Par
M. l`abbé Patrick Girouard FSSPX
Mgr
Lefebvre Explique Pourquoi Nous Devons Combattre La Nouvelle Église
La source de la Crise: Des erreurs anciennes, déjà condamnées
Mais je pense qu'il faut remonter à toutes ces erreurs qui
ont été condamnées par les Papes depuis deux
siècles. On a eu, surtout, le libéralisme, le communisme,
le marxisme, le socialisme, le sillonisme, le modernisme et toutes
ces choses qui ont été constamment condamnées
par les Papes. Nous avons des actes pendant deux siècles, des
condamnations de saints Pères. Par exemple, prenez l'encyclique
Immortale Dei du pape Léon XIII. Le pape Léon
XIII condamne le droit nouveau. Ce qu'il appelle le droit nouveau,
est toute une conception nouvelle, conception de la vie, conception
du monde, conception de l'Église, qui est complètement,
totalement différente de la véritable conception de
l'Église. Elle est basée sur les principes maçonniques
qui sont résumés dans ces fameux trois mots: Liberté,
Égalité, Fraternité, qui peuvent être très
bons, mais qui peuvent signifier, aussi, des choses très mauvaises.
Si la liberté c'est la liberté totale, c'est-à-dire,
on laisse tout à la conscience, il n'y a plus de lois, c'est
la ruine de toute autorité, et c'est surtout cela qui est attaqué
dans ces mots Liberté, Égalité, Fraternité.
On ruine l'autorité. Liberté de ma conscience, c'est-à-dire,
je fais ce que je veux, je ne connais ni loi, ni autorité personnelle.
Égalité, nous sommes tous égaux, nous ne voulons
pas d'autorité. Fraternité, mais sans Père. Pas
de Père - fraternité de la masse: tous les individus
s'embrassent les uns les autres, mais pas de Père. Comment
peut-on imaginer une fraternité sans paternité, sans
père ? Invraisemblable, mais c'est comme cela. C'est ce qu'on
a voulu nous enseigner: la ruine de l'autorité; et par le fait
même, attenter à l'autorité de Dieu. C'est attaquer
directement Dieu, car toute autorité vient de Dieu, et par
une participation à l'autorité de Dieu. C'est bien ce
que dit saint Paul. Donc on attaque Dieu directement. La meilleure
preuve, c'est que les francs-maçons ont offert des sacrifices
à la déesse Raison, à l'Homme, l'Homme
devenu Dieu. D'ailleurs ils le disent encore aujourd'hui, ces francs-maçons.
Il ne faut pas l'oublier. Ne croyons pas que tout cela a disparu.
«Si mettre l'Homme sur l'autel, plutôt que d'y mettre
Dieu, est le péché de Lucifer, écrit l'ancien
Grand Maître du Grand Orient, M. Mitterrand, tous les humanistes
depuis la Renaissance commettent ce péché».
Ce fut l'un des griefs invoqués contre les francs-maçons,
quand ils furent pour la première fois excommuniés par
le pape Clément XII, en 1738. Et malheureusement, ce franc-maçon
nous dit: «Entre la politique de Pie XII et celle de ses
successeurs, il existe une distinction capitale. Le bien commun, avec
Pie XII, a un caractère réactionnaire, quasi fasciste
et nettement anticommuniste. Avec Jean XXIII et puis avec Paul VI,
le bien commun a un aspect progressiste caractérisé.
Le rapport des forces a changé dans le monde et l'Église
l'a apprécié.» Évidemment tout cela
est vu par un franc-maçon, je ne dis pas que j'épouse
ce que dit cet homme-là. Mais ces gens-là sont derrière
toutes ces transformations, ils n'ont pas été inactifs
dans le concile soyez sûrs, et autour du concile, soyez persuadés.
«Il y a quelque chose de changé dans l'Église»,
dit Mitterrand, le Grand Maître du Grand Orient. «Les
réponses formulées par le Pape aux questions les plus
brûlantes, comme le célibat des prêtres ou la régulation
des naissances sont ardemment contestées au sein de l'Église
elle-même, la parole du Souverain Pontife est mise en cause
par certains évêques, par des prêtres, par les
fidèles. Pour le franc-maçon, l'homme qui discute le
dogme est déjà un franc-maçon sans tablier.»
Voilà ce que disent ces gens-là, et ils savent ce qu'ils
disent.
Voici un autre livre fait par un franc-maçon: «L'Œcuménisme
vu par un franc-maçon» de M. Marsaudon, du rite
écossais. Ce Marsaudon parle de l'oecuménisme, et de
l'œcuménisme qui a eu lieu au cours du concile. «Les
catholiques, particulièrement les conservateurs, ne devront
pas oublier pour autant que tout chemin mène à Dieu.
Et se maintenir dans cette courageuse notion de la liberté
de pensée, qui, on peut vraiment parler là de révolution,
partie de nos loges maçonniques, s'est étendue magnifiquement
au-dessus du dogme de saint Pierre.» Eh oui! Qu'est-ce
que vous voulez, il faut le dire, c'est malheureusement exact, on
n'a pas voulu définir d'une manière bien claire les
choses dans le concile, alors on a employé des termes ambigus,
équivoques. Et de ces termes ambigus, équivoques, on
a tiré les résultats post-conciliaires. Le Père
Schillebeckx l'a dit lui-même explicitement, il l'a imprimé
dans une revue: «Nous avons mis des termes équivoques
dans le concile et nous savons ce que nous en tirerons après.»
