Il demande donc, à bon droit une assurance fondamentale, qui lui permette de dépasser les premières attitudes stériles. Cette assurance préalable comporte pour le moins les éléments suivants.» Vous verrez ce qui reste de notre Foi: «L'Esprit Saint est précisément celui qui assiste les croyants dans le mouvement de l'Histoire.» Donc on s'adresse purement à l'Esprit Saint, il n'y a plus de hiérarchie, il n'y a plus de magistère, il n'y a plus rien, les chrétiens sont directement inspirés par l'Esprit Saint. Or, actuellement, on est en train de mettre cela en pratique par le Pentecôtisme. On fait des réunions comme la nôtre: nous invoquerions le Saint-Esprit, puis tout d'un coup, l'un d'entre vous se mettrait à parler une langue que personne ne comprendrait, l'un parlerait l'arabe, l'autre parlerait l'arménien, l'autre parlerait l'hébreu. Tout cela est diabolique. Ce n'est pas possible autrement. Donc en premier lieu l'Esprit Saint, ensuite le seul invariant de notre Foi est la personne même de Jésus. Jésus, mais qu'entendent-ils par Jésus? Et enfin voilà l'assurance qu'ils donnent aux fidèles qui auront peur de perdre la Foi, par cette nouvelle problématique: «Vatican II présente assurément de nombreux indices d'un changement de problématique.» Nous sommes vraiment dans une entreprise de subversion, il faut dire le mot, une entreprise de subversion.


Il nous faut conclure. Que devons-nous faire?

Le Père Yves Congar OP  
Le Père Yves Congar OP (1904-1995)

 

Nous avons vu rapidement un exemple de cette subversion dans le prêtre. Or ce qui touche le prêtre atteint l'Église et nécessairement les fidèles. Eh bien! Nous n'avons pas le droit de nous laisser embarquer dans cette aventure. Cela passera, comme toutes les hérésies ont passé, comme toutes les erreurs ont passé, comme tout ce qui est arrivé et a secoué l'Église est passé. L'Église a connu des tempêtes, celle-ci est terrible, parce qu'elle s'attaque justement aux racines de la Foi des fidèles, et malheureusement par l'intermédiaire de ceux qui devraient protéger la Foi des fidèles. On a voulu réunir en livre les quelques conférences que j'ai faites et quelques articles que j'ai pu faire depuis le concile. J'ai mis en exergue de ce livre («Évêque parle» N.d.l.r.): «On nous fait désobéir à toute la tradition par obéissance.» Vous me direz: «Mais ce sont nos prêtres qui nous disent cela. C'est un Évêque qui a dit cela. Voyez, c'est un document qui vient de la Commission de la catéchèse ou d'une autre Commission officielle. Alors que voulez-vous que je fasse?» Eh bien ! Alors, perdez la Foi! Non, non, personne n'a le droit de vous faire perdre la Foi, pas même le Pape, pas même un Ange. On n'a pas le droit de faire perdre la Foi. La Foi en Jésus-Christ, c'est le moyen de nous sauver, c'est la voie de notre salut, nous n'avons pas le droit de perdre la Foi catholique, et donc, nous devons faire tout ce que nous pouvons pour la garder vivante en nous.

Vous parents chrétiens, dans vos familles, dans vos foyers, protégez la Foi de vos enfants. Lisez donc, relisez le catéchisme du Concile de Trente, qui est le plus beau, le plus parfait, le plus complet de notre Foi. Et gardez la Foi aussi dans les écoles. Allez dans les écoles, si on leur fait perdre la Foi, allez réclamer, ne laissez pas les éducateurs de vos enfants faire perdre la Foi à vos enfants. Allez trouver vos prêtres, il y a encore de bons prêtres, et Dieu sait, je suis heureux d'en voir ici un bon nombre. Entourez ces prêtres, encouragez-les, ils souffrent de la situation. Et s’ils sentent que vous êtes là et que vous leur faites appel, en leur disant: «Protégez la Foi de nos enfants. MM. les Abbés, de grâce, donnez-nous la vérité qui sauve nos âmes.» Ils le feront et ils seront heureux de vous donner ces vérités de la Foi. Réclamez-les de tous ceux qui doivent protéger votre Foi. Et puis, formez des groupes de prières. Il faut prier, prier, prier. Formez des groupes de prières, récitez le chapelet, soit en famille, soit en groupe dans les paroisses. Demandez à vos prêtres de vous commenter le chapelet, demandez de vous donner la bénédiction du Saint-Sacrement. Faites des adorations, adorations nocturnes. Ayant eu l'occasion de voyager beaucoup ces derniers temps, je puis vous assurer qu'il y a un renouveau parmi les catholiques. Beaucoup de catholiques sentent que quelque chose ne va plus dans l'Église, qu'on ne peut plus continuer comme cela, qu'ils risquent de perdre la Foi. Or, ces catholiques se regroupent et récitent des chapelets en commun, demandent au prêtre de passer une nuit d'adoration dans les Églises. Tout cela est beau. Le Bon Dieu ne restera pas indifférent à cette prière, à ces supplications, c'est cela qu'il faut faire aujourd'hui.

