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Communicantes: Mai 2001
 
Itinéraire Spirituel

Monseigneur Marcel Lefebvre

Nous publions ici les notes complémentaires qui se trouvent à la fin du dernier ouvrage de Mgr Lefebvre, qui est en quelque sorte son testament spirituel. Ces pages jettent une vive lumière sur la crise actuelle.



1. Nécessité absolue de la religion chrétienne catholique pour le salut et la sainteté.

La recherche de la sainteté chrétienne en Jésus-Christ et par Jésus-Christ n'est pas libre. "Elegit nos in Ipso ante mundi constitutionem, ut essemus sancti: II nous a élus en Jésus-Christ avant la constitution du monde, pour que nous soyons saints" (Eph. l, 4).

Aucune créature humaine ne peut échapper à cette nécessité absolue pour parvenir au salut. Toute l'Ecriture en témoigne. Et Notre Seigneur, par qui tout a été fait, a institué l’Église, l'État et la famille, pour contribuer, chacun selon sa nature, à la sanctification des âmes par Jésus-Christ.

La liberté que Dieu nous donne est essentiellement finalisée vers le Vrai et le Bien par la loi de charité. Nous ne sommes pas libres d'aimer ou de ne pas aimer Dieu, la Trinité Sainte, et notre prochain. La liberté est corrélative à la Loi d'amour et de charité.

Dieu a pris soin de nous donner ses lois par son Verbe, lois divines toutes inspirées de l'Esprit de charité, de l'Esprit-Saint. Les lois de l’Église, de l'État, de la famille, doivent se conformer à ces lois divines et ainsi venir au secours des âmes sollicitées par l'erreur et le péché, et les aider à se convertir à l'unique médecin: Jésus-Christ, Vérité et Sainteté.

(Délier les âmes de l'obéissance aux lois de la société civile qui ne sont que l'application des lois divines, et faire de cette libération un droit naturel est un crime de rébellion vis-à-vis de Dieu, de Notre Seigneur. La laïcisation des états catholiques et leur libération de toute religion est un crime d'apostasie, qui crie vengeance, quand on en calcule les conséquences pour la perte des âmes. La liberté des cultes et l'œcuménisme qui l'encourage, sont un "délire" comme le disait Grégoire XVI dans son encyclique "Mirari vos".)

2. Objectivité de notre nature spirituelle et de la sainteté.

Dangers du subjectivisme conciliaire.

Notre spiritualité est objective, en ce sens que tout ce qui nous sanctifie vient de Dieu par Notre Seigneur, "Sans moi, dit Notre Seigneur, vous ne pouvez rien faire". Tout le chapitre XV de saint Jean est une affirmation de cette réalité. Notre intelligence se sanctifie dans la vérité qui lui est enseignée, qui ne vient pas d'elle. Notre volonté se sanctifie dans la loi et la grâce du Seigneur qui ne viennent pas d'elle.

Cette dépendance vis-à-vis de la réalité divine qui n'est pas nous, est essentielle pour maintenir l'âme profondément ancrée dans la vertu d'humilité, dans l'adoration, dans la reconnaissance et dans un désir toujours plus vif de nous abreuver et de nous nourrir aux sources de la sainteté, spécialement celles du Cœur de Jésus.[1]

(Il est difficile de mesurer les dégâts spirituels accomplis par la tendance subjectiviste du Concile, par son personnalisme, qui s'efforce, à tort, de faire abstraction de la finalité de la nature humaine, de sa liberté finalisée; ainsi s'explique cette exaltation de l'homme, de ses droits, de sa liberté, de sa conscience: humanisme païen qui ruine la spiritualité catholique, l'esprit sacerdotal et religieux.)

Combien il nous faut méditer ces réalités pour demeurer catholiques et garder les principes et les sources de la vraie sainteté! Bienheureux les "esurientes –ceux qui ont faim" et les "pauperes spiritu – les pauvres d’esprit" du Magnificat et des Béatitudes. Malheur aux "divites – les riches" qui sont remplis d'eux-mêmes et n'ont plus besoin ni de Dieu, ni de Jésus-Christ.

Venant d'un monde où règne partout le subjectivisme, qui place comme fondement des relations sociales la conscience individuelle, la liberté de conscience, l'autonomie de la personne, justifiant toutes les erreurs et tous les vices, les jeunes séminaristes auront à cœur de retrouver le chemin de la vérité et de la vertu, dans l'objectivité de nos facultés, et de retrouver en Notre Seigneur la Vérité et la Sainteté.