Ces gens-là savaient ce qu'ils faisaient, car dans les sous-commissions
se trouvaient tous ces fameux théologiens modernes: Schillebeckx,
Hans Küng, Rahner, Congar, Leclerc, Murphy. Ils se trouvaient
tous dans les sous-commissions. Car, les commissions pouvaient nommer
des sous-commissions, et donc nommer ces théologiens qui, eux,
savaient très bien où ils allaient. Et si nous sommes
dans cette situation, ces gens-là sont très coupables.
Pétris qu'ils sont des idées modernistes, ils veulent
absolument et par tous les moyens faire devenir moderniste l'Église.
Nous ne devons pas nous laisser prendre à ce jeu, n'est-ce
pas, et nous devons avoir l'œil ouvert.
Comment
pratique-t-on actuellement la manière de nous faire devenir
modernistes, ou de nous faire épouser les idées du libéralisme?
Eh bien ! On le fait dans les recyclages, et j'en suis témoin
dans ma Congrégation en particulier. Dans ces recyclages, la
première chose qu'on dit, chose qui est d'ailleurs aussi dans
ce fascicule dont je parlais tout à l'heure, «La
Foi mot à mot», qui sort du Bureau de l'Archevêché
de Paris, la première chose c'est: avouez le changement.
Avouez le changement. Encore une fois, comme je vous le disais tout
à l'heure, il faut qu'on fasse comprendre à ces séminaristes,
à ces prêtres, à tous ceux qui viennent dans ces
recyclages: il y a des changements qui sont opérés,
donc nous devons changer. «La deuxième opération
plus délicate, consiste à repérer les manières
différentes, qu'ont les chrétiens, d'apprécier
dans ces divers changements, le fait même du changement.
Ce repérage importe beaucoup, parce que les oppositions actuelles
concernent bien plus les attitudes spontanées et inconscientes
devant le changement, que l'enjeu précis de chaque changement.
Deux attitudes typiques se dessinent, semble-t-il, à condition
de ne pas négliger pour autant tous les intermédiaires
possibles. Selon la première, on concède un certain
nombre de nouveautés après avoir vérifié
qu'elles s'imposent l'une après l'autre. C'est le cas de beaucoup
de chrétiens, beaucoup de catholiques qui cèdent de
degré en degré. Selon la deuxième, on consent
à un renouvellement d'ensemble des formes de la Foi chrétienne
à l'orée d'un âge culturel inédit.»
- Je répète: «Selon la deuxième, on consent
à un renouvellement d'ensemble des formes de la Foi chrétienne
à l'orée d'un âge culturel inédit. Quitte
à s'assurer sans cesse de la fidélité à
la Foi des Apôtres.» Il est bien tard, et il sera
bien temps de s'occuper de la Foi des Apôtres quand on aura
démoli complètement la Foi. Il est dit évidemment,
que cette opération, cette problématique nouvelle, est
celle qu'il faut essayer d'inculquer actuellement aux catholiques.
Une troisième opération devient nécessaire
dans le cas où on accepte le deuxième diagnostic.
«Le chrétien ne peut pas ne pas y pressentir un risque
redoutable pour la Foi.» Voilà ce qu'ils disent
eux-mêmes explicitement. C'est terrible, incroyable! «Ne
va-t-elle pas disparaître purement et simplement en même
temps que la problématique qui l'avait apportée jusque-là
? Il demande donc, à bon droit une assurance fondamentale,
qui lui permette de dépasser les premières attitudes
stériles. Cette assurance préalable comporte pour le
moins les éléments suivants.» Vous verrez
ce qui reste de notre Foi: «L'Esprit Saint est précisément
celui qui assiste les croyants dans le mouvement de l'Histoire.»
Donc on s'adresse purement à l'Esprit Saint, il n'y a plus
de hiérarchie, il n'y a plus de magistère, il n'y a
plus rien, les chrétiens sont directement inspirés par
l'Esprit Saint. Or, actuellement, on est en train de mettre cela en
pratique par le Pentecôtisme. On fait des réunions comme
la nôtre: nous invoquerions le Saint-Esprit, puis tout d'un
coup, l'un d'entre vous se mettrait à parler une langue que
personne ne comprendrait, l'un parlerait l'arabe, l'autre parlerait
l'arménien, l'autre parlerait l'hébreu. Tout cela est
diabolique. Ce n'est pas possible autrement. Donc en premier lieu
l'Esprit Saint, ensuite le seul invariant de notre Foi est la personne
même de Jésus. Jésus, mais qu'entendent-ils par
Jésus? Et enfin voilà l'assurance qu'ils donnent aux
fidèles qui auront peur de perdre la Foi, par cette nouvelle
problématique: «Vatican II présente assurément
de nombreux indices d'un changement de problématique.»
Nous sommes vraiment dans une entreprise de subversion, il faut dire
le mot, une entreprise de subversion.
Il nous faut conclure. Que devons-nous faire?
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Le
Père Yves Congar OP (1904-1995) |
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Nous
avons vu rapidement un exemple de cette subversion dans le prêtre.