Je ne sais pas si toutes les apparitions dont on parle sont authentiques. Je n'oserais pas le dire. Mais il n'est pas étonnant que la très Sainte Vierge vienne pour nous aider à garder la Foi. Autant on peut être encouragé à aller dans des lieux où l'on est certain que la Sainte Vierge est apparue, autant il faut être prudent, là où il n'y a pas eu une confirmation réelle. En tout cas, un signe à peu près certain de la vérité d'une apparition, c'est la conversion des âmes; et une conversion non pas factice, non pas un feu de paille, mais une conversion réelle. Qu'il y ait souvent, autour de ces pèlerinages, des choses qui ne sont pas normales, des gens hystériques, des gens déséquilibrés, ou des gens qui ne recherchent que cela; qui, une fois qu'ils croient qu'une apparition est vraie, n'ont plus que cela en tête et croient que c'est cela qui va les sauver. Que tout le reste dans l'Église ne compte plus, les sacrements, la hiérarchie, que plus rien ne compte dans l'Église. C'est très dangereux, il ne faut pas nous laisser entraîner dans ce chemin.

Pour ma part, la Providence m'a donné l'occasion de faire un séminaire, par une Fraternité sacerdotale, dont Mgr Charrière a signé le décret d'érection. Cette Fraternité est semblable aux Missions Étrangères. Mais dans ma pensée, il n'y a pas de champ qui soit exclu de l'apostolat de ces futurs prêtres. Là, où les évêques les appelleront, ils iront. Si un jour la Chine s'ouvre, si un jour la Russie s'ouvre, si on les appelle en Amérique du Sud, en Afrique, en Europe, partout où on les demandera, où on voudra de ces prêtres, eh bien! Ils iront en groupe. Ils iront, évidemment avec un contrat avec l'Évêque, puisque c'est une Société. Ce ne sont pas des prêtres qui viennent des diocèses et qui vont retourner dans leur diocèse pour y être incardinés. Non, ce sont des prêtres qui sont donc membres de la Fraternité, membres d'une Société, et qui iront là où le Supérieur Général les enverra, et où ils sont appelés par des Évêques qui les désirent, mais évidemment avec certaines conditions. Je vous assure que je suis vraiment très heureux de ce que le Bon Dieu me donne de faire actuellement, quand je vois la générosité de ces séminaristes. Je vous assure que ce n'est pas perdu. Ne soyez pas découragés, ne soyez pas pessimistes. Il y a encore une très bonne jeunesse. Ces quatre-vingt séminaristes sont vraiment très bons, très généreux. Ce ne sont pas des enfants, la plupart d'entre eux ont des grades universitaires. Il y a deux médecins qui ont fini leurs études de médecine, trois ou quatre ingénieurs dont un sorti de Centrale; un autre est maître en biologie, qui a fait sept ans de biologie; il y a encore plusieurs licenciés en mathématiques, en droit, en lettres. Donc, ce n'est pas de la petite jeunesse, qui vient se réfugier chez moi, chercher je ne sais quoi; ce sont vraiment des jeunes gens qui ont réfléchi et qui viennent et qui ont l'intention d'être de véritables prêtres. Les deux tiers sont Français, puis le groupe le plus nombreux vient des États-Unis, et ensuite: un Canadien, trois Anglais, deux Allemands, quatre Suisses, un Italien, un Espagnol, deux Australiens. C'est vous dire que c'est bien international. Ils s'entendent parfaitement. Désormais, j'ai un petit groupe de prêtres américains aux États-Unis, qui commencent, eux aussi, à regrouper des jeunes séminaristes et à les préparer pour le séminaire d'Écône. Plus tard, quand Dieu le permettra, nous aurons un autre séminaire aux États-Unis. J'ai également une procure à Londres, une à Paris, deux maisons en Suisse: la maison de Fribourg, puis la maison d'Écône qui est le Grand séminaire, où il y a douze professeurs venant un peu de tous les horizons, dont deux professeurs dominicains venant de l'Université de Fribourg. J'ai un corps professoral qui est, je crois, aussi bon que je pouvais le désirer. J'ai une maison, maintenant, près de Rome, à Albano, pour y mettre mes jeunes prêtres. Dès que j'aurai des jeunes prêtres, ils iront faire un an à Rome, pour s'attacher à Rome. Je veux qu'ils soient des Romains, Catholiques Romains, attachés au Souverain Pontife, attachés au magistère de l'Église, attachés à l'Église Catholique; qu'ils comprennent, qu'ils vivent de tous les souvenirs de Rome. Voilà en résumé ce que je fais actuellement, et je dois dire que je le fais avec une grande satisfaction.


