Communicantes

Accueil
Communicantes: Avril 2002
 

Editorial

Chers fidèles,

Campos, petit diocèse du Brésil au bord de l'océan atlantique, à environ 3 heures de route au nord de Rio de Janeiro, est illustre par la résistance anti-moderniste de Mgr Antonio de Castro Mayer. Au Concile Vatican II (1962 à 1965), le vaillant évêque de Campos était aux côtés de Mgr Marcel Lefebvre comme membre du Coetus Internationale Patrum, ce regroupement de plus de 200 évêques conservateurs qui essayèrent tant bien que mal de contrecarrer le puissant lobby des évêques progressistes. Déjà avant le Concile, en 1953, Mgr de Castro Mayer publiait son magistral Catéchisme des vérités opportunes qui s'opposent aux erreurs contemporaines, dans lequel il réfute les principales erreurs des néo-modernistes sur la Liturgie, la structure de l'Église, les méthodes d'apostolat et la vie spirituelle. Quand le Vatican promulgua le Nouvel Ordo de la Messe, en 1969, Mgr de Castro Mayer, et la quasi totalité de ses prêtres, dénoncèrent l'abus d'autorité selon lequel on prétendait interdire le missel traditionnel et imposer un rite nouveau qui rompait avec la Tradition et favorisait les erreurs protestantes. En 1969, il écrivit au pape Paul VI : « Le Novus Ordo non seulement n'inspire pas la ferveur, mais au contraire il diminue la Foi dans les vérités centrales de la vie catholique, comme la présence réelle de Jésus dans le Saint Sacrement, la réalité du Sacrifice propitiatoire, le Sacerdoce hiérarchique ». « Résistance ", telle est l'expression que Campos aimait employer pour résumer l'attitude des catholiques traditionalistes face aux abus de pouvoir de la hiérarchie. En 1988, Mgr de Castro Mayer était aux côtés de Mgr Lefebvre comme coconsécrateur dans la cérémonie du sacre des 4 évêques, cette historique « opération survie » de la Tradition. En 1981, deux ans après que Mgr de Castro Mayer eut atteint l'âge de la retraite obligatoire (75 ans), le Vatican nomma à Campos un nouvel évêque qui fit la vie tellement dure aux prêtres traditionalistes du diocèse qu'il finit par les chasser de toutes les paroisses. Ceux-ci, plutôt que d'accepter la nouvelle messe et les réformes modernistes, construisirent des nouvelles églises pour la messe de la Tradition avec le soutien de plusieurs dizaines de milliers de fidèles. Ils fondèrent une association sacerdotale appelée « Fraternité Saint Jean Marie Vianney ». Le 25 avril 1991, Mgr de Castro Mayer, l'ami de Mgr Lefebre, le seul évêque diocésain, à l'époque, qui avait fait sien le combat du fondateur d'Ecône contre le néo-modernisme, rendait son âme à Dieu. En 1992, les évêques de la Fraternité Saint-Pie X répondirent à l'appel à l'aide de leurs compagnons d'armes de Campos en consacrant évêque l'un de leurs prêtres : Mgr Licinio Rangel.

Et voilà que nous apprenons qu'un accord a été signé entre Rome et les prêtres traditionalistes de Campos lors d'une cérémonie le 18 janvier dernier dans la cathédrale du diocèse. Par ce fait même, il est reconnu par Rome que Mgr Rangel est bien un évêque catholique, placé à la tête d'une administration apostolique personnelle nouvellement érigée en faveur des prêtres et des fidèles traditionalistes de ce diocèse.

Que des amis qui ont combattu à nos côtés jusqu'à présent signent une paix séparée sans avoir réglé la question doctrinale avec Rome ne nous réjouit pas, parce que la Tradition va s'en trouver affaiblie. Nous estimons aussi, que cet accord manque énormément de prudence, car il est apparu toujours plus clairement au cours des discussions de l'année passée qu'il n'est pas dans l'intention de Rome, actuellement, de rendre justice à la Tradition et de renoncer à ses principes modernistes destructeurs de la foi. Rome ne cherche qu'à intégrer l'oeuvre de la Tradition dans le système moderniste de l'Église conciliaire. Le thème de la cérémonie de « réconciliation » était justement cette « unité dans la diversité », selon les propres paroles de Mgr Norberto Guimaraes, l'évêque de Campos (cf. le commentaire de l'abbé Peter Scott, dans notre dossier Campos, plus loin dans ce numéro). Ce principe est le fondement de la messe de l'indult : la messe en latin n'est qu'une question de sensibilité religieuse, la nouvelle messe et l'enseignement de Vatican II, l'oecuménisme forcené, la liberté religieuse et les droits de l'homme doivent continuer d'inspirer le gouvernement de l'Église.