Or ce qui touche le prêtre atteint l'Église et nécessairement
les fidèles. Eh bien! Nous n'avons pas le droit de nous laisser
embarquer dans cette aventure. Cela passera, comme toutes les hérésies
ont passé, comme toutes les erreurs ont passé, comme
tout ce qui est arrivé et a secoué l'Église est
passé. L'Église a connu des tempêtes, celle-ci
est terrible, parce qu'elle s'attaque justement aux racines de la
Foi des fidèles, et malheureusement par l'intermédiaire
de ceux qui devraient protéger la Foi des fidèles. On
a voulu réunir en livre les quelques conférences que
j'ai faites et quelques articles que j'ai pu faire depuis le concile.
J'ai mis en exergue de ce livre («Évêque parle»
N.d.l.r.): «On nous fait désobéir à
toute la tradition par obéissance.» Vous me direz: «Mais
ce sont nos prêtres qui nous disent cela. C'est un Évêque
qui a dit cela. Voyez, c'est un document qui vient de la Commission
de la catéchèse ou d'une autre Commission officielle.
Alors que voulez-vous que je fasse?» Eh bien ! Alors, perdez
la Foi! Non, non, personne n'a le droit de vous faire perdre la Foi,
pas même le Pape, pas même un Ange. On n'a pas le droit
de faire perdre la Foi. La Foi en Jésus-Christ, c'est le moyen
de nous sauver, c'est la voie de notre salut, nous n'avons pas le
droit de perdre la Foi catholique, et donc, nous devons faire tout
ce que nous pouvons pour la garder vivante en nous.
Vous parents chrétiens, dans vos familles, dans vos foyers,
protégez la Foi de vos enfants. Lisez donc, relisez le catéchisme
du Concile de Trente, qui est le plus beau, le plus parfait, le plus
complet de notre Foi. Et gardez la Foi aussi dans les écoles.
Allez dans les écoles, si on leur fait perdre la Foi, allez
réclamer, ne laissez pas les éducateurs de vos enfants
faire perdre la Foi à vos enfants. Allez trouver vos prêtres,
il y a encore de bons prêtres, et Dieu sait, je suis heureux
d'en voir ici un bon nombre. Entourez ces prêtres, encouragez-les,
ils souffrent de la situation. Et s’ils sentent que vous êtes
là et que vous leur faites appel, en leur disant: «Protégez
la Foi de nos enfants. MM. les Abbés, de grâce, donnez-nous
la vérité qui sauve nos âmes.» Ils
le feront et ils seront heureux de vous donner ces vérités
de la Foi. Réclamez-les de tous ceux qui doivent protéger
votre Foi. Et puis, formez des groupes de prières. Il faut
prier, prier, prier. Formez des groupes de prières, récitez
le chapelet, soit en famille, soit en groupe dans les paroisses. Demandez
à vos prêtres de vous commenter le chapelet, demandez
de vous donner la bénédiction du Saint-Sacrement. Faites
des adorations, adorations nocturnes. Ayant eu l'occasion de voyager
beaucoup ces derniers temps, je puis vous assurer qu'il y a un renouveau
parmi les catholiques. Beaucoup de catholiques sentent que quelque
chose ne va plus dans l'Église, qu'on ne peut plus continuer
comme cela, qu'ils risquent de perdre la Foi. Or, ces catholiques
se regroupent et récitent des chapelets en commun, demandent
au prêtre de passer une nuit d'adoration dans les Églises.
Tout cela est beau. Le Bon Dieu ne restera pas indifférent
à cette prière, à ces supplications, c'est cela
qu'il faut faire aujourd'hui.
Je ne sais pas si toutes les apparitions dont on parle sont authentiques.
Je n'oserais pas le dire. Mais il n'est pas étonnant que la
très Sainte Vierge vienne pour nous aider à garder la
Foi. Autant on peut être encouragé à aller dans
des lieux où l'on est certain que la Sainte Vierge est apparue,
autant il faut être prudent, là où il n'y a pas
eu une confirmation réelle. En tout cas, un signe à
peu près certain de la vérité d'une apparition,
c'est la conversion des âmes; et une conversion non pas factice,
non pas un feu de paille, mais une conversion réelle. Qu'il
y ait souvent, autour de ces pèlerinages, des choses qui ne
sont pas normales, des gens hystériques, des gens déséquilibrés,
ou des gens qui ne recherchent que cela; qui, une fois qu'ils croient
qu'une apparition est vraie, n'ont plus que cela en tête et
croient que c'est cela qui va les sauver. Que tout le reste dans l'Église
ne compte plus, les sacrements, la hiérarchie, que plus rien
ne compte dans l'Église. C'est très dangereux, il ne
faut pas nous laisser entraîner dans ce chemin.
Pour
ma part, la Providence m'a donné l'occasion de faire un séminaire,
par une Fraternité sacerdotale, dont Mgr Charrière a
signé le décret d'érection. Cette Fraternité
est semblable aux Missions Étrangères. Mais dans ma
pensée, il n'y a pas de champ qui soit exclu de l'apostolat
de ces futurs prêtres. Là, où les évêques
les appelleront, ils iront. Si un jour la Chine s'ouvre, si un jour
la Russie s'ouvre, si on les appelle en Amérique du Sud, en
Afrique, en Europe, partout où on les demandera, où
on voudra de ces prêtres, eh bien! Ils iront en groupe. Ils
iront, évidemment avec un contrat avec l'Évêque,
puisque c'est une Société. Ce ne sont pas des prêtres
qui viennent des diocèses et qui vont retourner dans leur diocèse
pour y être incardinés. Non, ce sont des prêtres
qui sont donc membres de la Fraternité, membres d'une Société,
et qui iront là où le Supérieur Général
les enverra, et où ils sont appelés par des Évêques
qui les désirent, mais évidemment avec certaines conditions.