2ème PARTIE: Déclaration du 21 novembre 1974.

(Mgr Lefebvre a fait cette déclaration le 21 novembre 1974 aux membres de la Fraternité sacerdotale saint Pie X. Elle s'adressait plus spécialement aux professeurs et aux élèves du Séminaire international d'Écône. Elle fut rendue publique, par la volonté de Mgr Lefebvre, en janvier 1975 dans la revue Itinéraires, n° 189.)

Nous adhérons de tout cœur, de toute notre âme à la Rome catholique, gardienne de la foi catholique et des traditions nécessaires au maintien de cette foi, à la Rome éternelle, maîtresse de sagesse et de vérité.

Écône, avant son acquisition   Écône de nos jours

Écône, avant son acquisition
par la FSSPX

Écône de nos jours


Nous refusons par contre et avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante qui s'est manifestée clairement dans le Concile Vatican II et après le Concile dans toutes les réformes qui en sont issues. Toutes ces réformes, en effet, ont contribué et contribuent encore à la démolition de l'Église, à la ruine du Sacerdoce, à l'anéantissement du Sacrifice et des Sacrements, à la disparition de la vie religieuse, à un enseignement naturaliste et teilhardien dans les universités, les séminaires, la catéchèse, enseignement issu du libéralisme et du protestantisme condamné maintes fois par le magistère solennel de l'Église.

Aucune autorité, même la plus élevée dans la hiérarchie, ne peut nous contraindre à abandonner ou à diminuer notre foi catholique clairement exprimée et professée par le magistère de l'Église depuis dix-neuf siècles. «S'il arrivait, dit saint Paul, que nous-même ou un Ange venu du ciel vous enseigne autre chose que ce que je vous ai enseigné, qu'il soit anathème» (Gal. I, 8).

N'est-ce pas ce que nous répète le Saint-Père aujourd'hui? Et si une certaine contradiction se manifestait dans ses paroles et ses actes ainsi que dans les actes des dicastères, alors nous choisissons ce qui a toujours été enseigné et nous faisons la sourde oreille aux nouveautés destructrices de l'Église. On ne peut modifier profondément la «lex orandi» sans modifier la «lex credendi». A la messe nouvelle correspond catéchisme nouveau, sacerdoce nouveau, séminaires nouveaux, universités nouvelles, Église charismatique, pentecôtiste, toutes choses opposées à l'orthodoxie et au magistère de toujours.