Il semble pour l'instant que les prêtres de Campos n'ont fait aucune concession substantielle au niveau doctrinal. Ils affirment vouloir poursuivre le combat en faveur de la Tradition. Seul l'avenir nous dira quelle tournure prendra maintenant leur oeuvre.

Mais comme le dit très bien l'abbé Matthias Gaudron, directeur du séminaire de langue allemande de la Fraternité Saint-Pie X, quelques points nous laissent sceptiques. " Tout d'abord, les marques excessives de reconnaissance envers le Pape et l'évêque conciliaire du lieu manifestées à présent par les prêtres de Campos nous semblent bien étranges. Ce n'est pas à la Tradition de présenter des excuses aux pasteurs modernistes, mais bien plutôt l'inverse. Le Pape et les évêques modernistes se sont montrés injustes envers la Tradition, ce qui n'est pas le cas des prêtres traditionalistes qui ont maintenu l'intégrité de la foi.


« Par ailleurs, certains points importants de l'accord ne semblent pas être réglés définitivement, comme par exemple la succession de Mgr Rangel et le statut juridique exact de l'administration apostolique. En l'occurence, c'est agir avec beaucoup de légèreté.

« En effet, Rome, qui n'a pas hésité à violer les promesses qu'elle avait faites à la Fraternité Saint-Pierre, n'hésitera pas davantage envers les prêtres de Campos. Ainsi, dès le lendemain de l'accord a paru un entretien avec le théologien de la maison pontificale, le père Georges Cottier, dominicain, dans lequel celui-ci exprimait qu'il était insuffisant que les prêtres de Campos reconnaissent la validité de la nouvelle messe, mais que l'on devait les amener à la célébrer : « Nous devons nous attendre peu à peu à d'autres actes de rapprochement : par exemple, la participation à des concélébrations dans le rite réformé. Mais il faut encore faire preuve de patience. Il est essentiel que leurs coeurs ne s'y refusent pas plus longtemps. L'unité retrouvée au sein de l'Église renferme en elle-même une dynamique interne qui portera ses fruits ».

Le temps est-il venu de faire confiance aux autorités à Rome, au moment où la rencontre oecuménique d'Assise provoque au contraire « notre profonde indignation et notre réprobation » comme l'écrit Mgr Fellay dans son communiqué de presse du 24 janvier dernier « Inviter ces religions à prier, c'est les inviter à poser un acte que Dieu réprouve, qu'il condamne dans le premier commandement : un seul Dieu tu adoreras. C'est induire en erreur les adeptes de ces religions et les conforter dans leur ignorance et leur malheur. Plus grave encore : cette invitation fait croire que leur prière pourrait être utile, voire nécessaire pour obtenir la paix. »

Non, véritablement, le temps ne semble pas encore mûr pour un accord avec Rome. Mais nous ne voulons pas condamner à l'avance les prêtres de Campos, bien que leur précipitation et leur imprudence soient manifestes. Nous partageons entièrement le jugement équilibré porté par Mgr Bernard Fellay dans sa déclaration du 16 janvier. Seul le temps dira si la fraternité sacerdotale Saint Jean Marie Vianney demeurera fidèle aux principes de Mgr de Castro Mayer ou si elle ne deviendra pas une garantie pour le pluralisme de l'Église conciliaire. A l'heure où, à cause des scandales venant des autorités religieuses, des millions d'âmes perdent la foi, Dieu nous demande la fidélité sans compromis. Il nous demande de continuer à témoigner, sans acrimonie mais dans la sérénité, avec patience et persévérance, avec l'espérance inébranlable que cette crise aura une fin, et que le Pape reviendra tôt ou tard à la Tradition, même si c'est par étapes. Offrons nos prières et nos souffrances pour l'Église, notre Mère, et abandonnons-nous à la Providence du Dieu Tout Puissant.

P.S. : au moment de mettre sous presse, nous recevons une deuxième déclaration de Mgr Fellay concernant Campos. Nous vous invitons à la lire attentivement.

Father Dominique De Vriendt

 

Home | Contact | Mass Centres | Schools | Pilgrimages | Retreats | Precious Blood Residence
District Superior's Ltrs | Superor General's Ltrs | Various
Newsletter | Eucharistic Crusade | Rosary Clarion | For the Clergy | Coast to Coast | Saints | Links