Je vous assure que je suis vraiment très heureux de ce que
le Bon Dieu me donne de faire actuellement, quand je vois la générosité
de ces séminaristes. Je vous assure que ce n'est pas perdu.
Ne soyez pas découragés, ne soyez pas pessimistes. Il
y a encore une très bonne jeunesse. Ces quatre-vingt séminaristes
sont vraiment très bons, très généreux.
Ce ne sont pas des enfants, la plupart d'entre eux ont des grades
universitaires. Il y a deux médecins qui ont fini leurs études
de médecine, trois ou quatre ingénieurs dont un sorti
de Centrale; un autre est maître en biologie, qui a fait sept
ans de biologie; il y a encore plusieurs licenciés en mathématiques,
en droit, en lettres. Donc, ce n'est pas de la petite jeunesse, qui
vient se réfugier chez moi, chercher je ne sais quoi; ce sont
vraiment des jeunes gens qui ont réfléchi et qui viennent
et qui ont l'intention d'être de véritables prêtres.
Les deux tiers sont Français, puis le groupe le plus nombreux
vient des États-Unis, et ensuite: un Canadien, trois Anglais,
deux Allemands, quatre Suisses, un Italien, un Espagnol, deux Australiens.
C'est vous dire que c'est bien international. Ils s'entendent parfaitement.
Désormais, j'ai un petit groupe de prêtres américains
aux États-Unis, qui commencent, eux aussi, à regrouper
des jeunes séminaristes et à les préparer pour
le séminaire d'Écône. Plus tard, quand Dieu le
permettra, nous aurons un autre séminaire aux États-Unis.
J'ai également une procure à Londres, une à Paris,
deux maisons en Suisse: la maison de Fribourg, puis la maison d'Écône
qui est le Grand séminaire, où il y a douze professeurs
venant un peu de tous les horizons, dont deux professeurs dominicains
venant de l'Université de Fribourg. J'ai un corps professoral
qui est, je crois, aussi bon que je pouvais le désirer. J'ai
une maison, maintenant, près de Rome, à Albano, pour
y mettre mes jeunes prêtres. Dès que j'aurai des jeunes
prêtres, ils iront faire un an à Rome, pour s'attacher
à Rome. Je veux qu'ils soient des Romains, Catholiques Romains,
attachés au Souverain Pontife, attachés au magistère
de l'Église, attachés à l'Église Catholique;
qu'ils comprennent, qu'ils vivent de tous les souvenirs de Rome. Voilà
en résumé ce que je fais actuellement, et je dois dire
que je le fais avec une grande satisfaction.
2ème PARTIE: Déclaration du 21 novembre
1974.
(Mgr Lefebvre a fait cette déclaration le 21 novembre 1974
aux membres de la Fraternité sacerdotale saint Pie X. Elle
s'adressait plus spécialement aux professeurs et aux élèves
du Séminaire international d'Écône. Elle fut rendue
publique, par la volonté de Mgr Lefebvre, en janvier 1975 dans
la revue Itinéraires, n° 189.)
Nous adhérons de tout cœur, de toute
notre âme à la Rome catholique, gardienne de la foi catholique
et des traditions nécessaires au maintien de cette foi, à
la Rome éternelle, maîtresse de sagesse et de vérité.
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Écône, avant son acquisition
par la FSSPX
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Nous refusons
par contre et avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance
néo-moderniste et néo-protestante qui s'est manifestée
clairement dans le Concile Vatican II et après le Concile dans
toutes les réformes qui en sont issues. Toutes ces réformes,
en effet, ont contribué et contribuent encore à la démolition
de l'Église, à la ruine du Sacerdoce, à l'anéantissement
du Sacrifice et des Sacrements, à la disparition de la vie
religieuse, à un enseignement naturaliste et teilhardien dans
les universités, les séminaires, la catéchèse,
enseignement issu du libéralisme et du protestantisme condamné
maintes fois par le magistère solennel de l'Église.
Aucune autorité, même la plus élevée dans
la hiérarchie, ne peut nous contraindre à abandonner
ou à diminuer notre foi catholique clairement exprimée
et professée par le magistère de l'Église depuis
dix-neuf siècles. «S'il arrivait, dit saint Paul,
que nous-même ou un Ange venu du ciel vous enseigne autre chose
que ce que je vous ai enseigné, qu'il soit anathème»
(Gal. I, 8).
N'est-ce pas ce que nous répète le Saint-Père
aujourd'hui? Et si une certaine contradiction se manifestait dans
ses paroles et ses actes ainsi que dans les actes des dicastères,
alors nous choisissons ce qui a toujours été enseigné
et nous faisons la sourde oreille aux nouveautés destructrices
de l'Église. On ne peut modifier profondément la «lex
orandi» sans modifier la «lex credendi».
A la messe nouvelle correspond catéchisme nouveau, sacerdoce
nouveau, séminaires nouveaux, universités nouvelles,
Église charismatique, pentecôtiste, toutes choses opposées
à l'orthodoxie et au magistère de toujours.
Cette Réforme étant issue du libéralisme, du
modernisme, est tout entière empoisonnée; elle sort
de l'hérésie et aboutit à l'hérésie,
même si tous ses actes ne sont pas formellement hérétiques.
Il est donc impossible à tout catholique conscient et fidèle
d'adopter cette Réforme et de s'y soumettre de quelque manière
que ce soit.