Cette Réforme étant issue du libéralisme, du modernisme, est tout entière empoisonnée; elle sort de l'hérésie et aboutit à l'hérésie, même si tous ses actes ne sont pas formellement hérétiques. Il est donc impossible à tout catholique conscient et fidèle d'adopter cette Réforme et de s'y soumettre de quelque manière que ce soit.
La seule attitude de fidélité à l'Église et à la doctrine catholique, pour notre salut, est le refus catégorique d'acceptation de la Réforme. C'est pourquoi sans aucune rébellion, aucune amertume, aucun ressentiment nous poursuivons notre œuvre de formation sacerdotale sous l'étoile du magistère de toujours, persuadés que nous ne pouvons rendre un service plus grand à la Sainte Église Catholique, au Souverain Pontife et aux générations futures. C'est pourquoi nous nous en tenons fermement à tout ce qui a été cru et pratiqué dans la foi, les maeurs, le culte, l'enseignement du catéchisme, la formation du prêtre, l'institution de l'Église, par l'Église de toujours et codifié dans les livres parus avant l'influence moderniste du Concile en attendant que la vraie lumière de la Tradition dissipe les ténèbres qui obscurcissent le ciel de la Rome éternelle.

Ce faisant, avec la grâce de Dieu, le secours de la Vierge Marie, de saint Joseph, de saint Pie X, nous sommes convaincus de demeurer fidèles à l'Église Catholique et Romaine, à tous les successeurs de Pierre, et d'être les «fideles dispensatores mysteriorum Domini Nostri Jesu Christi in Spiritu Sancto». Amen.


3ème PARTIE: Lettre aux Amis et Bienfaiteurs # 9.

(Lettre rendue publique en octobre 1975.)

Chers Amis et Bienfaiteurs,

Le moment me semble venu de porter à votre connaissance les derniers événements concernant Écône, et l'attitude qu'en conscience, devant Dieu, nous croyons devoir prendre en ces graves circonstances. En ce qui concerne le recours auprès de la Signature apostolique: 1a dernière instance faite par mon avocat auprès des cardinaux qui forment le tribunal afin de connaître exactement quelle fut l'intervention du Pape dans le procès qui nous est fait, a été arrêtée dans son cours par une lettre autographe du Cardinal Villot au Cardinal Staffa, président du tribunal, lui enjoignant d'interdire tout recours. Quant à l'audience auprès du Saint-Père, elle est également refusée par le Cardinal Villot. Je n'aurai d'audience que lorsque mon œuvre aura disparu et que je conformerai ma manière de penser à celle qui règne dans l'Église réformée d'aujourd'hui.

Cependant, l'événement le plus important est sans doute cette lettre signée du Saint-Père, présentée comme autographe par le Nonce de Berne, en réalité dactylographiée et qui, sous une forme nouvelle, reprend les arguments ou plutôt les affirmations de la lettre des cardinaux. Je l'ai reçue le 10 juillet dernier. Elle me demande un acte public de soumission «au Concile, aux réformes post-conciliaires et aux orientations qui engagent le Pape lui-même». Une deuxième lettre du Pape reçue le 10 septembre demande d'urgence la réponse à la première lettre. Cette fois, sans que je le désire, n'ayant pour but que de servir l'Église dans l'humble et bien consolante tâche de donner de vrais prêtres dévoués à son service, nous étions affrontés aux autorités de l'Église jusqu'à son plus haut sommet ici-bas, le Pape. J'ai donc répondu au Saint-Père, affirmant notre soumission au successeur de Pierre dans sa fonction essentielle, qui est de nous transmettre fidèlement le dépôt de la foi.

Si l'on considère les faits dans leur aspect purement matériel, il s'agit de peu de chose: la suppression d'une Fraternité à peine née ne comptant que quelques dizaines de membres, la fermeture d'un séminaire, voilà bien peu de chose en réalité, et qui ne mérite pas qu'on s'en préoccupe. Par contre, si l'on est un instant attentif aux réactions provoquées dans les milieux catholiques et même protestants, orthodoxes, athées, et cela dans le monde entier, aux innombrables articles de la presse mondiale, réactions d'enthousiasme et de véritable espoir, réactions de dépit et d'opposition, réactions de simple curiosité, nous ne pouvons nous empêcher de penser, même si nous le regrettons, qu'Écône pose un problème qui dépasse de beaucoup les dimensions modestes de la Fraternité et du séminaire, problème profond, inéluctable, qu'on ne peut écarter d'un revers de la main, qu'on ne peut résoudre par un ordre formel, de quelque autorité qu'il vienne. Car le problème d'Écône, c'est celui de milliers et de millions de consciences chrétiennes déchirées, divisées, bouleversées depuis dix années par ce dilemme martyrisant: ou obéir au risque de perdre la foi, ou désobéir et garder sa foi intacte; ou obéir et collaborer à la destruction de l'Église, ou désobéir et travailler à la préservation et la continuation de l'Église; ou accepter l'Église réformée et libérale, ou maintenir son appartenance à l'Église catholique.

