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Nous entendons
souvent les Catholiques libéraux nous dire que nous devons
rechercher le dialogue avec ceux qui sont dans l’erreur,
au lieu de commencer une polémique. En d’autres
mots, nous ne devrions pas nous attarder à ce qui nous
sépare, mais plutôt aux vérités auxquelles
nous croyons en commun. Or je viens justement de lire un communiqué
de presse de l’agence Zénith (du 14 mai dernier)
qui nous apprend que ce point de vue est aussi celui de nul
autre que Sa Sainteté le Pape Benoît XVI. Le Pape
venait en effet d’expliquer comment certains écrits
du ‘Pseudo-Denis’, un théologien du 6ème
siècle, sont utiles pour mieux comprendre la nature du
‘dialogue’. Après avoir cité ces mots
du théologien: « Je ne n’aimerais pas causer
de polémique ; je dis simplement la vérité
; je recherche la vérité, » le Pape a commenté:
« Et la lumière de la vérité fait
d'elle-même disparaître les erreurs et fait resplendir
ce qui est bon. Et avec ce principe, il purifia la pensée
grecque et la mit en rapport avec l'Évangile. Ce principe
(...) est également l'expression d'un véritable
esprit de dialogue: ne pas chercher les choses qui séparent,
chercher la vérité dans la Vérité
elle-même, ensuite celle-ci resplendit et fait disparaître
les erreurs. (…) C'est justement quand quelqu'un entre
dans la profondeur de la rencontre avec le Christ que s'ouvre
également le vaste espace pour le dialogue. Quand quelqu'un
rencontre la lumière de la vérité, on s'aperçoit
qu'il est une lumière pour tous; les polémiques
disparaissent et il devient possible de se comprendre l'un l'autre
ou au moins de parler l'un avec l'autre, de se rapprocher ».
J’ai trouvé quelques déclarations, dans
trois encycliques du Pape Léon XIII, qui contredisent
cette opinion, et qui expliquent pourquoi les Catholiques se
doivent de démasquer et combattre vigoureusement les
erreurs, et pourquoi il est du devoir de l’État
de les réprimer, i.e. de ne leur accorder aucune liberté
(à moins que cette répression ne soit la source
d’un plus grand mal). Ces textes traditionnels sont en
complète opposition avec Vatican II et les Papes modernes…
1-Immortale Dei, 1er novembre
1885
«La défense du nom chrétien réclame
impérieusement que l'assentiment aux doctrines enseignées
par l'Eglise soit de la part de tous unanime et constant et
de ce côté il faut se garder d'être en quoi
que ce soit de connivence avec les fausses opinions, ou de les
combattre plus mollement que ne le comporte la vérité.»
(Cf. « La Paix Intérieure des Nations, Documents
Pontificaux », par les Moines de Solesmes, Éditions
Desclée, Belgique, 1957, #163, p.122)
2-Libertas
Praestantissimum, 20 juin 1888
« Le vrai, le bien, on a le droit de les propager dans
l'État avec une liberté prudente, afin qu'un plus
grand nombre en profite; mais les doctrines mensongères,
peste la plus fatale de toutes pour l'esprit; mais les vices
qui corrompent le cœur et les mœurs, il est juste
que l'autorité publique emploie à les réprimer
sa sollicitude, afin d'empêcher le mal de s'étendre
pour la ruine de la société. (...) Et cette répression
est d'autant plus nécessaire que contre ces artifices
de style et ces subtilités de dialectique, surtout quand
tout cela flatte les passions, la partie sans contredit la plus
nombreuse de la population ne peut en aucune façon, ou
ne peut qu'avec une très grande difficulté se
tenir en garde. Accordez à chacun la liberté illimitée
de parler et d'écrire, rien ne demeure sacré et
inviolable, rien ne sera épargné, pas même
ces vérités premières, ces grands principes
naturels que l'on doit considérer, comme un noble patrimoine
commun à toute l'humanité. Ainsi la vérité
est peu à peu envahie par les ténèbres,
et l'on voit, ce qui arrive souvent, s'établir avec facilité
la domination des erreurs les plus pernicieuses et les plus
diverses. » (Op. Cit. #207, pp. 147-148)
3-Sapientiae
Christianae, 10 janvier 1890
« Au milieu de toute cette invasion d'opinions insensées,
dont Nous avons parlé, c'est assurément la mission
de l'Eglise de protéger la vérité et d'arracher
des âmes l'erreur, et cette mission, elle la doit remplir
saintement et en tout temps, car à sa garde ont été
confiés l'honneur de Dieu et le salut des hommes. Mais,
quand les circonstances en font une nécessité,
ce ne sont pas seulement les chefs qui doivent défendre
l'intégrité de la foi, mais chacun est tenu de
manifester à autrui sa foi, soit pour instruire et encourager
les autres fidèles, soit pour repousser les attaques
des incroyants. (…) Céder à l'adversaire
et garder le silence, lorsque de toutes parts s'élèvent
de telles clameurs pour étouffer la vérité,
c'est le fait d'un homme sans caractère, ou qui doute
de la vérité de sa croyance. Dans les deux cas,
une telle conduite est honteuse et fait injure à Dieu;
elle est incompatible avec le salut de chacun comme avec le
salut de tous; elle n'est avantageuse qu'aux seuls ennemis de
la foi, car rien n'enhardit autant l'audace des méchants
que l'inertie des bons. » (Op. Cit. # 264 & 265, p.175)
Quelle
différence entre ces textes si merveilleusement clairs
et instructifs, imbus du véritable esprit Catholique,
et ceux de l’Église moderne qui puent la sentimentalité
et la naïveté ! Comme ils nous fournissent, même
aujourd’hui, une direction sage. Les Papes vraiment Catholiques
ne ‘dialoguaient’ pas avec l’erreur, et ils
n’essayaient pas d’éviter la ‘polémique’.
Ils reconnaissaient combien il était facile pour la majorité
des gens d’être fourvoyés par l’erreur
et, en conséquence, de perdre leurs âmes. Désormais,
lorsqu’on nous assénera des slogans tels que ceux
énoncés dans mon introduction, rappelons-nous
les paroles de Léon XIII, et répondons avec de
fortes… convictions! ?