La seule attitude de fidélité à l'Église
et à la doctrine catholique, pour notre salut, est le refus
catégorique d'acceptation de la Réforme. C'est pourquoi
sans aucune rébellion, aucune amertume, aucun ressentiment
nous poursuivons notre œuvre de formation sacerdotale sous l'étoile
du magistère de toujours, persuadés que nous ne pouvons
rendre un service plus grand à la Sainte Église Catholique,
au Souverain Pontife et aux générations futures. C'est
pourquoi nous nous en tenons fermement à tout ce qui a été
cru et pratiqué dans la foi, les maeurs, le culte, l'enseignement
du catéchisme, la formation du prêtre, l'institution
de l'Église, par l'Église de toujours et codifié
dans les livres parus avant l'influence moderniste du Concile en attendant
que la vraie lumière de la Tradition dissipe les ténèbres
qui obscurcissent le ciel de la Rome éternelle.
Ce faisant, avec la grâce de Dieu, le secours de la Vierge Marie,
de saint Joseph, de saint Pie X, nous sommes convaincus de demeurer
fidèles à l'Église Catholique et Romaine, à
tous les successeurs de Pierre, et d'être les «fideles
dispensatores mysteriorum Domini Nostri Jesu Christi in Spiritu Sancto».
Amen.
3ème PARTIE: Lettre aux Amis et Bienfaiteurs
# 9.
(Lettre
rendue publique en octobre 1975.)
Chers
Amis et Bienfaiteurs,
Le moment me semble venu de porter à votre connaissance
les derniers événements concernant Écône,
et l'attitude qu'en conscience, devant Dieu, nous croyons devoir prendre
en ces graves circonstances. En ce qui concerne le recours auprès
de la Signature apostolique: 1a dernière instance faite par
mon avocat auprès des cardinaux qui forment le tribunal afin
de connaître exactement quelle fut l'intervention du Pape dans
le procès qui nous est fait, a été arrêtée
dans son cours par une lettre autographe du Cardinal Villot au Cardinal
Staffa, président du tribunal, lui enjoignant d'interdire tout
recours. Quant à l'audience auprès du Saint-Père,
elle est également refusée par le Cardinal Villot. Je
n'aurai d'audience que lorsque mon œuvre aura disparu et que
je conformerai ma manière de penser à celle qui règne
dans l'Église réformée d'aujourd'hui.
Cependant, l'événement le plus important est sans doute
cette lettre signée du Saint-Père, présentée
comme autographe par le Nonce de Berne, en réalité dactylographiée
et qui, sous une forme nouvelle, reprend les arguments ou plutôt
les affirmations de la lettre des cardinaux. Je l'ai reçue
le 10 juillet dernier. Elle me demande un acte public de soumission
«au Concile, aux réformes post-conciliaires et aux
orientations qui engagent le Pape lui-même». Une
deuxième lettre du Pape reçue le 10 septembre demande
d'urgence la réponse à la première lettre. Cette
fois, sans que je le désire, n'ayant pour but que de servir
l'Église dans l'humble et bien consolante tâche de donner
de vrais prêtres dévoués à son service,
nous étions affrontés aux autorités de l'Église
jusqu'à son plus haut sommet ici-bas, le Pape. J'ai donc répondu
au Saint-Père, affirmant notre soumission au successeur de
Pierre dans sa fonction essentielle, qui est de nous transmettre fidèlement
le dépôt de la foi.
Si l'on considère les faits dans leur aspect purement matériel,
il s'agit de peu de chose: la suppression d'une Fraternité
à peine née ne comptant que quelques dizaines de membres,
la fermeture d'un séminaire, voilà bien peu de chose
en réalité, et qui ne mérite pas qu'on s'en préoccupe.
Par contre, si l'on est un instant attentif aux réactions provoquées
dans les milieux catholiques et même protestants, orthodoxes,
athées, et cela dans le monde entier, aux innombrables articles
de la presse mondiale, réactions d'enthousiasme et de véritable
espoir, réactions de dépit et d'opposition, réactions
de simple curiosité, nous ne pouvons nous empêcher de
penser, même si nous le regrettons, qu'Écône pose
un problème qui dépasse de beaucoup les dimensions modestes
de la Fraternité et du séminaire, problème profond,
inéluctable, qu'on ne peut écarter d'un revers de la
main, qu'on ne peut résoudre par un ordre formel, de quelque
autorité qu'il vienne. Car le problème d'Écône,
c'est celui de milliers et de millions de consciences chrétiennes
déchirées, divisées, bouleversées depuis
dix années par ce dilemme martyrisant: ou obéir au risque
de perdre la foi, ou désobéir et garder sa foi intacte;
ou obéir et collaborer à la destruction de l'Église,
ou désobéir et travailler à la préservation
et la continuation de l'Église; ou accepter l'Église
réformée et libérale, ou maintenir son appartenance
à l'Église catholique.
C'est parce qu'Écône est au cœur de ce problème
crucial qui s'est rarement posé aux consciences catholiques
avec cette ampleur et avec cette gravité, que tant de regards
sont tournés vers cette maison qui a résolument choisi
l'option d'appartenance à l'Église de toujours et refuse
l'appartenance à l'Église réformée et
libérale. Et voici que l'Église, par ses représentants
officiels, prend une position contre cette option d'Écône,
condamnant ainsi publiquement la formation traditionnelle du prêtre,
au nom du Concile Vatican II, au nom des réformes postconciliaires
et au nom des orientations post-conciliaires qui engagent le Pape.