C'est parce qu'Écône est au cœur de ce problème crucial qui s'est rarement posé aux consciences catholiques avec cette ampleur et avec cette gravité, que tant de regards sont tournés vers cette maison qui a résolument choisi l'option d'appartenance à l'Église de toujours et refuse l'appartenance à l'Église réformée et libérale. Et voici que l'Église, par ses représentants officiels, prend une position contre cette option d'Écône, condamnant ainsi publiquement la formation traditionnelle du prêtre, au nom du Concile Vatican II, au nom des réformes postconciliaires et au nom des orientations post-conciliaires qui engagent le Pape. Comment expliquer cette opposition à la Tradition au nom d'un Concile et de son application? Peut-on raisonnablement et doit-on réellement s'opposer à un Concile et à ses réformes? Peut-on, au surplus, et doit-on s'opposer aux ordres de la hiérarchie sommant de suivre le Concile et toutes les orientations postconciliaires officielles? Voilà le grave problème qui, aujourd'hui, après 10 années postconciliaires se pose à notre conscience à l'occasion de la condamnation d'Écône. II est impossible de répondre prudemment à ces questions sans faire un rapide exposé de l'histoire du libéralisme et du catholicisme libéral au cours des derniers siècles. On ne peut expliquer le présent que par le passé.


Principes du libéralisme

Définissons d'abord en quelques mots le libéralisme dont l'exemple historique le plus typique est le protestantisme. Le libéralisme prétend libérer l'homme de toute contrainte non voulue ou acceptée par lui-même.

Première libération: celle qui libère l'intelligence de toute vérité objective imposée. La Vérité doit être acceptée différente selon les individus ou les groupes d'individus, elle est donc nécessairement partagée. La Vérité se fait et se recherche sans fin. Personne ne peut prétendre l'avoir exclusivement et dans son intégralité. On devine combien cela est contraire à Notre Seigneur Jésus-Christ et à son Église. Deuxième libération: celle de la foi qui nous impose des dogmes, formulés de façon définitive et auxquels l'intelligence et la volonté doivent se soumettre. Les dogmes, selon le libéral, doivent être soumis au crible de la raison et de la science et cela d'une manière constante, étant donné les progrès scientifiques. Il est donc impossible d'admettre une vérité révélée définie pour toujours. On remarquera l'opposition de ce principe à la Révélation de Notre Seigneur et à Son autorité divine. Enfin, troisième libération, celle de la loi. La loi, selon le libéral, limite la liberté et lui impose une contrainte d'abord morale et enfin physique. La loi et ses contraintes vont à l'encontre de la dignité humaine et de la conscience. La conscience est la loi suprême. Le libéral confond Liberté et Licence. Notre Seigneur Jésus-Christ est la Loi vivante, étant le Verbe de Dieu; on mesurera encore combien est profonde l'opposition du libéral à Notre Seigneur.


Conséquences du libéralisme

Les principes libéraux ont pour conséquence de détruire la philosophie de l'être et de refuser toute définition des êtres pour s'enfermer dans le nominalisme ou l'existentialisme et l'évolutionnisme. Tout est sujet à la mutation, au changement.

Une deuxième conséquence aussi grave, sinon plus, est la négation du surnaturel, donc du péché originel, de la justification par la grâce, du véritable motif de l'Incarnation, du sacrifice de la Croix, de l'Église, du Sacerdoce. Tout est faussé dans l'oeuvre accomplie par Notre Seigneur; et cela se traduit par une vision protestante de la Liturgie du Sacrifice de la Messe et des Sacrements qui n'ont plus pour objet l'application de la Rédemption aux âmes, à chaque âme, afin de lui communiquer la grâce de la vie divine et la préparer à la vie éternelle, par l'appartenance au corps mystique de Notre Seigneur, mais qui ont désormais pour centre et motif l'appartenance à une communauté humaine de caractère religieux. Toute la Réforme liturgique se ressent de cette orientation.

