L’attitude
de la Fraternité dans les récentes discussions avec Rome
Extraits
de Cor Unum No. 68
Nous
remercions Mgr Fellay qui nous a donné une autorisation spéciale pour
publier des extraits du Cor Unum
L’attitude
de Rome
(...) Il faut nous
placer sur un domaine plus objectif, celui des faits. Quelle ligne Rome
suit-elle depuis trente ans ? Voit-on quelques changements dans cette
ligne ? La solution qu’on nous propose s’inscrit-elle dans cette ligne
? Correspond-elle à nos attentes, nous permet-elle de vivre, tout simplement
? Car il est clair que nous n’entendons rien changer à la Tradition, à
la sainte messe, à la sainte doctrine. Quant à la ligne générale, nous
ne voyons aucun acte ou document qui puisse indiquer un changement de
direction à Rome. Au contraire, l’année jubilaire a bien accompli tout
le programme prévu et annoncé par le Pape Jean Paul II il y a déjà plus
de six ans. Un oecuménisme effréné que nous avons bien déploré et contesté.
La demande de pardon, la journée des témoins de la foi, la béatification
de Jean XXIII en sont les illustrations les plus éclatantes. (...) La
référence à laquelle on renvoie pour justifier les actes et les déclarations
est toujours le Concile Vatican II et son esprit. En cette fin de pontificat,
il y a de nombreux mécontents dans la Curie, et un certain nombre le sont
pour de bonnes raisons, mais les vraies bonnes volontés semblent peser
bien faiblement à côté du mal immense qui continue de se faire.
S’il est vrai, par exemple, que le document du cardinal Ratzinger Dominus
Jesus rappelle bon nombre de vérités traditionnelles d’une manière
inhabituellement forte, cependant le même document contient toutes les
nouveautés de Vatican II en ce qui concerne les relations avec les autres
religions, chrétiennes ou non.
En outre, les diverses opérations entreprises contre la Fraternité
St. Pierre et les autres mouvements Ecclesia Dei ces deux dernières
années, montrent très nettement l’intention de Rome de finir par faire
épouser à tous les sujets de la commission Ecclesia Dei autant
l’enseignement de Vatican II que la nouvelle liturgie. (...) Dans une
lettre à Michael Davies, le président d’Una Voce International,
le cardinal Castrillon Hoyos écrit que, parmi les conditions mentionnées
dans le décret de la messe d’indult de 1984 (Quattuor abhinc annos),
la seule qu’Ecclesia Dei considère comme encore en vigueur est
le « nullam partem » : on n’accordera la célébration de
l’ancienne messe qu’à ceux qui n’ont aucune part avec ceux qui
mettent en question l’orthodoxie et la légitimité de la nouvelle messe.
Dans plusieurs interviews, le cardinal Castrillon Hoyos a déclaré son
intention de faire comprendre aux fidèles traditionnels la continuité
de Vatican II avec la Tradition.
Comment, dans ces circonstances, faut-il interpréter le geste qu’a
fait Rome envers la Fraternité St. Pie X à la fin du XXè siècle ? Il est
clair que l’approche de Rome apparaît comme un traquenard. Et c’est pour
cela que nous avons parlé dans notre communiqué d’« extrême défiance ».
Cependant la situation se complique encore un peu dans le fait, qu’en
cette fin de pontificat, règne de plus en plus fortement une sorte d’anarchie
autour du pape : chacun essaie d’obtenir ce qui correspond à ses
propres intérêts de la part d’un pape qui ne semble plus avoir le contrôle
des affaires. Ainsi, même si cela paraît contradictoire, nous ne pouvons
pas exclure que le pape et-ou le cardinal Castrillon voudraient vraiment
une solution viable pour nous. Nous ne sommes plus dans la rationalité.
L’attitude
de la Fraternité
Devant la situation créée par le Vatican, notre attitude est simple,
elle ne change pas : il est si manifeste que notre position est radicalement
juste que ce serait une erreur de changer ou faire une concession sur
un quelconque point essentiel.
Ainsi le premier principe qui dirige notre action vise d’abord
à la conservation des biens de la Tradition, doctrinale, liturgique et
disciplinaire. Dieu a permis que nous soyons dépositaires des plus grands
trésors de la sainte Église : ce n’est pas le moment de les galvauder,
mais de les garder jusqu’au sang.
Un deuxième principe découle de la considération de l’indéfectibilité
de l’Église. Et par conséquent un a priori favorable non pas à
toute discussion, mais à la possibilité d’une grâce inattendue, dont il
faut bien sûr vérifier l’authenticité avant d’aller plus avant.
La situation romaine ne s’étant pas encore modifiée fondamentalement,
quoique les signes d’affaiblissement et d’effritement de l’autorité soient
de plus en plus nets, c’est la méfiance qui domine.
Dans tous les cas, puisque Rome s’approche de nous, essayons d’en tirer
le maximum de bien pour l’Église.
(...) Ne nous laissons pas agiter par les choses qui passent. Pour
nous, résolument, nous ne voulons pousser ni dans un sens ni dans l’autre.
Plus que jamais, nous tenons à suivre la ligne de Mgr Lefebvre qui disait
ne pas vouloir précéder la divine Providence. Cette dernière se manifeste
toujours en son temps. Nous n’avons pas le droit d’exclure a priori
une intervention de la Providence dans une affaire qui touche de si près
l’Église. Mais notre devoir est de bien discerner. Un jour viendra...
Restons confiants, avec une très grande sérénité au sujet de tous ces
événements.
Mgr Bernard Fellay, 28 février 2001
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