Comment expliquer cette opposition à la Tradition au nom d'un
Concile et de son application? Peut-on raisonnablement et doit-on
réellement s'opposer à un Concile et à ses réformes?
Peut-on, au surplus, et doit-on s'opposer aux ordres de la hiérarchie
sommant de suivre le Concile et toutes les orientations postconciliaires
officielles? Voilà le grave problème qui, aujourd'hui,
après 10 années postconciliaires se pose à notre
conscience à l'occasion de la condamnation d'Écône.
II est impossible de répondre prudemment à ces questions
sans faire un rapide exposé de l'histoire du libéralisme
et du catholicisme libéral au cours des derniers siècles.
On ne peut expliquer le présent que par le passé.
Principes du libéralisme
Définissons d'abord en quelques mots le libéralisme
dont l'exemple historique le plus typique est le protestantisme. Le
libéralisme prétend libérer l'homme de toute
contrainte non voulue ou acceptée par lui-même.
Première libération: celle qui libère
l'intelligence de toute vérité objective imposée.
La Vérité doit être acceptée différente
selon les individus ou les groupes d'individus, elle est donc nécessairement
partagée. La Vérité se fait et se recherche sans
fin. Personne ne peut prétendre l'avoir exclusivement et dans
son intégralité. On devine combien cela est contraire
à Notre Seigneur Jésus-Christ et à son Église.
Deuxième libération: celle de la foi qui nous
impose des dogmes, formulés de façon définitive
et auxquels l'intelligence et la volonté doivent se soumettre.
Les dogmes, selon le libéral, doivent être soumis au
crible de la raison et de la science et cela d'une manière
constante, étant donné les progrès scientifiques.
Il est donc impossible d'admettre une vérité révélée
définie pour toujours. On remarquera l'opposition de ce principe
à la Révélation de Notre Seigneur et à
Son autorité divine. Enfin, troisième libération,
celle de la loi. La loi, selon le libéral, limite la liberté
et lui impose une contrainte d'abord morale et enfin physique. La
loi et ses contraintes vont à l'encontre de la dignité
humaine et de la conscience. La conscience est la loi suprême.
Le libéral confond Liberté et Licence. Notre Seigneur
Jésus-Christ est la Loi vivante, étant le Verbe de Dieu;
on mesurera encore combien est profonde l'opposition du libéral
à Notre Seigneur.
Conséquences du libéralisme
Les principes libéraux ont pour conséquence de détruire
la philosophie de l'être et de refuser toute définition
des êtres pour s'enfermer dans le nominalisme ou l'existentialisme
et l'évolutionnisme. Tout est sujet à la mutation, au
changement.
Une deuxième conséquence aussi grave, sinon plus, est
la négation du surnaturel, donc du péché originel,
de la justification par la grâce, du véritable motif
de l'Incarnation, du sacrifice de la Croix, de l'Église, du
Sacerdoce. Tout est faussé dans l'oeuvre accomplie par Notre
Seigneur; et cela se traduit par une vision protestante de la Liturgie
du Sacrifice de la Messe et des Sacrements qui n'ont plus pour objet
l'application de la Rédemption aux âmes, à chaque
âme, afin de lui communiquer la grâce de la vie divine
et la préparer à la vie éternelle, par l'appartenance
au corps mystique de Notre Seigneur, mais qui ont désormais
pour centre et motif l'appartenance à une communauté
humaine de caractère religieux. Toute la Réforme liturgique
se ressent de cette orientation.
Autre conséquence: la négation de toute autorité
personnelle, participation à l'autorité de Dieu. La
dignité humaine demande que l'homme ne soit soumis qu'à
ce qu'il consent. Puisqu'une autorité est indispensable pour
la vie de la société, il n'acceptera que l'autorité
agréée par une majorité, parce qu'elle représente
la délégation de l'autorité des individus les
plus nombreux à une personne ou un groupe désigné,
cette autorité n'étant toujours que déléguée.
Or ces principes et leurs conséquences, qui exigent la liberté
de pensée, la liberté d'enseignement, la liberté
de conscience, la liberté de choisir sa religion, ces fausses
libertés qui supposent la laïcité de l'État,
la séparation de l'Église et de l'État, ont été,
depuis le Concile de Trente, sans cesse condamnés par les successeurs
de Pierre, et d'abord par le Concile de Trente lui-même.
Condamnation du libéralisme par le Magistère de l'Église
C'est l'opposition de l'Église au libéralisme protestant
qui a provoqué le Concile de Trente, d'où l'importance
considérable de ce Concile dogmatique pour la lutte contre
les erreurs libérales, pour la défense de la Vérité,
de la Foi, en particulier par la codification de la Liturgie du Sacrifice
de la Messe et des sacrements, par les définitions concernant
la justification par la grâce. Énumérons quelques
documents parmi les plus importants qui ont complété
cette doctrine du Concile de Trente et qui l'ont confirmée:
- La Bulle
Auctorem fidei de Pie VI contre le Concile de Pistoie.
- L'encyclique
Mirari vos de Grégoire XVI contre Lamennais.
- L'encyclique
Quanta Cura et le Syllabus de Pie IX.
- L'encyclique
Immortale Dei de Léon XIII condamnant le droit nouveau.
- Les Actes
de saint Pie X contre le Sillon et le modernisme et spécialement
le décret Lamentabili et le serment antimoderniste.