Autre conséquence: la négation de toute autorité personnelle, participation à l'autorité de Dieu. La dignité humaine demande que l'homme ne soit soumis qu'à ce qu'il consent. Puisqu'une autorité est indispensable pour la vie de la société, il n'acceptera que l'autorité agréée par une majorité, parce qu'elle représente la délégation de l'autorité des individus les plus nombreux à une personne ou un groupe désigné, cette autorité n'étant toujours que déléguée. Or ces principes et leurs conséquences, qui exigent la liberté de pensée, la liberté d'enseignement, la liberté de conscience, la liberté de choisir sa religion, ces fausses libertés qui supposent la laïcité de l'État, la séparation de l'Église et de l'État, ont été, depuis le Concile de Trente, sans cesse condamnés par les successeurs de Pierre, et d'abord par le Concile de Trente lui-même.


Condamnation du libéralisme par le Magistère de l'Église

C'est l'opposition de l'Église au libéralisme protestant qui a provoqué le Concile de Trente, d'où l'importance considérable de ce Concile dogmatique pour la lutte contre les erreurs libérales, pour la défense de la Vérité, de la Foi, en particulier par la codification de la Liturgie du Sacrifice de la Messe et des sacrements, par les définitions concernant la justification par la grâce. Énumérons quelques documents parmi les plus importants qui ont complété cette doctrine du Concile de Trente et qui l'ont confirmée:

  • La Bulle Auctorem fidei de Pie VI contre le Concile de Pistoie.
  • L'encyclique Mirari vos de Grégoire XVI contre Lamennais.
  • L'encyclique Quanta Cura et le Syllabus de Pie IX.
  • L'encyclique Immortale Dei de Léon XIII condamnant le droit nouveau.
  • Les Actes de saint Pie X contre le Sillon et le modernisme et spécialement le décret Lamentabili et le serment antimoderniste.
  • L'encyclique Divini Redemptoris du pape Pie XI contre le communisme.
  • L'encyclique Humani Generis du pape Pie XII.

Ainsi le libéralisme et le catholicisme libéral ont toujours été condamnés par les successeurs de Pierre au nom de l'Évangile et de la Tradition apostolique. Cette conclusion évidente est d'importance primordiale pour déterminer notre attitude et manifester notre union indéfectible au Magistère de l'Église et aux successeurs de Pierre. Personne plus que nous n'est attaché au successeur de Pierre aujourd'hui régnant lorsqu'il se fait écho des Traditions apostoliques et des enseignements de tous ses prédécesseurs. Car c'est la définition même du successeur de Pierre de garder le dépôt et de le transmettre fidèlement. Voici ce que proclame le pape Pie IX à ce sujet dans Pastor aeternus: «Le Saint-Esprit n'a pas en effet été promis aux successeurs de Pierre pour leur permettre de publier, d'après ses révélations, une doctrine nouvelle, mais de garder strictement et d'exposer fidèlement avec son assistance les révélations transmises par les apôtres, c'est-à-dire le dépôt de la foi.»


Influence du libéralisme dans le Concile Vatican II

Nous en arrivons maintenant à la question qui nous préoccupe: Comment expliquer que l'on puisse, au nom du Concile Vatican II, s'opposer à des Traditions séculaires et apostoliques, mettant ainsi en cause le Sacerdoce catholique lui-même et son acte essentiel, le Saint Sacrifice de la Messe?