3. Le choix providentiel de Rome, comme Siège de Pierre, et les bienfaits de ce choix pour la croissance du Corps mystique de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Je crois devoir ajouter quelques lignes pour attirer l'attention de nos prêtres et de nos séminaristes sur le fait incontestable des influences romaines sur notre spiritualité, sur notre liturgie, et même sur notre théologie.

On ne peut nier que ce soit là un fait providentiel: Dieu, qui conduit toutes choses, a dans sa sagesse infinie préparé Rome à devenir le siège de Pierre et le centre du rayonnement de l'Evangile. D'où l'adage "Unde Christo e Romano".

Dom Guéranger dans son "Histoire de sainte Cécile" montre la grande part qu'ont pris les membres des grandes familles romaines dans la fondation de l’Église, donnant leurs biens et leur sang pour la victoire et le règne de Jésus-Christ. Notre liturgie romaine en est le témoin fidèle.

La "Romanité" n'est pas un vain mot. La langue latine en est un exemple important. Elle a porté l'expression de la foi et du culte catholique jusqu'aux confins du monde. Et les peuples convertis étaient fiers de chanter leur foi dans cette langue, symbole réel de l'unité de la foi catholique.

Les schismes et les hérésies ont souvent commencé par une rupture avec la Romanité, rupture avec la liturgie romaine, avec le latin, avec la théologie des Pères et des théologiens latins et romains.

C'est cette force de la foi catholique enracinée dans la Romanité, que la Maçonnerie a voulu faire disparaître en occupant les États Pontificaux et en enfermant la Rome catholique dans la Cité du Vatican. Cette occupation de Rome par les maçons a permis l'infiltration du modernisme dans Église et la destruction de la Rome catholique par les clercs et les Papes modernistes qui s'empressent de détruire tout vestige de "Romanité": la langue latine, la liturgie romaine. Le Pape slave est le plus acharné à changer le peu que gardait le Traité du Latran et le Concordat. Rome n'est plus ville sacrée. Il encourage l'implantation des fausses religions à Rome, y accomplit de scandaleuses réunions œcuméniques, pousse partout à l'inculturation de la liturgie, détruisant les derniers vestiges de la liturgie romaine. Il a modifié dans la pratique le statut de l'Etat du Vatican. Il a renoncé au couronnement, refusant ainsi d'être chef d'état. Cet acharnement contre la "Romanité" est un signe infaillible de rupture avec la foi catholique, qu'il ne défend plus.

Les Universités pontificales romaines sont devenues des chaires de pestilence moderniste. La mixité de la Grégorienne est un scandale perpétuel.

Tout est à restaurer in Christo Domino, à Rome comme ailleurs.

Aimons scruter comme les voies de la Providence et de la Sagesse divine passent par Rome et nous conclurons qu'on ne peut être catholique sans être romain. Cela s'applique aussi aux catholiques qui n'ont ni la langue latine, ni la liturgie romaine; s'ils demeurent catholiques, c'est parce qu'ils demeurent romains - comme les maronites par exemple, par les liens de la culture française catholique et romaine qui les a formés.

C'est d'ailleurs faire une erreur, à propos de la culture romaine, que de parler de culture occidentale. Les juifs catholiques ont apporté avec eux de l'Orient tout ce qui était chrétien, tout ce qui dans l'Ancien Testament était une préparation et allait être un apport au Christianisme, tout ce que Notre Seigneur a assumé et que l'Esprit-Saint a inspiré aux Apôtres d'utiliser. Que de fois les épîtres de saint Paul nous renseignent à ce sujet!

Dieu a voulu que le Christianisme, coulé en quelques sorte dans le moule romain, en reçoive une vigueur et une expansion exceptionnelles. Tout est grâce dans le plan divin et Notre divin Sauveur a tout disposé, comme il est dit des Romains, "cum consilio et patientia –avec conseil et patience" ou "suaviter et fortiter – avec douceur et force"!

A nous aussi de garder cette Tradition romaine voulue par Notre Seigneur, comme II a voulu que nous ayons Marie pour Mère.


[1] Le R.P. Garrigou-Lagrange, dans son introduction au De Christo Salvatore, a sur l'objectivité de la spiritualité de très profondes considérations, très utiles en notre temps de subjectivisme.

 

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