- L'encyclique
Divini Redemptoris du pape Pie XI contre le communisme.
- L'encyclique
Humani Generis du pape Pie XII.
Ainsi
le libéralisme et le catholicisme libéral ont toujours
été condamnés par les successeurs de Pierre au
nom de l'Évangile et de la Tradition apostolique. Cette conclusion
évidente est d'importance primordiale pour déterminer
notre attitude et manifester notre union indéfectible au Magistère
de l'Église et aux successeurs de Pierre. Personne plus que
nous n'est attaché au successeur de Pierre aujourd'hui régnant
lorsqu'il se fait écho des Traditions apostoliques et des enseignements
de tous ses prédécesseurs. Car c'est la définition
même du successeur de Pierre de garder le dépôt
et de le transmettre fidèlement. Voici ce que proclame le pape
Pie IX à ce sujet dans Pastor aeternus: «Le Saint-Esprit
n'a pas en effet été promis aux successeurs de Pierre
pour leur permettre de publier, d'après ses révélations,
une doctrine nouvelle, mais de garder strictement et d'exposer fidèlement
avec son assistance les révélations transmises par les
apôtres, c'est-à-dire le dépôt de la foi.»
Influence du libéralisme dans le Concile Vatican II
Nous en arrivons maintenant à la question qui nous préoccupe:
Comment expliquer que l'on puisse, au nom du Concile Vatican II, s'opposer
à des Traditions séculaires et apostoliques, mettant
ainsi en cause le Sacerdoce catholique lui-même et son acte
essentiel, le Saint Sacrifice de la Messe?
Une grave et tragique équivoque pèse sur le Concile
Vatican II présenté par les papes eux-mêmes dans
des termes qui l'ont favorisée: Concile de l' ‘aggiornamento’,
de la ‘mise à jour’ de l'Église, Concile
pastoral, non dogmatique, comme vient de le nommer à nouveau
le Pape, il y a un mois. Cette présentation, dans la situation
de l'Église et du monde en 1962, présentait d'immenses
dangers auxquels le Concile n'a pas réussi à échapper.
Il était aisé de traduire ces mots de telle manière
que les erreurs libérales s'introduisent largement dans le
Concile. Une minorité libérale par les pères
du Concile et surtout parmi les cardinaux fut très active,
très organisée, très appuyée par une pléiade
de théologiens modernistes et de nombreux secrétariats.
Qu'on songe à la production énorme des imprimés
subventionnée par les Conférences épiscopales
allemande et hollandaise. Ils eurent beau jeu de demander instamment
l'adaptation de l'Église â l'homme moderne, c'est-à-dire
à l'homme qui veut se libérer de tout, de présenter
1'Église comme inadaptée, impuissante, de battre la
coulpe sur la poitrine des prédécesseurs. L'Église
est présentée comme aussi coupable que les protestants
et les orthodoxes des divisions d'antan. Elle doit demander pardon
aux protestants présents. L'Église de la Tradition est
coupable dans ses richesses, dans son triomphalisme, les Pères
du Concile se sentent coupables d'être hors du monde, de n'être
pas du monde; ils rougissent déjà de leurs insignes
épiscopaux, bientôt de leurs soutanes. Cette ambiance
de libération gagnera bientôt tous les domaines et se
reflétera dans l'esprit collégial où sera voilée
la honte que l'on éprouve d'exercer une autorité personnelle
si contraire à l'esprit de l'homme moderne, disons de l'homme
libéral. Le Pape et les évêques exerceront leur
autorité collégialement dans les synodes, les conférences
épiscopales, les conseils presbytéraux. Enfin, 1'Église
s'ouvre aux principes du monde moderne. La liturgie sera elle aussi
libéralisée, adaptée, soumise aux expérimentations
des conférences épiscopales. La liberté religieuse,
I'oecuménisme, la recherche théologique, la révision
du droit canon atténueront le triomphalisme d'une Église
qui se proclamait seule arche du salut! La Vérité se
trouve en partage dans toutes les religions, une recherche commune
fera avancer la communauté religieuse universelle autour de
l'Église.
Les protestants à Genève - Marsaudon dans son livre
L'œcuménisme vu par un franc-maçon - les
libéraux comme Fesquet, triomphent. Enfin disparaîtra
l'ère des États catholiques. Le droit commun pour toutes
les religions! «L'Église libre dans l'État
libre», la formule de Lamennais! Voilà l'Église
adaptée au monde moderne! Le droit public de l'Église
et tous les documents cités plus haut deviennent des pièces
de musée destinées à des temps révolus!
Lisez au début du schéma sur «l'Église
dans le monde» la description des temps modernes en mutation;
lisez les conclusions, elles sont du plus pur libéralisme.
Lisez le schéma sur la « liberté religieuse »
et comparez avec l'encyclique Mirari vos de Grégoire XVI, avec
Quanta cura de Pie IX, et vous pourrez constater la contradiction
presque mot pour mot. Dire que les idées libérales n'ont
pas influencé le Concile Vatican II est nier l'évidence.
La critique interne et la critique externe le prouvent abondamment.
Influence du libéralisme dans les réformes et orientations
postconciliaires
Et si nous passons du ‘concile’ aux ‘réformes’
et aux ‘orientations’, la preuve est aveuglante. Or, remarquons
bien que dans les lettres de Rome qui nous demandent un acte public
de soumission, les trois choses sont présentées toujours
comme indissolublement unies. Se trompent donc lourdement ceux qui
parlent d'une mauvaise interprétation du Concile, comme si
le Concile en lui-même était parfait et ne pouvait être
interprété d'après les réformes et orientations.