Une grave et tragique équivoque pèse sur le Concile Vatican II présenté par les papes eux-mêmes dans des termes qui l'ont favorisée: Concile de l' ‘aggiornamento’, de la ‘mise à jour’ de l'Église, Concile pastoral, non dogmatique, comme vient de le nommer à nouveau le Pape, il y a un mois. Cette présentation, dans la situation de l'Église et du monde en 1962, présentait d'immenses dangers auxquels le Concile n'a pas réussi à échapper. Il était aisé de traduire ces mots de telle manière que les erreurs libérales s'introduisent largement dans le Concile. Une minorité libérale par les pères du Concile et surtout parmi les cardinaux fut très active, très organisée, très appuyée par une pléiade de théologiens modernistes et de nombreux secrétariats. Qu'on songe à la production énorme des imprimés subventionnée par les Conférences épiscopales allemande et hollandaise. Ils eurent beau jeu de demander instamment l'adaptation de l'Église â l'homme moderne, c'est-à-dire à l'homme qui veut se libérer de tout, de présenter 1'Église comme inadaptée, impuissante, de battre la coulpe sur la poitrine des prédécesseurs. L'Église est présentée comme aussi coupable que les protestants et les orthodoxes des divisions d'antan. Elle doit demander pardon aux protestants présents. L'Église de la Tradition est coupable dans ses richesses, dans son triomphalisme, les Pères du Concile se sentent coupables d'être hors du monde, de n'être pas du monde; ils rougissent déjà de leurs insignes épiscopaux, bientôt de leurs soutanes. Cette ambiance de libération gagnera bientôt tous les domaines et se reflétera dans l'esprit collégial où sera voilée la honte que l'on éprouve d'exercer une autorité personnelle si contraire à l'esprit de l'homme moderne, disons de l'homme libéral. Le Pape et les évêques exerceront leur autorité collégialement dans les synodes, les conférences épiscopales, les conseils presbytéraux. Enfin, 1'Église s'ouvre aux principes du monde moderne. La liturgie sera elle aussi libéralisée, adaptée, soumise aux expérimentations des conférences épiscopales. La liberté religieuse, I'oecuménisme, la recherche théologique, la révision du droit canon atténueront le triomphalisme d'une Église qui se proclamait seule arche du salut! La Vérité se trouve en partage dans toutes les religions, une recherche commune fera avancer la communauté religieuse universelle autour de l'Église.

Les protestants à Genève - Marsaudon dans son livre L'œcuménisme vu par un franc-maçon - les libéraux comme Fesquet, triomphent. Enfin disparaîtra l'ère des États catholiques. Le droit commun pour toutes les religions! «L'Église libre dans l'État libre», la formule de Lamennais! Voilà l'Église adaptée au monde moderne! Le droit public de l'Église et tous les documents cités plus haut deviennent des pièces de musée destinées à des temps révolus! Lisez au début du schéma sur «l'Église dans le monde» la description des temps modernes en mutation; lisez les conclusions, elles sont du plus pur libéralisme. Lisez le schéma sur la « liberté religieuse » et comparez avec l'encyclique Mirari vos de Grégoire XVI, avec Quanta cura de Pie IX, et vous pourrez constater la contradiction presque mot pour mot. Dire que les idées libérales n'ont pas influencé le Concile Vatican II est nier l'évidence. La critique interne et la critique externe le prouvent abondamment.


Influence du libéralisme dans les réformes et orientations postconciliaires

Et si nous passons du ‘concile’ aux ‘réformes’ et aux ‘orientations’, la preuve est aveuglante. Or, remarquons bien que dans les lettres de Rome qui nous demandent un acte public de soumission, les trois choses sont présentées toujours comme indissolublement unies. Se trompent donc lourdement ceux qui parlent d'une mauvaise interprétation du Concile, comme si le Concile en lui-même était parfait et ne pouvait être interprété d'après les réformes et orientations. Les réformes et orientations officielles postconciliaires manifestent avec plus d'évidence que n'importe quel écrit l'interprétation officielle et voulue du Concile. Or, ici, nous n'avons pas besoin de nous étendre: les faits parlent d'eux-mêmes et sont éloquents, hélas bien tristement. Que reste-t-il d'intact de l'Église préconciliaire? Où n'est pas passée l'auto-démolition? Catéchèse - séminaires - congrégations religieuses - liturgie de la Messe et des sacrements - constitution de l'Église - conception du Sacerdoce. Les conceptions libérales ont tout ravagé et emmènent l'Église au-delà des conceptions du protestantisme, à la stupéfaction des protestants et à la réprobation des orthodoxes.

Une des constatations les plus effroyables de l'application de ces principes libéraux est l'ouverture à toutes les erreurs et particulièrement à la plus monstrueuse jamais sortie de l'esprit de Satan: le communisme. Le communisme a ses entrées officielles au Vatican et sa révolution mondiale est singulièrement facilitée par la non-résistance officielle de l'Église, bien plus, par des soutiens fréquents à la révolution, malgré les avertissements désespérés des cardinaux qui ont subi les geôles communistes. Le refus de ce Concile pastoral de condamner officiellement le communisme est à lui seul suffisant pour le couvrir de honte devant toute l'histoire, quand on songe aux dizaines de millions de martyrs, aux gens dépersonnalisés scientifiquement dans les hôpitaux psychiatriques, servant de cobayes à toutes les expériences. Et le Concile pastoral réunissant 2,350 évêques s'est tu, malgré les 450 signatures des pères demandant cette condamnation, que j'ai portée moi-même à Mgr Felici, secrétaire du Concile, en compagnie de Mgr Sigaud, archevêque de Diamantina.


Conclusion: Nous avons le devoir de rejeter les nouveautés pernicieuses

  Le Pape Grégoire XVI
 
Le Pape Grégoire XVI (1765-1846)

Faut-il pousser plus loin l'analyse pour arriver à la conclusion? Il me semble que ces lignes suffisent pour que l'on puisse refuser de suivre ce Concile, ces réformes, ces orientations en tout ce qu'ils ont de libéral et de néo-moderniste. Nous voulons répondre à l'objection qu'on ne manquera pas de nous faire au sujet de l'obéissance, au sujet de la juridiction de ceux qui veulent nous imposer cette orientation libérale. Nous répondons: Dans l'Église, le droit, la juridiction sont au service de la Foi, finalité première de l'Église. Il n'y a aucun droit, aucune juridiction qui puisse nous imposer une diminution de notre Foi. Nous acceptons cette juridiction et ce droit quand ils sont au service de la Foi. Mais qui peut juger de cela? La Tradition, la Foi enseignée depuis 2000 ans. Tout fidèle peut et doit s'opposer à quiconque dans l'Église touche à sa foi, la foi de l'Église de toujours, appuyé sur le catéchisme de son enfance. Défendre sa foi est le premier devoir de tout chrétien, à plus forte raison de tout prêtre et de tout évêque. Dans le cas de tout ordre comportant un danger de corruption de la foi et des mœurs, la ‘désobéissance’ est un devoir grave. C'est parce que nous estimons que notre foi est en danger par les réformes et les orientations postconciliaires que nous avons le devoir de « désobéir » et de garder les Traditions. C'est le plus grand service que nous pouvons rendre à I'Église catholique, au successeur de Pierre, au salut des âmes et de notre âme, que de refuser l'Église réformée et libérale, car nous croyons en Notre Seigneur Jésus-Christ, fils de Dieu fait homme, qui n'est ni libéral, ni réformable.

Autre dernière objection: le Concile est un concile comme les autres. Par son œcuménicité et sa convocation, oui; par son objet, et c'est là l'essentiel, non. Un concile non dogmatique peut ne pas être infaillible; il ne l'est que dans la reprise de vérités dogmatiques traditionnelles. Comment justifiez-vous votre attitude vis-à-vis du Pape? Nous sommes les plus ardents défenseurs de son autorité comme successeur de Pierre, mais nous réglons notre attitude sur la parole de Pie IX citée plus haut. Nous applaudissons au Pape écho de la Tradition et fidèle à la transmission du dépôt de la Foi. Nous acceptons les nouveautés intimement conformes à la Tradition et à la Foi. Nous ne nous sentons pas liés par l'obéissance à des nouveautés qui vont contre la Tradition et menacent notre Foi. Dans ce cas, nous nous rangeons derrière les documents pontificaux cités plus haut.

Nous ne voyons pas, en conscience, comment un catholique fidèle, prêtre ou évêque, peut avoir une autre attitude vis-à-vis de la crise douloureuse que traverse l'Église. «Nihil innovetur nisi quod traditum est» - qu'on n'innove rien mais qu'on transmette la Tradition. Que Jésus et Marie nous aident à demeurer fidèle à nos engagements épiscopaux! «Ne dites pas vrai ce qui est faux, ne dites pas bon ce qui est mauvais.» Voilà ce que l'on nous a dit à notre sacre.


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