Les réformes et orientations officielles
postconciliaires manifestent avec plus d'évidence que n'importe
quel écrit l'interprétation officielle et voulue
du Concile. Or, ici, nous n'avons pas besoin de nous étendre:
les faits parlent d'eux-mêmes et sont éloquents, hélas
bien tristement. Que reste-t-il d'intact de l'Église préconciliaire?
Où n'est pas passée l'auto-démolition? Catéchèse
- séminaires - congrégations religieuses - liturgie
de la Messe et des sacrements - constitution de l'Église -
conception du Sacerdoce. Les conceptions libérales ont tout
ravagé et emmènent l'Église au-delà des
conceptions du protestantisme, à la stupéfaction des
protestants et à la réprobation des orthodoxes.
Une des constatations les plus effroyables de l'application de ces
principes libéraux est l'ouverture à toutes les erreurs
et particulièrement à la plus monstrueuse jamais sortie
de l'esprit de Satan: le communisme. Le communisme a ses entrées
officielles au Vatican et sa révolution mondiale est singulièrement
facilitée par la non-résistance officielle de l'Église,
bien plus, par des soutiens fréquents à la révolution,
malgré les avertissements désespérés des
cardinaux qui ont subi les geôles communistes. Le refus de ce
Concile pastoral de condamner officiellement le communisme est à
lui seul suffisant pour le couvrir de honte devant toute l'histoire,
quand on songe aux dizaines de millions de martyrs, aux gens dépersonnalisés
scientifiquement dans les hôpitaux psychiatriques, servant de
cobayes à toutes les expériences. Et le Concile pastoral
réunissant 2,350 évêques s'est tu, malgré
les 450 signatures des pères demandant cette condamnation,
que j'ai portée moi-même à Mgr Felici, secrétaire
du Concile, en compagnie de Mgr Sigaud, archevêque de Diamantina.
Conclusion: Nous avons le devoir de rejeter les nouveautés
pernicieuses
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Le Pape
Grégoire XVI (1765-1846)
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Faut-il
pousser plus loin l'analyse pour arriver à la conclusion? Il
me semble que ces lignes suffisent pour que l'on puisse refuser de
suivre ce Concile, ces réformes, ces orientations en tout ce
qu'ils ont de libéral et de néo-moderniste. Nous voulons
répondre à l'objection qu'on ne manquera pas de nous
faire au sujet de l'obéissance, au sujet de la juridiction
de ceux qui veulent nous imposer cette orientation libérale.
Nous répondons: Dans l'Église, le droit, la juridiction
sont au service de la Foi, finalité première de l'Église.
Il n'y a aucun droit, aucune juridiction qui puisse nous imposer une
diminution de notre Foi. Nous acceptons cette juridiction et ce droit
quand ils sont au service de la Foi. Mais qui peut juger de cela?
La Tradition, la Foi enseignée depuis 2000 ans. Tout fidèle
peut et doit s'opposer à quiconque dans l'Église touche
à sa foi, la foi de l'Église de toujours, appuyé
sur le catéchisme de son enfance. Défendre sa foi est
le premier devoir de tout chrétien, à plus forte raison
de tout prêtre et de tout évêque. Dans le cas de
tout ordre comportant un danger de corruption de la foi et des mœurs,
la ‘désobéissance’ est un devoir grave.
C'est parce que nous estimons que notre foi est en danger par les
réformes et les orientations postconciliaires que nous avons
le devoir de « désobéir » et de garder les
Traditions. C'est le plus grand service que nous pouvons rendre à
I'Église catholique, au successeur de Pierre, au salut des
âmes et de notre âme, que de refuser l'Église réformée
et libérale, car nous croyons en Notre Seigneur Jésus-Christ,
fils de Dieu fait homme, qui n'est ni libéral, ni réformable.
Autre dernière objection: le Concile est un concile comme les
autres. Par son œcuménicité et sa convocation,
oui; par son objet, et c'est là l'essentiel, non. Un concile
non dogmatique peut ne pas être infaillible; il ne l'est que
dans la reprise de vérités dogmatiques traditionnelles.
Comment justifiez-vous votre attitude vis-à-vis du Pape? Nous
sommes les plus ardents défenseurs de son autorité comme
successeur de Pierre, mais nous réglons notre attitude sur
la parole de Pie IX citée plus haut. Nous applaudissons au
Pape écho de la Tradition et fidèle à la transmission
du dépôt de la Foi. Nous acceptons les nouveautés
intimement conformes à la Tradition et à la Foi. Nous
ne nous sentons pas liés par l'obéissance à des
nouveautés qui vont contre la Tradition et menacent notre Foi.
Dans ce cas, nous nous rangeons derrière les documents pontificaux
cités plus haut.
Nous ne voyons pas, en conscience, comment un catholique fidèle,
prêtre ou évêque, peut avoir une autre attitude
vis-à-vis de la crise douloureuse que traverse l'Église.
«Nihil innovetur nisi quod traditum est» - qu'on
n'innove rien mais qu'on transmette la Tradition. Que Jésus
et Marie nous aident à demeurer fidèle à nos
engagements épiscopaux! «Ne dites pas vrai
ce qui est faux, ne dites pas bon ce qui est mauvais.»
Voilà ce que l'on nous a dit à notre sacre.